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Velléda

La Velléda est une vedette de la subdivision des phares et balises du Finistère qui avait pour mission initiale de ravitailler et de relever les phares d'Ar-Men, de la Vieille, de la Jument, des Pierres Noires et du Four. Depuis l'automatisation de ces phares, elle est utilisée pour l'entretien des autres établissements de signalisation maritime (ESM).

La Velléda à couple du baliseur océanique Armorique, au quai Malbert, à Brest

Caractéristiques

  • Longueur hors-tout : 17 m
  • Vitesse : 9 nĹ“uds
  • Jauge : 29,75 tonneaux
  • Motorisation : 2 moteurs Baudoin couplĂ©s de 100 ch

Histoire

Les quatre Velléda

Selon Jean-Christophe Fichou[1], la Velléda est en fait le quatrième bateau des Phares et balises qui porte ce nom.

  • Une première VellĂ©da, mise en service en 1933 et assurant la relève des phares Ă  la pointe du Finistère, Ă  partir de l'Ă®le de Sein, a Ă©tĂ© impliquĂ©e en 1940 dans le dĂ©part de nombreux marins sĂ©nans vers l'Angleterre, en rĂ©ponse Ă  l'Appel du 18 juin. Son patron Ă©tait Jean-Marie Porsmoguer.
  • Une seconde VellĂ©da la remplace en fĂ©vrier 1949. Mais, quelques mois Ă  peine après sa mise en service, VellĂ©da II rompt sa chaĂ®ne de mouillage et se brise sur les rochers du port de l'Ă®le de Sein. La première VellĂ©da, rebaptisĂ©e La Helle est alors rappelĂ©e Ă  l'Ă®le de Sein. Henri Le Gall en obtient le commandement en juillet 1950, Ă  l'âge de 22 ans.
  • La troisième VellĂ©da (longueur : 15,80 m ; largeur : 4,00 m ; tirant d’eau : 2,00 m ; jauge brute : 25 tonneaux), construite par les chantiers Dupret Ă  Gujan-Mestras, est lancĂ©e en 1951 et affectĂ©e Ă  nouveau par les Phares et balises au port de l'Ă®le de Sein. Henri le Gall en a le commandement, mais la juge trop peu sĂ»re. RebaptisĂ©e Les Essarts et dĂ©placĂ©e en 1969 Ă  Ouistreham dans le Calvados, la troisième VellĂ©da est restĂ©e en service jusqu'en 2004.
  • L'actuelle VellĂ©da l'a remplacĂ©e en 1968, Ă  la demande d'Henri Le Gall. La quatrième VellĂ©da est donc toujours en activitĂ©. Henri Le Gall en a assurĂ© le commandement jusqu'Ă  son dĂ©part Ă  la retraite, en mars 1983.

Un bateau conçu par son patron

L'actuelle Velléda a été construite aux Chantiers de la Garonne à Bordeaux en 1968. Elle assurait la relève des phares qu'elle desservait grâce à l'usage du cartahu, filin que l'on tendait entre le mât du bateau et le phare, et par lequel transitaient les hommes et le ravitaillement. Elle a été commandée pendant de nombreuses années par Henri Le Gall, considéré dans le milieu de la mer comme un « virtuose » de la relève. C'est d'ailleurs lui qui a en partie conçu les plans de la Velléda, réussissant à faire valoir auprès des ingénieurs des Phares et balises sa grande expérience du métier et ses exigences en matière de sécurité.

Peu de temps après sa mise en service, la Velléda fut retournée par une forte lame à l'occasion d'une relève au phare de la Vieille. Les trois marins présents sur le pont furent emportés. Le bateau se releva néanmoins, parfaitement intact, et Henri Le Gall réussit à récupérer ses trois hommes d'équipage, en plein raz de Sein, l'un des endroits les plus dangereux des côtes françaises. Ce sauvetage extraordinaire valu à Henri Le Gall la Légion d'honneur. Il apportait aussi la preuve du bien-fondé des modifications qu'il avait obtenues dans la conception du bateau (pontage intégral, notamment).

Apparitions dans la littérature et au cinéma

  • L'Ă©crivain Jean-Paul Sartre, dans une page cĂ©lèbre de La NausĂ©e (1938), dĂ©crit le narrateur en train d'essayer en vain de compter les marronniers, de les comparer aux platanes, de les "situer par rapport Ă  la VellĂ©da". Les relations entre les choses, arbitraires, "ne mordaient plus sur les choses". "De trop, la VellĂ©da[2]...".
  • L'Ă©crivain Jean-Pierre Abraham, qui fut gardien de phare Ă  Ar-Men, raconte son Ă©vacuation d'urgence par mauvais temps sur la troisième VellĂ©da (1951-1968) dans un texte intitulĂ© « VellĂ©da » mon amour[3].
  • Dans son rĂ©cit intitulĂ© Armen, Abraham Ă©voque Ă©galement Ă  de très nombreuses reprises la VellĂ©da et son Ă©quipage, comme dans ce passage oĂą il dĂ©crit le travail du barreur (Henri Le Gall en l'occurrence), en cours de relève :

« Je l'ai vu ce matin encore, au pied d'Ar-Men, manœuvrer dans une grosse houle, l'œil dur, le visage tendu. Il calcule en un éclair la vitesse et la force de la vague qui monte en face dans le noroît. Pour ne pas être emporté il lance la vedette vers le phare de toute la puissance de ses deux cents chevaux. La vague l'immobilise à cinquante centimètres du soubassement[4]. »

  • On a pu voir rĂ©cemment au cinĂ©ma la VellĂ©da dans le film L'Équipier, rĂ©alisĂ© par Philippe Lioret (2004).

Notes et références

  1. Fichou et alli, 1999, p. 387
  2. Jean-Paul Sartre, La Nausée, Paris, Gallimard, 1938, p. 181
  3. Paru dans Au plus près (2004).
  4. Jean-Pierre Abraham, Armen, Le Tout sur le tout, 1988, p. 145

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Pierre Abraham, Armen, Le Tout sur le tout, 1988.
  • Jean-Pierre Abraham, « VellĂ©da mon amour », in Au plus près, Éditions du Seuil, 2004.
  • Jean-Christophe Fichou, NoĂ«l Le HĂ©naff, Xavier MĂ©vel, Phares. Histoire du balisage et de l'Ă©clairage des cĂ´tes de France, Éditions Le Chasse-marĂ©e / Armen, 1999, 451 pages.

Articles connexes

Liens externes

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