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Vent anabatique

Un vent anabatique, du grec ancien anabatos, est un vent ascensionnel d'une masse d'air le long d'un relief gĂ©ographique dĂ» au rĂ©chauffement de celui-ci[1]. Diverses conditions mĂ©tĂ©orologiques peuvent crĂ©er un vent anabatique, mais il s'agit toujours de la formation d'une diffĂ©rence de tempĂ©rature entre les masses d’air au-dessus des vallĂ©es et celles rĂ©chauffĂ©es sur leurs pentes qui cause une circulation d’air. Il est donc aussi appelĂ© vent de pente.

MĂ©canisme

Principe

Il s'agit d'un phénomÚne de brise de pente, mais à l'inverse du vent catabatique qui est entrainé par un refroidissement, le vent anabatique est entrainé par un réchauffement[2].

Le vent anabatique ressemble Ă  la brise de mer. Dans les vallĂ©es, l'insolation solaire varie avec l'heure et le matin celle-ci est Ă  angle plus ou moins rasant, et peut mĂȘme se trouver dans l'ombre du relief, ce qui rĂ©chauffe lentement le sol. L'air au-dessus de la vallĂ©e va lui aussi se rĂ©chauffer lentement par conduction.

Par contre, les pentes qui font face au soleil se rĂ©chauffent plus rapidement. À une altitude similaire au-dessus de la vallĂ©e et prĂšs de la pente, la tempĂ©rature de l'air de la pente sera donc plus chaude que celle adjacente. Par convection, l'air chaud sera donc en instabilitĂ© et subira une poussĂ©e d'ArchimĂšde vers le haut.

Le départ de cet air cause alors une baisse de pression locale le long de la pente par rapport à la pression dans la vallée. L'air dans cette derniÚre doit donc remonter la pente pour égaliser la pression ce qui cause le vent.

On notera que l'effet de massif entretient le vent anabatique durant la journĂ©e. Il est dĂ©montrĂ© qu'Ă  minuit, l'air Ă  proximitĂ© du sol en montagne est plus froid de 1 K Ă  2 K que l'air libre Ă  la mĂȘme altitude en plaine et rĂ©ciproquement, Ă  midi, l'air Ă  proximitĂ© du sol des montagnes est plus chaud de 1 K Ă  2 K que l'air libre environnant[3]. En outre, le gradient de la tempĂ©rature du sol est lĂ©gĂšrement hyperadiabatique et vaut entre 10 K/km et 11 K/km[4] ce qui aide Ă  la formation de vents anabatiques.

ModĂšle de Prandtl

Par temps ensoleillé, la face exposée au soleil d'une colline devient plus chaude que l'air environnant et cause l'ascendance donnant le vent anabatique. Selon la théorie établie par Ludwig Prandtl avec un modÚle unidimensionnel utilisant l'approximation de Boussinesq, la vitesse du vent du vent anabatique est la suivante[5] - [6] :

  • s est l'angle de la pente
  • : : flottabilitĂ©.
  • Δ T: DiffĂ©rence de tempĂ©rature avec l'air environnant
  • T tempĂ©rature de l'air environnant.
  • N: FrĂ©quence de Brunt-VĂ€isĂ€lĂ€
  • Kh = Km = m2/s : coefficients de mĂ©lange correspondant au mĂ©lange turbulent[7].
  • Z hauteur perpendiculaire Ă  la pente

En supposant une pente de 30 degrĂ©s (s = π/6) et une diffĂ©rence de tempĂ©rature de 6 K (les falaises exposĂ©es au soleil peuvent devenir nettement plus chaudes que l'air environnant), une tempĂ©rature de 300 K et une frĂ©quence de Brunt-VĂ€isĂ€lĂ€ de 102 la vitesse maximale du vent sera de 5.26 m/s ce qui correspond Ă  une composante verticale de 2.7 m/s. Ce vent anabatique devrait donc assurer une ascendance suffisante pour que le planeur fĂ»t capable de gagner de l'altitude. L'Ă©paisseur de la zone ascendante est de l'ordre de 100 mĂštres.

Effets

Nuages

La température de l'air qui remonte la pente diminue à cause du changement de pression par détente adiabatique. La vapeur d'eau contenue dans cet air ne change pas mais l'humidité relative augmente à mesure que la température baisse. Lorsque l'air arrive à saturation, il y formation de nuages. Si l'ascension se poursuit, des précipitations apparaissent. Les nuages seront de types convectifs (cumulus à cumulonimbus).

Vol

Les vents anabatiques sont recherchĂ©s par les oiseaux migrateurs pratiquant le vol planĂ© et par les amateurs de vol Ă  voile car ils sont de nature ascensionnelle[8] - [9]. Ils engendrent une ligne d'ascendances le long d'une pente exposĂ©e au soleil qui est trĂšs semblable Ă  une ascendance dynamique causĂ©e par un flux perpendiculaire Ă  la pente. Comme cette ascendance est de nature thermique, les ascendances peuvent s'Ă©lever nettement au-dessus de la ligne de crĂȘte[8]. Les effets les plus marquĂ©s se situent sur les flancs sud et ouest des collines car d'une part l'air est plus chaud l'aprĂšs-midi et donc les ascendances se formeront plus facilement et d'autre part, aux latitudes tempĂ©rĂ©es, les vents dominants sont de secteur ouest ce qui facilite la formation d'ascendances. En outre, en montagne, comme les ascendances partent d'un point plus Ă©levĂ©, la base des nuages sera aussi plus Ă©levĂ©e. Si la base des cumulus (ou stratus) est au-dessous de la ligne de crĂȘte, le vol dans les nuages est Ă  proscrire car le pilote risquerait alors de percuter une montagne. De plus, dans de nombreux pays, le vol dans les nuages est interdit aux planeurs.

Notes et références

  1. Organisation météorologique mondiale, « Vent anabatique », Glossaire de la météorologie, Eumetcal (consulté le )
  2. « Météorologie élementaire, les effets locaux du vent », sur astrosurf.com (consulté le ).
  3. Mountain Weather, p. 63
  4. Mountain Weather, p. 57
  5. (de) Ludwig Prandtl, FĂŒhrer durch die Strömungslehre, Vieweg und Sohn, .
  6. (en) Alan Shapiro, « Theory of Slope Flows and Low-Level Jets. Croatian–USA Workshop on Mesometeorology, 18–20 June 2012 », (consultĂ© le ).
  7. (de) Frederich Defan, « Zur Theorie der Hangwinde, nebst Bemerkungen zur Theorie der Berg- und Talwinde », Archiv fĂŒr Meteorologie, Geophysik und Bioklimatologie, Serie A, Springer Verlag, vol. 1, no 3,‎ , p. 421-450 (DOI 10.1007/BF02247634).
  8. « Les ascendances », Le Planeur, sur lavionnaire.fr (consulté le ).
  9. (en) Klaus Ohlmann, « The Wind System in the Himalayas: From a Bird’s-Eye View », dans Bird Migration across the Himalayas, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-33542-0, DOI 10.1017/9781316335420.017, lire en ligne), p. 219–228

Bibliographie

  • [Mountain Weather] (en) R. Barry, Mountain weather and climate, Cambridge, Cambridge University Press, , 3e Ă©d., 506 p. (ISBN 978-0-521-86295-0)

Voir aussi

Articles connexes

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