Verre blindé
Le verre blindé est un assemblage de plusieurs feuilles de verre minéral et/ou organique (polycarbonate), associées entre elles par des films intercalaires (généralement du PVB). Cet assemblage est donc appelé verre feuilleté.
Le terme « verre blindé » fait référence aux verres conçus pour résister aux actes de vandalisme, effraction, tir d'armes à feu, déflagration d'explosion et événements naturels exceptionnels.
D'aspect neutre et proche d'un verre ordinaire, le verre blindé offre des degrés variés de résistance aux caractéristiques demandées.
Applications en construction
RĂ©sistance au vandalisme
Ce type de verre est classé P1A à P5A suivant la norme EN 356.
Il s'agit d'un essai consistant à vérifier que le verre n'est pas traversé par une boule d'acier de 4,11 kg chutant d'une hauteur de 1,50 m à 9 m de haut, 3 à 9 fois suivant le classement.
Le vandalisme est caractĂ©risĂ© par un acte malveillant spontanĂ©, non prĂ©mĂ©ditĂ©, et donc improvisĂ©. Un vandale utilisera donc des parties de son corps (poings, pieds), ou des objets environnants (pierre, bouteille, etc.) pour tenter de crĂ©er un passage dans la paroi vitrĂ©e. L'acte peut ĂȘtre gratuit (volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de casser), ou motivĂ© par des actes de pillage.
On a généralement recours à du verre feuilleté de 6 mm à 10 mm d'épaisseur pour répondre à cette caractéristique.
RĂ©sistance Ă l'effraction
Ce type de verre est classé P6B à P8B suivant la norme EN 356.
L'effraction est caractĂ©risĂ©e par un acte malveillant prĂ©mĂ©ditĂ©, donc prĂ©parĂ©. Un cambrioleur utilisera un Ă©quipement spĂ©cifique qu'il aura prĂ©parĂ© (hache, marteau, pied de biche, etc.) pour tenter de crĂ©er un passage dans la paroi vitrĂ©e, lui permettant de passer entiĂšrement, ou de passer la main pour atteindre la poignĂ©e de la fenĂȘtre.
Il s'agit d'un essai consistant à vérifier qu'une ouverture suffisante n'a pas été faite à coups de hache pour pénétrer le vitrage. Suivant le classement, le nombre minimal de coups de hache varie de 30 à plus de 70. On a généralement recours à du verre feuilleté de ModÚle:Unté d'épaisseur pour répondre à cette caractéristique. La classe P5A de la résistance au vandalisme est généralement considérée comme acceptable pour une classe de résistance à l'effraction basique.
RĂ©sistance aux tirs d'arme Ă feu
Ce type de verre est classé BR1 à BR7 suivant la norme EN 1063.
Ces classements correspondent Ă diffĂ©rents calibres, allant du 22 LR Ă du 7.62 OTAN Ă noyau dur en acier tirĂ© avec un fusil de prĂ©cision. Le verre ne doit pas ĂȘtre traversĂ© aprĂšs 3 tirs d'arme Ă feu. Un autre classement de la mĂȘme norme permet de caractĂ©riser la rĂ©sistance du verre aux tirs de munitions Ă ailettes « Brenneke » de calibre 12 (fusils de chasse : SG1 et SG2). En plus de ces classements, ces vitrages doivent rĂ©pondre Ă une caractĂ©ristique de prĂ©sence ou non d'Ă©clats du cĂŽtĂ© protĂ©gĂ© du vitrage - respectivement classement S pour Splintering (avec Ă©clats) ou NS pour Non-Splintering (sans Ă©clats). Des Ă©clats peuvent ĂȘtre tolĂ©rĂ©s, par exemple, si personne n'est susceptible d'ĂȘtre directement exposĂ© Ă ces Ă©clats.
Pour ces vitrages, sont utilisés des verres multifeuilletés de 23 mm à 87 mm voire plus. Des assemblages feuilletés verre/polycarbonate sont parfois employés pour cette application.
Note : Le terme « verre anti-balles » est un abus de langage et ne devrait pas ĂȘtre utilisĂ© : Il sous-entend que le verre reste intact Ă la suite d'un tir d'arme Ă feu, et que la balle d'arme Ă feu est dĂ©sintĂ©grĂ©e, ce qui n'est pas le cas. Il en est de mĂȘme des termes « verre anti-vandalisme » et « verre anti-effraction ».
Résistance aux déflagrations d'explosion
Ce type de verre est classé ER1 à ER4 suivant la norme EN 13541.
Le verre, comme tout autre matĂ©riau, ne rĂ©siste pas Ă la proximitĂ© immĂ©diate d'une explosion. En revanche, il existe des verres qui peuvent subir l'onde de choc sans voler en Ă©clats, bien qu'ils soient tout de mĂȘme dĂ©truits. Cela peut Ă©viter bien des dommages corporels graves, dus aux Ă©clats de verre ou autres projections de dĂ©bris venant de l'extĂ©rieur.
Ces classements correspondent à une variation de pression instantanée de 50 à 250 kPa (~0,5 à 2,5 bar), suivant le classement, et sur une période d'au moins 20 ms.
De mĂȘme que pour les verres rĂ©sistants aux tirs d'arme Ă feu, on distingue la prĂ©sence ou non d'Ă©clats du cĂŽtĂ© protĂ©gĂ© du vitrage. Pour ces vitrages, sont utilisĂ©s des verres feuilletĂ©s incorporant beaucoup plus de films intercalaires PVB que d'ordinaire. Le verre cassera systĂ©matiquement sous la dĂ©flagration, les films intercalaires vont assurer le maintien de la paroi vitrĂ©e.
Autres applications
Les autres applications (automobile, aéronautique), font l'objet de cahiers des charges trÚs stricts des constructeurs.
AĂ©ronautique
Le verre, comme tous les matĂ©riaux du fuselage, doit rĂ©sister Ă des impacts violents, notamment de volatiles. Des essais sont donc effectuĂ©s, de volatiles projetĂ©s sur le pare-brise du cockpit, Ă des vitesses de plus de 800 km/h. Le verre ne doit pas ĂȘtre traversĂ©.
Il s'agit souvent de composites verre/polycarbonates.
Transport ferroviaire
Dans le cas du transport ferroviaire, les risques sont liĂ©s Ă de la malveillance. Le risque est rare mais peut ĂȘtre gravissime sur les trains Ă grande vitesse, TGV et Eurostar, notamment. Le verre ne doit pas ĂȘtre traversĂ© sous l'impact d'un parpaing de 20 kg lancĂ© Ă 300 km/h sur le pare-brise.
Automobile
Certaines personnalités, ou certains lieux à risque élevé peuvent nécessiter l'emploi de véhicules blindés, équipés de verres résistants aux tirs d'arme à feu. Les exigences et les produits verriers répondants à ces risques sont assez proches de ceux utilisés pour le bùtiment.
Il se développe également des vitrages feuilletés pour les vitrages latéraux, pouvant répondre aux agressions type « vol à la portiÚre ». Moins épais que du vitrage résistant aux tirs d'arme à feu, ils permettent toutefois de dissuader un agresseur, tout en laissant à la victime le temps de la réaction face à la surprise de l'agression.
Verre blindé à sens unique
Une évolution dans le verre blindé a mené à l'invention de celui à sens unique, comme celui utilisé dans certains véhicules de banque (fourgon blindé). Il résiste aux tirs depuis l'extérieur mais permet aux gardes de faire feu sur la menace.
Le cÎté externe est friable tandis que celui interne est souple. Quand la balle vient de l'extérieur elle touche la partie friable en fracassant une partie qui absorbe une partie de l'énergie cinétique en la répartissant sur une surface plus large. Quand elle touche la partie souple elle est suffisamment ralentie. Par contre venant de l'intérieur elle touche la partie souple d'abord passant au travers à cause de la concentration de force tandis que lorsqu'elle atteint la partie friable elle part vers l'extérieur sans effet significatif sur la vélocité.
Procédés et matériaux innovants
Des recherches sur de l'« aluminium transparent » (oxynitrure d'aluminium) aboutissent à des verres métalliques légers de trÚs haute résistance. Des produits existent mais restent, au jour de la rédaction de cet article, cinq fois plus chers que des verres blindés traditionnels équivalents en performance.
Notes et références
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Site de la Fédération française des professionnels du verre
- « Verre plat aujourd'hui et demain », verreonline.fr
- (en) « Bulletproof Glass | Outrageous Acts of Science », vidéo explicative (en anglais) montrant une vitre blindée qui résiste à un tir de trois balles d'un fusil d'assaut AK-47, sur la chaine YouTube de Science Channel (consulté le ).