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Victoire Babois

Marguerite Victoire Babois, née le à Versailles et décédée le à Paris[1], est une femme de lettres française, auteure d'élégies et autres poésies qui ont placé son nom au premier rang des poètes élégiaques français.

Victoire Babois
Vue de la sépulture au cimetière du Père-Lachaise.

Biographie

Origines

Fille de Jean-Baptiste Babois et de Marguerite Lapoulide, d'aisés commerçants de Versailles, Victoire Babois naît le . Elle n'a que quinze ans lorsqu'elle perdit sa mère. Son père la place alors au couvent où elle ne reçut qu'une éducation secondaire. Elle en fut retirée à vingt ans, pour contracter un mariage de convenance. Elle épouse en 1780 un officier de fruiterie, Jacques-Nicolas Gosset, cette union ne fut pas heureuse. Elle obtint le divorce en 1793 après le décès de leur dernier enfant restant, une petite fille de cinq ans, prénommée Blanche. C'est pour survivre à la mort de sa fille qu'elle se mit à écrire comme elle a pu l'expliquer dans la première et la seconde préface à son recueil d'Élégies maternelles, publié en 1805 et ayant eu de nombreuses rééditions. Demeuré son recueil le plus connu, c'est par lui qu'elle entra dans l'histoire littéraire de son temps, même si elle fut oubliée au début du XXe siècle ou ne restant connue que dans un cercle restreint d'érudits.

En 1806, elle rencontra le peintre et miniaturiste Jean-Jacques Karpff en 1806, dit Casimir de Colmar. Ce dernier devait séjourner à Versailles et chercha des connaissances pouvant l'accueillir. Il connaissait le frère de la poétesse et fut ainsi hébergé par la famille Babois. Depuis cette rencontre, ils se ne quittèrent plus jusqu'au décès de ce dernier, en 1829.

Elle est la nièce par alliance du poète Jean-François Ducis qu'elle rencontre après le mariage de sa sœur avec l'un des fils de Ducis[2].

Elle est la grand-tante du poète, critique littéraire et éditeur Prosper Blanchemain.

La jeune Sophie Ulliac-Trémadeure devient sa voisine et amie en 1813[3].

Carrière littéraire

Victoire Babois ne publie pas d'œuvres littéraires avant l'âge de trente ans. D'un caractère modeste et timide, c'est son oncle Ducis qui la poussa à publier [4]. Elle fait paraître ses premières élégies sous forme d'un recueil en 1804/1805, bien qu'elles furent écrites entre 1792 et 1794, après le décès de sa fille : Élégie sur la mort de sa fille âgée de cinq ans. Ces poésies de deuil eurent un si vif succès dès leur première parution que plusieurs rééditions ont été effectuées pendant dix ans : au total trois en 1804/1805, trois en 1810 et trois en 1815, avec une simplification du titre original à partir de 1810, devenant les Élégies maternelles.

Elle publia aussi un recueil d' Élégies nationales, des recueils de poésies diverses contenant des stances, des chansons ou d'autres formes poétiques, ainsi que deux recueils d'épîtres, l'un d'eux contenant l'épître aux romantiques. Contrairement à ce que l'on en a dit, Victoire Babois ne fut en rien contre le romantisme qu'elle contribua fortement à fonder en renouvelant la poésie élégiaque et en amenant une écriture du deuil. Elle n'attaque pas non plus les romantiques. Elle s'érige seulement contre les mauvaises productions de l'époque et en explique la cause tel un témoin d'un phénomène socio-littéraire : la recherche excessive de l'artifice et surtout la recherche immodeste de la renommée littéraire chez certains jeunes écrivains aux vers médiocres, parcourant les salons plutôt que de se consacrer avec intelligence et assiduité à l'écriture, et jouant sur la provocation ou les flatteries pour se faire un nom.

Elle fut considérée comme une très grande poétesse de son époque. De nombreuses anthologies publiées entre 1820 et 1850 la classent dans les plus grands poètes de toute l'histoire littéraire de la poésie française. Bien que sa renommée soit aujourd'hui oubliée, ses poésies ont inspiré et nourri celles de Marceline Desbordes-Valmore, Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, etc. Elle a entretenu de nombreuses correspondances avec d'autres artistes, comme celle avec son amie Adélaïde-Gillette Dufrénoy, mais seules les lettres que Ducis a écrites à Victoire Babois ont été publiées, lors d'un hommage posthume à ce dernier.

Sa carrière littéraire s'arrête en 1836, en raison de problèmes médicaux, bien qu'ayant commencé l'écriture d'une pièce de théâtre dont il n'y a pas trace.

Décès

Elle repose au cimetière du Père-Lachaise à Paris (27e division) partageant la tombe de l'artiste-peintre Jean-Jacques Karpff.

Publications

  • Élégies sur la mort de sa fille âgée de cinq ans, 1804 ; rééd. 1810, 1828.
  • Élégie sur la mort de Ducis, membre de l'Institut royal de France, 1816.

Notes et références

  1. Archives de Paris, état civil reconstitué, cote V3E/D 40.
  2. Victoire Babois, Élégies et poésies diverses, Tome 2, Troisième édition, Paris, Nepveu, , p. 173 à 265.
  3. Souvenirs d'une vieille femme / par Mlle S. Ulliac Trémadeure, Paris, 1861, p. 195.
  4. Mme Victoire Babois, Élégies et Poésies diverses, Tome 2, Troisième édition, Lettres de Monsieur Ducis à Mme Babois, Dixième Lettre, Paris, Nepveu, , p. 200 à 201.

Source

  • Domenico Gabrielli, Dictionnaire historique du cimetière du Père-Lachaise XVIIIe et XIXe siècles, Paris, éd. de l'Amateur, , 334 p. (ISBN 2859173463, OCLC 231938472, BNF 38808177).

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