Accueil🇫🇷Chercher

Théodore Licquet

François-ThĂ©odore Licquet, nĂ© le Ă  Caudebec-en-Caux et mort le Ă  Rouen, est un conservateur et historien local français.

Biographie

Licquet fit ses premières Ă©tudes, comme boursier, au collège Louis-le-Grand, Ă  Paris, et les termina au prytanĂ©e de Saint-Cyr. Il ne tarda pas Ă  abandonner la carrière du commerce Ă  Rouen dans laquelle sa famille l’avait poussĂ© Ă  l’issue de ses Ă©tudes. il remplit quelque temps les fonctions de secrĂ©taire-adjoint de la mairie de Rouen, qui furent pour lui une transition Ă  des occupations plus conformes encore Ă  ses goĂ»ts, plus en harmonie avec les travaux et les pensĂ©es de sa jeunesse. 

Il dĂ©buta dans la carrière dramatique en faisant reprĂ©senter sur le théâtre de Rouen ThĂ©mistocle, Philippe II, Rutilius, la Mort de Brutus, tragĂ©dies qui furent entendues avec intĂ©rĂŞt et reprĂ©sentĂ©es Ă  plusieurs reprises. Le public applaudit ses efforts, mais Licquet n’était pas Corneille, les acteurs de Rouen n’étaient pas des Talma : Licquet sentit que son talent ne le portait pas Ă  l’œuvre dramatique et s’en tint Ă  cet essai. En 1819, il obtint, en remplacement de dom Gourdin, que son grand âge et ses infirmitĂ©s avaient forcĂ© de s’en Ă©loigner, la place de bibliothĂ©caire de la ville de Rouen.

C’est en Ă©tudiant, pour les mettre en ordre et en dresser le catalogue les nombreuses richesses littĂ©raires en tout genre, que la RĂ©volution avait enlevĂ© aux bibliothèques des Ă©tablissements religieux de la Haute-Normandie pour enrichir celle de Rouen[1], que son successeur Ă  la bibliothèque de Rouen, AndrĂ© Pottier, s’est senti entraĂ®nĂ© vers les Ă©tudes historiques. Lorsque la SociĂ©tĂ© d’Émulation de Rouen mit au concours la question suivante : « Tracer l’histoire politique, religieuse et littĂ©raire de Rouen, depuis les temps les plus anciens jusqu’à Rollon », il traita la question et fut couronnĂ©. Son MĂ©moire fut suivi de deux dissertations, l’une, sur le traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte, au sujet du mariage de Rollon avec Gisèle, fille de Charles le Simple ; l’autre, sur Alain Blanchard, qui figura dans le siège de Rouen de 1419 par Henri V. Dans ces deux Ă©crits Ă©rudits, Licquet rĂ©fute des opinions accrĂ©ditĂ©es et reçues jusqu’alors comme vĂ©ritĂ©s historiques ; ils lui attirèrent quelques critiques amères, mais il s’était dit que l’écrivain, qui s’est vouĂ© Ă  l’histoire, ne doit rien cacher, et doit savoir attaquer de front l’erreur et les prĂ©jugĂ©s, coĂ»te que coĂ»te.

Père de famille et peu riche, Licquet avait Ă©tĂ© forcĂ© d’entremĂŞler ses Ă©tudes historiques de travaux littĂ©raires plus fructueux, dont il s’acquitta comme s’il se fĂ»t agi de travaux de crĂ©ation et de son choix et qu’il appelait plaisamment son labeur. Il a ainsi compilĂ© ou arrangĂ© deux volumes de MĂ©moires relatifs Ă  la famille royale de France, qu’il traduisit (car les langues anglaise et italienne lui Ă©taient aussi familières que la latine, la grecque et la sienne) une partie du Voyage bibliographique, archĂ©ologique et pittoresque en France, de Dibdin ; l’Histoire d’Italie, en cinq volumes, de Botta, et plusieurs tomes de l’Histoire de NapolĂ©on, par Walter Scott, etc. 

On lui doit Ă©galement l’ouvrage intitulĂ© Rouen, prĂ©cis de son histoire, son commerce, son industrie, ses monuments, ouvrage certes destinĂ© aux voyageurs, mais fort au-dessus de tous ces itinĂ©raires, la plupart du temps dĂ©nuĂ©s de critique et de faits, et auxquels il servit par la suite de modèle. BientĂ´t il dut renoncer Ă  tous ces Ă©crits placĂ©s hors du cercle de ses Ă©tudes de prĂ©dilection, pour se livrer exclusivement Ă  ses grands travaux historiques. Ce fut alors qu’il s’occupa, avec une ardeur infatigable, Ă  amasser et Ă  mettre en Ĺ“uvre les matĂ©riaux de l’ouvrage sur lequel il fondait toutes ses espĂ©rances de renommĂ©e littĂ©raire. L’histoire de Normandie restant Ă  faire, Licquet entreprit d’en doter son pays. Son travail, suivant le plan qu’il s’était tracĂ©, devait ĂŞtre divisĂ© en deux grandes sections. La première comprenait l’histoire de cette province depuis les temps anciens jusqu’à la conquĂŞte de l’Angleterre par Guillaume ; la seconde se serait Ă©tendue de la conquĂŞte de l’Angleterre jusqu’à l’expulsion de Jean sans Terre, et devait complĂ©ter ainsi les annales de la Normandie sous ses ducs. Cette seconde partie, dans la pensĂ©e de l’auteur, ne devait suivre la publication de la première qu’après quelques annĂ©es d’intervalle. La première partie de l’ouvrage est la seule que Licquet ait achevĂ©e, et qu’il n’a pu mĂŞme livrer au public. Elle devait ĂŞtre prĂ©cĂ©dĂ©e d’une introduction, dans laquelle il se proposait, comme première base d’une histoire de Normandie, de tracer, d’après les sources originales, le tableau complet des mĹ“urs,  des usages, de la mythologie, de la littĂ©rature des hommes du Nord, dont l’influence et la trace n’avaient pas encore Ă©tĂ©, pour ainsi dire,  aperçues et signalĂ©es, avant lui, dans les annales. DĂ©jĂ  il en disposait les matĂ©riaux pour la publication de son ouvrage, lorsque sa santĂ©,  depuis longtemps affaiblie par un travail long et opiniâtre, ressentit une nouvelle atteinte qui devait le conduire au tombeau. Une extinction de voix, prĂ©curseur d’une affection plus redoutable, se dĂ©clara. Le mal progressa rapidement et une annĂ©e ne s’était pas Ă©coulĂ©e qu’il succombait, âgĂ© d’à peine quarante-cinq ans, au moment oĂą il mettait la dernière main Ă  son Ĺ“uvre. Il confia, Ă  son lit de mort, Ă  Achille Deville le soin de publier le fruit de ces longs travaux qui ont abrĂ©gĂ© sa vie.

Notes

  1. II en a fait paraĂ®tre le premier volume, consacrĂ© aux Belles-Lettres, en 1830. Le second volume, consacrĂ© aux Sciences et Arts, laissĂ© en manuscrit, a Ă©tĂ© publiĂ© par son successeur Ă  la bibliothèque de Rouen, AndrĂ© Pottier.

Publications

  • ThĂ©mistocle, Rouen, [s.n.], 1812 ;
  • Philippe II, Rouen, [s.n.], 1813 ;
  • Rutilius, Rouen, J. Duval, 1816 ;
  • Dithyrambe sur l'ancienne Rome, Rouen, P. PĂ©riaux, 1822 ;
  • Recherches sur l'histoire religieuse, morale et littĂ©raire de Rouen, depuis les premiers temps jusqu'Ă  Rollon, Rouen, J. Frère, 1826 ;
  • Rouen, prĂ©cis de son histoire, son commerce, son industrie, ses manufactures, ses monuments ; guide nĂ©cessaire pour bien connaĂ®tre cette capitale de la Normandie ; suivi de notices sur Dieppe, Bolbec, Le Havre, Elbeuf et les endroits les plus remarquables du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure, Rouen, Frère, 1827 ;
  • Notice sur Alain Blanchard, rĂ©futation des historiens modernes, Rouen, PĂ©riaux jeune, 1828 ;
  • Catalogue de la bibliothèque de la ville de Rouen, Ă©d. AndrĂ© Pottier, Rouen, N. PĂ©riaux, 1830-1833, 2 vol. in-8° ;
  • Histoire de Normandie, depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu'Ă  la conquĂŞte de l'Angleterre en 1066, Rouen, Édouard Frère, 1835, 2 vol. in-8°.

Sources

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.