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Une histoire italienne

Une histoire italienne (Sanguepazzo) est une coproduction franco-italienne, réalisée par Marco Tullio Giordana, sortie en 2008.

Une histoire italienne

Titre original Sanguepazzo
RĂ©alisation Marco Tullio Giordana
Scénario Leone Colonna
Marco Tullio Giordana
Enzo Ungari
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Drame
DurĂ©e 148 minutes
Sortie 2008

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film évoque la fin tragique du couple d'acteurs Osvaldo Valenti - Luisa Ferida, vedettes du cinéma italien à l'époque mussolinienne.

Synopsis

À Milan, à l'aube du , on retrouve les cadavres ensanglantés d'Osvaldo Valenti et de Luisa Ferida. C'était un couple d'acteurs, dans la vie comme au cinéma : ils avaient été des vedettes à l'époque mussolinienne et, comme ils s'étaient ralliés à la République sociale italienne, ils furent arrêtés et exécutés sans jugement par des partisans antifascistes, et bien que la femme fût enceinte et n’eût rien à se reprocher. Le film raconte la fin de leur vie, sur fond de décomposition du régime fasciste.

Fiche technique

  • Titre original : Sanguepazzo
  • Titre en France : Une histoire italienne
  • RĂ©alisation : Marco Tullio Giordana
  • ScĂ©nario : Leone Colonna, Marco Tullio Giordana, Enzo Ungari
  • Photographie : Roberto Forza, couleurs/noir et blanc
  • Musique : Franco Piersanti
  • Montage : Roberto Missiroli
  • Producteur : Angelo Barbagallo
  • DurĂ©e : 148 minutes
  • Lieux de tournage : Milan, Lombardie
  • Pays d'origine : Drapeau de l'Italie Italie / Drapeau de la France France
  • AnnĂ©e de rĂ©alisation : 2008
  • Dates de sortie :

Distribution

Autour du film

Les personnages de Luisa Ferida et Osvaldo Valenti

L'actrice italienne Monica Bellucci, interprète de Luisa Ferida.

L'itinéraire et la fin tragique de Luisa Ferida et d'Osvaldo Valenti, acteurs emblématiques du cinéma des téléphones blancs, à l'époque fasciste en Italie, soulèvent avis et témoignages controversés. Le journaliste Alberto Bevilacqua note dans le Corriere della Sera du : "C'étaient deux acteurs médiocres (d'une extraordinaire beauté en ce qui la concerne) mais deux personnages portés par un souffle tragique. Éclose dans les milieux du cinéma, leur histoire d'amour ferait un film très moderne. Si personne n'y a pensé, c'est que le sujet est brûlant."

Onze ans après ce texte, le cinéaste Italo Moscati (en) tournera pour la télévision un scénario consacré à l'histoire de ces amants à la dérive. En 2008, Marco Tullio Giordana porte enfin à l'écran cette Histoire italienne, située au moment de l'occupation de Rome par les Allemands et de l'avènement de la République sociale italienne, d'émanation fasciste, établie à Salò, dans le Nord de l'Italie (sept. 1943).

Qui étaient exactement les deux acteurs ? Stefano Masi et Enrico Lancia dans Stelle d'Italia décrivent Luisa Ferida comme "une humble fille qui a débarqué à Rome à l'âge de seize ans (...) Le charme dodu et bohémien de Luisa convient fort bien aux rôles de canaille et de gouape. Un personnage typique du cinéma muet. De fait, la jeune Ferida impressionne surtout des metteurs en scène issus du muet comme Baldassarre Negroni et Enrico Guazzoni." Même si l'actrice n'obtient pas de résultats éclatants, elle se construit patiemment une place. "Il faut se rappeler cette époque où le fascisme se fait son cinéma en portant à son terme "l'opération autarcie", y compris dans le domaine cinématographique. (...) Celle-ci cependant, alors qu'elle ne cesse de travailler, ne trouve pas encore l'occasion qui va la faire changer de catégorie : la proposition d'Alessandro Blasetti pour Un'avventura di Salvator Rosa arrive à point nommé pour cette requalification. Elle sera suivie aussitôt après d'une réalisation de Blasetti La Couronne de fer (1941) qui consacrera le succès de l'actrice bolonaise. (...) Si dans le référendum lancé par la revue Cinema dirigée par Vittorio Mussolini, elle n'apparaît pas dans le classement des dix premières dive italiennes désignées par le vote des lecteurs pour l'année 1940, elle aura l'occasion de se rattraper l'année suivante grâce à Blasetti." (Massimo Scaglione, Une histoire "noire" au milieu des téléphones blancs, Pour une histoire du cinéma italien, Éditions Mazzotta)

Quand Luisa Ferida entre dans sa vie, Osvaldo Valenti est, quant Ă  lui, un des acteurs italiens les plus connus. Il incarne presque toujours le rĂ´le de « l'intrigant perfide, du rival cynique, de l'espion ou du sĂ©ducteur de pacotille » (Massimo Scaglione, id.) Le monde du cinĂ©ma de l'Ă©poque, MarĂ­a Denis en particulier, le prĂ©sente comme un personnage raffinĂ© et spirituel. Mais, Aldo Lualdi, dans Mourir Ă  Salo, nous en brosse un portrait plutĂ´t sombre : « Valenti, c'est connu, Ă©tait sous le charme ambigu de ses personnages, au point d'en imiter dans la vie les gestes et les mots. Il Ă©tait attirĂ© par l'horreur et par les auteurs qui faisaient de la perversion et de la cruautĂ© un usage littĂ©raire. Pour vivre Ă©ternellement dans le rĂŞve, il avait besoin d'excitants, et avec la cocaĂŻne, cela lui rĂ©ussissait mieux. (...) Vivre dans le mythe et dans une continuelle fiction aura Ă©tĂ© la constante de sa vie. (...) Cette manie de l'apparence et de l'exhibition l'aura dupĂ© avant qu'il ne s'en rende compte. On prenait l'image pour la personne et il finit par ne plus convaincre quand, Ă  la fin, il jura qu'il n'Ă©tait pas celui que l'on croyait. » Alberto Bevilacqua, dĂ©jĂ  citĂ© plus haut, dĂ©peint, de son cĂ´tĂ©, « sa terrible dĂ©pendance Ă  la drogue » de cette façon : « Au sein de la haute bourgeoisie, il Ă©tait le dĂ©pravĂ© authentique de service, alors qu'il n'Ă©tait en rĂ©alitĂ© qu'une victime du mythe phobique de l'anormal, du difforme. (...) Il se perdait rĂ©ellement. Avec ce goĂ»t ostentatoire pour l'autodestruction et cette tendance Ă  compenser ses complexes d'infĂ©rioritĂ© en se mĂŞlant Ă  ces ultras tristement cĂ©lèbres du rĂ©gime noir qui incarnaient Ă  ses yeux le mythe diabolique du superhomme. »

De cette dĂ©chĂ©ance effroyable, Massimo Scaglione nous en donne cette version : « Une histoire noire aux relents obscurs, retracĂ©e Ă  partir de tĂ©moignages embarrassĂ©s, qui oscillent entre un meurtre considĂ©rĂ© comme un pur Ă©vĂ©nement politique (...) ou bien, pour beaucoup, une sorte de vengeance Ă  l'encontre de deux acteurs riches et cĂ©lèbres (...) la vĂ©ritĂ© n'est inscrite nulle part et il semble qu'il n'y ait aucun procès-verbal concernant leur exĂ©cution. »

Le personnage de Pietro Koch

Le film relate la terrible dépendance d'Osvaldo Valenti à la drogue et les circonstances dans lesquelles le couple d'acteurs finit par se lier à Pietro Koch. Ce fait contribuera de façon primordiale à accroître les soupçons et les méfiances des membres de la Résistance italienne à leur encontre.

Qui fut Pietro Koch ? Ancien officier des carabiniers, né à Bénévent (Campanie) mais d'origine allemande, celui-ci créa, parallèlement aux services de la Gestapo et de la police fasciste, une police politique qui établit ses bureaux et ses chambres de torture à Rome, via Principe Amadeo, à la pension Oltremare, puis, via Romagna, dans la pension Jaccarino, "villas tristes" de sinistre renom. Arrêté pour faits de résistance, Luchino Visconti fut, lui-même, emprisonné durant douze jours dans cette pension. Le metteur en scène témoignera, plus tard, au procès de Pietro Koch, qu'il filmera dans le cadre d'un film collectif Jours de gloire (Giorni di gloria) (1945), financé par le Parti communiste italien. Pietro Koch, accusé de sévices et de tortures, fut exécuté.

Notes et références

    Liens externes

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