The Line (Arabie saoudite)
The Line (arabe : ذا لاين) est un projet de ville intelligente saoudienne futuriste situé à Neom dans la province de Tabuk conçu de telle sorte qu'il n'y ait ni voitures ni rues, et que la ville n'émette pas de carbone.
Type |
Ville nouvelle, cité linéaire, en projet (d), ville intelligente |
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Partie de | |
Fondation | |
Longueur |
170 000 m |
Largeur |
200 m |
Site web |
Localisation | |
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Baigné par |
Coordonnées |
28° 09′ 11″ N, 34° 39′ 20″ E |
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En octobre 2022, les travaux d'excavation ont commencé sur toute la longueur du projet.
Historique
En janvier 2021, les autorités saoudiennes présentent le projet « The Line »[1] - [2], dans le cadre du plan vision 2030[3]. Ce projet fait partie de l'objectif de l'Arabie saoudite d'assurer son avenir économique après pétrole[4]. Ce projet est porté par Mohammed ben Salmane, qui préside le conseil d'administration de la société NEOM[5].
En octobre 2022, des images de drones confirment que les travaux d'aménagement du site ont débuté[6].
Caractéristiques
Ce projet serait situé à Neom, dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, face à la péninsule du Sinaï[7].
The Line[8] est un projet saoudien de ville, présentée comme écologique, qui a annoncé atteindre zéro émission de CO2[9], sur une surface de 34 km2[10] sur 170 km de long[11]. Il est prévu que la ville compte neuf millions de résidents, ce qui donne une densité de population de 260 000 personnes par kilomètre carré[12], ce qui en ferait la ville la plus densément peuplée de la planète devant Dacca au Bangladesh (43.797 hab / km²)
Cette ville du futur prend place en Arabie saoudite, dans le cadre du projet NEOM. Ce terme est formé du préfixe “NEO“ (« nouveau » en grec ancien) suivi de « M », pour « Mostaqbal », (« futur » en arabe) ou bien « Mohammed ». NEOM regroupe trois projets : the Line la ville futuriste en trois dimensions, Trojena, un site culturel montagnard, Sindalah, une île de luxe dans la mer Rouge, et Oxagon, une ville et centre d’innovation. Ces projets étant tous ultra-modernes, en construction et ayant un prix total de 500 milliards de dollars pour l'Arabie saoudite[13].
Le plan de The Line consiste en deux édifices miroirs, encadrant un espace extérieur pour une largeur de 200m et une hauteur de 500m[14]. Une telle hauteur en ferait le troisième bâtiment le plus haut d'Arabie Saoudite, derrière l'Abraj Al Bait Towers et la Tour de Djeddah qui est encore en construction en 2022, et se placerait alors à la douzième place dans le classement des tours les plus hautes du monde.
La ville serait également entièrement alimentée par des énergies renouvelables[15]. The Line serait composée de trois couches, dont une en surface pour les piétons, une sous terre pour les infrastructures et une autre encore souterraine pour les transports[16]. La couche de transport comprendrait un système ferroviaire à grande vitesse, qui devrait permettre aux gens de se rendre d'un bout à l'autre de la ville en 20 minutes une fois terminé, atteignant une vitesse de 512 km/h, ce qui est plus rapide que tous les trains à grande vitesse existants au moment de l'annonce[17]. Presque irréalisable en sachant que le record de vitesse d’un TGV, tenu quelques minutes, est de 574 kilomètres par heure[18] et que la vitesse moyenne d’un TGV est entre 300 et 320 kilomètres par heure[19]. L'intelligence artificielle surveillera la ville et utilisera des modèles prédictifs et de données pour trouver des moyens d'améliorer la vie quotidienne des citoyens de The Line[16].
Le coût de construction est estimé entre 100 et 200 milliards de dollars US[20], avec certaines estimations allant jusqu'à 1 000 milliards de dollars[12] - ce qui est largement supérieur au PIB total du pays.
Pour obtenir de l’eau dans cette région désertique, l’Arabie Saoudite a prévu de désaliniser l’eau de la mer, mais aussi d’injecter les cristaux de sel (chlorure de sodium) dans les nuages, afin d’augmenter leur condensation et de favoriser leur liquéfaction. Pourtant, ce produit toxique a été reconnu dangereux et non soluble dans l’eau par plusieurs articles médicaux, et il est démontré que l’homme l’absorbe par voie respiratoire et cutanée, provoquant des irritations, des lésions rénales et pulmonaires, voire dans des cas plus sévères, des hémorragies, gastro-entérites et une augmentation du rythme cardiaque. Cependant, certains spécialistes, comme François Bouttier affirment : « Pour que l’iodure d’argent en arrive à avoir un impact sur l’homme, sa concentration doit être bien plus importante que celle utilisée pour l’ensemencement des nuages. Les études montrent que le produit se dilue largement dans l’atmosphère ». Mais il prévient aussi : « L’ion argent affecte plus sérieusement les plantes et animaux aquatiques, pour lesquels il demeure très toxique. »[21].
Inspiration
Derrière ses aspects futuristes, The Line est en grande partie un mélange de fantasmes architecturaux de l'ère industrielle[22] :
- En 1882, l’urbaniste espagnol Arturo Soria imagine déjà une cité linéaire, basée sur l'utilisation alors novatrice du tramway. Il appliqua une partie de son idée à un quartier de Madrid mais n'alla jamais plus loin, faute de soutien.
- Une autre source d'inspiration importante est la « Ville du quart d'heure » imaginée par Le Corbusier et partiellement mise en application à la Cité radieuse de Marseille en 1952.
- Dans les années 1950, le français Yona Friedman propose le concept de « ville spatiale » intégrée, modulable et verticale, pour résoudre le problème de l’étalement urbain, mais celui-ci est resté à l'état de curiosité intellectuelle.
- Dans les années 1960, le groupe d’avant-garde italien Superstudio présentait un projet artistique radical : le monument continu, « un modèle architectural pour une urbanisation totale », censé recouvrir toute la Terre, mais là aussi sans aucune solution de faisabilité ni d'utilité réelle.
Critiques et polémiques
Crédibilité du projet
Selon l'architecte et urbaniste Etienne Bou-Abdo, « les images 3D présentées ne sont pas des 3D d’architectes au style classique », et les concepteurs du projet « ont plutôt fait appel à des designers de jeux vidéo ». De manière plus préoccupante, parmi les différentes idées présentées comme étant au fondement du projet il y aurait selon lui « une grande partie des technologies qu’on ne possède pas aujourd’hui »[22].
De nombreuses autres annonces-phares du projet, notamment sur le plan de l'Ă©nergie ou des transports, reposent sur des technologies qui n'existent mĂŞme pas Ă l'Ă©tat de prototype[17].
Retards
Avant même son lancement concret, le projet subit déjà de nombreux retards, du fait notamment de départ de collaborateurs[23].
Impact environnemental
En 2022, Philip Oldfield, enseignant-chercheur à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud, critique le fait que le projet aurait une empreinte carbone d'environ 1,8 gigatonne d'équivalent CO2 dans le verre, l'acier et le béton, car « vous ne pouvez pas construire un bâtiment de 500 mètres de haut avec des matériaux à faible teneur en carbone ». Selon Oldfield, l'étalement sur 170 kilomètres créerait une barrière à grande échelle pour les écosystèmes adjacents et les espèces migratrices, similaire à celle créée par les autoroutes, et que la façade extérieure en miroir serait dangereuse pour les oiseaux en particulier ; une des grandes routes migratoires passant par la Mer Rouge[24].
Aspect social
The Line est annoncée pour pouvoir héberger, à terme, neuf millions d'habitants, soit près d'un tiers de la population du pays, dans une zone actuellement presque totalement inhabitée. La cité se veut luxueuse, et devra donc accueillir une énorme quantité de travailleurs pour la faire fonctionner : les architectes Etienne Bou-Abdo et Eliyahu Keller posent ainsi la question de la répartition sociale de ces différentes populations et craignent un scénario dystopique à la Blade Runner (également visible dans Altered Carbon, Le Cinquième élément, Judge Dredd ou encore L'Incal) dans lequel des élites vivent dans des jardins édéniques aux derniers étages tandis qu'un prolétariat misérable vit dans une nuit éternelle et polluée entre ces murs interminables[22].
Greenwashing
Ce projet présenté comme écologique nécessite des ressources gigantesques, dont aucune n'est présente sur place. Pour France Info, ce projet « mégalomane » et « bien peu réaliste » « coche toutes les cases du green-washing à la mode chez les pollueurs »[25]. Les journalistes soulignent que si l'Arabie saoudite fait partie des pays les plus pollueurs, elle a aussi refusé, par la voix de Mohammed ben Salmane, de se soumettre aux Accord de Paris sur le climat[26].
Droits de l'Homme
En octobre 2022, Shadli, Ibrahim et Ataullah al-Huwaiti, de la tribu des Howeitat, ont été condamnés à mort à la suite de leur refus de quitter leur village dans le cadre du méga-projet NEOM[27]. Shadli al-Huwaiti est le frère d'Abdul Rahim al-Huwaiti, abattu par les forces de sécurité en avril 2020 dans sa maison d'Al-Khariba, dans la partie de la province de Tabuk affectée au projet NEOM, après qu'il a publié des vidéos sur les médias sociaux s'opposant au déplacement des résidents locaux pour faire place au projet[28].
Articles connexes
Notes et références
- « La ville réinventée : les projets démesurés des bâtisseurs du futur », sur L'express,
- « Les entreprises ne peuvent rester à l’écart de “la ville sans voitures” », sur Le monde,
- « Avec son «Davos du désert», l’Arabie Saoudite veut reconquérir les investisseurs », sur RFI,
- « L’Arabie saoudite veut imposer sa vision pour la transition énergétique », sur L'Orient le jour,
- Louis Marcel, « The Line : quel avenir pour la ville du futur ? », sur Planete Grandes Ecoles, (consulté le )
- « The Line, la ville ultra-futuriste d’Arabie Saoudite, est en construction », sur parismatch.com,
- « Arabie saoudite : le prince héritier a subi une opération chirurgicale «réussie» », sur Le figaro,
- « SOFT POWER, CONCURRENCE DU QATAR... CE QUE CACHE LE RACHAT DE NEWCASTLE PAR L’ARABIE SAOUDITE », sur BFM TV,
- « L'Arabie saoudite lance "The Line", une ville sans voiture », sur RTBF,
- « La ville futuriste portée par l’Arabie saoudite: stratégie d’image ou virage plus concret? », sur Le soir,
- « Comment les pays du Moyen-Orient et du Maghreb veulent révolutionner les transports », sur ZDNet,
- (en) « Saudi Arabia plans 100-mile-long mirrored skyscraper megacity », the Guardian,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- « THE LINE: une révolution en matière d'urbanisation », sur neom.com (consulté le )
- (en) « Saudi Arabia plans 100-mile-long mirrored skyscraper megacity », sur the Guardian, (consulté le )
- (en) « What is The Line? All you need to know about Saudi Arabia's plan for a futuristic zero-carbon city » [archive du ], sur Free Press Journal (consulté le )
- (en) Nick Summers, « Saudi Arabia is planning a 100-mile line of car-free smart communities » [archive du ], sur Engadget, (consulté le )
- (en-US) « The Line – Saudi Arabia's Controversial 170-Km-Long Linear City of the Future », sur www.odditycentral.com, (consulté le )
- « #CONFÉRENCE | 574,8 km/h : Les coulisses du record du TGV en 2007 », sur citedutrain.com (consulté le )
- « TGV : 40 ans de grande vitesse en chiffres », sur TF1 INFO, (consulté le )
- (en) Aziz El Yaakoubi, Marwa Rashad, « Saudi Crown Prince launches zero-carbon city in NEOM business zone », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Pluies artificielles : remède miracle ou jeu d’apprenti sorcier ? | L'Humanité », sur humanite.fr, (consulté le )
- Yann Lagarde, « The Line : ville du futur ou dystopie ? », sur France Culture, .
- « Pourquoi Neom, la futuriste cité-Etat saoudienne, prend du retard », sur L'opinion,
- (en) « Sustainability and liveability claims of Saudi 170km city are "naive" say experts », Dezeen,‎ (lire en ligne)
- « "The Line", rêve de mégapole mégalomane du prince saoudien MBS », sur France info,
- « Arabie saoudite : une conversion écologique pour l'image », sur France info,
- Mohammed Rasool, « Saudi Arabia Sentences 3 Men to Death For Refusing to Vacate NEOM Development Site »,
- Ali Younes, « Saudi forces kill man who refused to give up property: Activists »,
Liens externes
- Yann Lagarde, « The Line : ville du futur ou dystopie ? », sur France Culture, .