Toussaint Jean Hippolyte de Cornulier
Toussaint Jean Hippolyte de Cornulier, né à Paris le 25 août 1789 et mort à Mont-de-Marsan le 16 juillet 1862, premier marquis de Cornulier[1], est un militaire, homme politique et industriel français, membre de la famille de Cornulier. Sa philanthropie lui vaut le surnom d'« ami des pauvres »[2].
Conseiller général des Landes | |
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Naissance | |
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Décès |
(Ă 72 ans) Mont-de-Marsan |
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Hermine de Sesmaisons (d) |
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Biographie
Ses ancêtres bretons sont soit militaires, soit présidents à mortier au Parlement de Bretagne. Ils possèdent le fief de Cornille à Vitré, puis le marquisat de Chateaufromont[2].
Famille
Toussaint Jean Hippolyte de Cornulier est l'aîné de 5 enfants, dont 2 meurent sous la Terreur. Son père, Toussaint François Joseph de Cornulier (1771 - 1794), marquis de Châteaufromont[1], est officier et sert dans la Garde constitutionnelle du Roi Louis XVI, émigre en 1793, puis revient près de sa famille. Il est arrêté, condamné à mort et guillotiné le 2 Thermidor an II (20 juillet 1794)[2]. Sa mère est Céleste de Saint-Pern (1773 - 1858)[1].
Le jeune Toussaint est marqué par la profonde misère du peuple de Paris. Il s'en souviendra toute sa vie[2]. Le 22 juin 1824, il épouse à Paris Marie-Charlotte-Hermine de Sesmaisons (1806-1867), fille de Donatien de Sesmaisons. Le couple a quatre enfants :
- Gontran (1825-1898), époux d'Elisabeth Ernestine Le Doulcet de Méré
- Isabelle (1827-1833)
- Donatienne (1828-1900), épouse de Raoul, marquis de Mauléon
- Marie Camille Herminie (1838-1902), Ă©pouse de Joseph-Victor, comte de Lonjon[1]
Les trois enfants aînés naissent à Paris. La cadette, Marie Camille Herminie, naît quant à elle à Mont-de-Marsan en 1838. Elle épouse dans cette même ville le 11 janvier 1857 le comte Joseph Victor de Lonjon (1834 - 1881), propriétaire rentier[1], dont la mère possède le domaine de Lacquy. Le jeune ménage s'installe rue Marchande (actuelle rue Frédéric Bastiat) à Mont-de-Marsan[2].
Carrière militaire
En 1813, Toussaint Jean Hippolyte de Cornulier commence une carrière militaire en Vendée. Attaché à la royauté et favorable au légitimisme, il entre au service de Louis XVIII. En 1828, il est promu lieutenant-colonel du 16e régiment de chasseurs à cheval. Il démissionne après la Révolution de Juillet 1830 et se retire dans son château du Plessis-de-Vair dans le pays nantais. Fortuné, encore jeune et vigoureux, il désire se rendre utile à son pays par l'agriculture et l'industrie, ce qui le conduit à entamer une deuxième carrière[2].
Agriculture et industrie
En 1823, il traverse le département des Landes et perçoit la nécessité de le développer[n 1]. Après un entretien avec le baron d'Haussez, ex-préfet des Landes devenu ministre de la Marine, il adopte son point de vue optimiste né des théories des frères Desbiey et de Brémontier ainsi que celui de Claude Deschamps, qui préconise de planter des pins maritimes après drainage des marécages par des canaux localement appelés crastes[2].
En 1836, après avoir réalisé la majeure partie de ses biens, il achète avec son beau-frère, le marquis de Monti, ce qui reste de l'ancien duché d'Albret à Labrit, Bégaar, Audon, Carcarès, Mauco et dans le Lot-et-Garonne. Lors d'un voyage dans les Pyrénées avec sa famille, il doit passer une nuit à Mont-de-Marsan. Il y restera 26 ans. Dans le chef-lieu des Landes, il règle des procès et organise ses domaines. Il habite rue de la Porte Campet dans l'aile gauche de l'hôtel Papin[n 2], à côté de la Société d'Agriculture des Landes dont il va devenir membre[2].
Il achète des terres à Saint-Pierre-du-Mont et à Saint-Médard-de-Beausse, y fait construire des maisons, crée une zone maraîchère, fait planter des asperges ainsi que des mûriers. A Bégaar, il aménage des terres pour édifier 17 métairies modernes, élève une digue dans les barthes et crée un élevage de sangsues[2]. A Mont-de-Marsan, il rachète et exploite les bains Noinski[n 3], situés à l'actuel n°1 rue Léon Gambetta[3].
Puis il se tourne vers l'industrie. En 1840, il achète le « moulin du roi » et la chute d'eau pour construire la minoterie de Mont-de-Marsan. En 1846, après une année de mauvaises récoltes, c'est la disette. À ses frais, il fait venir un bateau de blé du port de Nantes au port de Mont-de-Marsan pour ravitailler la ville et il fait distribuer des bons de pain gratuits aux nécessiteux. La population le surnomme « l'ami des pauvres ». La même année, en dépit de son manque d'ambition personnelle, ses nombreux amis le persuadent de se faire élire conseiller municipal afin d'exercer plus facilement sa philanthropie. Il le restera toute sa vie[2].
Le 19 juillet 1855, il fait l'acquisition aux enchères du tribunal de Mont-de-Marsan du domaine de Benquet provenant de la succession du comte Papin[n 4], soit le vieux château, où mourut le sénateur de l'Empire[n 5] en 1809, 37 métairies et 3 moulins, répartis entre Benquet, Haut-Mauco, Bas-Mauco, Aurice, Saint-Sever (Sainte-Eulalie) et Montgaillard. Après l'achat du domaine de Benquet, il crée au nord du village un beau parc où il fait bâtir une belle maison pour remplacer le château d'Ortes en ruines. C'est l'aile gauche actuelle du nouveau château achevé en 1872[2].
En 1856, il est élu conseiller général du canton de Tartas-Est. Il est nommé Président de la Commission des Travaux Publics. En 1860, avec le pharmacien Dive, le Marquis achète à la Société d'Agriculture, le terrain de rotonde de la Vignotte. Il y installe une scierie, des moulins à huile de lin et de colza, un haut-fourneau et une forge[2].
Bien qu'alerte et actif, il meurt subitement le 16 juillet 1862 à l'âge de 73 ans[2].
Postérité
Le journal des Landes publie un long article très élogieux, rappelant sa popularité fondée sur sa générosité et son inlassable activité pour créer de nombreux emplois dans les Landes, le Lot-et-Garonne et les Basses-Pyrénées. Une foule considérable suit ses obsèques à Mont-de-Marsan. Les honneurs militaires sont rendus à ce chevalier de la Légion d’Honneur. Le Préfet, le Président de la Chambre d'Agriculture, le Maire et d'autres personnalités évoquent aussi sa droiture, sa loyauté, sa noblesse d'esprit et l'impulsion qu’il a donnée à l'agriculture ainsi qu'à l'industrie par la création de nombreux établissements. Une impasse qui donnait accès aux bains sur le Midou créés par lui porte son nom[2].
- Panneau de l'impasse Cornulier, Ă Mont-de-Marsan
Succession
Au décès du marquis, sa veuve se retire dans sa demeure de Benquet. Le partage de la succession attribue celle-ci à leur fille cadette, Marie Camille Herminie, devenue par mariage comtesse de Lonjon, qui vient y habiter avec sa mère. Elle hérite également de 27 métairies et 2 moulins. La marquise de Cornulier meurt le 26 août 1867 à Benquet et est inhumée avec son mari, décédé cinq ans plus tôt. En 1922, le comte Joseph de Laurens Castelet, (13 décembre 1882 - 18 juin 1935), petit-fils de Marie Camille Herminie de Lonjon, devient propriétaire du château de Benquet, seul domaine landais ayant appartenu au marquis de Cornulier et restant aux mains d'un de ses descendants. Il fait ramener les corps du marquis et de la marquise dans le cimetière de Benquet. A cet effet, il fait construire un tombeau en granit de Bretagne qui serait la réplique de celui de l'écrivain Chateaubriand, décédé en 1848[2].
- Tombe du marquis et de la marquise de Cornulier, dans le cimetière de Benquet
- Sont également inhumés à cet endroit leur petite-fille Yvonne de Lonjon (15 mai 1858 - 3 septembre 1943), son mari Charles Maurice, vicomte de Laurens Castelet, (30 octobre 1850 - 20 décembre 1920), le fils du couple le comte Joseph de Laurens Castelet, (13 décembre 1882 - 18 juin 1935) + le comte François de Laurens Castelet (1943-2019)
Notes et références
Notes
- La loi relative à l'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne du 19 juin 1857 marquera un tournant dans l'histoire des Landes de Gascogne. Elle vise à assainir les vastes landes humides présentes sur la majeure partie du territoire et à les mettre en exploitation. Elle marque le début de l'extension de la forêt des Landes, conduisant à la généralisation du procédé de gemmage dans la région, mais aussi à la fin du système agro-pastoral traditionnel et à la disparition du berger landais
- Au 22 rue Armand Dulamon
- En 1823, Mont-de-Marsan compte cinq établissements de bains publics : les bains de la Pépinière (à l'actuel n°1 rue du 8 mai 1945), les bains Delor (à l'actuel n°17 rue Lacataye), les bains Noinski, les bains Roussoulet (à l'emplacement actuel de l'école du Centre), les bains de la cale des Bains (cale aujourd'hui disparue, entre les 27 et 31 rue Armand Dulamon)
- Dominique Joseph Papin (1784 - 1841), deuxième comte de Saint-Christau
- Jean-Baptiste Papin (1756 - 1809), premier comte de Saint-Christau
Références
- https://man8rove.com/fr/toussaint-de-cornulier
- http://reseaudescommunes.fr Benquet et son histoire, Yves Pabon, bulletin municipal
- Alain Lafourcade, Mont-de-Marsan de A Ă Z, Alan Sutton, , 144 p. (ISBN 9782813802057), p. 34