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Tethbae

Tethbae ou Tethba, (souvent anglicisĂ© en Teffia)[n 1][1]est une confĂ©dĂ©ration de tĂșatha dans le centre de l'Irlande du Moyen Âge. Elle Ă©tait divisĂ©e en deux royaumes distincts, le nord Tethba, sur lequel rĂ©gnait le CenĂ©l Coirpri, et le sud Tethba, gouvernĂ© par le CenĂ©l Maini. Il recouvrait une partie du comtĂ© de Westmeath et du comtĂ© de Longford, comtĂ©s qui actuellement s'Ă©tendent dans la partie nord-ouest de la province de Leinster. Parfois, l’appellation Tethbae se rĂ©fĂšre au seul sud Tethbae.

Les deux Tethbae

À l'Ă©poque de l'Irlande chrĂ©tienne primitive, Tethba se trouvait dans les terres des UĂ­ NĂ©ill du Sud et les dynasties rĂ©gnantes des deux royaumes Ă©taient considĂ©rĂ©es comme des membres de la famille des UĂ­ NĂ©ill dans les gĂ©nĂ©alogies mĂ©diĂ©vales. Tethba du Nord - « Tethbae ThĂșaiscirt » - Ă©tait centrĂ©e sur Granard, alors que Tethba du Sud - « Tethbae Deiscirt » - s'Ă©tendait autour d'Ardagh dans le comtĂ© de Longford[2]

La division entre deux rĂ©gions du Nord et du Sud est attestĂ©e au VIIe siĂšcle. Il ne s'agit pas seulement d'une division politique et dynastique. Les Ă©glises principales des deux parties Ă©taient Ă  la tĂȘte de deux entitĂ©s religieuses diffĂ©rentes. La principale Ă©glise du Nord Tethbae Ă  Granard Ă©tait associĂ©e Ă  saint Patrick depuis les premiĂšres traces Ă©crites. L'Ă©vĂȘque hagiographe TirechĂĄn (en), lorsqu'il se rĂ©fĂšre aux « deux Tethbae » proclame que Patrick avait Ă©tabli des Ă©vĂȘques tant Ă  Granard qu'Ă  Ardagh. Mais alors que Granard est bien intĂ©grĂ©e dans le rĂ©seau des Ă©glises Patriciennes, Ardagh n'y est pas[3]. La figure religieuse centrale de la tradition de l'Ă©glise d'Ardagh est son fondateur, MĂ©l d'Ardagh (en), qui selon la tradition patricienne est le neveu de Patrick. Ardagh, Ă  l'Ă©poque de TirechĂĄn et dans les premiĂšres sources, fait partie de la confĂ©dĂ©ration des Ă©glises qui considĂšre Brigitte de Kildare comme leur patron et se place principalement sous la dĂ©pendance de l'Ă©glise de Kildare[4].

Cenél Coirpri

Les traditions mĂ©diĂ©vales irlandaises prĂ©sentent les territoires des UĂ­ NĂ©ill comme le rĂ©sultat des conquĂȘtes de Niall Noigiallach et ses fils. Un des fils de Niall, Coirpre, est l'ancĂȘtre Ă©ponyme du CenĂ©l Coirpri. Aux cĂŽtĂ©s de Fiachu, il est rĂ©putĂ© avoir menĂ© les premiers UĂ­ NĂ©ill Ă  la conquĂȘte des Midlands d'Irlande[5].

Le CenĂ©l Coirpri MĂłr, de Nord Tethbae, est l'un des trois royaumes dĂ©nommĂ©s d'aprĂšs Coirpre mac NĂ©ill. Dans le nord-ouest de Tethbae, sur la cĂŽte de la baie de Donegal, se trouvait le royaume de Cairbre Drom Cliabh (en). Au sud-est dans le comtĂ© de Kildare, autour de Carbury, qui doit son nom Ă  Coirpre lui-mĂȘme, se trouvait une troisiĂšme branche du CenĂ©l Coirpi mais qui n'a Ă©tĂ© Ă©tablie que beaucoup plus tard. Cette accumulation de territoires, parallĂšlement avec l'Ă©vidence que les Annales irlandaises ont incorporĂ© une sĂ©rie d'entrĂ©es mettant au crĂ©dit de Coirpre la conquĂȘte des Midlands d'Irlande, suggĂšrent que le royaume de Coirpre s'Ă©tendait sur 100 miles Ă  travers l'Irlande[6].

À part Coirpre lui-mĂȘme et son petit-fils TĂșathal MĂĄelgarb, aucun roi du CenĂ©l Coirpri n'est inclus dans les listes postĂ©rieures d'Ard ri Erenn. Les rois postĂ©rieurs du CenĂ©l Coirpri sont mentionnĂ©s dans les Annales d'Ulster et dans les autres annales irlandaises assez frĂ©quemment, bien que seule leur mort fait l'objet d'une entrĂ©e[7]. Beaucoup de rois sont simplement dĂ©nommĂ©s « Roi de CenĂ©l Coirpri », bien que Conaing (mort en 752) est spĂ©cifiquement dĂ©signĂ© comme « Roi de Coirpri de Tethbae ». Une entrĂ©e de 799 relĂšve la mort de deux rois de Coirpri, Murchad ua Cathail et Dub Innrecht mac Artgaile, dĂ©montre ainsi que le royaume devait ĂȘtre partagĂ©. En plus des mentions des annales, Óengus Bronbachall, petit-fils de TĂșathal, est mentionnĂ© dans la Vita composĂ©e par Adomnan d'Iona « Vie de Saint Columba »[8].

Le CenĂ©l Coirpri a sans doute eu une importance suffisante, du moins Ă  une Ă©poque historique antĂ©rieure, pour attirer l'attention d'Ă©crivains largement hostiles. TirechĂĄn dans sa Vita de Patrick d'Irlande note que Coirpre a Ă©tĂ© maudit par le saint, Ă  la colline de Tara, et qu'aucun de ses descendants ne sera Ard ri[9]. TĂșathal MĂĄelgarb est dĂ©crit de maniĂšre dĂ©favorable par les Ă©crivains postĂ©rieurs traitant de la vie de Diarmait mac Cerbaill, son parent putatif dont les descendants, du Clan CholmĂĄin et du SĂ­l nÁedo SlĂĄine, remplaceront les lignĂ©es de Coirpre et Fiachu comme souverains des Midlands[10].

Au XIe siĂšcle, le territoire du nord Tethbae est largement amputĂ© par l’expansion du royaume de BrĂ©ifne, sur lequel rĂšgnent les Ua Ruairc issus des UĂ­ BriĂșin, une lignĂ©e de Connachta et leurs clients les Conmaicne RĂ©in[11].

Généalogie

Uallgarg m. MĂĄel Ruanaid m. MĂĄel FĂĄbaill m. Ciardai m. MĂĄel Bennachtai m. ÉcneichĂĄin m. DĂșnchada m. Arttgaile m. Donngaile m. Loingsich m. LĂłegaire m. Con Gamna m. MoĂ­naich m. Fiangusa m. Congaile m. MĂĄel DĂșin m. ScandlĂĄin m. Roitich m. Ainmerech m. Cormaicc m. Cairpri m. NĂ©ill NoĂ­giallaig.

Cenél Maini

Alors que Coirpe mac NĂ©ill est un personnage central des annales et apparaĂźt dans l'hagiographie de TirechĂĄn, Maine mac Niall n'est pas mentionnĂ© par TirechĂĄn, pas plus que le souvenir de ses conquĂȘtes. Il est possible et peut-ĂȘtre bien mĂȘme probable, que la descendance de Niall aux Neuf Otages par le biais d'une par ailleurs pauvrement attestĂ©e lignĂ©e est une fiction gĂ©nĂ©alogique destinĂ© Ă  renforcer le contrĂŽle des Ui NĂ©ill sur les Midlands d'Irlande. Le CenĂ©l Maini probablement Ă  l'origine une partie du plus vaste royaume des UĂ­ Maine s'Ă©tendant de la parie est de l'actuel ComtĂ© de Galway par le ComtĂ© de Roscommon, au delĂ  du Shanonn, dans le comtĂ© de Longford[12].

Bien qu'officiellement incorporé dans les Uí Néill, aucun roi du Cenél Maini ne sera jamais reconnu comme Ard ri Erenn. La Vita tripartita Sancti Patricii (en) mentionne toutefois que les rois du Cenél Maini avaient un rÎle privilégié lors des choix et de l'investiture des Ard ri, un peu comme le royaume d'Airgíalla, un autre groupe que l'on estime associé au Connachta, dans lequel les Uí Néill étaient considérés comme le groupe principal uniquement par une fiction généalogique[13].

Le CenĂ©l Maini est toujours reprĂ©sentĂ© parmi la noblesse irlandaise et les « Chefs du nom » sont issus de la famille O'Kearney ou Ó Catharnaigh dont le chef est traditionnellement dĂ©signĂ© sous le nom de « Fox ».

Notes

  1. Selon Dobbs, le nom « Tethba » apparaßt trÚs fréquemment sous des formes déclinées au génitif ou au datif, et il s'écrit de différentes maniÚres, comme le montrent les formes suivantes : Fremainn Tethbai, h-i Tethbai, Granairud Tethba, Luachair Tethbai, Iarthar Tebhtho, La Tethba, Fir Tebtha, Fir tebhtha, i Tebtha, i Teathfa, a Teafa. La forme « Tethba » qui semble la meilleure est utilisée dans cet article

Références

  1. Dobbs 1938 p. 241 teffiaNames
  2. (en) Francis John Byrne, Irish Kings, p. 89; (en) Charles-Edwards, Early Christian Ireland, p. 16 & 33; McKillop, "Tethbae".
  3. (en) Charles-Edwards, Early Christian Ireland, p. 36; De Paor, Saint Patrick's World, pp. 159 & 198.
  4. Charles-Edwards, Early Christian Ireland, pp. 33 & 260.
  5. (en) Francis John Byrne, Irish Kings and High-Kings, p. 84 & 90-91 ; (en)Charles-Edwards, Early Christian Ireland, pp. 447-451.
  6. Francis John Byrne, Irish Kings, p. 84;91 & notes additionnelles p. xvi; Charles-Edwards, Early Christian Ireland, p. 469.
  7. (en) Edel Bhreathnach, The kingship and landscape of Tara, Dublin, Fours Courts Press, , 536 p. (ISBN 1-85182-954-7), p. 342-343 Historical Connachta and Early Ui Neill
  8. (en) Charles-Edwards, Early Christian Ireland, p. 607–68, genealogical table VI (CenĂ©l Coirpri) & notes; pour Óengus Bronbachall, C.f. la Vie de Saint Columba, livre I, chapitre 13.
  9. De Paor, Saint Patrick's World, p. 156. L'omission Ă©vidente, d'une explication du rĂšgne de TĂșathal MĂĄelgarb, a Ă©tĂ© corrigĂ©e par les hagiographes ultĂ©rieurs ; Charles-Edwards, Early Christian Ireland, pp. 33–34. Dans les premiĂšres listes conservĂ©es comme le Baile Chuinn ChĂ©tchathaig, TĂșathal n’apparaĂźt pas sous son propre nom mais sous celui de Óengarb; Byrne, Irish Kings, pp. 90–92.
  10. Francis John Byrne, Irish Kings, p. 90;92; Charles-Edwards, p. 468.
  11. Francis John Byrne, Irish Kings, p. 92 & 233–237; MacKillop, "Conmaicne". Il se peut que les Conmaicne RĂ©in reprennent simplement des terres leur avaient autrefois appartenu.
  12. Francis John Byrne, Irish Kings, pp. 85 & 92–93; Charles-Edwards, Early Christian Ireland, p. 96 & 548; Ó Cróinín, Early Medieval Ireland, p. 61.
  13. (en) Charles-Edwards, Early Christian Ireland, pp. 34–35, 96 & 548–549.

Sources

  • (en) Francis John Byrne, Irish Kings and High-Kings, Londres, Batsford, (ISBN 0-7134-5882-8)
  • (en) T. M. Charles-Edwards, Early Christian Ireland, Cambridge, Cambridge University Press, , 707 p. (ISBN 0-521-36395-0)
  • (en) Liam De Paor, Saint Patrick's World : The Christian Culture of Ireland's Apostolic Age, Dublin, Four Courts, , 335 p. (ISBN 1-85182-144-9)
  • (en) James MacKillop, The Oxford Dictionary of Celtic Mythology, Oxford, Oxford University Press, , 456 p. (ISBN 0-19-860967-1)
  • (en) DĂĄibhĂ­ Ó CrĂłinĂ­n, Early Medieval Ireland : 400–1200, Londres, Longman, (ISBN 0-582-01565-0)
  • (en) Edel Bhreathnach, The kingship and landscape of Tara, Dublin, Fours Courts Press, , 536 p. (ISBN 1-85182-954-7), p. 342-343 Historical Connachta and Early Ui Neill
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