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Touchétie

La TouchĂ©tie (en gĂ©orgien : თუჹეთი, transcrit parfois TushĂ©ti) est une rĂ©gion historique de la GĂ©orgie, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO[1].

Région de Touchétie
თუჹეთის მჼარე (ka)
Touchétie
Carte de localisation de la Touchétie
Administration
Pays Drapeau de la GĂ©orgie GĂ©orgie
Type RĂ©gion de GĂ©orgie
Gouverneur Pétré Tsiskarichvili
DĂ©mographie
Langue(s) GĂ©orgien
Groupes ethniques Touches touchétifs
GĂ©ographie
Superficie 896 km2
    Touchétie sur une carte russe de 1745

    GĂ©ographie

    Le village de Djvarboséli dans le Gométsari
    Matin en Touchétie. Juin 2018.
    Façade de maison touche

    Historiquement, la Touchétie est composée de quatre communautés distinctes, division basée sur les quatre vallées de la région :

    • Au nord, la Pirikiti-TouchĂ©tie (« la TouchĂ©tie au-delĂ  [des montagnes] Â» en gĂ©orgien), les villages Ă©tant bĂątis le long de la riviĂšre Pirikitis-Alazani ;
    • Au sud, la GomĂ©tsarie, le long de la riviĂšre Tushetis-Alazani ;
    • À l'est, la Tchagma-TouchĂ©tie, regroupant le village principal de Omalo et d'autres villages avoisinants ;
    • À l'ouest, la Tsova-TouchĂ©tie, c'est-Ă -dire le peuple des Touches-Bates dans la vallĂ©e de la riviĂšre Tsovatis-Tskali.

    La TouchĂ©tie, ainsi que les rĂ©gions voisines de KhevsourĂ©tie et de Pchavie, situĂ©es aux confins du nord-est de la GĂ©orgie, sont des rĂ©gions encore fortement enclavĂ©es car sans vĂ©ritable route d'accĂšs, mais de vĂ©ritables sanctuaires naturels et des bastions de l'Ăąme nationale gĂ©orgienne oĂč la vie pastorale (bergers, moutons, transhumance) reste trĂšs importante.

    Aux confins du Daghestan, dont elle est sĂ©parĂ©e par le Grand Caucase, c'est un pays de bergers qui Ă©lĂšvent leurs moutons en pratiquant la transhumance (estive). C'est une rĂ©gion encore sans Ă©lectricitĂ© ni tĂ©lĂ©phone oĂč les villages sont Ă  des heures de marche les uns des autres et accessibles seulement par des chemins muletiers oĂč le cheval reste le principal moyen de dĂ©placement. MĂȘme les vĂ©hicules tout-terrain ont du mal Ă  desservir la rĂ©gion.

    Omalo est le village principal, situé au centre de la région ; il dispose d'un aérodrome et des hélicoptÚres permettent à des touristes aisés de se déplacer[2]. L'accÚs routier courant, six mois par an, se fait par Telavi (Kakhétie) et le col d'Abano (en) (2826 m.).

    Histoire

    La forteresse de Késélo à Omalo
    Le village de Dartlo (en), gravure allemande de 1901.
    Le village de Dartlo en 2007.
    Famille touche, photographie de Gottfried Merzbacher, 1901.
    Femmes touchines (Barry, 1881)
    La route au nord du col de Kodja en 2004.
    PĂ©troglyphe, Dartlo

    La pĂ©nurie de sources historiques Ă©crites empĂȘche la rĂ©daction d'une histoire fiable de la rĂ©gion. La rĂ©gion aurait Ă©tĂ© convertie au christianisme orthodoxe gĂ©orgien vers le VIIe siĂšcle.

    AprĂšs l'invasion soviĂ©tique de la GĂ©orgie en 1921, le rĂ©gime communiste s'implante assez lentement dans les campagnes. L'Ă©conomie locale est alors fondĂ©e sur le pastoralisme, avec une transhumance annuelle entre les alpages et les pĂąturages d'hiver dans la plaine de KakhĂ©tie : certaines familles aristocratiques, ainsi que les mamasakhlissi (მამასაჼლისი : seigneurs locaux) possĂ©daient jusqu'Ă  6 000 moutons, 60 Ă  70 chevaux, 10 Ă  15 bovins. Tous se retrouvent dĂ©possĂ©dĂ©s lors de la collectivisation forcĂ©e ordonnĂ©e par Staline en 1930 : le commerce de la laine devient un monopole d’État. Cela rencontre de fortes rĂ©ticences : beaucoup de paysans prĂ©fĂšrent abattre ou laisser mourir leur bĂ©tail plutĂŽt que de s'en voir privĂ©s au bĂ©nĂ©fice des kolkhozes, c'est-Ă -dire, en pratique, de la nomenklatura. Sur 90 000 moutons, plus de la moitiĂ© sont perdus, ainsi que 15 % des bovins. QualifiĂ©s de « koulaks Â», risquant la dĂ©portation, ces paysans rĂ©fractaires prĂ©fĂšrent se donner la mort dans leurs montagnes, ou encore former des bandes de brigands. C'est pourquoi la propagande communiste insiste sur l'action civilisatrice du rĂ©gime en TouchĂ©tie : les Ă©glises sont transformĂ©es en Ă©coles, qui visent Ă  Ă©radiquer les superstitions, le clanisme (les principaux clans Ă©taient les Tsova, les Pirikiti, les Gometsari et les Tchagma) et la vendetta, dans le but de transformer cette rĂ©gion pittoresque en lieu touristique pour les travailleurs de l'ensemble de l'Union soviĂ©tique. La race locale du mouton touche, robuste et bien adaptĂ©e aux conditions locales, est modifiĂ©e par croisement avec le mĂ©rinos. Les possessions ne sont pas, comme ailleurs, totalement interdites, mais sont limitĂ©es Ă  0,25 ha, 40 moutons, un cheval et deux vaches laitiĂšres par famille, tout le reste allant au kolkhoze. Dans la rudesse du Caucase, ces lots individuels ne permettant pas Ă  une famille de survivre : beaucoup de Touches doivent migrer vers les villes et certains villages sont abandonnĂ©s[3].

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'autoritĂ© soviĂ©tique se relĂąche et des bandes se forment pour combattre les agents de l’administration ; la reprise en main ne survient qu'en 1946. Sous le gouvernement de Khrouchtchev, les contraintes s'assouplissent : les paysans ont droit Ă  un cheptel de 200 moutons par famille et certains dĂ©passent discrĂštement le seuil autorisĂ© ; ces contraintes sont levĂ©es dans les annĂ©es 1980[3].

    Le gouvernement de la République socialiste soviétique de Géorgie fait construire la premiÚre route carrossable vers la Touchétie dans les années 1960, mais elle est aussitÎt détériorée par les glissements de terrain et les crues des riviÚres.

    Population touche

    Les premiers ouvrages et articles ethnographiques et sociologiques sur les Touches – principalement rĂ©digĂ©s en gĂ©orgien et en russe – sont publiĂ©s Ă  partir de la fin du XIXe siĂšcle. En français, l'ouvrage de Georges CharachidzĂ©, Le SystĂšme religieux de la GĂ©orgie paĂŻenne – Analyse structurale d'une civilisation (Ă©ditĂ© par François MaspĂ©ro en 1968), est probablement la meilleure source d'informations sur les Touches.

    Le porc et la viande de porc sont ou étaient interdits traditionnellement en Touchétie et dans les proches régions de montagne.

    Abandon de la Touchétie et migration vers la Kakhétie

    Troupeaux de moutons en pùturage d'hiver en Kakhétie.

    La plaine de KakhĂ©tie, longtemps utilisĂ©e comme pĂąturage d'hiver, devient progressivement une zone de station intermĂ©diaire, Ă  mi-parcours de la transhumance entre les alpages et la plaine de Gourdjaani. Au milieu du XIXe siĂšcle, une partie de la population commence Ă  s'y installer l'hiver, n'occupant les villages de TouchĂ©tie que l'Ă©tĂ©. Les premiers sont les Touches du clan, ou « thĂšme Â», de Tsova, qui possĂ©daient les troupeaux les plus importants pour le territoire le plus exigu. Ils sont Ă  l'origine de la crĂ©ation du village de ZĂ©mo Alvani. À leur suite viennent ceux du « thĂšme Â» de Pirikiti. Le village de Kvemo Alvani a Ă©tĂ© crĂ©Ă© ultĂ©rieurement par les Gometsari, ainsi que les Tchagma dont une partie vit Ă©galement dans le village de Lalisq'uri[3].

    Notes et références

    1. (en) « Fiche de présentation de Mta-Tusheti », sur http://whc.unesco.org (consulté le )
    2. Géorgie, Le Petit Futé, 3e édition
    3. Le Galcher-Baron 1994.

    Annexes

    Filmographie

    • Julia Finkernagel, GĂ©orgie : les vallĂ©es secrĂštes de TouchĂ©tie, documentaire, 2018, Allemagne

    Articles connexes

    Liens externes

    • ValĂ©rie Le Galcher-Baron, « La collectivisation du cheptel ovin dans l'est de la GĂ©orgie », Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviĂ©tique, États indĂ©pendants, vol. 35, no 3,‎ , p.683-701 (lire en ligne).
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