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Turbomeca Gabizo

Le Turbomeca Gabizo est un turboréacteur monocorps à simple flux français, développé au début des années 1950 pour le programme d'avion de chasse léger de l'armée de l'air française. Comme les autres turboréacteurs de ce type produits par Turbomeca, il tire son nom d'un pic des Pyrénées[3].

Turbomeca Gabizo[1]
Vue du moteur
Turbomeca Gabizo en coupe.

Constructeur Turbomeca
Premier vol 1954
Utilisation • SO.6021 Espadon
• Dassault Étendard II
• Fouga Makalu
• Breguet Br.1100
• SO.9050 Trident II
Caractéristiques
Type Turboréacteur monocorps à simple flux avec postcombustion
Longueur 2 184 mm
Diamètre 673 mm
Masse 255[2] kg
Composants
Compresseur 1 Ă©tage axial + 1 Ă©tage centrifuge
Chambre de combustion 1 chambre annulaire Ă  injection centrifuge
Turbine 1 Ă©tage axial
Performances
Poussée maximale à sec 10,8 kN
Poussée maximale avec PC 15,1 kN
DĂ©bit d'air 14,7 kg/s
Rapport Poids/Poussée 0,042 kg/kN

DĂ©veloppement

L'origine du Gabizo remonte Ă  1952, quand Turbomeca eut l'idĂ©e d'ajouter un compresseur axial Ă  l'avant d'un compresseur centrifuge pour augmenter le taux de compression de ses moteurs. Les premiers essais, menĂ©s l'annĂ©e suivante sur un Palas, confirmèrent le gain de puissance espĂ©rĂ©[1]. Dans le mĂŞme temps, au dĂ©but des annĂ©es 1950, le STAĂ© avait requis l'Ă©tude de turborĂ©acteurs de moyenne puissance (1 000 Ă  1 500 kgp), avec possibilitĂ© de postcombustion pour atteindre 1 900 kgp dans le but de propulser un avion de chasse et d'appui tactique lĂ©ger dont le programme fut lancĂ© en 1953. Trois motoristes entrèrent en compĂ©tition : Hispano-Suiza avec le R800, Snecma avec le Vesta R105 et Turbomeca avec le Gabizo[1].

Le Gabizo effectua ses premiers tours au banc d'essais en , et fut qualifiĂ© après 150 heures d'essais un an plus tard. Des essais en vol furent menĂ©s sur un bombardier Canberra appartenant au CEV, le moteur Ă©tait installĂ© dans une nacelle qui se rĂ©tractait dans la soute Ă  bombes[4]. Il fut ensuite essayĂ© sur le SO.6021 Espadon, sur lequel il effectua son premier vol le [1]. Les essais sur l’Espadon devaient servir Ă  tester la configuration du Trident, il reçut donc des moteurs en extrĂ©mitĂ© d'ailes, mais quand les essais s'arrĂŞtèrent en 1956, l'appareil n'avait volĂ© qu'avec une motorisation asymĂ©trique (un MarborĂ© d'un cĂ´tĂ©, un Gabizo de l'autre[5]). En dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e, en raison de son Ă©tat d'avancement, le Gabizo fut dĂ©clarĂ© vainqueur, et une prĂ©sĂ©rie de 40 exemplaires fut commandĂ©e pour Ă©quiper quatre avions : le Dassault Étendard II, le Fouga CM.171 Makalu (un Fouga Magister remotorisĂ© avec deux Gabizo), le Breguet Br.1100 et le SO.9050 Trident II[1]. Chacun de ces appareils recevait deux Gabizo, mais aucun n'atteignit le stade de production en sĂ©rie, le programme ayant Ă©tĂ© abandonnĂ© au profit d'un monomoteur plus polyvalent, le Dassault Mirage III.

Initialement, le Dassault MD.550 Mystère Delta devait être propulsé par un Gabizo, cependant, en 1953, celui-ci n'était pas encore prêt, il fut donc remplacé par un Armstrong Siddeley Viper produit sous licence par Dassault sous la désignation « MD30 »[6].

Le Fouga Makalu vola pour la première fois avec des Gabizo le . Il effectua par la suite plusieurs essais pour la CGTM (Compagnie générale des turbomachines, une filiale de Turbomeca) jusqu'au , où l'avion fut détruit dans un accident qui tua son équipage[4].

Les Trident II devaient recevoir deux Gabizo sans postcombustion (dans un premier temps) en plus de leur moteur-fusée, pour assurer leur propulsion. Finalement seuls les prototypes no 4, no 5 et no 6 en furent équipés, ils firent leur premier vol respectivement le , le et le . Les essais se poursuivirent jusqu'au . Le Gabizo, dans une version avec postcombustion, aurait aussi dû équiper le Trident III (version opérationnelle du Trident II), mais celle-ci ne vit jamais le jour à cause des contraintes budgétaires que rencontrait l'État français à l'époque[7].

Le Bréguet Br.1100.

Le Breguet Br.1100, rĂ©pondant Ă  un appel d'offres pour un avion d'appui tactique, devait ĂŞtre Ă©quipĂ© de deux turborĂ©acteurs Gabizo avec postcombustion, fournissant 1 100 kgp Ă  sec et 1 500 kgp avec PC. Il effectua son premier vol dĂ©but 1957. Cependant les essais montrèrent rapidement des problèmes aĂ©rodynamiques Ă  haute vitesse, dont une forte traĂ®nĂ©e du culot et le programme fut abandonnĂ© dès la fin de l'annĂ©e 1957[8]. Une version navale, baptisĂ©e Breguet 1100M, fut Ă©quipĂ©e elle-aussi de Gabizo Ă  postcombustion. Il effectua son premier et unique vol le . Il fut lui aussi abandonnĂ© pour les mĂŞmes raisons, les moteurs ne semblaient pas suffisants pour contrer les problèmes aĂ©rodynamiques et l'augmentation de poids de l'appareil[9].

L’Étendard II, d'abord connu sous l'appellation « Mystère XXII », concourait pour le même programme que le Br.1100. Il devait à l'origine recevoir deux Hispano-Suiza R800, mais finalement fut équipé de deux réacteurs Gabizo sans postcombustion. Il effectua son premier vol le [10]. Un second appareil, doté d'une version à postcombustion, devait voir le jour en , mais à la suite des essais décevants du premier prototype, le programme fut stoppé avant son premier vol. En effet, les moteurs s'étaient révélés trop peu puissants et peu fiables pour atteindre les performances espérées[11].

En 1959, la Marine nationale acheta un prototype de Gabizo Marine, d'une puissance de 2 800 ch, afin de propulser un navire. Il Ă©tait constituĂ© d'un corps de Gabizo entraĂ®nant une turbine libre[12]. Cependant, la marine ne donna pas de suite Ă  cette expĂ©rimentation.

Description

Le Gabizo est composé d'un compresseur axial placé devant un compresseur centrifuge. La chambre de combustion est de type annulaire à injection centrifuge. La turbine est composée d'un seul étage. L'ensemble est relié par un arbre unique.

Le moteur fournit une poussĂ©e de 1 100 kgp Ă  sec au dĂ©collage et 1 500 kgp avec PC. Cependant, en rĂ©gime continu, la poussĂ©e n'est que de 940 kgp[8].

Notes et références

  1. Turbomeca 2008, p. 50-51
  2. Pierre Gaillard, « Les « Espadon » », L'album du fanatique de l'aviation, no 30,‎ , p. 22
  3. Turbomeca 2008, p. 34
  4. Turbomeca 2008, p. 149
  5. Cuny 1988, p. 57
  6. Claude Carlier, « Du MD 550 « Mystère-Delta » au « Mirage III » », Le Fana de l'Aviation, no HS 5 « La Saga du delta »,‎ , p. 22 (ISSN 0757-4169)
  7. Cuny 1988, p. 212-213
  8. Cuny 1988, p. 141-142
  9. Cuny 1988, p. 276-277
  10. Cuny 1988, p. 143
  11. Cuny 1988, p. 144
  12. Turbomeca 2008, p. 83

Sources

  • Turbomeca, Charles Claveau (dir.), Michel BĂ©nichou et al., Turbomeca : Ă€ la hauteur de la lĂ©gende, vol. 61, Clichy, Éditions Larivière, coll. « Docavia », , 176 p. (ISBN 978-2-84890-149-7)
  • Jean Cuny, Les avions de combat français : 1944 – 1960, t. I : Chasse – Assaut, Paris, Éditions Larivière, coll. « Docavia » (no 28), , 289 p.
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