ThoutmĂ´sis IV
Thoutmôsis IV ou Djéhoutymès IV, fils d'Amenhotep II et de la reine Tiâa, est le huitième pharaon de la XVIIIe dynastie. Manéthon l’appelle Thutmosis[1] et lui attribue un règne de neuf ans et huit mois, ce que semblent confirmer les documents retrouvés, dont la date n'excède pas l'an 9.
ThoutmĂ´sis IV | |
Le pharaon ThoutmĂ´sis IV | |
Décès | vers -1390 |
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PĂ©riode | Nouvel Empire |
Dynastie | XVIIIe dynastie |
Fonction | Pharaon |
Prédécesseur | Amenhotep II |
Dates de fonction | -1419 à -1386 (selon E. F. Wente) -1419 à -1410 (selon D. B. Redford) -1413 à -1403 (selon R. A. Parker) -1413 à -1405 (selon A. H. Gardiner) -1412 à -1402 (selon E. Hornung) -1401 à -1391 (selon J. Málek) -1401/-1400 à -1390 (selon D. Arnold, I. Shaw, N. Grimal, R. Krauss, W. J. Murnane) -1398 à -1388 (selon A. D. Dodson) -1397 à -1388/-1387 (selon J. von Beckerath, Vandersleyen) -1396 à -1386 (selon K. A. Kitchen) -1394 à -1384 (selon C. Aldred) -1388 à -1379 (selon H. W. Helck) |
Successeur | Amenhotep III |
Famille | |
Grand-père paternel | Thoutmôsis III |
Grand-mère paternelle | Mérytrê-Hatchepsout |
Père | Amenhotep II |
Mère | Tiâa |
Conjoint | NĂ©fertari |
Deuxième conjoint | Iaret |
Enfants avec le 2e conjoint | ♂ Saatoum (peut-être fils de Moutemouia) |
Troisième conjoint | Moutemouia |
Enfants avec le 3e conjoint | ♂ Amenemhat ♂ Amenhotep III ♂ Âakhéperourê ♂ Ahmès ♀ Maïherpéra ♀ Tiâa |
Enfants avec le 4e conjoint | ♀ Phyihia ♀ Tentamon ♂ Aménémopet |
Cinquième conjoint | Tenettepihou |
Fratrie | ♀ Iaret |
SĂ©pulture | |
Nom | Tombe KV43 |
Type | Hypogée |
Emplacement | Vallée des Rois |
Date de découverte | 1903 |
DĂ©couvreur | Howard Carter |
Fouilles | 1903-1904 |
Objets | Sarcophage externe en grès cristallin rouge Fragments d'un coffre à canopes Plus d'une trentaine d'ouchebtis, certains contenus dans de petits sarcophages momiformes Statues et statuettes, divines ou royales, en bois recouvertes de bitume, autrefois dorées Vases en pierre Vaisselle liturgique en céramique Vases en verre Dossier et accoudoirs d'un trône en bois, autrefois dorés Caisson en bois d'un char de guerre, autrefois doré Amulettes prophylactiques Jarres de stockage Offrandes alimentaires (céréales, viandes et volailles momifiées...) |
On situe son règne aux alentours de -1401/-1400 à -1390 (Málek, Arnold, Shaw, Grimal, Krauss, Murnane)[2].
Généalogie
Il épouse Néfertary et Iaret[3], toutes les deux grandes épouses royales. Des six fils qu’on lui connaît, l’aîné lui succède sous le nom d'Amenhotep III[4].
La mère de l’héritier, Moutemouia, n’est mentionnée dans aucun document du règne. D’après C. Lalouette[5], elle serait une princesse mittanienne, fille d’Artatama Ier, laquelle aurait adopté le nom de Moutemouia, « Mout est dans la barque solaire », à son arrivée en Égypte. Amenhotep III sort sa mère de l’anonymat en la faisant représenter notamment dans le temple de Louxor, sur un relief de la « salle de la naissance », où elle est approchée par le dieu Amon pour concevoir l’enfant royal que Khnoum façonnera sur son tour de potier[6].
Règne
Nous ignorons dans quelles circonstances Thoutmôsis IV prend possession du trône. Il se peut qu’il soit devenu le maître des Deux Terres après avoir écarté l’héritier légitime. Cette hypothèse se fonde sur la stèle dite du Songe que le roi fait élever entre les pattes du sphinx de Gizeh. Il y évoque un prodige qui lui était arrivé alors qu’il était adolescent. Après une chevauchée dans la région de Memphis, il s'était assoupi à l’ombre du dieu. Pendant son sommeil, Rê-Harmakhis, le Sphinx lui-même, lui apparut et lui demanda d'ôter le sable qui l'ensevelissait petit à petit. Certains ont vu dans cette prophétie une tentative de la part du roi de légitimer a posteriori un pouvoir qui ne lui revenait pas de droit[7]. Cependant, la promesse du dieu d’Héliopolis ne signifie pas nécessairement que Thoutmôsis ait usurpé le trône. En effet, dans une tombe de la nécropole thébaine (TT64), son précepteur Héqarneheh affirme avoir instruit « le fils aîné du roi[8] ». Il n’y a probablement pas lieu d’y voir une tromperie, bien que la tombe soit contemporaine du règne. Toujours est-il que, en l’absence d’indices irréfutables, il nous est impossible d’infirmer avec certitude, ni de confirmer, une usurpation du pouvoir[9], tant la documentation concernant Thoutmôsis IV est réduite.
Pendant ses neuf années de règne, Thoutmôsis IV profite de la paix et de la stabilité que ses prédécesseurs avaient assurées à l’Égypte. Il n’est pas exclu toutefois qu'il ait mené campagne en Galilée, mais son mariage avec une fille d’Artatama Ier met fin aux affrontements qui avaient opposé ses prédécesseurs au Mittani. En l’an 8, il entreprend une « campagne de victoires » en Nubie, sans doute une simple expédition punitive dans le « pays de Wȝwȝt[10] ». Comme sous ses prédécesseurs, l’administration des « pays du Sud » était confiée à un « Fils royal de Koush ». Sous son règne c'est un certain Amenhotep qui remplit cette fonction et porte ce titre prestigieux qui ne cessera d'être employé jusqu'à la fin du Nouvel Empire.
Quelques sites, peu nombreux, portent témoignage de son activité architecturale. À Amada, il ajoute une salle hypostyle au temple dédié à Amon-Rê et à Rê-Horakhty, dont Thoutmôsis III avait initié la construction. Il est également présent en Abydos, et il fonde un petit sanctuaire à El Kab, que son fils Amenhotep III achèvera. À Memphis, il fait ériger une porte monumentale ou un pylône. L'édifice est perdu mais un certain nombre de stèles de particuliers nous a conservé le souvenir de ce monument qui devait se trouver, selon l'endroit où elles ont été découvertes, à l'ouest de l'enceinte du temple de Ptah. Les reliefs qui l'ornaient le représentent devant le dieu Ptah dans son naos. Le roi, coiffé de la couronne Hemhem, est figuré dans l'attitude du massacre rituel des ennemis de l'Égypte[11]. On a aussi retrouvé des traces de son activité à Gizeh, notamment au pied du sphinx, ainsi que dans le petit temple que son père avait fait édifier à proximité.
C'est surtout à Thèbes que l'on retrouve son intervention. Dans le temple de Karnak, il termine l'obélisque inachevé de Thoutmôsis III, aujourd’hui place Saint-Jean-de-Latran à Rome, rajoutant des inscriptions aux côtés de celles de son grand-père et le dressant à l'est du temple d'Amon-Rê.
Devant le quatrième pylône du grand temple, il fait ériger une cour à portiques qui autrefois occupait toute la façade occidentale du grand temple de Karnak[12]. De chaque côté elle englobait deux chapelles en albâtre destinées à recevoir les barques sacrées lors des grandes fêtes annuelles de la capitale. La cour et les chapelles seront démantelées quelque temps plus tard par son fils et héritier sur le trône et utilisée comme matériau de remplissage du IIIe pylône. Les archéologues en fouillant ce dernier pour le consolider, ont retrouvé l'essentiel de l'édifice de Thoutmôsis IV et l'ont patiemment reconstitué, tel un gigantesque puzzle. Comme les reliefs qui l'ornaient étaient protégés dans le massif du pylône d'Amenhotep III, ils sont en relativement bon état et ont conservé leur polychromie. Ils sont un très bel exemple de l'art de la XVIIIe dynastie. L'une des deux chapelles est également restaurée et présente des reliefs d'une grande finesse, presque translucides à la lumière du soleil. L'ensemble est visible désormais dans le Musée en plein air de Karnak.
SĂ©pulture
Il fit édifier son temple funéraire au sud-ouest de celui de son père, à l'écart de son hypogée de la vallée des Rois (KV43). Sa momie fut découverte en 1898 dans la tombe d'Amenhotep II (KV35).
Titulature
Notes et références
- dans les versions transmises par Sextus Julius Africanus et Eusèbe de Césarée
- Autres avis de spécialistes : -1419 à -1386 (Wente), -1419 à -1410 (Redford), -1413 à -1403 (Parker), -1413 à -1405 (Gardiner), -1412 à -1402 (Hornung), -1398 à -1388 (Dodson), -1397 à -1388/-1387 (von Beckerath, Vandersleyen), -1396 à -1386 (Kitchen), -1394 à -1384 (Aldred), -1388 à -1379 (Helck)
- sa sœur ou demi-sœur
- « Egypte », sur Antikforever - Histoire antique (consulté le ).
- cf. Claire Lalouette, Thèbes ou la Naissance d’un Empire, Flammarion, 1995, p. 419.
- La naissance divine d'Hatchepsout figure sur un relief de son temple funéraire à Deir el-Bahari, celle de Ramsès II sur des blocs du Ramesséum réutilisés à Médinet Habou : cf. Barry J. Kemp, Egypt : Anatomy of a Civilization, Routledge, 2004, p. 199.
- cf. Étienne Drioton et Jacques Vandier, L’Égypte – Des origines à la conquête d’Alexandre, Presses Universitaires de France, 1975, p. 341. Voir aussi Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne, Fayard, 1988, p. 264.
- cf. Betsy. M. Bryan, The 18th Dynasty before the Amarna Period dans : Ian Shaw, The Oxford History of Ancient Egypt, Oxford University Press, 2003, p. 247.
- ibid., p. 248.
- la Basse Nubie
- W. M. F. Petrie, Memphis, tablets of Tahutmes IV, pl. VIII.
- Accessible en ligne dans le projet Karnak :
- le nom générique donné aux ennemis de l'Égypte
Bibliographie
- William Matthew Flinders Petrie, Memphis I, British School of Archaeology in Egypt and Egyptian Research Account, Fourteenth Year, ;