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Trésor d'Airan

Le Trésor d’Airan est le nom donné à des objets antiques et précieux découverts fortuitement en 1874 à Moult-Argences près d'Airan en Normandie. Il est actuellement conservé au Musée de Normandie à Caen (Collection de la Société des antiquaires de Normandie).

Certains des éléments du trésor d'Airan : fibules polychromes en or reliées par une chaine et plaques-appliques de vêtement.

Description

Le terme de « trĂ©sor Â» est impropre car il s'agit prĂ©cisĂ©ment de bijoux dĂ©couverts dans une sĂ©pulture fĂ©minine, mise au jour près de la route menant de Caen Ă  Saint-Pierre-sur-Dives. Les fouilles ont Ă©tĂ© effectuĂ©es au XIXe siècle sans mĂ©thode et de manière hâtive de sorte qu'on a nĂ©gligĂ© les os qui ont Ă©tĂ© en partie dĂ©truits par les opĂ©rations de terrassement menĂ©s alors, en outre le vase de cĂ©ramique, dont on a retrouvĂ© les tessons, a Ă©tĂ© piĂ©tinĂ© et cassĂ© par les fouilleurs. Les fragments d'os qui nous sont parvenus, sont trop petits pour pouvoir ĂŞtre utilisĂ©s, seule une mandibule a permis de dĂ©terminer le caractère fĂ©minin et l'âge du dĂ©funt, c'est-Ă -dire entre vingt et quarante ans[1].

La pièce maîtresse est une paire de fibules polychromes en or décorées de pierres précieuses, reliées par une chaîne, semblable à celles exhumées à Untersiebenbrunn, Autriche, et Rábapordány, Hongrie, dans l’aire danubienne[2]. On trouve également une plaque-boucle rectangulaire, un collier en forme de chaîne métallique tressée et enfin une bague qui a disparu pendant la Seconde Guerre mondiale. Le vêtement de cette femme était aussi décoré par des plaques-appliques géométriques qui étaient cousues sur celui-ci et elle portait une ceinture à plaque-boucle rectangulaire[3].

Origine et contexte historique

La défunte pourrait être d'origine gotique ou autre germaine orientale (par exemple Burgondes ou Hérules)[4] - [Note 1] ou encore alano-sarmate. On a trouvé du mobilier archéologique pontico-danubien tout comme à Saint-Martin-de-Fontenay et la présence de colonies d'Alains est signalée dans la région de Falaise et du nord de l'Orne[5]. Mais, compte tenu des origines diverses des objets retrouvés, il peut s'agir d'une parente, fille ou épouse, d'un soldat romain d'origine barbare[4].

Cet auxiliaire de l'armĂ©e romaine Ă©tait peut-ĂŞtre stationnĂ© dans la rĂ©gion dans le cadre du tractus Armoricanus et Nervicanus (Saxonicum), c'est-Ă -dire une dĂ©fense frontalière maritime du Bas-Empire romain Ă©rigĂ©e des deux cĂ´tĂ©s de la Manche et de la Mer du Nord. Elle devait protĂ©ger l'Empire contre les raids venus de la mer et menĂ©s gĂ©nĂ©ralement par des pirates, issus parfois des peuples Saxons et Frisons. C'est encore et aussi le dernier rempart de l'« Ă‰tat romain Â» de Syagrius contre les Francs, auquel cas elle devrait son nom aux nombreux auxiliaires saxons de l'armĂ©e romaine. Étant donnĂ© l'analogie du matĂ©riel archĂ©ologique de la tombe d'Airan (notamment les bijoux du costume fĂ©minin « princier Â»), d'autres tombes de Bourgogne (Balleure), d'Alsace (Hochfelden), d'Allemagne (FĂĽrst, AltluĂźheim) et mĂŞme du Portugal (Beja) avec celui d'Untersiebenbrunn (Autriche), les spĂ©cialistes parlent de « groupe Untersiebenbrunn Â»[4] ou d'« horizon Untersiebenbrunn ». L'origine ethnique des inhumĂ©s de ce groupe est difficile Ă  dĂ©terminer, car le mobilier funĂ©raire, comme c'est le cas ici, est de factures diverses. Ă€ Airan, on dĂ©nombre des Ă©lĂ©ments romains (ceinture Ă  plaque-boucle rectangulaire, bague), alano-sarmates (plaques-appliques gĂ©omĂ©triques cousues sur le vĂŞtement) et germaniques (fibules reliĂ©es par une chaine). Pour ce faire, il aurait fallu rĂ©aliser une analyse approfondie des ossements.

Bibliographie

  • Michel Kazanski, « Deux riches tombes de l'Ă©poque des Grandes Invasions au nord de la Gaule : Airan et Pouan Â» in ArchĂ©ologie mĂ©diĂ©vale, XII, 1982, p. 17-33.

Notes et références

  1. Le toponyme Airan (Heidram en 843) est d'origine germanique continentale dans une région où ils sont rares, peut-être un nom de personne pris absolument Heidrammus, Heilramnus, Hegeramnus ou Hederamnus ou bien, il s'agit d'un toponyme en -ham précédé d'un appellatif ou d'un nom de personne non identifié. Jean Adigard des Gautries et Fernand Lechanteur écrivent in S.A.N., octobre 1961, 25 : « Selon toute apparence, nom franc ou saxon en -ham ».
  1. Christian Pilet, « Du trésor d'Airan à la Crimée » in Patrimoine Normand, no 16, août-septembre 1997, p. 6 - 7.
  2. Michel Kazanski et Patrick Périn, « Les Barbares orientaux dans l'armée romaine en Gaule au Ve siècle » in Les Francs ou la genèse des nations, Dossiers d'archéologie, no 223, mai 1997, p. 24 à 31.
  3. Christian Pilet, op. cit.
  4. Michel Kazanski et Patrick PĂ©rin, op. cit.
  5. Frédéric Galeron et alii, Statistique de l'arrondissement de Falaise, tome II, p. 393
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