Varvara Iakovleva
Varvara Nikolaïevna Iakovleva (russe : Варвара Николаевна Яковлева) née en à Moscou, est une révolutionnaire russe et soviétique, membre de la Tchéka, femme politique, commissaire du Peuple aux finances de la RSFSR de 1929 à 1937 puis condamnée lors des procès de Moscou et morte fusillée le à Orel.
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Cours féminin supérieur (d) |
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Parti communiste de l'Union soviétique Parti ouvrier social-démocrate de Russie (bolchevik) (d) |
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Biographie
Jeunesse et premières activités militantes
Varvara Iakovleva est née en 1884[1] - [2] - [3], dans une famille de marchands à Moscou. Son frère est le révolutionnaire bolchévique Nikolai Iakovlev (ru).
Après avoir achevé le lycée, elle s'inscrit à la faculté de physique et de mathématiques des Cours supérieurs féminins (ru) souhaitant être astronome, et qu'elle termine en 1907. Elle donne des leçons particulières de 1901 à 1905, puis enseigne brièvement dans ces cours, avant d'être inscrite dans leur faculté de sciences naturelles, entre 1907 et 1910.
Elle prend part au mouvement étudiant. En 1904, elle entre dans l'organisation du POSDR, se joignant aux bolcheviks. Elle milite à Moscou comme propagandiste et organisatrice[1]. En 1905, elle prend part au soulèvement de décembre à Moscou. Elle est arrêtée en , et emprisonnée jusqu'en . Elle est ensuite assignée à résidence à Torjok et à Tver de à ; pour éviter l'exil, elle passe dans l'illégalité, et continue son action à Moscou jusqu'à l'automne 1910, où elle est arrêtée et envoyée à Narym (ru), dans le gouvernement de Tomsk, d'où elle fuit à l'étranger[1] avec sa fille âgée d'un an.
À son retour en Russie, à l'automne 1912, elle travaille comme agent du comité central et membre du bureau du comité central du parti à Moscou[1]. En 1913, elle est à nouveau arrêtée, à nouveau envoyée à Narym, s'enfuit à nouveau, et est alors arrêtée et exilée dans le gouvernement d'Astrakan, où elle reste jusqu'en 1916. À son retour d'exil, elle revient à Moscou, où elle est secrétaire du comité central du POSDR de l'oblast[1]. Hospitalisée début 1917, elle ne participe pas à la révolution de Février[4].
Révolution d'octobre. Dirigeante de la Tchéka
Elle retenue pour le VIe congrès du parti comme candidate pour le comité central du POSDR(b). Elle rédige le procès-verbal de la session du de ce comité, celui qui prend la décision du soulèvement armé. Pendant les journées d'Octobre, elle fait partie des centres de combat du parti à Moscou. En , elle est élue comme membre de l'assemblée constituante russe de 1918, et travaille à Petrograd au NKVD de la RSFSR et ensuite au conseil suprême de l'économie nationale[1].
Lors des négociations de Brest-Litovsk, elle rejoint les communistes de gauche (ru) et quitte ses fonctions pour protester contre les conditions de la paix[5].
Membre de la Tchéka et de son collège dirigeant à Petrograd[6], elle devient secrétaire () et membre () du collège fédéral en , comme responsable adjointe du département de la lutte contre la contre-révolution et responsable du département de la lutte contre les délits commis dans le cadre du service. Elle conduit notamment une enquête sur les faits de corruption et de rançonnement d'otages reprochés à son prédécesseur, Gleb Boki[7].
Après le meurtre de Moïsseï Ouritski en , elle exerce les fonctions de vice-président intérimaire de la commission extraordinaire mise en place alors, et la dirige de la mi-novembre jusqu'à la fin 1918. Le diplomate néerlandais Willem Jacob Oudendijk souligne que la « tchékiste Iakovleva se distinguait par une cruauté inhumaine »[8].
Cadre du parti et de l'appareil soviétique
En , elle est rappelée à Moscou et travaille au comité central du PCR(b), au commissariat du peuple pour l'alimentation de la RSFSR, en lien avec le conseil suprême de l'économie nationale. Elle est membre du collège de ce commissariat de à , et dirige le département de la répartition à partir de . En suite, en tant que chef du département de l'organisation, elle est responsable des brigades chargées des prélèvements de denrées agricoles et des réquisitions.
Compagne d'Ivan Smirnov, elle participe activement à la guerre civile. En 1920, elle devient membre du Sibburo, instance du comité central du PCU(b) compétente pour la Sibérie[9]. En 1920 et 1921, elle est secrétaire du comité de Moscou du PCR(b).
De 1922 à 1929, elle travaille avec Nadejda Kroupskaïa au commissariat du Peuple à l'éducation, d'abord comme responsable des formations professionnelles, ensuite comme vice-commissaire. De 1929 à 1937, elle est commissaire du Peuple aux finances de la RSFSR[1].
Elle écrit une série d'articles sur différentes questions relatives à l'administration soviétique et au parti[1],
Elle a été membre du comité exécutif central panrusse (ru) puis de celui de l'URSS (ru), et déléguée aux VIIe, Xe, XIe, XIVe, XVIe et XVIIe congrès du parti bolchévique.
Elle reçoit l'ordre de Lénine en 1933.
Conflits internes au parti communiste. Arrestation et exécution
Lors du débat sur les unions professionnelles (ru) de 1921-1922, elle soutient Boukharine, et se rapproche ensuite de Trotski[5]. En 1923, elle signe la Déclaration des 46 proposant des solutions afin de « surmonter la crise économique, la crise politique et la crise du parti »[5] - [10]. Elle est ensuite un des leaders de l'opposition de gauche entre 1924 et 1926 et participe aux sessions du centre trotskiste, mais elle rompt complètement avec ce courant en .
Elle est arrêtée en 1937, accusé d'avoir organisé un centre trotskiste clandestin, dans lequel sont soi-disant impliqués Andreï Boubnov, Abram Kamenski (ru), Nikolaï Krylenko, Vassili Mantsev (ru) et d'autres. Lors du 3e procès de Moscou, dit des 21, elle intervient comme témoin de l'accusation contre Nikolai Boukharine[11] - [12]. Elle est condamnée en 1938 à 20 ans de réclusion carcérale.
Elle indiquera à la femme d'Abram Kamenski, condamné à mort sur la base de son témoignage, que celui-ci était mensonger et qu'elle l'avait signé à la suite de 15 jours d'interrogatoire et de mauvais traitements, après « avoir perdu son sang-froid »[13].
Le , le collège militaire de la Cour suprême de l'URSS la condamne par contumace à être fusillée, décision confirmée par le comité d'État à la Défense le et paraphée par Staline. Elle est fusillée avec d'autres détenus de la prison d'Orel le [14].
Elle est réhabilitée en 1958.
Famille
Son mari, Pavel Sternberg (ru) (1865—1920), astronome russe, est également un révolutionnaire bolchévique et a pris part à la guerre civile[15].
Varvara Iakovleva a eu deux filles :
- Irina Pavlona Iakovleva, condamnée à cinq ans d'emprisonnement lors des répressions staliniennes.
- Ielena Ivanovna Iakovleva, fille d'Ivan Smirnov[16].
Notes et références
- (ru) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en russe intitulé « Яковлева, Варвара Николаевна » (voir la liste des auteurs).
- (ru) Яковлева, Варвара Николаевна [« Varvara Nikolaïevna Iakovleva »], Moscou, (lire en ligne), Большая биографическая энциклопедия (Grande encyclopédie biographique)
- (ru) Яковлева [« Iakovleva »], 1969 - 1978 (lire en ligne), Большая советская энциклопедия (Grande encyclopédie soviétique)
- La 1re édition de la Grande encyclopédie soviétique mentionne à tort 1885.
- (ru) « Яковлева Варвара Николаевна » [« Iakovleva Varvara Nikolaïeva »], sur hrono.ru (consulté le )
- (en) « Glossary of People: Ya », sur www.marxists.org (consulté le )
- (ru) В. Виноградов, А. Литвин, В. Христофоров (V. Vinogradov, A. Lotvine, V. Khristoforov) (dir.), Архив ВЧК [« Archives de la Tchéka »], Moscou, Кучково поле, , p. 715-716.
- (ru) Шошков Е. (I. Chochkov), « Судьбы: Звезда и смерть Глеба Бокия » [« Destins. Étoile et mort de Gleb Boki »], Родина, no 7,
- (en) William J Oudendyk, Sir, Ways and by-ways in diplomacy, Place of publication not identified, P. Davies, (OCLC 499243503)
- (ru) « Сибирское бюро ЦК РКП » [« Sibburo (CCPCU(s)) »], Большая советская энциклопедия (Grande encyclopédie soviétique), 1969—1978 (lire en ligne, consulté le )
- « Déclaration des 46 (15 octobre 1923) », sur www.marxists.org (consulté le )
- Robert Conquest et Claude Seban (trad. de l'anglais), La Grande terreur : les purges staliniennes des années 30 ; précédé de Sanglantes moissons : la collectivisation des terres en URSS, Paris, R. Laffont, , 1049 p. (ISBN 2-221-06954-4, OCLC 33599615, lire en ligne)
- (ru) Судебный отчёт по делу антисоветского право-троцкистского блока [« Rapport judiciaire sur l'affaire du bloc de droite trotskiste antisoviétique »], Moscou, Юридическое издательство НКЮ СССР, , p. 203-210
- (ru) « Москва, Серафимовича, 2 (Абрам Захарович Каменский) » [« Moscou, Serafimovitcha, 2 (Abram Zkharovitch Kamenski) »], Последний адрес, (lire en ligne, consulté le )
- (rue) « Списки жертв » [« Listes de victimes »], sur lists.memo.ru (consulté le )
- (ru) Бережков В., Пехтерева С. (V. Berejkov, S. Pekhtereva), Женщины-чекистки [« Femmes tchékistes »], Saint-Pétersbourg Moscou, , p. 12
- (ru) Привалихин В. (V. Privalikhine), « К столетию революции. Варвара Яковлева » [« Pour les cents ans de la révolution. Varvara Iakovleva »], Московская правда,
Annexes
Bibliographie
- (ru) Яковлева [« Iakovleva »], 1969 - 1978 (lire en ligne), Большая советская энциклопедия (Grande encyclopédie soviétique) ;
- (ru) « Яковлева, Варвара Николаевна », dans Большая биографическая энциклопедия (Grande encyclopédie biographique) [« Varvara Nikolaïevna Iakovleva »], Moscou, (lire en ligne) ;
- (ru) « Яковлева Варвара Николаевна » [« Iakovleva Varvara Nikolaïeva »], sur hrono.ru (consulté le ) ;
- (ru) Kolpakidi, A. I. (Aleksandr Ivanovich), Энциклопедия секретных служб России [« Encyclopédie des services secrets de Russie »], Moscou, АСТ, , 800 p. (ISBN 5-17-018975-3, OCLC 55746896) ;
- (ru) « Справочник : Яковлева Варвара Николаевна » [« Aide mémoire : Varvara Nikolaïevna Iakovleva »], sur Справочник по истории Коммунистической партии и Советского Союза 1898 - 1991 (Aide mémoire pour l'histoire du Parti communiste et de l'Union soviétique 1898 - 1991) (consulté le ).