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Tourisme au Moyen-Orient

Le tourisme au Moyen-Orient est l'un des secteurs connaissant le plus fort taux de croissance pour certains pays du Moyen-Orient. Si le tourisme est une des activités les plus prospères pour les pays du rivage méditerranéen, certains pays, notamment les riches Émirats de la péninsule arabique ont fait le pari d'attirer une clientèle fortunée en investissant massivement dans des infrastructures destinées au divertissement[1].

Données de l'OMT

Selon l'Organisation mondiale du tourisme[2] :

  • En 2009, il y a eu un recul de 4 % et en 2010 une augmentation de 14 % du tourisme international.
  • L’augmentation de 14 % en 2010 est principalement due au tourisme intra-rĂ©gional.
  • Baisse de 5 millions d’arrivĂ©es de touristes en 2011, ce qui Ă©quivaut Ă  8 % par rapport Ă  2010.
  • Le tourisme international a augmentĂ© de 4,2 % en moyenne par annĂ©e entre 1980 et 2010 et devrait continuer d’accroĂ®tre, mais plus lentement soit de 3,3 % par annĂ©e entre 2010 Ă  2030.
  • En 1980, le Moyen-Orient dĂ©tenait seulement 3 % des parts de marchĂ© du tourisme international.
  • En 2010, le Moyen-Orient dĂ©tenait 6 % des parts de marchĂ©.
  • En 2030, l’OMT prĂ©voit que le Moyen-Orient attirera 8 % des touristes internationaux.
198020102030
Asie et Pacifique8 %22 %30 %
Amérique23 %16 %14 %
Europe63 %51 %41 %
Afrique3 %5 %7 %
Moyen-Orient3 %6 %8 %

Histoire du tourisme au Moyen-Orient

Groupe de touristes devant les pyramides de Gizeh au XIXe siècle.

Le tourisme occidental vers le Moyen-Orient émerge massivement après l'inauguration du canal de Suez en 1869, à laquelle de nombreux représentants politiques européens, mais aussi de nombreux artistes et intellectuels sont conviés par le khédive Ismaïl Pacha. L'ouverture du canal et le passage de nombreux pétroliers mais aussi de paquebots transportant des marchandises ou des touristes sur cette nouvelle Route des Indes crée en Égypte des villes nouvelles, comme Port-Saïd fondée en 1859 ou encore Ismaïlia fondée en 1863. Ces deux villes sont des passages obligés pour les paquebots de voyageurs, qui s'arrêtent également à Djibouti ou encore Aden. Les régions qui connaissent un afflux touristique considérable sont l’Égypte (Alexandrie, Le Caire, Port-Saïd, la Vallée des Rois, la Haute-Égypte et ses trésors antiques), les sites archéologiques du Liban et de la Syrie, ainsi que la Palestine. Seules les régions désertiques et la péninsule arabique restent pendant longtemps à l'écart des routes touristiques. En 1936, l'écrivain-voyageur français Paul Morand dresse un bilan du tourisme au Moyen-Orient, comme en témoigne cet extrait de son ouvrage La Route des Indes (1935) :

« Jusqu'Ă  la Grande Guerre les voyageurs europĂ©ens ne se risquaient pas dans les solitudes d'Arabie nominalement soumises aux Turcs. Mais, aussitĂ´t après l'armistice, Français et Anglais arrivant en Palestine et en Syrie apprirent que les caravanes n'avaient jamais cessĂ© de parcourir ces pistes du dĂ©sert pierreux et constatèrent que, des monts de Transjordanie Ă  la MĂ©sopotamie, le plateau Ă©tait parfaitement uni, d'un sol dur et propice Ă  l'auto. Nos missions militaires amenèrent non sans peine les guides indigènes Ă  rĂ©vĂ©ler le secret des grands chemins de sable et les premiers touristes apparurent. Vers 1920, l'anglais Nairn Ă©tablit un service rĂ©gulier d'autocars de Damas Ă  Bagdad ; aujourd'hui, d'autres services relient JĂ©rusalem et Beyrouth au Tigre ; les voitures roulent un jour et une nuit sans jamais perdre la piste et s'Ă©garer dans les rochers, parmi les cadavres de chameaux et les rares tentes de bĂ©douins. Les voyageurs poussiĂ©reux, frottant leurs reins endoloris, soupirent de satisfaction en passant sur le pont de bateaux Ă  l'entrĂ©e de Bagdad, car ils n'ont plus vu d'eau depuis le Jourdain ou le Barada, père des bains damasquins. Quand ils descendent dans New Street, déçus par la mesquinerie des hĂ´tels de Bagdad après l'Orient Palace de Damas, leurs traits tirĂ©s avouent la longueur du trajet et ses cahots ; mais enfin le trajet existe ; il Ă©tablit une jonction qui ne sera plus jamais rompue et va mĂŞme se multiplier[3]. »

Parallèlement Ă  cette route maritime, la voie terrestre de la Route des Indes se dĂ©veloppe au cours du XIXe siècle ainsi qu'au siècle suivant. On distingue deux trajets de la Route des Indes, l'une septentrionale et l'autre plus mĂ©ridionale, allant d'Éphèse Ă  Bombay en passant par l'Euphrate, l'antique Babylone, la MĂ©sopotamie, HĂ©rat et l'Afghanistan. Les voies de chemin de fer se dĂ©veloppent Ă©galement après la Première Guerre mondiale. Les Allemands avaient notamment un projet de liaison appelĂ©e la « Bagdadbahn Â», qui devait relier le Bosphore Ă  l'Euphrate, mais qui fut abandonnĂ© après la Première Guerre mondiale. Le rĂ©seau de voies carrossables s'amĂ©liore Ă©galement, et l'on fait dans les annĂ©es 1930 le trajet Bagdad-Beyrouth en un jour et une nuit. Le rĂ©seau aĂ©rien se dĂ©veloppe Ă©galement au XXe siècle. Toujours dans La Route des Indes, Paul Morand Ă©crit :

« De la route des Indes aĂ©rienne ou de la maritime, laquelle triomphera ? Les voyageurs, sans aucun doute, prendront celle de l'air. Nos fils verront d'innombrables aĂ©ronefs sillonner le ciel bleu d’Égypte oĂą les nuĂ©es et les grains de la MĂ©diterranĂ©e sont bus aussitĂ´t par le sable altĂ©rĂ© comme le vin par le gosier d'un ivrogne ; ils les verront voler sous le ciel gris des tropiques, sous le ciel noir de l’Équateur. »

Au XXe siècle, le Guide Sam « pour l'expansion Ă©conomique française dans le Levant Â», Ă©ditĂ© de 1921 Ă  1930 donne un bon aperçu du tourisme dans la rĂ©gion[4].

Le dĂ©veloppement du « tourisme des vestiges Â»

L'histoire du tourisme au Moyen-Orient est étroitement liée à la redécouverte des civilisations antiques et aux cités-vestiges toujours visibles aujourd'hui (la Vallée des rois, Thèbes et Louxor en Égypte, Baalbek, Byblos et Tyr au Liban, Palmyre en Syrie, Pétra en Jordanie, Babylone en Irak, etc). Les fouilles archéologiques continuent encore aujourd'hui à livrer les secrets de ces civilisations millénaires[5]. Pendant l'entre-deux-guerres, l'inauguration du Musée égyptien du Caire en 1902, la découverte des momies de pharaons dans la Vallée des Rois avec la légende de la malédiction autour des momies de Toutânkhamon et Ramsès II ont contribué à développer massivement l'intérêt pour le tourisme des « vestiges ». Celui-ci s'organise dès la fin du XIXe siècle par l'intermédiaire d'agences touristiques dont la plus connue est l'entreprise Thomas Cook, qui créent des tours organisés spécialisés dans la visite des sites archéologiques.

Tourisme religieux

Pèlerins musulmans effectuant le Hajj.

Le tourisme religieux Ă  destination des sites de pèlerinages des religions originaires du Moyen-Orient est principalement dĂ©veloppĂ© aux abords des lieux saints. La plus grande destination de tourisme religieux au monde est La Mecque qui attire chaque annĂ©e 15 millions de pèlerins musulmans[6]. En 2012, le pèlerinage du Hajj Ă  La Mecque a rĂ©uni 3 millions de personnes provenant de 189 pays diffĂ©rents (44,6 % des pèlerins Ă©taient originaires d'Arabie et 55,4 % des venaient de l'Ă©tranger). La ville de MĂ©dine est Ă©galement très visitĂ©e par les pèlerins musulmans du fait de la prĂ©sence de la Masjid al-Nabawi (lieu du tombeau de Mahomet).

Le pèlerinage de Jérusalem est l'un des principaux pèlerinages chrétien, juif et musulman qui draine 80 % des 1,9 million de touristes en Israël en 2005[7].

Tourisme d'affaires

Bibliographie

Guides touristiques[8]

Guides Baedeker

  • BAEDEKER, Karl, Palestine et Syrie, Ollendorff, 1882. RĂ©ed : 1893, 1906 et 1912.
  • ———, Égypte, Ollendorff, 1898. RĂ©ed : 1903.
  • ———, Égypte et Soudan, Ollendorff, 1908. RĂ©ed : 1913.

Guides Joanne puis « Guides bleus Â»

  • BÉNÉDITE, Georges, La PĂ©ninsule SinaĂŻtique, Hachette, 1891.
  • ———, Égypte, Hachette, 1900, 3 vol.
  • BOULANGER, Robert, Guide Bleu Moyen-Orient : Liban, Syrie, Jordanie, Irak, Iran, Hachette, 1956.
  • CHAUVET, Adrien, ISAMBERT, Émile, ItinĂ©raire descriptif, historique et archĂ©ologique de l'Orient, III, Syrie, Palestine, Hachette, 1882.
  • ———, ItinĂ©raire descriptif, historique et archĂ©ologique de l'Orient, III, Syrie, Palestine, Édition de 1882 avec des renseignements mis au courant en 1890, Hachette, 1890.
  • FINBERT, Élian J., IsraĂ«l, Hachette, 1961.
  • ISAMBERT, Émile, ItinĂ©raire descriptif, historique et archĂ©ologique de l’Orient, II, Malte, Égypte, Nubie, Abyssinie, SinaĂŻ, Paris, Hachette, 1878.
  • ———, ItinĂ©raire descriptif, historique et archĂ©ologique de l’Orient, 2, Malte, Égypte, Nubie, Abyssinie, SinaĂŻ, Édition de 1881, le musĂ©e de Boulaq a Ă©tĂ© corrigĂ© en 1885, la description de la pĂ©ninsule SinaĂŻtique a Ă©tĂ© refaite en 1890 par M. Georges BĂ©nĂ©dite, attachĂ© des MusĂ©es nationaux, et les renseignements pratiques ont Ă©tĂ© mis au courant en 1890, Hachette, 1890.
  • JOANNE, Adolphe, ISAMBERT, Émile, ItinĂ©raire descriptif, historique et archĂ©ologique de l’Orient, Hachette, 1861.
  • MONMARCHÉ, Marcel, Guide Bleu Syrie Palestine, Hachette, 1932.

Autres guides

  • JACQUOT, Paul, Antioche, centre de tourisme, 3 tomes, Antioche, ComitĂ© du Tourisme, 1931.

Œuvres littéraires

  • MORAND, Paul, La Route des Indes, Paris, Plon, 1936.
  • RODES, Jean, L'Heure du bĂ©douin, roman-reportage du grand tourisme Ă©gyptien, Agen, Éditions La Vie, 1924.

Articles

  • CAZACU, Matei, Des femmes sur les routes de l’Orient : le voyage de Constantinople au XXe siècle, Genève, Georg, 1999, 205 p. (Coll : « L’Orient proche ; les voyageurs).
  • MORLIER, HĂ©lène, « Une sĂ©rie de prestige des Guides Joanne : l’ItinĂ©raire d’Orient Â», dans Les guides de voyage : au fil du Rhin et ailleurs…, Actes de la journĂ©e d’études du , M. BREUILLOT, T. BEAUFILS (Ă©d.), Strasbourg, 2005, p. 17-41.
  • DANIEL, Nicolas et Feriel BEN MAHMOUD, Le voyage en Orient, de l' « Ă˘ge d'or Â» Ă  l'avènement du tourisme (1850-1930), Ă©ditions place des Victoires, 2008, 239 p.
  • LANÇON, Daniel, « Les derniers voyageurs français en Égypte (dĂ©)livrĂ©e, 1900-1956 Â», dans Le dernier siècle des voyages, textes rĂ©unis par Olivier Hambursin, Presses Universitaires de la Sorbonne, 2004, 356 p., p. 223-244.
  • LARRAT, J.-C., « Malraux et l'Arabie des aventuriers Â», Écrivains et intellectuels français face au monde arabe, Catherine Mayaux (dir.), Champion, 2011

Notes et références

  1. Le tourisme, en plein développement aux Émirats arabes unis.
  2. Données de l'OMT pour le Moyen-Orient.
  3. Paul Morand, La Route des Indes, Paris, Plon, 1936
  4. Cet « annuaire de l'Orient » possède un numéro numérisé sur Gallica.
  5. Par exemple, de nouveaux sites ont été récemment découverts en Irak : voir par exemple cet article dans Le Figaro.
  6. (en), « A Saudi tower : Mecca versus Las Vegas : Taller, holier and even more popular than (almost) anywhere else », The Economist, 24 juin 2010, Le Caire.
  7. (en) Noam Shoval, « Tourism Development in Jerusalem 1967-2005 », in D. Bar and E. Meiron (eds.), Planning Jerusalem Revisited. Jerusalem, Yad Itshak BenZvi, 2009, p. 390
  8. Cette section comprend uniquement les guides en français

Articles connexes

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