Accueil🇫🇷Chercher

Tircis et Amarante

Tircis et Amarante est la treizième fable du livre VIII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.

Tircis et Amarante
Image illustrative de l’article Tircis et Amarante
Gravure de Noël Le Mire d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Texte de la fable

J’avais Ésope quitté
Pour ĂŞtre tout Ă  Boccace :
Mais une divinité
Veut revoir sur le Parnasse
Des fables de ma façon ;
Or d’aller lui dire non,
Sans quelque valable excuse,
Ce n’est pas comme on en use
Avec des divinités,
Surtout quand ce sont de celles
Que la qualité de belles
Fait Reines des volontés.
Car afin que l’on le sache
C’est Sillery qui s’attache
Ă€ vouloir que de nouveau
Sire Loup, sire Corbeau
Chez moi se parlent en rime.
Qui dit Sillery dit tout ;
Peu de gens en leur estime
Lui refusent le haut bout[N 1] ;
Comment le pourrait-on faire ?
Pour venir Ă  notre affaire,
Mes contes Ă  son avis
Sont obscurs ; Les beaux esprits
N’entendent pas toute chose :
Faisons donc quelques récits
Qu’elle déchiffre sans glose.
Amenons des Bergers, et puis nous rimerons
Ce que disent entre eux les Loups et les Moutons.
Tircis disait un jour Ă  la jeune Amaranthe :
Ah ! si vous connaissiez comme moi certain mal
Qui nous plaît et qui nous enchante !
Il n’est bien sous le Ciel qui vous parût égal :
Souffrez qu’on vous le communique ;
Croyez-moi ; n’ayez point de peur ;
Voudrais-je vous tromper, vous pour qui je me pique
Des plus doux sentiments que puisse avoir un cœur ?
Amarante aussitôt réplique :
Comment l’appelez-vous, ce mal ? quel est son nom ?
L’amour. Ce mot est beau : dites-moi quelques marques
À quoi je le pourrai connaître[N 2] : que sent-on ?
Des peines près de qui le plaisir des Monarques
Est ennuyeux et fade : on s’oublie, on se plaît
Toute seule en une forĂŞt.
Se mire-t-on prés un rivage ?
Ce n’est pas soi qu’on voit, on ne voit qu’une image
Qui sans cesse revient et qui suit en tous lieux :
Pour tout le reste on est sans yeux.
Il est un Berger de village
Dont l’abord, dont la voix, dont le nom fait rougir :
On soupire Ă  son souvenir :
On ne sait pas pourquoi ; cependant on soupire ;
On a peur de le voir, encor qu’on le désire.
Amarante dit à l’instant :
Oh ! oh ! c’est là ce mal que vous me prêchez tant ?
Il ne m’est pas nouveau : je pense le connaître.
Tircis Ă  son but croyait ĂŞtre,
Quand la belle ajouta : VoilĂ  tout justement
Ce que je sens pour Clidamant.
L’autre pensa mourir de dépit et de honte.
Il est force gens comme lui
Qui prétendent n’agir que pour leur propre compte,
Et qui font le marché d’autrui.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Tircis et Amarante, texte Ă©tabli par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la PlĂ©iade Â», 1991, p. 313

Notes

  1. Le haut bout de la table est l'endroit le plus honorable (Richelet)
  2. reconnaître

Liens externes


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.