AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Vin casher

Le vin casher (hĂ©breu : Ś™Ś™ŚŸ Ś›Ś©Śš yayin kashĂ©r) est un vin produit en suivant les lois religieuses du judaĂŻsme, en particulier la cacherouth, le code alimentaire juif. Des preuves archĂ©ologiques montrent que l'usage du vin par le peuple juif a une longue histoire qui remonte aux temps bibliques. L'utilisation traditionnelle et religieuse de vin casher a Ă©tĂ© une constante dans la diaspora. Aux États-Unis, ces vins sont associĂ©s au cĂ©page concord, qui donne des vins doux. Au dĂ©but des annĂ©es 1980, une tendance vers la production de vins secs et de qualitĂ© a commencĂ© avec la renaissance de la viticulture en IsraĂ«l. Quand le vin casher est produit, commercialisĂ© et vendu dans le commerce, il doit avoir le hekhsher, le certificat signifiant que le produit est « propre Ă  la consommation », d’un organisme de surveillance, d’une organisation, d’un rabbin faisant autoritĂ© et qui est de prĂ©fĂ©rence un posseq, ou ĂȘtre supervisĂ© par un Beth din[1].

Vins casher de la Stern Winery

La rĂšgle de la cacherouth

Différents vins cashers d'Israël
Bouteille de Manischewitz, cépage Concord

En gĂ©nĂ©ral la cacherouth intervient en enlevant certains aliments interdits, mais aucun d’entre eux ne sont normalement utilisĂ©s dans la vinification. On pourrait donc dire d’un premier abord que tous les vins sont automatiquement cashers.

Toutefois, en raison du rĂŽle particulier du vin dans de nombreuses autres religions, la cacherouth prĂ©cise que le vin ne peut pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme casher s’il a Ă©tĂ© utilisĂ© pour l’idolĂątrie comme le Yayin Nesekh, un vin qui a Ă©tĂ© versĂ© Ă  une idole et le Stam Yainom, un vin qui a Ă©tĂ© touchĂ© par une personne qui croit dans l’idolĂątrie ou produit par des non-juifs.

Quand le vin casher est yayin mevushal, soit cuit ou bouilli, il devient impropre Ă  l’usage des idolĂątres et garde le statut de vin casher mĂȘme s'il est ultĂ©rieurement touchĂ© par un idolĂątre.

Ces derniers temps, la demande de vin casher s’est accrue et un certain nombre de pays producteurs de vins se sont lancĂ©s dans la production d’une grande variĂ©tĂ© de vins sous le contrĂŽle strict de rabbins comme en IsraĂ«l et sur le plateau du Golan, en France, au Maroc, en Allemagne, en Italie, en Afrique du Sud, en Australie et aux États-Unis.

Rabbi Dov Behr Abramson, qui a achetĂ© le passeport d'un homme mort nommĂ© Manischewitz, rĂ©ussit Ă  passer aux États-Unis. En 1888, il s'installe Ă  Cincinnati, dans l'Ohio. Il commence Ă  commercialiser du pain azyme, cuit dans son sous-sol, puis il se lance dans le vin[2].

Schapiros kosher wines, le vin qui peut ĂȘtre coupĂ© au couteau

En 1899, la Schapiro Wine Co. est fondée à New York, indiquant comme origine de ses vins une hypothétique Vallée de Californie. La société met en avant la douceur sirupeuse de son vin avec le célÚbre slogan « Le vin est si épais que vous pouvez presque le couper avec un couteau[2]. ».

Actuellement, deux des plus grands producteurs et importateurs de vins cashers, Royal Wine Company et Manischewitz, sont toujours basĂ©s dans le nord-est des États-Unis. Avec environ 40 % de la population juive mondiale, la prĂ©sence d'un rayon de vin casher est frĂ©quente dans les magasins de vins amĂ©ricains du nord-est. Historiquement, le vin casher a Ă©tĂ© associĂ© aux États-Unis avec la marque Manischewitz, qui produit un vin sucrĂ© Ă  cause de l'ajout de sirop de maĂŻs. Ce qui lui donne un goĂ»t spĂ©cial, plus proche des vins issus de Vitis labrusca plutĂŽt que de Vitis vinifera. Cette prĂ©fĂ©rence pour ce type de vin remonte aux premiĂšres colonies juives venues en AmĂ©rique[3].

En France, depuis une bonne dizaine d'années, des cuvées casher des grands vins hexagonaux ont fait leur apparition sur le marché, puisque ce vin n'est pas uniquement réservé au culte et aux cérémonies religieuses. Il était de tradition chez les juifs de boire du vin blanc sucré, provenant souvent de raisins secs additionnés d'eau. Un changement eut lieu en 1996, grùce à un négociant, Roberto Cohen, qui importa et fit connaßtre en France les vins du Golan[4].

Certificat de vin casher
Étiquette de vin rouge casher du Maroc, 1930

L'exemple de Cohen fit des émules. Les producteurs français désirant fournir du vin casher durent d'abord recevoir l'agrément d'un Beth Din. Pour cela deux conditions étaient requise. Soit de faire partie de la communauté juive ou de laisser diriger les opérations de vinification par un représentant du culte, de plus il était nécessaire de disposer d'un équipement vinaire correspondant aux normes voulues par la communauté religieuse. Pour prouver que ces vins étaient élaborés selon la Loi, sur l'étiquette et le bouchon devinrent obligatoires les logos de certification[4].

En 2012, des cuvĂ©es casher sont produites par quatre maisons de champagne sous six marques diffĂ©rentes, par dix-huit chĂąteaux bordelais (MĂ©doc, Saint-Émilion, Sauternes, Margaux, Pauillac, Listrac, Graves, etc.), par quatre nĂ©gociants ou caves de Bourgogne (Chablis, Clos-Vougeot, Pommard, Vosne-RomanĂ©e, Corton, Gevrey), par deux producteurs dans le val de Loire (Coteaux du Layon, Sancerre et Pouilly-FumĂ©), par un chĂąteau Ă  Monbazillac, un vigneron Ă  Gigondas, un autre Ă  ChĂąteauneuf-du-Pape et deux domaines en Languedoc-Roussillon (CorbiĂšres, CĂŽtes du Roussillon)[4].

Au Maroc, les diffĂ©rents souverains musulmans tolĂ©raient les communautĂ©s juives qui rĂ©sidaient dans leurs quartiers, les mellah. C'est lĂ  que les Juifs pouvaient boire du vin, mais il leur Ă©tait interdit d'en vendre. Beaucoup possĂ©daient leurs propres vignobles. Al-Hasan ibn Muhammad al-ZayyātÄ« al-FāsÄ« al-Wazzān, dit LĂ©on l'Africain, notait en 1525 qu'Ă  Taza, c'Ă©tait le cas de cinq cents familles. Les communautĂ©s installĂ©es Ă  Demnate, Mogador et Marrakech avaient les mĂȘmes droits de propriĂ©tĂ© et de vinification[5].

Pour la communauté juive marocaine, la production de vin perdura jusqu'au XXe siÚcle . La vigne était menée en hautain dans les jardins[6]. Il a cependant été signalé qu'à la fin du protectorat la qualité de ce vin casher laissait beaucoup à désirer : « Le vin rouge cacher est abominable, en particulier le vin Dahlia fabriqué par le cousin Salomon Amar. Il n'y a aucune production de vin cacher valable[7]. ». Au XXIe siÚcle, les celliers de MeknÚs, produisent toujours du vin casher en appellation d'origine garantie (AOG) Guerrouane[8].

Comment le vin peut-il ĂȘtre casher ?

  • Vin casher de merlot commercialisĂ© par Gamla
    Vin casher de merlot commercialisé par Gamla
  • Palwin, vin casher yayin mevushal
    Palwin, vin casher yayin mevushal
  • Verre de vin d'Élie lors du soir de la PĂąques Juive
    Verre de vin d'Élie lors du soir de la Pñques Juive

MĂȘme si aucun des ingrĂ©dients qui composent le vin n’est considĂ©rĂ© comme non-casher, les lois de la cacherouth concernent plus ceux qui fabriquent le vin que ce avec quoi est fait le vin[9]. Pour ĂȘtre considĂ©rĂ© comme casher, un juif doit ĂȘtre impliquĂ© dans tout le processus de vinification, depuis la rĂ©colte du raisin jusqu’à la fermentation et Ă  la mise en bouteille. Tous les ingrĂ©dients doivent ĂȘtre casher, y compris les protĂ©ines utilisĂ©es pour la clarification et la stabilisation du vin[10]. Cette exigence peut ainsi exclure certains agents comme la casĂ©ine (dĂ©rivĂ©e de produits laitiers), la gĂ©latine (qui provient d’animaux non-casher) et l’ichtyocolle (qui vient de poissons non casher). Le blanc d’Ɠuf peut lui ĂȘtre utilisĂ© dans la clarification du vin casher mais ne pourrait ensuite prĂ©tendre Ă  l’appellation vin casher vĂ©gĂ©tarien[9]. Le vin dĂ©crit comme « casher pour la PĂąque » doit lui avoir Ă©vitĂ© tout contact avec du grain, du pain et une pĂąte [9].

Le vin cacher dans le judaĂŻsme karaĂŻte

Pour le judaĂŻsme karaĂŻte, courant scripturaliste du judaĂŻsme, le vin cacher est une invention et il y n'y aucune mention de vin cacher dans la Torah. Les karaĂŻtes soutiennent que le vin cacher apparaĂźt pour la premiĂšre fois Ă  l’époque du second temple de JĂ©rusalem au 1er siĂšcle av. J.-C. avec la naissance du judaĂŻsme pharisien, pendant la domination romaine. Les non-juifs, idolĂątres pour les juifs, font des libations de vin Ă  leurs divinitĂ©s.

De ce fait, selon la pensĂ©e karaĂŻte, les pharisiens, prĂ©curseur du judaĂŻsme rabbinique, estimaient que le vin rapprochait les diffĂ©rentes communautĂ©s et entraĂźnait des mariages mixtes Ă  l’origine d’une dissolution identitaire. Cela pouvait d’aprĂšs eux, augmenter la proximitĂ© sociale qui risquait de mener Ă  des rapprochements intimes, puis au mariage et donc Ă  l’assimilation

C’est dans un contexte non religieux mais purement social et politique que les rabbanim de l’époque inventĂšrent le vin dit « cacher » et l’inscrivirent dans leur loi orale.

Notes et références

  1. Benjamin, « Le vin cacher : Prescription de la Torah ou décret rabbinique ? », sur Miqra-Kalah - Les juifs karaïtes francophones, (consulté le )
  2. Les juifs et le vin sur le site jewishjournal.com
  3. (en) « The 11th Plague ? Why People Drink Sweet Wine on Passover » (consulté le )
  4. Les vins casher en France
  5. Alain Huetz de Lemps, Boissons et civilisations en Afrique, Presse Universitaire de Bordeaux, 2001, pp. 303-309.
  6. Histoire du vin et de la vigne au Maroc
  7. Hanania Alain Amar, Une jeunesse juive au Maroc
  8. Les celliers de MeknĂšs
  9. J. Robinson (ed), The Oxford Companion to Wine, Third Edition, pg 383, Oxford University Press, 2006 (ISBN 0198609906)
  10. T. Goldberg, Picking the perfect Passover wine, MSNBC, April 19th, 2004.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.