Tara (site archéologique)
Tara est un site archĂ©ologique d'Irlande dans le comtĂ© de Meath. Dans la mythologie celtique irlandaise, Tara est la capitale mythique de l'Irlande, situĂ©e dans la cinquième province de Mide, dans le centre du pays : c'est la « colline des rois » (en irlandais : Teamhair na RĂ).
Tara | ||
Ringfort de Tara, et le roi, Niall Noigiallach | ||
Localisation | ||
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Pays | Irlande | |
Coordonnées | 53° 34′ 39″ nord, 6° 36′ 43″ ouest | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Irlande
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Le récit Suidigud Tellach Temra (« Fondation du domaine de Tara ») expose la suprématie de la ville sur le reste de l'île.
Elle est voisine d'autres sites archéologiques majeurs, dont Brú na Bóinne.
Le mythe et l'histoire
Les textes médiévaux relatifs à la tradition mythique de l’Irlande nous apprennent qu'elle est divisée en quatre provinces (ou quatre royaumes) : l’Ulster (Ulaidh, en irlandais), le Connaught (Connachta), le Leinster (Laighin) et le Munster (Mumhain) auxquelles s’ajoute celle de Meath (Midhe) qui est constituée d’une partie des autres. Elle est située au centre et on y trouve la ville de Tara, résidence des « ard ri Érenn », les rois suprêmes, conseillés par les druides. Elle est le lieu de toutes les assemblées religieuses, politiques et judiciaires ainsi que de l’intronisation du roi qui est l’occasion du fameux « Festin de Tara ».
Malgré la richesse des récits mythologiques qui lui sont associés, les historiens actuels estiment toutefois que Tara n'était pas le siège d'une royauté réelle[1] mais plutôt un site consacré à des rites royaux ou encore un concept essentiellement mythique[2].
À la période historique, la royauté sur Tara aurait été assumée par les rois du Leinster au IVe siècle et Ve siècle, puis par ceux d’Ulster, pour être finalement accaparée par la dynastie de Ui Néill au VIIe siècle et qui deviendra le Ard ri Érenn (le Haut roi d’Irlande).
C’est à Tara qu’est située la confrontation entre saint Patrick et Loegaire, c’est aussi à cet endroit que se trouve le talisman de la Pierre de Fal (Lia Fáil - voir Morfessa), symbole de la Souveraineté.
Le , le nationaliste Daniel O'Connell, surnommé le « roi sans couronne », organise sur la colline un rassemblement géant de 250 000 personnes pour la révocation de l’Union avec la Grande-Bretagne.
Le site
Le site se situe à environ quarante kilomètres au nord de Dublin et son installation remonte au Néolithique. Il se compose de 5 enclos circulaires sur un rayon de 2 km dont deux se nomment Rath Lugh (voir Lug) et Rath Maeve (voir Medb), ce qui atteste leur relation avec la mythologie. Il y a environ 40 monuments dont la construction s’étale du IVe millénaire av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C. Si certains monuments sont dans un état de conservation satisfaisant, d’autres ont été détruits par l’exploitation agricole du terrain et ne sont décelables que par la photographie aérienne. Il existe une description des lieux dans un texte datant du XIe siècle, les Dindshenchas (traduction usuelle : Histoires des forteresses) mais les commentaires relèvent plus du légendaire que de l’Histoire. La longue occupation de l’endroit explique la diversité architecturale et la vocation des constructions.
Monuments les plus importants
- Le Rath na RĂogh (le fort des rois) serait l’œuvre de Cormac Mac Airt, c’est un enclos fortifiĂ© (rempart et fossĂ©) d’une superficie de près de 6 hectares.
- Dans le Rath na RĂogh, se trouve le Mount of the Hostage, qui est une tombe mĂ©galithique Ă couloir, du IVe millĂ©naire. On y a trouvĂ© la trace d'une quarantaine d'incinĂ©rations, et d'une inhumation qui prĂ©sente une riche bijouterie d'origine mĂ©diterranĂ©enne.
- À proximité se trouve la Lia Fâil (Pierre du Destin) et un enclos nommé Tech Cormac : la résidence du roi Cormac Mac Airt, dont il est souvent question dans les textes.
- Le Rath of Synods appartient aux derniers siècles du Ier millénaire av. J.-C. et révèle de vastes constructions circulaires (de 15 à 30 mètres de diamètre) à poteaux dont la vocation est probablement destinée aux rites druidiques. Des fouilles partielles montrent que, selon les époques, des monuments ont été utilisés à des fins funéraires ou d’habitation.
- Le MĂodhchuarta (Salle des banquets) est un espace qui se situe un peu au nord du Rath of Synods. Deux levĂ©es de terre parallèles distantes de 30 mètres courent sur une distance de 180 mètres. On ignore sa destination exacte, mais il ne peut s’agir que d’une « cour » d’apparat, ou d’un nemeton, espace sacrĂ© rĂ©servĂ© aux cĂ©rĂ©monies druidiques.
- Un autre enclos est nommé Rath Laoghaire, du nom de Lóegaire mac Néill, le roi qui selon la légende s’oppose à saint Patrick, lors de la christianisation de l’île.
- Rath Grainne et Claoin-Fhearta sont des tertres funéraires, ce dernier est associé à une légende selon laquelle Dunlaing, roi du Leinster, aurait assassiné 30 princesses et 300 personnes de leurs suites.
Passage de l’autoroute M3
Le projet de passage de l'autoroute M3 à 2,2 km de la colline de Tara a entraîné de nombreuses protestations ainsi qu’une procédure judiciaire devant la Haute Cour, menée par l’avocat Vincent Salafia. Les opposants au projet lui reprochaient de traverser la vallée de Tara et de Skryne, au riche potentiel archéologique, et de détruire le patrimoine au profit d'une péri-urbanisation[3]. Toutefois, l'autoroute M3 a été ouverte le 4 juin 2010[4].
Notes et références
- « On a aussi [...] démontré sans peine le peu de consistance historique de Tara. » (Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, Rennes, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », , 448 p. (ISBN 2-85882-920-9), p. 221)
- R. V. Comerford, Ireland : Inventing the Nation, Londres, , p. 21.
- (en) « People power combines art protest and politics » (consulté le )
- (en) « The Impact of the Proposed M3 Motorway on Tara and its Cultural Landscape » (consulté le )
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Barry Raftery, L'Irlande celtique avant l'ère chrétienne, Éditions Errance, Paris, 2006, (ISBN 2-87772-320-8)
- Edel Bhreathnach (ouvrage collectif sous la direction de) The Kingship and landscape of Tara Editor Four Courts Press ; Ltd Dublin 2005.