Torture médicale
La torture médicale (aussi appelée l'interrogation médicale) est la contribution, voire la participation, explicite de professionnels médicaux dans des actes de torture, soit pour juger les capacités d'endurance des victimes, soit pour appliquer des traitements qui accentueraient la torture, ou bien en tant que tortionnaires eux-mêmes.
Le terme peut également faire référence à un style de scénario pornographique[1].
Utilisations
La torture médicale implique la participation de personnel possédant des connaissances médicales, tels que des médecins ou encore des psychologues, à des actes infligeant de la souffrance, notamment à des fins d'interrogatoire[2]. De telles accusations portèrent sur le traitement des détenus de prisons américaines telles que camp de Guantanamo, ou d'autres prisons secrètes : participation de médecins au gavage forcé[3], négligence ou dissimulation de preuves médicales de mauvais traitements[4], mise en œuvre de techniques d'interrogation renforcées telles que le sommeil prolongé, la privation sensorielle, la nudité forcée et les positions corporelles douloureuses[5] - [6].
Elle peut également avoir une visée punitive, comme dans le châtiment corporel judiciaire. La castration chimique des auteurs de crimes sexuels est parfois considérée comme un acte de torture, notamment lorsqu'elle est forcée[7].
Enfin, elle peut qualifier des actes d'expérimentation humaine ou animale, lorsque celle-ci n'est pas consentie (lorsque les sujets humains ne sont pas en mesure d'exprimer un consentement libre et éclairé) ou pas légitime (lorsque l'expérimentation sur des êtres sentients peut être remplacée par un autre type d'expérimentation, ou encore lorsque le sujet de recherche ne représente pas un enjeu suffisant pour effectuer une recherche sur un sujet vivant). Ce fut le cas des expériences menées sur les humains par l'Unité 731, unité militaire de recherche bactériologique de l'Armée impériale japonaise, ou encore par Josef Mengele, officier allemand de la Schutzstaffel (SS) criminel de guerre qui exerça comme médecin dans le camp d'extermination d'Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale.
Éthique médicale et scientifique
La torture médicale constitue une violation fondamentale des principes de l'éthique médicale, qu'il s'agisse de soin ou de recherche. Elle va notamment à l'encontre des textes suivants :
- le Serment d'Hippocrate et sa version moderne la Déclaration de Genève, sur l'exercice de la médecine,
- les Conventions de Genève, interdisant les actes de torture dans un contexte de guerre,
- le code de Nuremberg sur les limites de l'expérimentation médicale humaine,
- la déclaration d'Helsinki concernant l'expérimentation sur la personne humaine,
- les « Principes d'éthique médicale applicables au rôle du personnel de santé, en particulier des médecins, dans la protection des prisonniers et des détenus contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants »[8], publiés par l'Organisation des Nations Unies. En 2023, parmi les pays non signataires de ce traité, se trouvent la République démocratique Populaire de Corée, la République Islamique d'Iran, la Malaisie, le Myanmar, Singapour ou encore le Zimbabwe[9].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Medical torture » (voir la liste des auteurs).
- Univers BDSM, « Comment mettre en place une scène de torture médicale ? », sur Univers BDSM (consulté le ).
- Mégane De Amorim, « Les médecins complices des méthodes de torture de la CIA », Libération,‎ (lire en ligne).
- Éric-Pierre Champagne, « Guantánamo: des médecins complices de torture? », La Presse,‎ (lire en ligne ).
- Slate.fr, « De nouveaux cas de torture à Guantanamo », sur Slate.fr, (consulté le ).
- Sylvain Cypel, « Des médecins américains ont participé à des tortures et à des expérimentations dans les prisons secrètes », Le Monde,‎ (lire en ligne ).
- (en) Vincent Iacopino, Scott A. Allen et Allen S. Keller, « Bad Science Used to Support Torture and Human Experimentation », Science, vol. 331, no 6013,‎ , p. 34–35 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.1194437, lire en ligne, consulté le ).
- Amnesty International, « Pakistan. La légalisation de la castration chimique forcée est une mesure cruelle et rétrograde », sur https://www.amnesty.org/, (consulté le ).
- Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme, « Principes d'éthique médicale applicables au rôle du personnel de santé, en particulier des médecins, dans la protection des prisonniers et des détenus contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », sur https://www.ohchr.org.
- (en) Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains, « Status of ratification interactive dashboard », sur https://indicators.ohchr.org/, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Dr. J.C. Carothers M.B. D.P.M., The Psychology of the Mau Mau, Nairobi, Colony and Protectorate of Kenya, Government Printer,
- (en) Eliott Valenstein, Great and Desperate Cures : The Rise and Decline of Psychosurgery and Other Radical Treatments for Mental Illness, Basic Books,
- Line Llao, Judas, lucarnes et oeilletons, mégères ou le baiser de judas: Petit manuel du crime parfait, Paris, Edilivre, , 204 p. (ISBN 978-2332465702)