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Traité de Turin (1381)

La paix de Turin est conclue le , sous la mĂ©diation d'AmĂ©dĂ©e VI de Savoie, entre les rĂ©publiques maritimes de Venise et de GĂȘnes, mettant fin Ă  la guerre de Chioggia (1376-1381) au cours de laquelle Venise, alliĂ©e Ă  Royaume de Chypre et Ă  Milan, Ă©chappe de justesse Ă  la capture par les forces de GĂȘnes, du royaume de Hongrie, de l'archiduchĂ© d'Autriche, de Padoue et du patriarcat d'AquilĂ©e. Venise surmonte cette crise, forçant la reddition de la flotte gĂ©noise Ă  Chioggia, combattant une seconde flotte gĂ©noise jusqu'Ă  l'arrĂȘt dans la mer Adriatique, et retournant l'Autriche contre Padoue, forçant ainsi son adversaire terrestre le plus menaçant Ă  battre en retraite. Cependant, la guerre est extrĂȘmement coĂ»teuse pour Venise qui ne peut assurer la paix qu'en faisant des concessions majeures Ă  ses adversaires.

Traité de Turin (1381)
Type de traité Traité de paix
DépÎt Amédée VI de Savoie
Signé 8 août 1381
Turin, Italie
Parties
Parties RĂ©publique de Venise RĂ©publique de GĂȘnes

Royaume de Chypre

Empire byzantin

Royaume de Hongrie

Dispositions

Portrait d'Amédée VI de Savoie, artiste inconnu.

GrĂące Ă  la mĂ©diation du comte de Savoie AmĂ©dĂ©e VI, les deux parties concluent la paix Ă  Turin le 8 aoĂ»t 1381. La paix de Turin consiste en quatre traitĂ©s distincts avec les diffĂ©rents opposants de Venise. La pomme de discorde originale de cette la guerre est l'acquisition vĂ©nitienne de l'Ăźle de TĂ©nĂ©dos situĂ©e stratĂ©giquement prĂšs des Dardanelles, qui menace l'accĂšs des GĂ©nois Ă  la mer Noire. En vertu du traitĂ© entre Venise et GĂȘnes, les VĂ©nitiens sont obligĂ©s de remettre l'Ăźle Ă  AmĂ©dĂ©e VI, dont les agents dĂ©moliront les fortifications de l'Ăźle et Ă©vacueront sa population, empĂȘchant son utilisation comme base navale Ă  l'avenir. Venise accepte Ă©galement d'abandonner ses alliĂ©s Pierre II (roi de Chypre) et l'empereur byzantin Jean V PalĂ©ologue, tous deux toujours en guerre avec GĂȘnes, et de maintenir un embargo contre Jean V jusqu'Ă  ce qu'il accepte un rĂšglement stipulĂ© avec son fils Andronic IV PalĂ©ologue, l'alliĂ© de GĂȘnes. Les marchands vĂ©nitiens se voient interdire pendant deux ans d'utiliser le port de Tanai, leur poste de traite habituel sur la mer Noire, les obligeant de fait Ă  utiliser les ports gĂ©nois de CrimĂ©e Ă  la place, au profit des GĂ©nois. Par le traitĂ© entre Venise et la Hongrie, il est convenu que Venise paiera un tribut annuel de 7 000 ducats Ă  la couronne de Hongrie, que les Hongrois de leur cĂŽtĂ© ne navigueront sur aucun fleuve qui se jetterait dans l'Adriatique entre le cap Palmentaria et Rimini, et que les marchands dalmates ne doivent pas acheter Ă  Venise des marchandises d'une valeur supĂ©rieure Ă  35 000 ducats. Venise rĂ©itĂšre Ă©galement sa reconnaissance de la possession hongroise de la Dalmatie[1]. Elle perd presque tout son territoire sur le continent italien, cĂ©dant Conegliano et TrĂ©vise Ă  l'Autriche. Trieste doit ĂȘtre libre, mais doit payer un tribut annuel au Doge. Venise convient avec Padoue d'une restitution mutuelle des conquĂȘtes. Milan n'est pas inclus dans le traitĂ© de paix[2] - [3] - [4] - [5].

Venise, victorieuse, doit cependant abandonner la Dalmatie aux Hongrois et TrĂ©vise aux Habsbourg. En contrepartie de livraison de sel par les ports dalmates, Venise s’engage Ă  verser annuellement 7 000 piĂšces d’or au roi de Hongrie. Elle perd presque toutes ses possessions de terre ferme.

L'Ăźle de TĂ©nĂ©dos, cause du conflit, est abandonnĂ©e pour deux ans au duc de Savoie, avec un subside de 5 000 florins d'or par an, payable par chacune des deux rĂ©publiques ; au bout de ce terme, les fortifications du chĂąteau doivent ĂȘtre rasĂ©es, et on doit dĂ©cider Ă  qui l'Ăźle appartiendrait. Les deux nations sont exclues du commerce de Tana et de TrĂ©bizonde. Cette paix n'est pas dĂ©savantageuse aux GĂ©nois qui conservent Famagouste ; mais leur marine est dĂ©truite et leur commerce souffre un grand Ă©chec.

Conséquences

Les termes de la paix au profit de GĂȘnes s'avĂšrent durables. Dans les annĂ©es 1390 et 1400, la menace ottomane conduit Ă  des propositions de renforcement des fortifications de TĂ©nĂ©dos comme base contre la navigation des Turcs ottomans autour des Dardanelles. Cependant, GĂȘnes refuse d'accepter sa rĂ©occupation par Venise, tandis que celle-ci rejette toute proposition d'administration conjointe par les deux villes ou d'occupation par un tiers tel que la PapautĂ©, l'Empire byzantin ou l'ordre de Saint-Jean de JĂ©rusalem. En consĂ©quence, l'Ăźle reste vacante jusqu'Ă  ce que toute la rĂ©gion passe sous contrĂŽle ottoman. GĂȘnes peut poursuivre son commerce dans la mer Noire sans entrave et y reste la puissance commerciale dominante jusqu'Ă  la chute de Constantinople en 1453. Les VĂ©nitiens abandonnent largement le commerce avec Chypre, et l'hĂ©gĂ©monie des GĂ©nois sur l'Ăźle se poursuit jusqu'Ă  leur dĂ©faite et leur expulsion par le roi de Chypre en 1464.

Les accords avec les autres puissances sont moins durables. Cette paix et ses suites marquent un point bas dans l'histoire mĂ©diĂ©vale de Venise, mais les problĂšmes de ses voisins permettent Ă  la rĂ©publique de se redresser rapidement et durablement, ce qui conduit au renversement progressif de la colonie Ă©tablie Ă  Turin. Le seigneur de Padoue acquiert TrĂ©vise de l'Autriche en 1382, mais moins d'une dĂ©cennie plus tard, Venise peut la rĂ©cupĂ©rer, Padoue Ă©tant fortement attaquĂ©e par Milan. La Hongrie continue Ă  recevoir le tribut de Venise jusqu'en 1397, date Ă  laquelle, Ă  la suite de la dĂ©faite hongroise lors de la bataille de Nicopolis, le roi transfĂšre son droit de le recevoir au duc de Bourgogne, qui ne peut pas contraindre Venise Ă  continuer les paiements ; il est formellement rĂ©pudiĂ© en 1424. La Dalmatie reste aux mains des Hongrois jusqu'Ă  ce que la guerre civile offre Ă  Venise l'occasion de lancer une nouvelle conquĂȘte de la rĂ©gion, Ă  partir de 1409.

Notes et références

  1. Oscar Browning, Guelphs & Ghibellines: a short history of mediaeval Italy from 1250-1409, Methuen, 1893, Google Print, p. 173-174
  2. Baron John Emerich Edward Dalberg Acton Acton, Sir Adolphus William Ward, George Walter Prothero, Sir Stanley Mordaunt Leathes, Ernest Alfred Benians, The Cambridge modern history, Volume 1, University Press, 1912, Google Print, p.285
  3. Sir Robert Buckley Comyn, The history of the Western empire: from its restoration by Charlemagne to the accession of Charles V., W. H. Allen, 1851, Google Print, p. 176-177
  4. William Henry Davenport Adams, The queen of the Adriatic: or, Venice past and present, T. Nelson, 1869, Google Print, p. 126
  5. Horatio Forbes Brown, Venice: an historical sketch of the republic, Putnam, 1893, Google Print, p. 236.

Bibliographie

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