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Théorie de la similitude de Monin-Obukhov

La thĂ©orie de la similitude de Monin–Obukhov dĂ©crit l'Ă©coulement et la tempĂ©rature moyenne dans la couche de surface en fonction de la hauteur (sans dimension) lorsque la stabilitĂ© de l'atmosphĂšre est non neutre[1]. Elle est nommĂ©e d'aprĂšs les physiciens russes Andrei Monin et Alexandre Oboukhov. La thĂ©orie de la similitude est une mĂ©thode empirique qui exprime des relations entre des variables sans dimension du fluide Ă  partir de « fonctions universelles » basĂ©es sur le thĂ©orĂšme de Vaschy-Buckingham. La thĂ©orie de la similitude est frĂ©quemment utilisĂ©e en mĂ©tĂ©orologie de la couche limite, dans laquelle il n'est pas toujours possible de rĂ©soudre les Ă©quations construites sur les principes de base[2]. Le profil logarithmique des vitesses dĂ©duit du modĂšle de la longueur de mĂ©lange[3] de Prandtl est un profil vertical idĂ©alisĂ© pour les Ă©coulements dans une atmosphĂšre de stabilitĂ© neutre. Il Ă©nonce que la vitesse moyenne du vent est proportionnelle au logarithme de la hauteur. La thĂ©orie de la similitude de Monin-Obukhov gĂ©nĂ©ralise la thĂ©orie de la longueur de mĂ©lange Ă  une atmosphĂšre qui n'est plus de stabilitĂ© neutre. Elle utilise des fonctions dites universelles qui exprime l'Ă©coulement moyen et la tempĂ©rature en fonction de la hauteur (exprimĂ©s sans dimension). La longueur de Monin-Obukhov Lest une caractĂ©ristique de la turbulence dans la couche de surface ayant la dimension d'une longueur exprimĂ©e pour la premiĂšre fois par Obukhov en 1946[4]. Elle est utilisĂ©e pour le facteur d'Ă©chelle de la hauteur z/L. La thĂ©orie de la similitude a Ă©tĂ© un progrĂšs important dans le domaine de la micro-mĂ©tĂ©orologie en fournissant une base thĂ©orique aux rĂ©sultats expĂ©rimentaux[5].

Longueur de Monin-Obukhov

La longueur de Monin-Obukhov Lest un paramÚtre ayant la dimension d'une longueur pour la couche de surface de la couche limite qui caractérise la contribution relative de l'énergie cinétique turbulente avec la production de flottabilité et de cisaillement. La longueur de Monin-Obukhov a été formulée à partir du critÚre de stabilité de Richardson pour la stabilité dynamique[4]. Il a été démontré que :

oĂč est la constante de von KĂĄrmĂĄn, est la vitesse de friction, Q est le flux de chaleur turbulent, et la capacitĂ© calorifique[4]. La tempĂ©rature potentielle virtuelle est souvent utilisĂ©e au lieu de la tempĂ©rature T pour tenir compte de l'influence de la pression et de l'humiditĂ©. Q peut ĂȘtre Ă©crit comme un flux de tourbillons vertical :

oĂč et sont respectivement les perturbations de la vitesse verticale et de la tempĂ©rature potentielle virtuelle. Donc, la longueur d'Obukhov peut ĂȘtre dĂ©finie comme suit[6] :

La longueur de Monin-Obukhov sert aussi de critÚre pour déterminer la stabilité statique de la couche de surface. Lorsque L < 0, l'atmosphÚre est statiquement instable tandis que lorsque L > 0, l'atmosphÚre est statiquement stable. La valeur de |1/L| indique l'écart par rapport à la stabilité statique neutre. On notera que dans ce cas . Ainsi, lorsque |L| est petit, l'écart par rapport la stabilité neutre sera important (dans un sens ou dans l'autre). Cela veut dire que l'énergie cinétique sera dominante par rapport au cisaillement. La longueur de Monin-Obukhov est utilisée comme un facteur d'échelle pour la hauteur z.

Formulaire pour les relations de similitude

La thĂ©orie de la similitude paramĂ©trise les flux dans la couche de surface comme une fonction de la longueur rĂ©duite ζ = z/L. D'aprĂšs le thĂ©orĂšme de Vaschy-Buckingham de l'analyse dimensionnelle, deux groupes sans dimension peuvent ĂȘtre formĂ©s Ă  partir du jeu de paramĂštres de base ,

, et

À partir de lĂ , une fonction peut ĂȘtre dĂ©terminĂ©e pour dĂ©crire empiriquement les relations entre les 2 quantitĂ©s sans dimension. Cette fonction est appelĂ©e une fonction universelle. De mĂȘme, peut ĂȘtre dĂ©finie par Ă  partir du groupe sans dimension du profil de tempĂ©rature moyenne. Le vent moyen et le prfil de tempĂ©rature satisfont donc les relations suivantes[1] - [5] :

oĂč est la tempĂ©rature dynamique caractĂ©ristique, et sont les fonctions universelles de la quantitĂ© de mouvement et de la chaleur. Les coefficients de diffusibilitĂ© des tourbillons pour les flux de quantitĂ© de mouvement et de chaleur sont dĂ©finis comme suit :

and peut ĂȘtre reliĂ©s au nombre de Prandtl turbulent comme suit :

En pratique, les fonctions universelles doivent ĂȘtre dĂ©terminĂ©es Ă  partir de donnĂ©es expĂ©rimentales lorsque l'on utilise la thĂ©orie de la similitude. Bien que le choix des fonctions universelles n'est pas unique, certaines fonctions explicites ont Ă©tĂ© proposĂ©es et gĂ©nĂ©ralement acceptĂ©es car lissant bien les donnĂ©es expĂ©rimentales.

Fonctions universelles de la théorie de la similitude

Fonctions universelles pour la théorie de la similitude de Monin-Obukhov

Plusieurs fonctions ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour reprĂ©senter les fonctions universelles de la thĂ©orie de la similitude. Puisque la longueur d'Obukhov est dĂ©terminĂ©e lorsque , la condition suivante doit ĂȘtre satisfaite par la fonction universelle choisie[1] :

Une approximation au premier ordre pour le flux de moment est la suivante :

oĂč [5]. Cependant, cette formule n'est utilisable que lorsque . Lorsque , la relation devient :

oĂč Îł est un coefficient qui doit ĂȘtre dĂ©terminĂ© Ă  partir de donnĂ©es expĂ©rimentales. Cette Ă©quation peut ĂȘtre approchĂ©e par lorsque .

Basée sur les résultats de l'expérience de 1968 au Kansas, les fonctions universelles suivantes ont été trouvées pour le vent moyen horizontal et la température potentielle virtuelle[7] :

D'autres méthodes qui déterminent les fonctions universelles utilisant la relation entre et ont été utilisées[8] - [9].

Pour les sous-couches ayant une rugositĂ© importantes, comme les surfaces recouvertes de vĂ©gĂ©tation ou les zones urbaines, les fonctions universelles doivent ĂȘtre modifiĂ©es pour tenir compte des effets de la rugositĂ©[6].

Vérification de la théorie

Une pléthore d'expériences ont été effectuées pour valider la théorie de la similitude. Mesures in situ et simulations par ordinateur ont généralement démontré la validité de la théorie.

Mesures in situ

Un champ de blé typique du Kansas

L'expĂ©rience du Kansas de 1968 Kansas montrĂšrent un bon accord entre les mesures et les prĂ©visions de la thĂ©orie de la similitude pour tout le spectre des paramĂštres de stabilitĂ©[7]. Un champ de blĂ© plat dans le Kansas servait de site expĂ©rimental. Le vent avait Ă©tĂ© mesurĂ© Ă  l'aide d'anĂ©momĂštres placĂ©s Ă  diffĂ©rentes hauteurs le long d'une tour de 32 m de hauteur. Le profil de tempĂ©ratures avait Ă©tĂ© mesurĂ© de la mĂȘme maniĂšre. Les rĂ©sultats expĂ©rimentaux montrĂšrent que le rapport entre la diffusibilitĂ© des tourbillons de chaleur et de quantitĂ© de mouvement Ă©taient de l'ordre de 1.35 en conditions de stabilitĂ© neutre. Une expĂ©rience similaire fut effectuĂ©e au nord du Minnesota en 1973. Utilisa Ă  la fois des mesures au sol et par radiosonde de la couche de surface et validĂšrent plus avant les prĂ©visions de la thĂ©orie de la similitude[10].

Simulations de tourbillons Ă  grande Ă©chelle

En addition aux expĂ©riences in situ, l'analyse de la thĂ©orie de la similitude peut ĂȘtre effectuĂ©e en utilisant des simulations informatiques de tourbillons Ă  grande Ă©chelle Ă  haute rĂ©solution. Ces simulations montrent que le champ des tempĂ©ratures est en bon accord avec la thĂ©orie de la similitude. Cependant le champ des vitesses diverge significativement par rapport Ă  la thĂ©orie de la similitude[11].

Limitations

La thĂ©orie de la similitude bien que vĂ©rifiĂ©e expĂ©rimentalement pour la couche de surface, est essentiellement une formulation empirique basĂ©e sur la clĂŽture au premier ordre de la turbulence. Les erreurs associĂ©es aux fonctions universelles sont typiquement de l'ordre de 10%~20%. Lorsque l'on applique ces formules pour des surfaces recouvertes de vĂ©gĂ©tation ou des terrains complexes, les diffĂ©rences peuvent ĂȘtre importantes. Comme les fonctions universelles sont en gĂ©nĂ©ral dĂ©terminĂ©es lorsque le temps est sec, la validitĂ© de la thĂ©orie de la similitude n'a pas Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e suffisamment lorsque le temps est humide.

Un paramÚtre de base de la théorie de la similitude est la production de flottabilité . Il est argumenté qu'avec un tel jeu de paramÚtres, le changement d'échelle est appliqué aux caractéristiques globales de l'écoulement, tandis qu'une relation de similitude spécifique aux tourbillons utilise préférentiellement le taux de dissipation d'énergie Δ0[12]. Cette approche permet d'expliquer les anomalies de la théorie de la similitude de Monin-Obukhov mais devient non locale en ce qui concerne les modÚles et les expériences.

Voir aussi

Notes

Références

  1. (en) A. S. Monin et Obukhov, A. M., « Basic laws of turbulent mixing in the surface layer of the atmosphere », Tr. Akad. Nauk. SSSR Geophiz. Inst., vol. 24, no 151,‎ , p. 163–187
  2. (en) Roland B. Stull, An Introduction to boundary layer meteorology, Kluwer Academic Publishers, , 670 p. (ISBN 978-90-277-2768-8, lire en ligne), p. 347
  3. (de) Ludwig Prandtl, « Bericht ĂŒber Untersuchungen zur ausgebildeten Turbulenz », Zeitschrift fĂŒr angewandte Mathematik und Mechanik, vol. 5, no 2,‎ , p. 136–139 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le )
  4. (en) A. M. Obukhov, « Turbulence in an atmosphere with a non-uniform temperature », Boundary-Layer Meteorology, vol. 2,‎ , p. 7–29 (DOI 10.1007/BF00718085, Bibcode 1971BoLMe...2....7O)
  5. (en) T. Foken, « 50 Years of the Monin-Obukhov similarity theory », Boundary-Layer Meteorology, vol. 2,‎ , p. 7–29
  6. (en) Thomas Foken, Micrometeorology, Berlin, Springer-Verlag, , 306 p. (ISBN 978-3-540-74665-2), p. 42–49
  7. (en) J. A. Businger, J. C. Wyngaard, Y. Izumi et E. F. Bradley, « Flux-profile relationships in the atmospheric surface layer », Journal of The Atmospheric Sciences, vol. 28,‎ , p. 181–189 (DOI 10.1175/1520-0469(1971)028<0181:FPRITA>2.0.CO;2, Bibcode 1971JAtS...28..181B)
  8. (en) S. P. Arya, Introduction to Micrometeorology, San Diego, Academic Press,
  9. (en) U. Högström, « Non-dimensional wind and temperature profiles in the atmospheric surface layer: A re-evaluation », Boundary-Layer Meteorology, vol. 42,‎ , p. 55–78 (DOI 10.1007/BF00119875, Bibcode 1988BoLMe..42...55H)
  10. (en) J. C. Kaimal, J. C. Wyngaard, D. A. Haugen, O. R. CotĂ©, Y. Izumi, S. J. Caughey et C. J. Readings, « Turbulence Structure in the Convective Boundary Layer », Journal of The Atmospheric Sciences, vol. 33,‎ , p. 2152–2169 (DOI 10.1175/1520-0469(1976)033<2152:TSITCB>2.0.CO;2, Bibcode 1976JAtS...33.2152K)
  11. (en) Samir Khanna et James G. Brasseur, « Analysis of Monin–Obukhov similarity from large-eddy simulation », J. Fluid Mech., vol. 345,‎ , p. 251–286 (Bibcode 1997JFM...345..251K)
  12. (en) Keith McNaughton, « The rise and fall of Monin-Obukhov theory », AsiaFlux Newsletter, no 30,‎ , p. 1–4 (lire en ligne)
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