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Thargélies

Les ThargĂ©lies, en grec Î˜Î±ÏÎłÎźÎ»Îčα, sont, dans la GrĂšce antique, une fĂȘte en l'honneur d'Apollon et d'ArtĂ©mis cĂ©lĂ©brĂ©e les 6e et 7e jours du mois ThargĂ©lion, Ă  AthĂšnes et dans les citĂ©s ioniennes.

DĂ©roulement

C'était une cérémonie de purification et d'expiation qui se déroulait en deux temps :

  • le 6 ThargĂ©lion, considĂ©rĂ© comme le jour de la naissance d'ArtĂ©mis, avaient lieu une cĂ©rĂ©monie purificatoire (un katharmos) et un sacrifice Ă  DĂ©mĂ©ter-ChloĂ©.
Le katharmos consistait en ceci que deux personnages, les pharmakoi (deux hommes ou un homme et une femme selon les sources) étaient conduits à travers la ville et la foule les frappait avec des rameaux de figuier et des tiges d'oignons. Ils étaient ensuite expulsés de la ville, chargés en quelque sorte des impuretés de la cité, en qualité d'émissaires (katharsia). L'un, représentant les hommes, portait un collier de figues noires ; l'autre, représentant les femmes, un collier de figues blanches.
Le sacrifice Ă  DĂ©mĂ©ter ChloĂ© concernait un bĂ©lier, et peut-ĂȘtre aussi une brebis. Cette cĂ©rĂ©monie, tout Ă  fait indĂ©pendante de celle du katharmos, se dĂ©roulait Ă  AthĂšnes au sanctuaire de GĂš et DĂ©mĂ©ter ChloĂ©, sur le versant sud de l'Acropole, en contrebas des PropylĂ©es. L'inscription de la tĂ©trapole attique mentionne aussi le sacrifice d'un porc aux Moires.
  • le 7, considĂ©rĂ© comme le jour de la naissance d'Apollon, et dĂ©signĂ© plus particuliĂšrement sous le nom de Thargelia, avaient lieu une procession et un agĂŽn.
Dans la procession, on portait les prĂ©mices de ceux des fruits de la terre arrivĂ©s Ă  maturitĂ©, le mot de thargĂȘlia dĂ©signant les prĂ©mices elles-mĂȘmes, et celui de thargĂȘlos le vase qui les renfermait. Il est vraisemblable qu'elle se dĂ©roulait Ă  AthĂšnes dans les parages du Pythion, sur la rive droite de l'Ilissos.
L’agĂŽn Ă©tait rĂ©glĂ© par le premier archonte. Il comportait des chƓurs cycliques d'hommes et d'enfants, Ă©quipĂ©s et dirigĂ©s Ă  grands frais par les chorĂšges. Deux tribus se rĂ©unissaient pour Ă©quiper un chƓur ; c'est-Ă -dire qu'il y avait cinq chƓurs pour les dix tribus attiques ; dans chaque groupe il semble que ce fut alternativement Ă  l'une et Ă  l'autre Ă  nommer le chorĂšge, que les groupes de tribus fussent tirĂ©s au sort pour deux ans ou pour un temps plus long. À AthĂšnes, l’agĂŽn avait lieu sans doute prĂšs du temple d'Apollon pythien : en fait on a trouvĂ© dans cette rĂ©gion plusieurs inscriptions agonistiques qui doivent se rapporter aux ThargĂ©lies. Les chorĂšges vainqueurs aux ThargĂ©lies Ă©levaient leurs trĂ©pieds prĂšs du Pythion.

Les ThargĂ©lies Ă©taient une des fĂȘtes importantes du calendrier attique. Pendant leur durĂ©e, les dĂ©biteurs insolvables ne pouvaient ĂȘtre poursuivis, on procĂ©dait Ă  l'introduction des enfants adoptifs dans la phratrie du pĂšre, et l'on faisait les proclamations de dĂ©crets honorifiques.

On trouve la fĂȘte Ă©galement Ă  ÉphĂšse, Ă  Milet et aussi dans une ville du Pont-Euxin, peut-ĂȘtre Apollonia.

Signification

Le sens général des Thargélies se dégage de la combinaison de ces éléments trÚs divers :

Pour AthĂšnes, la fĂȘte des Thargelia proprement dite est la fĂȘte du 7 : procession et agĂŽn. C'est une cĂ©rĂ©monie d'offrande des fruits de la terre, dans leur premiĂšre maturitĂ©, Ă  Apollon, dieu national des Ioniens, adorĂ© aussi sous la forme d'Apollon-HĂ©lios. Le sacrifice du 6 Ă  DĂ©mĂ©ter ChloĂ©, protectrice de la vĂ©gĂ©tation, est de mĂȘme nature et de mĂȘme signification. D'un caractĂšre tout diffĂ©rent est la cĂ©rĂ©monie du katharmos. Et lĂ  mĂȘme on distingue comme deux couches, deux Ă©tages de rites. Le sens le plus net de la cĂ©rĂ©monie est en effet celui-ci, qu'on charge les pharmakoi de tous les malĂ©fices qui pĂšsent sur la citĂ© et les champs. Mais des pratiques comme celle qui consiste Ă  frapper les pharmakoi avec des branches de figuier et d'autres fruits de la terre semblent bien ressortir Ă  un ordre de croyances tout diffĂ©rent, oĂč les pharmakoi ne sont plus des boucs Ă©missaires, mais les personnifications de la force vĂ©gĂ©tative, la flagellation servant Ă  en promouvoir la puissance. Et sans doute, dans les cĂ©rĂ©monies du 6 comme du 7 ThargĂ©lion, il s'agit toujours de protĂ©ger et de fortifier la croissance des fruits de la terre ; mais les moyens employĂ©s Ă  ce faire et les croyances qu'ils supposent sont tout dissemblables.

Notons d'autre part que les cĂ©rĂ©monies du katharmos n'ont presque aucun lien spĂ©cial avec Apollon, mais comme Apollon, dans la religion classique, est le dieu qui envoie les Ă©pidĂ©mies, les flĂ©aux collectifs, la mĂȘme cĂ©rĂ©monie magique qui servait Ă  Ă©carter de la terre de tels malĂ©fices, comme Ă  promouvoir la vie vĂ©gĂ©tative, put se ranger au culte de cette divinitĂ©, et, prenant un caractĂšre plus net de rite expiatoire, s'accoler aux fĂȘtes qui sont vraiment le propre d'Apollon.

On aurait ainsi dans les Thargelia de l'Ă©poque historique un exemple assez net, oĂč les joints se laissent voir encore, de l'association des pratiques de la vieille magie prĂ©hellĂ©nique Ă  celles de la religion olympienne (celles-lĂ  reprĂ©sentĂ©es par le katharmos du 6 ThargĂ©lion, celles-ci par les ThargĂ©lies proprement dites, procession et jeux Ă  forme classique).

Source

« ThargĂ©lies », dans Charles Victor Daremberg et Edmond Saglio (dir.), Dictionnaire des AntiquitĂ©s grecques et romaines, 1877-1919 [dĂ©tail de l’édition] (lire en ligne) (« quelques transcriptions d'articles », sur mediterranees.net)

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