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Vol en wingsuit

Le vol en wingsuit[N 1] ou vol en combinaison ailée[1] est un type de saut effectué à l'aide d'une combinaison de saut souple en forme d'aile. Cette dernière est utilisée dans les sports extrêmes, notamment par des parachutistes, pour modifier l'écoulement de l'air sur leur corps afin d'augmenter la portance. Ces combinaisons se gonflent d'air dès que le parachutiste se lance du haut d'une falaise ou sort de l'avion. Elles permettent de réduire leur vitesse de chute en la convertissant en vitesse horizontale. Un vol en wingsuit se termine par l'ouverture d'un parachute.

Vol cĂ´te Ă  cĂ´te de deux pratiquants de wingsuit.

Lorsqu'il est combiné au base-jump, le vol en wingsuit est une pratique dangereuse[2] - [3].

Histoire

Des ailes sont utilisĂ©es depuis le printemps 1935 par le parachutiste amĂ©ricain Clem Sohn afin de tenter d'augmenter le mouvement horizontal. Ces premières wingsuits sont faites de toile, de bois, de soie, d'acier, voire d'os de baleine. Il dĂ©veloppe ses ailes de 1935 Ă  1937, cherchant Ă  augmenter au maximum leur surface. Cette sorte de « combinaison palmĂ©e » ralentit sa chute libre, commencĂ©e Ă  10 000 pieds, et il conclut son vol planĂ© en ouvrant son parachute. Sohn se tue lors d'un meeting Ă  Vincennes en 1937, victime d'une double torche.

D'autres lui succèdent ; parmi ceux-ci l'on peut citer Harry Ward, Léo Valentin, Gil Delamare, les frères Masselin, Salvatore Cannarozzo. Peu survécurent à leurs expérimentations : bien souvent les parties rigides furent directement ou indirectement fatales, à l'origine soit d'emmêlements de suspentes lors des phases d'ouverture du parachute, soit de ruptures, créant une dissymétrie et une autorotation (cas pour Léo Valentin).

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, Patrick de Gayardon alias « Deug » reprend le concept de manière plus scientifique, essayant de ne pas rĂ©pĂ©ter les erreurs du passĂ©, et crĂ©e une wingsuit qui se gonfle avec la pression de l'air, disposant ainsi d'un intrados et d'un extrados, et possĂ©dant une finesse comprise entre 2 et 3 (2 Ă  3 mètres parcourus horizontalement pour 1 mètre de chute verticale).

Le , Patrick de Gayardon présente à la presse une wingsuit avec un vol à proximité de l'aiguille du Midi[4] - [5] dans le massif du Mont-Blanc. « Deug » parviendra également à remonter dans le Pilatus qui l'avait largué, et sera le premier à sauter en base-jump équipé d'une wingsuit. Disparu tragiquement à Hawaï en 1998 lors d'un saut en wingsuit, il est unanimement reconnu comme le père de la wingsuit moderne[6].

Au début de l'année 1998, Tom Begic vole avec sa propre wingsuit conçue à partir du modèle de Gayardon.

Technicité

Départ d’un vol en wingsuit à partir d'un aéronef. Un saut depuis une falaise est également possible.

À partir d'un avion (parachutisme conventionnel), le saut en wingsuit rend plus difficiles les procédures d'urgence : pour cette raison, il est réservé aux parachutistes confirmés (ayant déjà effectué plus de 150 sauts, assortis d'un « brevet de parachutiste autonome », abrégé BPA). Certaines combinaisons comme la « Access » facilitent la transition depuis la chute libre tout en réduisant les risques (retour à plat facilité, accès aux poignées de libération et réserve).

En paralpinisme (avec base-jump depuis une falaise), le vol en wingsuit est connu pour augmenter encore la technicité du saut (mauvaise appréciation de l'altitude, risque d'instabilité majoré, goût pour la proximité avec les pentes). Dans les années 2010, il coûte la vie chaque année en moyenne à une vingtaine de base-jumpers dans le monde[7]. Le , les parachutistes et base-jumpers Jeb Corliss et Dwain Weston (en) effectuent un saut en wingsuit ensemble, prévoyant d'exécuter une figure près du Royal Gorge Bridge dans le Colorado. Mais Weston calcule mal la force du vent et sa distance par rapport au pont : il heurte ce dernier à une vitesse estimée à environ 160 km/h et est tué sur le coup[8] - [9].

Il en ressort qu’il est indispensable de maîtriser parfaitement le vol depuis un avion avant de se lancer depuis une falaise[10]. À ce sujet, l'Association de paralpinisme recommande d'effectuer au minimum 200 sauts depuis une falaise, en plus des 300 à 400 sauts préalables depuis un avion, avant de se lancer en wingsuit[11].

La vitesse d'avancement horizontal moyenne d'une wingsuit est d'environ 160 kilomètres à l’heure.

Les derniers prototypes de wingsuit permettent d'atteindre une finesse de 4 (km horizontaux parcourus pour km de descente verticale).

Records Guinness

Plusieurs cas de vol en wingsuit sont recensés dans le Livre Guinness des records :

  • le , le couple australien Heather Swan et Glenn Singleman saute d'une altitude de 11 270 mètres au-dessus du Centre de l'Australie, Ă©tablissant un record du plus haut saut en wingsuit[12] - [13] ;
  • le vol comprenant le plus grand nombre de participants officiellement reconnu a rĂ©uni soixante-huit sauteurs Ă  Lake Elsinore (Californie) le [14] ;
  • le plus long vol (mesurĂ© en distance horizontale) en wingsuit reconnu en base-jump a Ă©tĂ© de 5,8 km, rĂ©alisĂ© par Dean Potter[15] ;
  • le , en sautant depuis un avion Ă  haute altitude, le parachutiste japonais Shin Ito Ă©tablit le record mondial du plus long vol (mesurĂ© en distance horizontale) en wingsuit, couvrant une distance de 23,1 km[16], ainsi que le record de la plus grande vitesse atteinte, avec une pointe Ă  363 km/h[17] ;
  • le , est rĂ©alisĂ© le premier vol en wingsuit avec posĂ© sans ouverture du parachute : Gary Connery, cascadeur britannique âgĂ© de 41 ans, saute d'un hĂ©licoptère en wingsuit avec un parachute de base-jump qu’il n’ouvre pas, au-dessus de Henley-on-Thames dans le Sud de l'Angleterre, avant d'atterrir sain et sauf, 731 mètres plus bas, sur un amoncellement de 18 000 boĂ®tes de carton rassemblĂ©es pour amortir sa rĂ©ception[18] ;

Personnalités du vol en wingsuit

Jokke Sommer, Robert Pecnik, Gary Connery, Jeb Corliss, Loïc Jean Albert et Marc-André Denault sont parmi les principales personnalités reconnues du vol en wingsuit.

Grâce Ă  son travail de dĂ©veloppement et Ă  son talent, le français LoĂŻc Jean Albert (nĂ© en 1978) a permis Ă  cette discipline de progresser Ă©normĂ©ment, et surtout de se populariser, tout comme l'avait prĂ©cĂ©demment fait Patrick de Gayardon. LoĂŻc Jean Albert est ainsi parvenu, grâce au prototype qu'il a dĂ©veloppĂ©, Ă  survoler une pente enneigĂ©e Ă  moins de 3 mètres de distance, ceci près de Verbier en Suisse.

En 2014, le wingsuit-flyer norvégien Halvor Angvik participe au documentaire autrichien Attention - A Life in Extremes.

Fabricants

Les principaux fabricants de wingsuits sont :

Risques et accidents

Le vol en wingsuit est considéré comme un sport à risque, surtout lors de la pratique en montagne. Il y a eu cinq morts entre janvier et dans les Alpes, dont Alexander Polli (à 31 ans), une des stars de la discipline[21], et un sixième s'est tué début octobre à Chamonix après avoir échoué à ouvrir son parachute[22]. La discipline compte une vingtaine de morts par an en moyenne, mais il faut relativiser par rapport au nombre de pratiquants[23].

La wingsuit dans les Ĺ“uvres de fiction

Dans un premier temps, c'est le cinéma qui montre quelques wingsuits. En 1969, le film Les parachutistes arrivent met en scène des parachutistes équipés de tenues semblables à des wingsuits. Le thème n’est ensuite plus abordé jusqu'en 2003, où on le revoit dans le film Lara Croft Tomb Raider, le berceau de la vie, Lara Croft et Terry Sheridan sautant d'un immeuble en wingsuits pour échapper à un groupe de tueurs. En 2005 dans Batman Begins (Batman : Le Commencement), Bruce Wayne s'équipe d'une combinaison semblable à une wingsuit.

À partir des années 2010, la wingsuit sera plus présente tant au cinéma que dans les jeux vidéo.

Le film Transformers 3 : La Face cachée de la Lune met en scène une unité spéciale de l'armée sautant d'un V-22 Osprey, puis volant entre des gratte-ciels de Chicago, poursuivie par des chasseurs Decepticons. La scène a été filmée par des cascadeurs habillés de wingsuits et portant des caméras sur leur tête[24]. La même année, Salman Khan réalise un vol en wingsuit pour une publicité de Mountain Dew[25].

Des jeux permettent directement d'utiliser des wingsuits, comme le jeu de snowboard SSX, Far Cry 3, Far Cry 4, Call of Duty: Black Ops II, Just Cause 3, Just Cause 4, Battlefield 2042 et Steep.

Le film After Earth de M. Night Shyamalan contient une scène où l'acteur Jaden Smith effectue un base-jump en wingsuit du haut d'une falaise, avant d'être pourchassé par un oiseau de proie.

Dans le film Point Break (sorti en France en 2016) , Johnny Utah (Luke Bracey) saute en wingsuit avec Bodhi (Edgar Ramirez) pour une descente en vol de proximité. On y retrouve les plus longues séquences en wingsuit du cinéma. Plus de soixante sauts ont été nécessaires pour le montage[26].

Dans le film The Batman, le personnage principal utilise un wingsuit pour s'enfuir en sautant du toit d'un immeuble.

Vol de proximité

Le vol de proximité est une discipline liée à la wingsuit qui consiste à longer les montagnes en wingsuit. Loïc Jean-Albert est le précurseur de cette discipline.

Wingsuit aquatique

L'apnéiste Pierre Frolla a développé une combinaison[27] appelée « Oceanwings » sur le concept du wingsuit, pour faire un vol mais sous l'eau[28]. Le wingsuit aquatique, grâce à sa forme d'aile, permet de s’immerger de longues minutes, en apnée, de saisir les courants ascendants ou descendants dans l'eau pour parcourir très longues distances en apnée, sans palmer, donc sans effort[29].

Notes et références

Notes

  1. De l'anglais wingsuit, littéralement « combinaison à aile ». La Commission générale de terminologie et de néologie propose les termes « combinaison ailée » ou « combinaison volante » pour wingsuit.

Références

  1. Ministère de la Culture et de la Communication, « combinaison ailée / FranceTerme / Ressources / Accueil - Culture.fr », sur www.culture.fr (consulté le )
  2. « Un été meurtrier pour le wingsuit », sur lefigaro.fr,
  3. Voir sur centrepresseaveyron.fr.
  4. (it) « L'uomo volante ce l'ha fatta », Corriere della Sera,
  5. (it) « Patrick, l'uomo shuttle », La Gazzetta dello Sport,
  6. Paramag, article Patrick Passe
  7. Wingsuit : le corps du Hongrois Victor Kovats retrouvé en Chine, Euronews, le 10 octobre 2013
  8. (en) « Aussie skydiver falls to death », sur http://www.smh.com.au,
  9. (en) [vidéo] Jeb Corliss & Dwain Weston sur YouTube
  10. Voir sur paralpinisme.fr.
  11. Voir sur paralpinisme.fr.
  12. (en) « Central Australia Jump, Sixty Minutes »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Video.msn.com, ?
  13. (en) « Furthest Flight Website », Furthestflight.com, ?
  14. (en) « USPA Records: largest wingsuit formation jump », Uspa.org,
  15. (en) Dean Potters record breaking flight from the Eiger
  16. (en) « Greatest distance flown in a wingsuit », Guinness World Records, (consulté le )
  17. (en) « Fastest speed reached in a wingsuit », Guinness World Records, (consulté le )
  18. Vidéo du saut, Le Monde
  19. Record breaking base jump from world's tallest building, 24 avril 2014, BBC News, consulté le 27 mai 2014.
  20. Vidéo : Les Soul Flyers domptent la Burj Khalifa, 23 avril 2014, Red Bull France, consulté le 27 mai 2014.
  21. « Une star du wingsuit se tue à Chamonix », sur Le Parisien,
  22. « Chamonix : un adepte du wingsuit se tue en percutant un chalet de trois étages », sur Le Parisien,
  23. « Le wingsuit, un sport dangereux... mais pas plus que l'alpinisme », sur FranceTV Info,
  24. (en) Wingsuits jump off Sears Tower in Chicago, Transformer 3 featurette - Film On Air
  25. (en) « Salman Khan indulges in wing suit flying for Mountain Dew ad Â» - Salman Khan Blog, 22 fĂ©vrier 2011.
  26. Duckstance.com, Daniel Linggi, « Les athlètes Red Bull sur grand écran », sur www.redbull.com (consulté le ).
  27. « L'apnéiste Pierre Frolla plane sous l'eau grâce à sa nouvelle combinaison », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  28. « Une tenue de plongée révolutionnaire pour "voler" dans l'océan », sur Sciences et Avenir (consulté le ).
  29. « Pierre Frolla - OceanWings » (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Michael Abrams, Birdmen, Batmen, and Skyflyers : Wingsuits and the Pioneers Who Flew in Them, Fell in Them, and Perfected Them, , 304 p. (ISBN 1-4000-5491-5)
  • Matt Gerdes, The Great Book of BASE, BirdBrain Publishing, (ISBN 978-1-4000-5491-6)
  • Scott Campos, Skyflying Wingsuits in Motion,

Articles connexes

Liens externes

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