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Typhon sur Nagasaki

Typhon sur Nagasaki est un film franco-japonais réalisé par Yves Ciampi et sorti en 1957. Le film met en vedette Jean Marais[1].

Typhon sur Nagasaki

RĂ©alisation Yves Ciampi
Scénario Yves Ciampi
ZenzĹŤ Matsuyama
Jean-Charles Tacchella
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau du Japon Japon
Genre Drame
DurĂ©e 115 minutes (1 h 55)
Sortie 1957

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Le personnage central est Pierre Marsac, un ingénieur français qui travaille sur le chantier naval de Nagasaki. Marsac s'intègre bien dans la société japonaise et s'intéresse à une Japonaise, Noriko. Cependant, une ancienne amie, la journaliste Françoise Fabre, le contacte et lui annonce sa visite. S'ensuit un triangle amoureux jusqu'au jour du typhon...

Ă€ Nagasaki, l’ingĂ©nieur français Pierre Marsac (Jean Marais) dirige les chantiers de construction de pĂ©troliers. Par l’intermĂ©diaire d’un collègue, l’ingĂ©nieur japonais Hori (SĹŤ Yamamura), il fait la connaissance de Noriko Sakurai (Keiko Kishi), une jeune femme orpheline qui, avec l’aide de sa sĹ“ur Saeko (Hitomi Nozoe), a repris le magasin familial de soieries et de kimonos. Noriko est partagĂ©e entre la modernitĂ© de la civilisation occidentale et la tradition de son Japon. Entre Pierre et Noriko une forte amitiĂ© les rapproche. Pour cela, Pierre dĂ©sire renouveler son contrat de travail. EncouragĂ© par Ritter (Gert Fröbe), un europĂ©en bien intĂ©grĂ© Ă  la civilisation et aux coutumes japonaises Pierre accepte de loger chez lui, dans une merveilleuse maison traditionnelle. De son cĂ´tĂ© Noriko espère  une union avec Pierre, malgrĂ© la mise en garde de Fujita (Kumeko Urabe), sa vieille servante. Tout irait bien au « Pays du Soleil levant », mais deux Ă©vĂ©nements importants vont tout bouleverser :

Le premier événement, c’est l’arrivée inattendue de la journaliste et romancière Françoise Fabre (Danielle Darrieux) venue faire un court reportage sur les conséquences des bombardements atomiques au Japon, après un long séjour en Chine. Pierre et Françoise étaient amants deux ans auparavant. Ils se retrouvent dans un bar de la ville. Lui aurait voulu l’épouser mais elle tenait à son indépendance intellectuelle et à ses succès littéraires. Le lendemain, un peu par provocation, Françoise vient le réveiller à son domicile pour qu'il lui fasse visiter Nagasaki, en particulier l’endroit où est tombée la bombe atomique, le . Elle lui demande aussi de rencontrer Noriko. Passée la première soirée sympathique à trois, et la visite de courtoisie de Françoise au magasin de Noriko, les relations entre les deux femmes vont se tendre, sous l’effet d’un sentiment de jalousie partagé. Pierre part deux jours à Osaka pour son travail et dans le train, à sa grande surprise, Françoise est là pour des retrouvailles plus qu’amoureuses. Noriko apprend inopinément leur séjour ensemble à Osaka ; séjour qui doit se prolonger, selon le télégramme que lui a envoyé Pierre, pour raison professionnelle et qui l’empêchera d’être présent au mariage de Saeko. À son retour, Noriko dit à Pierre qu’elle ne veut plus de cette situation et que leur liaison n’a plus d’avenir car elle n’est pas une poupée japonaise. Ritter se sent impuissant pour sauver ce couple. De son côté, Françoise apprend par télégramme que son éditeur parisien lui demande de rentrer à Paris, de toute urgence, pour la sortie de son dernier roman. Des pluies diluviennes s’abattent sur la ville.

Le second événement, c’est le hurlement des sirènes d’alarme qui annonce l’arrivée d’un typhon ravageur sur Nagasaki qui va tout détruire sur son passage. Pierre est obligé de prendre de gros risques pour mettre à l’abri l’imprudente et inconsciente Françoise, sortie dans la rue pour voir les effets du typhon. Prenant conscience du danger auquel doit être exposée Noriko dans son frêle magasin et malgré la promesse de Françoise de renoncer à sa profession, dans le but de le retenir près d’elle, Pierre, avec un courage démesuré, tente par tous les moyens de venir au secours de Noriko. Il y parvient mais en essayant de consolider la façade du magasin, Noriko est écrasée par la chute d’une poutre.

Le lendemain, dans les débris de la ville, Françoise rencontre Ritter qui lui apprend que Pierre est vivant mais que Noriko a été victime du cataclysme. Françoise, comprenant que son aventure avec Pierre est finie, rentre en France tandis que Pierre reste au Japon.

Fiche technique

Distribution

Ă€ noter

  • Le scĂ©nario est crĂ©ditĂ© Ă  : Yves Ciampi, ZenzĹŤ Matsuyama, Jean Charles Tacchella et les dialogues Ă  : Annette Wademant.
  • Le scĂ©nario Ă©tait Ă  l'origine tirĂ© du roman de Thomas Raucat, L'honorable partie de campagne, qui raconte l'histoire d'un Français qui dĂ©couvre le Japon en 1925. Cependant, l'histoire a tellement Ă©tĂ© modifiĂ©e que le roman n'est pas citĂ© dans les crĂ©dits du film.
  • Dans sa biographie de Jean Marais[2], Gilles Durieux relate qu’au dĂ©part Jean-Charles Tacchella avait Ă©crit le scĂ©nario du film « Printemps Ă  Nagasaki » pour GĂ©rard Philipe qui avait acceptĂ© de jouer le rĂ´le de l’ingĂ©nieur Pierre Marsac. Cependant les coproducteurs japonais refusèrent d’attendre une annĂ©e pour que Philipe soit libĂ©rĂ© de contrats dĂ©jĂ  signĂ©s, exigeant qu’un autre acteur soit choisi.
  • Jean Marais, qui avait Ă©tĂ© l’acteur principal dans  Le GuĂ©risseur d’Yves Ciampi en 1953, accepta le rĂ´le proposĂ© par ce dernier. Cela lui permit aussi de dĂ©couvrir le Japon. Le scĂ©nario dut ĂŞtre modifiĂ© pour que l’histoire de cet homme partagĂ© entre deux femmes, l’une occidentale et l’autre orientale, puisse mieux s’adapter Ă  la personnalitĂ© de Jean Marais. DĂ©jĂ  prĂ©sent dans le premier scĂ©nario, le typhon fut dĂ©veloppĂ© dans le nouveau scĂ©nario afin de permettre Ă  Jean Marais d’exercer ses talents dans des scènes d’action oĂą il excelle. Le film devint « Typhon sur Nagasaki »
  • Pour rĂ©aliser la sĂ©quence finale du cataclysme, un quartier entier avec rues et maisons fut construit pour ĂŞtre dĂ©moli Ă  l’aide de moteurs d’avion tournant Ă  plein rĂ©gime, emportant par la violence du souffle tout sur le passage du typhon. Les assureurs s’opposèrent Ă  la prĂ©sence de Jean Marais dans ces scènes dangereuses, oĂą l’acteur est bousculĂ©, plaquĂ© contre les murs, estimant que la peau de son visage risquait d’éclater pendant la prise. Ciampi ne voulait plus tourner ces plans. Jean Marais, prenant tous les risques Ă  son compte, exigea qu’on les rĂ©alise. « Ils sont dans le film. Et il est un certain plan que je ne peux revoir sans Ă©motion, quand la peau du visage de Marais se dĂ©forme, se dĂ©compose, prĂŞte Ă  ĂŞtre dĂ©chirĂ©e. Marais avait besoin de la dĂ©mesure. Ce qu’il ne lui convenait pas, c’étaient les personnages trop proches de la vie quotidienne, mĂŞme s’ils alternent humour et Ă©motion. » Ă©crit Gilles Durieux
  • Le film de Ciampi, une grosse co-production franco-japonaise, avec des techniciens et une Ă©quipe nippons[3], fut le premier pont culturel en 1956 entre l’Europe et le Japon, pays vaincu Ă  la fin de la guerre en 1945. Le personnage de Noriko mourant dans les dĂ©combres de Nagasaki dĂ©truite par un typhon, constitue, bien Ă©videmment, une allusion directe Ă  ce cataclysme nuclĂ©aire que connurent les villes d’Hiroshima et de Nagasaki et un plan du film montre une stèle commĂ©morative de Nagasaki, cette ville martyre dĂ©vastĂ©e par le largage, le , d’une bombe atomique amĂ©ricaine faisant 73 800 morts, 76 700 blessĂ©s graves et dĂ©truisant 13 800 maisons.
  • La brillante distribution avec le couple vedette Darrieux-Marais, l’allemand Gert FroĂ«b et les cĂ©lèbres acteurs au Japon des grands rĂ©alisateurs nippons Mikio Naruse – Kenji Mizoguchi - Yasujiro Ozu, ainsi que la curiositĂ© pour un monde si lointain, attirèrent, rien qu’en France, plus de trois millions de spectateurs en 1957.
  • Le jury du Festival international de Berlin, dont Jean Marais est un des membres, dĂ©cide de dĂ©cerner l'Ours d'argent Ă  un film japonais, Les Enfants d'Hiroshima de Kaneto Shindo, Ă©voquant les sĂ©quelles de la bombe atomique. UnanimitĂ© du jury, moins la voix du prĂ©sident, le rĂ©alisateur amĂ©ricain Frank Capra, opposĂ© Ă  ce choix et allant jusqu'Ă  nier les consĂ©quences tragiques de l'Histoire. Lourd silence dans l'assemblĂ©e, rompu par Jean Marais qui menace de se retirer du jury. Le film japonais reçoit le prix et Capra, furieux, sort de la salle sans saluer personne[4].
  • Dans sa biographie de Danielle Darrieux, une femme moderne[5], Clara Laurent Ă©crit : « Typhon sur Nagasaki signe les retrouvailles, dix ans après Ruy Blas , de Danielle Darrieux et Jean Marais, sous la camĂ©ra cette fois d’Yves Ciampi, rĂ©alisateur ayant dĂ©butĂ© dans la fiction en 1948. Il propose aux deux stars françaises de les embarquer au Japon, oĂą elles vont jouer avec Keiko Kishi, actrice nippone d’une grande beautĂ©, qui a tournĂ© notamment pour Ozu et Naruse.  […]  Il s’agit de la première coproduction franco-nipponne de l’histoire du cinĂ©ma, une superproduction en couleurs et en scope, dont le tournage demandera des mois d’efforts. Le film est un Ă©vĂ©nement cinĂ©matographique, aussi bien en France (avec des reportages dans la presse) qu’au Japon, oĂą la police emploie deux cents rĂ©servistes pour protĂ©ger chacune des sorties de Danielle Darrieux !»
  • Danielle Darrieux a reçu pour ce film le Prix de la meilleure actrice aux Victoires du cinĂ©ma français en 1957

Critique du film

Dans un article paru dans Arts « Le cinĂ©ma français crève sous les fausses lĂ©gendes »[6], François Truffaut Ă©vacue en une phrase Typhon sur Nagasaki : « Partant Ă  l’aventure au Japon, Yves Ciampi revient avec le très conventionnel Typhon sur Nagasaki », ajoutant un peu plus loin, « plus les films sont chers, plus ils sont bĂŞtes dans notre système de production, plus aussi ils sont impersonnels et anonymes ». Le film est nĂ©anmoins dans les annĂ©es cinquante un des plus gros succès publics de Darrieux, figurant dans les vingt premiers films du box-office France 1957 avec presque trois millions d’entrĂ©es (2 974 430 entrĂ©es). S’il se laisse revoir sans dĂ©plaisir aujourd’hui, c’est qu’il documente un certain Japon disparu, idĂ©alisĂ© certes, mais que le rĂ©alisateur Ă©tait en mesure de filmer Ă  une Ă©poque oĂą la nature Ă©tait mieux prĂ©servĂ©e. Ciampi montre en outre ce qui paraĂ®t exotique pour le spectateur occidental : les théâtres de marionnettes, les temples bouddhistes, les kimonos raffinĂ©s, sans oublier la nourriture, l’occasion d’une scène humoristique du film : effarĂ©e, Darrieux observe un maĂ®tre ès sushis prĂ©parer le poisson cru, et après avoir affirmĂ© qu’elle y goĂ»terait, finit par abandonner en lâchant « Je m’dĂ©gonfle ! ».

Au-delĂ  de l’exotisme charmant du film, Typhon sur Nagasaki intrigue pour deux autres raisons. La première est sa forme hybride. Si le film dĂ©bute en documentaire restituant les couleurs chatoyantes d’un Japon Ă©dĂ©nique magnifiĂ© par la photographie d’Henri Alekan, il s’oriente bientĂ´t vers le drame sentimental, dans lequel sourd peu Ă  peu le film catastrophe que le titre laissait deviner. La dernière partie du film exploite cette veine, qui en 1957 n’est pas très rĂ©pandue (elle le deviendra Ă  partir de 1970) : on assiste aux inquiĂ©tants prĂ©mices du typhon, puis au dĂ©chaĂ®nement des Ă©lĂ©ments, et enfin Ă  la dĂ©couverte des ruines et des morts… On devine Ă  l’image que le budget de la production est important. Yves Ciampi reconstitua en fait « un vrai » typhon. Un reportage de CinĂ©monde[7] explique : « Il attendit les intempĂ©ries naturelles et les amplifia Ă  sa guise au moyen d’artifices. Sur 5 000 mètres, 170 maisons japonaises furent fidèlement reproduites, puis sur un affĂ»t de canon, on plaça un puissant moteur d’avion (1 200 ch) muni d’une Ă©norme hĂ©lice dont les pales orientables produisirent un vent d’une vitesse exceptionnelle. La vraie pluie fut aggravĂ©e par une dizaine de lances de pompiers. » Le tournage ne fut pas simple et il n’y eut pas que des dĂ©gâts volontaires : on dut compter dans les deux Ă©quipes plusieurs personnes sĂ©rieusement blessĂ©es.

La deuxième raison qui fait de Typhon sur Nagasaki un film moins insignifiant que le jeune François Truffaut ne veut bien le dire, c’est sa façon d’évoquer la question de la transformation des modèles féminins et des effets que l’émancipation des femmes a sur le couple. Jean-Charles Tacchella signe avec Typhon sur Nagasaki son premier scénario. Or, on sait combien il fera scandale dans les années soixante-dix avec son film Cousin, cousine (1975), qui propose un modèle de couple anti conventionnel. Quant à la dialoguiste de Typhon sur Nagasaki, elle n’est autre qu’Annette Wademant. Or, celle-ci avait participé au scénario de Madame de..., mais fut aussi la scénariste d’Édouard et Caroline et de Rue de l'Estrapade, films parmi les plus féministes de Jacques Becker.

Diffusion du film

  • En 2022, la Gaumont a Ă©ditĂ© sur DVD une copie du film

Autres pays

Notes et références

  1. (en) Typhon sur Nagasaki (1957) sur Films de France.
  2. Gilles Durieux, Jean Marais - biographie , Flammarion, 2005, page 13 (ISBN 9782080684325)
  3. Christian Dureau, Jean Marais, l’éternelle présence, Éditions Didier Carpentier, 2010, page 65 (ISBN 978-2-84167-645-3)
  4. Carole Weisweiller et Patrick Renaudot, Jean Marais, le bien-aimé, Éditions de La Maule, 2013, page 156
  5. Clara Laurent, Danielle Darrieux, une femme moderne - biographie - Editions Hors Collection, 2017 (ISBN 978-2-258-14477-4) - N° d’éditeur : 1615
  6. Arts,
  7. Cinémonde, , no 1174
  8. (en) Typhon sur Nagasaki sur l’Internet Movie Database.

Liens externes

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