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William Gager

William Gager (1555-1622) est un juriste et un ecclésiastique anglais formé à l'Université d'Oxford, connu encore aujourd'hui pour ses tragédies écrites en latin, et destinées à être jouées dans les universités.

William Gager
Biographie
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Activités
signature de William Gager
Signature

Biographie

Famille

Il est le neveu de William Cordell, Master of the Rolls sous le règne de Marie Ire et Speaker à la Chambre des communes sous le règne d'Élisabeth Ire.

Études

William Gager suit ses études à Westminster School, puis au collège de Christ Church de l'Université d'Oxford en 1574[1]. Il obtient son B.A. (Bachelor of Arts) le , son M.A. (Master of Arts) le , son Bachelor of Civil Law et son doctorat en droit canon le [1]. Sa carrière d'écrivain s'étend sur une dizaine d'années à Oxford entre 1582 et 1592[2].

Carrière de dramaturge

Gager se rĂ©vèle un habile versificateur latin, et il Ă©crit dans cette langue toute une sĂ©rie de pièces de théâtre, qui sont jouĂ©es avec grand succès Ă  l'universitĂ©. En 1581, sa tragĂ©die latine, Meleager, est jouĂ©e en prĂ©sence de nombreuses personnalitĂ©s, dont le comte de Leicester, Robert Dudley. En , lorsque Alberto Alasco, prince palatin de Pologne est reçu par l'universitĂ©, deux pièces de Gager sont jouĂ©es Ă  Christ Church, et le distinguĂ© visiteur exprime sa grande satisfaction. La première de ces pièces est une « divertissante comĂ©die Â», intitulĂ©e Rivales, et la seconde une « très noble tragĂ©die Â» appelĂ©e Dido, Ă  laquelle a aussi participĂ© George Peele[3]. Le banquet de la reine Didon, pendant lequel ÉnĂ©e raconte la chute de Troie, est apprĂ©ciĂ© pour sa vivacitĂ©, et les effets de scène sont qualifiĂ©s de surprenants, de merveilleux et d'abondants[1]. On retrouve dans cette pièce beaucoup des dialogues de l'ÉnĂ©ide, mis sous une forme sĂ©nĂ©quienne[3].

Au dĂ©but de -2, une quatrième pièce, Ulysses Redux, inspirĂ©e de l'OdyssĂ©e mais toujours traitĂ©e Ă  la manière de SĂ©nèque, est jouĂ©e Ă  Christ Church, et on a retrouvĂ© des fragments d'une cinquième pièce de Gager sur le sujet d'Ĺ’dipe. Quand la reine Élisabeth visite Oxford en , Gager Ă©crit le prologue et l'Ă©pilogue de la comĂ©die Bellum Grammaticale, qui est jouĂ©e devant la reine Ă  Christ Church. En 1598, dans son Palladis Tamia, Meres mentionne le « docteur Gager d'Oxford Â» parmi « les meilleurs poètes pour la comĂ©die Â», ce qui n'est pas une description très fidèle, les ouvrages théâtraux de Gager Ă©tant tous des tragĂ©dies[1] sur des sujets classiques, dans la tradition de SĂ©nèque, Ă  l'exception de Rivales, une comĂ©die qui est maintenant perdue[3].

En 1592, il adapte l'Hippolytus de Sénèque, en y ajoutant des scènes, sans modifier un seul vers de l'original. L'insertion de scènes nouvelles crée un nouveau contexte psychologique, qui transforme les motivations des parties en présence[4].

Opposition des puritains

Un des premiers puritains opposants au théâtre, le docteur John Rainolds de Queen's College d'Oxford, mentor de Stephen Gosson, proteste contre la représentation du d'Ulysses Redux, à laquelle il a été invité. Accusant la pièce de Gager d'immoralité, Rainolds enchaîne en attaquant le théâtre universitaire dans son ensemble. Gager commence par lui répondre dans une lettre. Comme Rainolds poursuit la controverse, Gager se retire et Alberico Gentillet, professeur de droit, prend sa défense. Six ans après la fin de cette dispute, Rainolds publie une sélection des lettres échangées sous le titre Th'Overthrow of Stage-Playes. Ses objections aux représentations théâtrales sont les mêmes que celles de John Northbrooke, de Gosson, d'Anthony Munday et de Philip Stubbs, tout en visant particulièrement le contexte universitaire. Il allègue que l'infamie des pièces de théâtre était déjà reconnue par le code civil romain, et qu'elles sont devenues encore plus odieuses, car de jeunes gens y portent des vêtements féminins pour incarner des rôles de femmes, ce qui est expressément interdit par la Bible (Deutéronome 22:5). Enfin, il signale que les représentations dominicales profanent le jour réservé au service divin[5].

Gager dĂ©fend les reprĂ©sentations théâtrales Ă  Oxford, rĂ©alisĂ©es, selon lui, Ă  la fois pour la dĂ©tente et l'entraĂ®nement Ă  la rhĂ©torique des Ă©tudiants, ainsi qu'Érasme et d'autres humanistes avant lui les avaient prĂ©conisĂ©es, tout en soulignant l'importance de SĂ©nèque et son modèle de tragĂ©die. Comme Rainolds l'attaque sur le plan de la moralitĂ©, Gager explique les cĂ´tĂ©s positifs et nĂ©gatifs de la « tragoedia nova Â», terme qu'il emploie dans la page titre d'Ulysses Redux pour signifier qu'il s'agit d'une direction nouvelle prise par la tragĂ©die. Selon lui, l'exposition d'actions particulières qui gĂ©nèrent des rĂ©actions soit de pitiĂ© soit d'horreur est propre Ă  dĂ©velopper le jugement moral des spectateurs[6].

Carrière de poète

Gager est aussi un auteur prolifique de vers latins en dehors du théâtre. C'est probablement lui qui a édité Exequiæ D. Philippi Sidnæi, Oxford 1587, auquel il a grandement contribué. Il écrit aussi dans les recueils de l'université publiés à l'occasion de la mort de sir Henry Unton (en) en 1596, et de celle de la reine en 1603. Au British Museum, sont conservées des traductions en vers latins par Gager de Batrachomyomachia d'Homère, du livre de Suzanne, d'un discours d'Isocrate et de Héro et Léander de Musée le Grammairien, ainsi que d'innombrables vers et épigrammes adressés à des amis, des mécènes et à des parents, comme George Peele, Martin Heton (en), Richard Edes (en), Toby Matthew (en), le comte de Leicester, son oncle sir William Cordwell, Nicholas Breton (en)et Richard Hakluyt. Deux longs fragments, Musa Australis et Ægloga, sont adressés à Toby Matthew[7].

Il envoie aussi à la reine des odes de félicitation lorsqu'elle échappe à la Conspiration de Babington, le recueil s'achevant par quelques vers médiocres en anglais. À la mort de Martin Heton, évêque d'Ely, le , Gager écrit une élégie en latin, qui est ensuite gravée sur la tombe de l'évêque dans la cathédrale d'Ely[7].

Carrière professionnelle

En 1601, il est nommĂ© substitut du docteur Swale, vicaire gĂ©nĂ©ral du diocèse d'Ely. Lorsque son ami, Martin Heton, devient Ă©vĂŞque d'Ely le , Gager est nommĂ© chancelier du diocèse. Il devient dĂ©lĂ©guĂ© de l'archevĂŞque Richard Bancroft pour le diocèse d'Ely en 1608. Lors de la vacance du siège Ă©piscopal en 1609, il est nommĂ© « custos rotulorum (en) Â» (gardien des registres), toujours Ă  Ely. Enfin il est vicaire gĂ©nĂ©ral et principal collaborateur de l'Ă©vĂŞque Lancelot Andrewes (en) en 1613, 1616 et 1618[7].

Références

Bibliographie

Liens externes

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