Tomás Carrasquilla
Tomás Carrasquilla Naranjo, nĂ© le Ă Santo Domingo et mort le Ă MedellĂn, Ă©tait un Ă©crivain colombien qui a vĂ©cu dans la rĂ©gion d'Antioquia. Il s'est consacrĂ© Ă des emplois très modestes : tailleur, secrĂ©taire de juge, magasinier dans une mine et employĂ© du ministère des Travaux publics. Il fut un lecteur assidu et un des Ă©crivains les plus originaux de la littĂ©rature colombienne, influençant largement la jeune gĂ©nĂ©ration de son temps et les gĂ©nĂ©rations futures. Carrasquilla fut peu connu de son temps d'après Federico de OnĂs un expert de l'Ĺ“uvre de Carrasquilla. Ce fut seulement après 1936, alors qu'il avait dĂ©jĂ 68 ans, quand il fut rĂ©compensĂ© du prix national de littĂ©rature, que Carrasquila obtint une reconnaissance nationale. La bibliothèque du parc Tomás Carrasquilla a Ă©tĂ© nommĂ©e en son honneur.
Nom de naissance | Tomás Carrasquilla Naranjo |
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Naissance |
Santo Domingo, Colombie |
Décès |
MedellĂn, Colombie |
Activité principale |
Langue d’écriture | Espagnol |
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Mouvement | Costumbrismo |
Genres |
La guerre civile colombienne de la seconde partie du XIXe siècle empĂŞcha le jeune Carrasquilla de poursuivre ses Ă©tudes Ă l'universitĂ© d'Antioquia. En tant qu'intellectuel engagĂ©, Carrasquilla organisait des tertulias (rĂ©unions sociales destinĂ©es Ă lire des livres et en discuter) dans sa maison de MedellĂn. Beaucoup de jeunes Ă©crivains et intellectuels de son temps rejoignirent ses tertulias, de cette Ă©poque il fut appelĂ© « Maestro Tomás Carrasquilla ». Parmi les admirateurs de Carrasquilla se trouvait le philosophe colombien Fernando González Ochoa (es).
De OnĂs dĂ©clara que l'Ĺ“uvre de Carrasquilla passa inaperçue en Colombie et Ă l'Ă©tranger car il vĂ©cut Ă deux pĂ©riodes diffĂ©rentes de la littĂ©rature de l'AmĂ©rique latine : le costumbrismo et le romantisme, qui a eu des reprĂ©sentants comme JosĂ© AsunciĂłn Silva en Colombie, et la venue du modernisme en rĂ©action au costumbrismo. Beaucoup classent son Ĺ“uvre en tant que costumbriste Ă l'instar de De OnĂs.
Contexte
La vie de Carrasquilla chevauche deux siècles, devenant un lien entre deux périodes de l'histoire colombienne. Quand il naît en 1858, le pays était appelé la République de la Nouvelle-Grenade nouvellement indépendante de l'Espagne. Dans son roman La Marquesa de Yolombo, Carrasquilla décrit comment les gens du peuple de la fin du XVIIIe siècle ont vu les évènements qui ont mis fin à la dépendance politique de la Colombie vis-à -vis de l'Espagne.
Il fut aussi citoyen de ce qui s'appelait alors les États-Unis de Colombie (1863-1886), un temps où la région Paisa a vu la colonisation des actuelles zones où le café est cultivé. Il fut également le témoin de la révolution industrielle colombienne au début du XXe siècle, de la guerre des Mille Jours, et de bien d'autres changements dans son pays.
La guerre civile colombienne au XIXe siècle fut la raison pour laquelle il ne put pas terminer ses études de droit à l'université d'Antioquia.
Une de ces guerres civiles est dépeinte dans ses œuvres Luterito et El Padre Casafús. Ces livres se déroulent dans le contexte de la guerre civile de 1876, commencée par les partisans conservatifs d'Antioquia, Cauca et Tolima contre le gouvernement libéral du président Aquileo Parra, qui voulut laïciser l'éducation. L'histoire se passe dans la ville de Canasgordas, où un groupe de combattant se prépare à "défendre la Foi". L’œuvre de Carasquilla à ces moments, aborde les sentiments profonds que les personnes ressentent pendant les évènements historiques.
Biographie
Jeunesse
Carrasquilla naĂ®t Ă Santo Domingo, une ville andine situĂ©e au nord-est de MedellĂn, dans les montagnes d'Antioque. Il est le fils d'Isaza Carrasquilla et Ecilda Naranjo Moreno. Sa famille possĂ©dait des mines d'or, ce qui lui permit de vivre assez bien et de se consacrer Ă l'Ă©criture. Un de ses amis, nĂ© aussi Ă Santo Domingo, Ă©tait l'Ă©crivain Francisco de Paula RendĂłn.
Ă€ l'âge de 15 ans, il part pour MedellĂn afin de finir ses Ă©tudes secondaires Ă l'UniversitĂ© d'Antioquia; il continue ses Ă©tudes de droit lĂ -bas. Il doit abandonner ses Ă©tudes de droit en 1877 Ă cause de la guerre civile.
Il retourne Ă Santo Domingo, oĂą il travaille en tant que travailleur et fait quelques travaux pour la municipalitĂ©. Carlos Eugenio Restrepo l'invite au CafĂ© Literario ("cafĂ© littĂ©raire"), oĂą il dut Ă©crire une histoire afin d'ĂŞtre admis. Il Ă©crivit SimĂłn el Mago ("Simon le Mage"), une de ses plus cĂ©lèbres histoires. Elle fut publiĂ©e en 1890, et portĂ©e au cinĂ©ma par le rĂ©alisateur colombien VĂctor Gaviria en 1993.
L'Ă©crivain
En 1896, Carrasquilla se rend à Bogota pour la publication de sa première nouvelle, Frutos de mi tierra (Les fruits de ma terre), écrite pour démontrer que n'importe quel sujet peut être matière à histoire, elle est très bien accueillie par les critiques. Pendant ce voyage, il est amené à connaître José Asunción Silva, à qui il dédicacera quelques années plus tard l'essai "Pour le poète".
En retournant Ă Antioquia, il a un accident en tombant d'un cheval, ce qui l'oblige Ă rester Ă MedellĂn pour un temps. Quand il retourne Ă Santo Domingo, il se consacre Ă l'Ă©criture, jusqu'en 1904, au moment oĂą il perd sa fortune Ă la suite de la banqueroute de la Banco Popular. Il obtient alors un emploi de magasinier dans la mine d'or de SonsĂłn jusqu'en 1909.
Après son retour Ă MedellĂn, il a une vie sociale et culturelle active, s'associant Ă de jeunes intellectuels tel que Fernando González Ochoa (es) qui devient un de ses meilleurs amis jusqu'Ă la fin de ses jours et fut l'un des plus grands admirateurs de Carrasquilla. Il frĂ©quente Ă©galement le caricaturiste Ricardo RendĂłn et le groupe sceptique Los Panidas, qu'il supporte mais ne joint pas.
En 1914, il effectue quelques tâches pour le plus vieux journal colombien, El Espectador, quand sa publication Ă©tait Ă©ditĂ©e Ă MedellĂn. Mais peu après, il part pour Bogota, oĂą il travaille pour le ministère des Travaux publics jusqu'en 1919.
En retournant Ă MedellĂn, il continue Ă Ă©tudier la littĂ©rature, et en 1928 publie La Marqueza de YolombĂł ("La marquise de YolombĂł"), une des Ĺ“uvres les plus connues de littĂ©rature colombienne.
Ses dernières années
L'Ă©crivain est Ă MedellĂn quand sa santĂ© dĂ©cline et qu'il commence Ă devenir aveugle. En 1934, la chirurgie lui redonne une vision limitĂ©e; sa cĂ©citĂ© n'Ă©tait pas un obstacle Ă l'Ă©criture, cependant, il commence Ă dicter ses Ĺ“uvres.
En 1935, il est décoré de l'Ordre de Boyacá, une récompense qui octroie au récipiendaire les mêmes privilèges que le président ou ex-président de Colombie.
Il Ă©crit Hace Tiempos ("Il y a longtemps") par diction entre 1936 et 1937; ce travail lui vaut le prix national de littĂ©rature et de science JosĂ© MarĂa Vergara y Vergara de l'acadĂ©mie colombienne de langue. Cette distinction contribue Ă sa reconnaissance nationale, et attire les critiques internationaux, qui admirent son Ĺ“uvre et le sauvent du quasi-anonymat.
Il meurt en 1940, entouré par un large groupe d'amis et admirateurs, qui le surnommaient "Don Tomás" ou le "Maestro Tomás Carrasquilla."
Entre le costumbrisme et le modernisme
Carrasquilla est habituellement vu comme un écrivain costumbriste en raison du contexte culturel de son environnement. Les détails traditionnels du folklore simple et les descriptions de paysage dans son œuvre sont caractéristiques de ce courant littéraire, qui s'est développé en Espagne et en Amérique Latine pendant le XIXe siècle. L'objectif des écrivains costumbristes est la description du cadre traditionnel d'un peuple sans aucun commentaire supplémentaire par respect et comme conséquence du Romantisme.
Ă€ la fin du XIXe siècle, le modernisme commence Ă apparaitre en AmĂ©rique Latine et en Espagne. En Colombie, le modernisme comprend des Ă©crivains, des journalistes, des artistes et des photographes tels que González, Greiff, RendĂłn, and Matiz. Le modernisme s'est dĂ©veloppĂ© comme allant Ă l'encontre du costumbrismo. D'après Federico de OnĂs, Carrasquilla savait, et mĂŞme partageait, la nouvelle tendance du modernisme ; par exemple il apports son soutien Ă Los Panidas, mais conserva son propre style et son originalitĂ©.
« À proprement parler, il fut toujours un écrivain indépendant, ses plus grands mérites et son originalité se manifestent d'eux-mêmes dans sa capacité à rester libre de l'imitation directe de tous types d'influences, bien que toutes celles qu'il ait reçues sont latentes dans son œuvre. »
— Frederico de OnĂs, Prologue, Cuentos de Tomás Carrasquilla[1].
En ce sens, la classification de Carrasquilla en tant que costumbriste n'est pas exacte. D'après De OnĂs, l'Ĺ“uvre de Carrasquilla s'Ă©carte du costumbrismo statique du XIXe siècle :
« Son œuvre littéraire est uniforme et diversifiée; diversifiée car différente des costumbristes qui décrivent les décorations, les scènes et les personnages en utilisant les mêmes motifs; uniforme car dans son œuvre la substance d'Antioquia transparait toujours et cette réalité unique externe est toujours vue à travers sa personnalité »
— Frederico de OnĂs, Prologue, Cuentos de Tomás Carrasquilla
Pour le journaliste colombien Carlos Uribe de los RĂos, le classement de Carrasquilla en tant qu'Ă©crivain costumbriste, l'a longtemps marginalisĂ© dans la littĂ©rature colombienne :
« Carrasquilla était regardé de haut par quelques écrivains de Bogota qui le considéraient comme un provincial. Et comme le maitre de Santo Domingo pensait la même chose de ses rivaux, ce ne fut pas facile dans un tel contexte de générer de bon sentiments au sujet de l’œuvre de l'auteur antioquien qui amène son œuvre à son juste mérite au-delà des limites de sa province. S'il n'y avait eu le professeur canadien Kurt Levy qui écrivit une critique biographique sur lui, beaucoup moins de personnes se souviendraient de l'écrivain colombien aujourd'hui et de ses plus célèbres nouvelles en rapport avec cette critique : La Marquesa de Yolombó, Frutos de mi tierra et une grande partie de ses histoires courtes. Don Tomás Carrasquilla était un écrivain capable de récolter les plus simples anecdotes de la vie de tous les jours, et de les transformer en belles histoires intenses et déroutantes. Il était un maître du détail, de la description en filigrane, du mot juste, avec l'avantage de savoir comment garder l'intérêt constant du lecteur. Ironique, parfois sans merci, tendre si nécessaire et propriétaire de cette intensité indispensable pour transformer une histoire ordinaire en passionnant et intelligent récit. »
— Carlos Uribe de los RĂos, Desempolvando a Carrasquilla, EquinoXio
Fernando González
S'il y a une chose qui prouve que Carrasquilla fut plus qu'un costumbriste, et qu'il utilisait des Ă©lĂ©ments du modernisme rĂ©aliste dans son Ĺ“uvre, c'est sa relation intellectuelle et sa grande amitiĂ© avec Fernando González Ochoa, le filĂłsofo de Otraparte ("le philosophe d'ailleurs"). 39 ans d'Ă©cart en âge, González connaissait Carrasquilla au temps oĂą il crĂ©a Los Panidas avec RendĂłn et De Greiff Ă MedellĂn.
González, un autre maître de l'écriture colombienne, dit dans un de ses essais à propos de l'auteur dans Hace Tiempos de Carrasquilla:
« »
— Fernando González, "Hace Tiempos" de Tomás Carrasquilla
Ĺ’uvres
Bien que l’œuvre de Carrasquilla fut largement disponible uniquement dans la région Paisa pendant sa vie, cela ne veut pas dire qu'il fut totalement ignoré ailleurs en Colombie et à l'étranger. Surtout depuis 1936, avec la reconnaissance du prix national de littérature et de science, son œuvre attira l'attention des critiques littéraires étrangers comme les Chiliens Arturo Torres Rioseco et Mariano Latorre. Il garda une bonne relation d'amitié, par correspondance, avec des écrivains tels que José Martà et Miguel de Unamuno.
L’œuvre de Carrasquilla est répartie en nouvelles, histoires, essais, articles et lettres. En 1906, il confessa dans une lettre adressée à un ami qu'il écrivait à cause de ses problèmes d'argent, étant en banqueroute, bien que toute sa vie il profita d'un style de vie confortable et il ne fut jamais marié. Les quelques articles qu'il écrivit dans El Espectador, laissèrent supposer quelques observateurs qu'il était journaliste, mais ses contributions à ce domaine restent plutôt limitées.
Romans
- (1896) Frutos de mi tierra.
- (1899) Manuel solano en los tiempos bola
- (1903) Salve, Regina
- (1906) Entrañas de niño
- (1910) Grandeza
- (1920) Ligia Cruz
- (1922) El Zarco
- (1926) La Marquesa de YolombĂł
- (1935) Hace tiempos
- (1940) Amarguras
Contes
- (1897) SimĂłn El Mago
- (1897) En la diestra de Dios Padre
- (1897) Blanca
- (1898) El ánima sola
- (1899) San Antoñito
- (1901) A la Plata
- (1914) El Prefacio de Francisco Vera
- (1915) El Rifle
- (1915) La Mata
- (1926) Rogelio
Recueils d'articles
- (1914) HomilĂas
- (1934) Dominicales
La marquise de YolombĂł
La Marqueza de Yolombó (1926), une nouvelle historique, est l'une des nouvelles les plus populaires de Carrasquilla. It describes the reconstruction of a Colombian town at the end of the 18th century, at the height of the movement for independence from Spain. The novel describes the social classes of the time, with the Spaniards and Spaniard Americans at the top, and the low social classes being blacks and mestizos. At the time, Yolombó was a strategic town among the gold mines of Antioquia. Elle décrit la reconstruction d'une ville colombienne à la fin du XVIIIe siècle, à l'apogée du mouvement pour l'indépendance de l'Espagne. Le roman décrit les classes sociales de l'époque, avec les espagnols et les espagnols américains au sommet, et les classes sociales basses : les Noirs et les métis. À l'époque, Yolombó était une ville stratégique situés entre les mines d'or d'Antioquia[2].
SimĂłn Le Magicien
Simón El Mago est une histoire écrite en 1890 dans laquelle Carrasquilla ridiculise la sorcellerie. Il montre également la relation entre Blancs et Noirs en Colombie à la fin du XIXe siècle, et le mélange des croyances parmi les métisses. Dans l'histoire, Toñito, le plus jeune enfant à la maison, est pris en charge par son nana, Frutus, qui a utilisé pour lui parler de l'art de la sorcellerie, quelque chose qui fait une grande impression sur le garçon. Le garçon a décidé d'avoir ses propres aventures en utilisant les leçons informelles de son nana , et a de terribles ennuis que son père arrange avec une punition sévère[3].
D'autres lectures
- (es) Kurt L. Levy (trans. Narváez, Carlos Lopez), Vida y obras de Tomás Carrasquilla [« Life and Work of Tomás Carrasquilla »], MedellĂn, Colombia, Editorial Bedout, (OCLC 2514347)
- (es) Fernando Toro Saldarriaga, Serie periódica sobre la vida y obra de Tomás Carrasquilla, Santo Domingo, Antioquia, Periódico El Dominicano, 1984–1990
- (es) Luis Carlos Barrera Sánchez, Suplementos acerca de la vida y obra de Tomás Carrasquilla, Santo Domingo, Antioquia, Vanguardia Dominicana, 1986–1992
Références
- Cuentos de Tomás Carrasquilla, Cuentos de Tomás Carrasquilla.
- (es) Catalina G. Restrepo, « Cantos e interacciĂłn cultural en la Marqueza de YolombĂł de Tomás Carrasquilla » [« Cantos and cultural interaction in Tomas Carrasquilla's Marquess of YolombĂł »], Estudios de Literatura Colombiana, MedellĂn, Universidad de Antioquia,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Tomás Carrasquilla, Cuentos de Tomás Carrasquilla [« Tales by Tomás Carrasquilla »], MedellĂn, Bedout, , « SimĂłn el Mago »
Liens externes