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Tournoi (théorie des graphes)

En mathĂ©matiques, dans le cadre de la thĂ©orie des graphes, un tournoi est un graphe orientĂ© obtenu en orientant chaque arĂȘte d'un graphe complet non orientĂ©. On peut aussi le voir comme une orientation (en) d'un graphe complet, ou comme un graphe orientĂ© oĂč chaque paire de sommets est reliĂ©e par une arĂȘte orientĂ©e et une seule.

Tournoi
Image illustrative de l’article Tournoi (thĂ©orie des graphes)
Un tournoi Ă  4 sommets. Ce tournoi est 1-paradoxal. Sa suite de scores est (1, 1, 2, 2).

Nombre de sommets
Nombre d'arĂȘtes

Applications

De nombreuses propriétés importantes des tournois ont été explorées par H. G. Landau afin de modéliser des relations de dominations dans des groupes de poulets. Les applications actuelles des tournois concernent la théorie des systÚmes électoraux ainsi que la théorie du choix en société, entre autres.

Le nom tournoi provient de l'interprĂ©tation de tels graphes comme le rĂ©sultat d'un tournoi toutes rondes, dans lequel chaque participant rencontre chaque autre participant une fois et une seule, et dans lequel il n'y a pas Ă©galitĂ©. Dans le graphe, les sommets correspondent aux participants et les arĂȘtes correspondent aux rĂ©sultats des parties jouĂ©es, l'arĂȘte allant du vainqueur au perdant. Si le participant bat le participant , on dit que domine , notĂ© .

Chemins et circuits

Chaque tournoi sur un nombre fini de sommets contient un chemin hamiltonien, c'est-à-dire un chemin orienté passant par les sommets une fois et une seule. Ce résultat est dû à Låszló Rédei en 1934[1].

Cette dĂ©monstration est constructive : elle fournit un algorithme permettant de trouver un chemin hamiltonien. Des algorithmes plus efficaces, qui ne supposent d'examiner qu'un nombre d'arĂȘtes de l'ordre de , sont connus[2].

Cela a pour conséquence qu'un tournoi fortement connexe, c'est-à-dire tel qu'il existe un chemin entre n'importe quelle paire de sommets, possÚde un circuit hamiltonien, c'est-à-dire un cycle fermé et orienté passant par tous les sommets une fois et une seule (résultat dû à Paul Camion en 1959)[3].

Un rĂ©sultat plus puissant est que tout tournoi fortement connexe est sommet-pancyclique : pour tout sommet et pour tout oĂč est le nombre de sommets, il y a un circuit de longueur passant par [4].

Relations binaires

Un tournoi est parfois aussi dĂ©fini comme une relation binaire entre et irrĂ©flexive dont la fermeture rĂ©flexive est totale et antisymĂ©trique. Par dĂ©finition, si domine , alors ne domine pas (antisymĂ©trie); l'un des deux doit ĂȘtre vrai si est diffĂ©rent de (totalitĂ©). On peut noter l'antisymĂ©trie de deux maniĂšres :

  • oĂč est la relation de domination.

Avec cette définition, on peut facilement vérifier que cette relation binaire est irréflexive :

  • : Aucun Ă©lĂ©ment ne peut ĂȘtre en relation avec lui-mĂȘme. En effet, un participant ne peut pas se dominer lui-mĂȘme.

On peut noter qu'un tournoi :

  • Peut ĂȘtre transitif. Dans le cas oĂč il ne l'est pas on dit que c'est un tournoi paradoxal.
  • Ne peut pas ĂȘtre une relation totale car il n'est pas rĂ©flexif.
  • Ne peut pas ĂȘtre une relation d'ordre (non stricte) car il n'est pas rĂ©flexif, mais c'est un ordre strict s'il n'est pas paradoxal.
  • Ne peut pas ĂȘtre une relation d'Ă©quivalence car il n'est ni rĂ©flexif, ni symĂ©trique.

Les relations binaires de tournoi ne sont pas des matrices de tournoi, on a donc :

  • 1 si
  • 0 si
  • 0 si

Transitivité et tournois paradoxaux

Un tournoi transitif Ă  8 sommets. Dans ce graphe, si et seulement si .

Dans les tournois de la vie réelle, on s'attend à ce que, si une personne domine une personne , et si domine à son tour une troisiÚme personne , alors domine . Cela correspond à la transitivité de la relation binaire de domination.

ÉnoncĂ© de façon formelle, cela donne la dĂ©finition suivante :

On appelle transitif un tournoi dans lequel :

Étant donnĂ© un tournoi T Ă  n sommets, les Ă©noncĂ©s suivants sont Ă©quivalents :

  • T est transitif ;
  • T est acyclique ;
  • T ne contient pas de circuit de longueur 3 ;
  • La suite des scores de T (voir plus bas) est ;
  • T possĂšde exactement un chemin hamiltonien.

Un participant à un tournoi qui gagne toutes les parties est naturellement le gagnant du tournoi. Néanmoins, comme la figure tout en haut de cet article le montre, il est possible qu'un tel gagnant n'existe pas. Un tournoi lors duquel chaque participant perd au moins une partie est appelé tournoi 1-paradoxal.

De façon plus générale, un tournoi est appelé k-paradoxal si, pour tout sous-ensemble à éléments de , il existe un sommet dans tel que pour tous les sommets de .

Suite des scores et ensemble de scores

Dans un tournoi de la vie de tous les jours, s'il n'y a pas de vainqueur net (quelqu'un qui bat tous les autres), on peut essayer de départager les candidats en calculant leur score, c'est-à-dire le nombre de parties gagnées.

La suite des scores d'un tournoi est la suite ordonnée par ordre croissant des degrés sortants des sommets d'un tournoi.

L'ensemble des scores d'un tournoi est l'ensemble des degrés sortants des sommets du tournoi.

Le théorÚme de Landau (1953)[5] affirme qu'une suite d'entiers est une suite de scores si et seulement si :

  1. .

Par exemple, est bien une suite de scores, car :

  1. car ; car ; car
  2. car

De fait, cela correspond Ă  la suite des scores du tournoi tout en haut de l'article.

En ce qui concerne les ensembles de scores, T. X. Yao a prouvé que n'importe quel ensemble non vide d'entiers positifs ou nuls est l'ensemble de scores d'un certain tournoi[6].

Matrice de tournoi

Il est naturel de noter les résultats d'un tournoi dans un tableau qui indique le résultat de chaque partie.

On appelle matrice de tournoi une matrice carrée dont le éléments valent :

  • si
  • si
  • si .

Une matrice de tournoi est égale à l'opposé de sa transposée (elle est antisymétrique).

Notes et références

  1. (de) LĂĄzlĂł RĂ©dei, « Ein kombinatorischer Satz », Acta Litteraria Szeged, vol. 7,‎ , p. 39−43.
  2. (en) A. Bar-Noy et J. Naor, « Sorting, Minimal Feedback Sets and Hamilton Paths in Tournaments », SIAM Journal on Discrete Mathematics, vol. 3, no 1,‎ , p. 7–20 (DOI 10.1137/0403002).
  3. Paul Camion, « Chemins et circuits hamiltoniens des graphes complets », C. R. Acad. Sci. Paris, vol. 249,‎ , p. 2151−2152 (lire en ligne).
  4. J. W. Moon, « On subtournaments of a tournament », Canadian Mathematical Bulletin, vol. 9, no 3,‎ , p. 297–301 (DOI 10.4153/CMB-1966-038-7, lire en ligne), ThĂ©orĂšme 1.
  5. (en) H. G. Landau, « On dominance relations and the structure of animal societies. III. The condition for a score structure », Bulletin of Mathematical Biophysics, vol. 15, no 2,‎ , p. 143–148 (DOI 10.1007/BF02476378).
  6. (en) T. X. Yao, « On Reid Conjecture Of Score Sets For Tournaments », Chinese Sci. Bull., vol. 34,‎ , p. 804−808

Voir aussi

Sources

Lien externe

(en) Eric W. Weisstein, « Tournament », sur MathWorld

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