Tension transitoire de rétablissement
La tension transitoire de rétablissement (TTR, ou TRV de l'anglais Transient Recovery Voltage) est la tension électrique qui se rétablit aux bornes d'un appareillage électrique lorsqu'il interrompt un courant alternatif.
C'est un paramÚtre qui influe fortement sur la réussite d'une coupure de courant dans un réseau à haute tension. Lors du développement d'un disjoncteur ou d'un interrupteur à haute tension, le constructeur doit démontrer que l'appareil supporte les TTR définies par les normes CEI ou IEEE. Pour leur part, les utilisateurs de ce matériel doivent définir les valeurs requises dans leurs spécifications.
Cette notion de TTR existe aussi en basse tension. Elle est explicitement définie pour caractériser les conditions d'essais et indique une fréquence de TTR maximale dans les stations d'essai dans deux cas : dans la norme CEI 60947-4 pour les contacteurs et dans la norme CEI 60898-1 pour les disjoncteurs à usage domestique. Dans les deux cas, ces normes recommandent de mettre une résistance en dérivation de l'inductance lorsque celle-ci est constituée d'une bobine dans l'air. Par contre, avec les inductances à fer (avec carcasse ferromagnétique), la TTR est amortie par les pertes (hystéresis et autres) et une résistance en dérivation devient inutile.
Généralités
Historique
L'importance de la TTR lors de la coupure d'un courant a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence pendant les annĂ©es 1950, elle a Ă©tĂ© introduite dans la norme des disjoncteurs CEI 56 (seconde Ă©dition) en 1954[1]. Son influence sur la coupure des disjoncteurs Ă haute-tension commençait Ă ĂȘtre reconnue, par suite les valeurs en essai devaient ĂȘtre notĂ©es dans les rapports mais il Ă©tait encore trop tĂŽt pour spĂ©cifier des caractĂ©ristiques dans les normes[2].
Le terme de TTR et des valeurs normalisées des paramÚtres ont été introduits dans la norme CEI 56 en 1971, à la suite d'études effectuées par le CIGRE.
Caractéristiques
La TTR se décrit suivant deux paramÚtres principaux : l'amplitude maximale de la tension (AF pour amplitude factor), et sa vitesse de montée (RRRV pour Rate of Rise of Recovery Voltage).
L'amplitude maximale peut ĂȘtre exprimĂ©e comme le ratio entre la valeur maximale de la surtension et la tension nominale du rĂ©seau (en PU pour « Par UnitĂ© »). Une amplitude trop importante peut entraĂźner la reformation d'un arc Ă©lectrique aprĂšs la coupure du courant dans un rĂ©seau.
La vitesse de montĂ©e, qui s'exprime en kV/”s, est un facteur qui va dĂ©terminer si un arc Ă©lectrique va se reformer et s'entretenir aux bornes de l'appareillage de coupure, dans le cas oĂč ce dernier n'est pas adaptĂ© pour l'application.
Facteurs d'influence
Les paramĂštres de la TTR (amplitude, pente) dĂ©pendent des caractĂ©ristiques du rĂ©seau Ă©lectrique oĂč la coupure s'effectue et du type de dĂ©faut (monophasĂ©, biphasĂ©, triphasĂ©, Ă la terre ou isolĂ©). Ils sont dĂ©finis par les normes internationales CEI et IEEE.
En premiĂšre approximation (si les rĂ©flexions d'ondes de tension ne sont pas prises en compte), un rĂ©seau Ă©lectrique peut ĂȘtre schĂ©matisĂ© par un circuit RLC et les variations temporelles possibles de la TTR sont montrĂ©es par la figure 1.
La TTR est influencée en particulier par :
- la condition du neutre du réseau (effectivement à la terre, isolé, etc.) ;
- le type de charge (capacitive, inductive, etc.) ;
- le type de réseau (par cùble, avec lignes aériennes, etc.).
La TTR la plus sévÚre est appliquée au premier pÎle du disjoncteur ou de l'interrupteur qui interrompt un défaut, dans un systÚme triphasé isolé de la terre[3].
Une TTR se rétablit aux bornes d'un appareil lorsqu'il interrompt un courant de défaut (défaut aux bornes, défaut en ligne, discordance de phases) mais aussi dans des conditions normales de service (ouverture de lignes, déconnexion d'une réactance, d'un transformateur ou d'un moteur).
La coupure est généralement réalisée lors d'un passage par zéro naturel du courant alternatif, ou plus rarement lorsque l'appareil force le passage par zéro du courant (voir Coupure de charges inductives).
Pour rĂ©ussir la coupure, la tension de tenue entre les contacts d'un disjoncteur ou d'un interrupteur aprĂšs l'interruption du courant doit ĂȘtre supĂ©rieure Ă la TTR de façon Ă Ă©viter un claquage diĂ©lectrique et un rĂ©tablissement du courant. Avec les techniques de coupure actuelles, il n'est gĂ©nĂ©ralement pas nĂ©cessaire de modifier la TTR pour obtenir la coupure de courants, y compris avec des valeurs trĂšs Ă©levĂ©es de 50 kA ou 63 kA. Pour la coupure de dĂ©fauts en lignes de forte intensitĂ© il peut ĂȘtre utile cependant de rĂ©duire la pente de la TTR Ă l'aide de condensateurs montĂ©s en parallĂšle Ă l'appareil ou entre le disjoncteur et la ligne aĂ©rienne[4]. Pour faciliter la coupure de faibles courants inductifs des circuits RC ou des varistances sont parfois utilisĂ©s pour respectivement rĂ©duire la pente ou l'amplitude de la TTR.
Circuit capacitif
Dans le cas d'une coupure de courant dans un circuit monophasĂ© capacitif, la tension rĂ©tablie maximale atteint 2 p.u[5]. (1 p.u. Ă©tant la valeur crĂȘte de la tension de la source), une demi-pĂ©riode aprĂšs l'instant de coupure du courant (figure 2).
La coupure du courant par un interrupteur s'effectue normalement à un passage par zéro du courant. à cet instant la tension aux bornes de la capacité de charge est maximale, du fait du déphasage courant-tension.
Lorsque la capacitĂ© est isolĂ©e du circuit d'alimentation, par la coupure de l'interrupteur, la capacitĂ© conserve la charge qu'elle possĂ©dait Ă l'instant de coupure. Par suite la tension en aval de l'interrupteur reste constante (si les pertes sont nĂ©gligeables). Dans le mĂȘme temps, la tension en amont de l'interrupteur est Ă©gale Ă la tension de la source et oscille Ă frĂ©quence industrielle. La tension rĂ©tablie aux bornes de l'interrupteur, qui est la diffĂ©rence entre les tensions en amont et en aval, atteint par suite une valeur maximale de 2 p.u., comme on peut le voir sur la figure 2.
Ces types de TTR sont rencontrés en pratique lors de la coupure de courants de lignes à vide (ouvertes à l'autre extrémité), cùbles à vide et de batteries de condensateurs.
La figure 3 montre que dans le cas d'une coupure de charge triphasĂ©e la tension aux bornes du premier pĂŽle qui coupe est plus Ă©levĂ©e. Ceci est dĂ» au fait que la tension du point neutre de la charge augmente de 0,5 p.u. (1 p.u. = , U Ă©tant la tension entre phases cĂŽtĂ© source) aprĂšs la coupure du premier pĂŽle. La valeur crĂȘte de la TTR dans le cas d'une batterie de condensateurs Ă neutre isolĂ© est Ă©gale Ă 2,5 p.u.
D'une maniÚre générale, lorsque le circuit de charge a des capacités entre phases et par rapport à la terre, la tension maximale aux bornes du premier pÎle qui coupe (le plus contraint) est fonction du rapport entre les capacités directe et homopolaire du circuit de charge[6]. Dans le cas de lignes à haute tension, la valeur maximale de la TTR définie par les normes CEI et IEEE pour la coupure triphasée par des disjoncteurs à haute tension est égale à 2,4 p.u[7], soit 20 % de plus par rapport à une coupure monophasée.
La figure 4 montre l'Ă©volution des tensions lorsqu'un disjoncteur (ou un interrupteur) rĂ©amorce une demi-pĂ©riode aprĂšs l'instant de coupure. La tension du cĂŽtĂ© source rejoint instantanĂ©ment la tension de la charge (-1 p.u. Ă cet instant), puis tend Ă rejoindre la tension de la source qui vaut +1 p.u. au mĂȘme instant, soit une diffĂ©rence de 2 p.u. L'amortissement Ă©tant habituellement nĂ©gligeable, la tension sur les deux bornes de l'appareil oscille autour de la valeur +1 p.u. et atteint par suite 1 + 2 = 3 p.u. Le rĂ©amorçage provoque dans ce cas une surtension Ă©levĂ©e sur le circuit.
Ă noter que la figure 4 illustre le cas le plus dĂ©favorable oĂč le rĂ©amorçage conduit Ă la surtension maximale, un rĂ©amorçage effectuĂ© un quart de pĂ©riode aprĂšs l'instant de coupure aurait conduit Ă une tension maximale de 1 p.u., il n'y aurait pas eu de surtension. Par suite les claquages qui se produisent entre 0 et 1/4 de pĂ©riode aprĂšs l'instant de coupure sont appelĂ©s rĂ©allumages. Les rĂ©allumages sont autorisĂ©s car ils ne provoquent pas de surtensions.
Le réamorçage d'un pÎle d'appareil en coupure triphasée d'une charge avec neutre isolé donne lieu à des surtensions plus élevées qu'en monophasé, du fait de la variation importante de la tension du point neutre de la charge provoquée par le réamorçage, il conduit généralement au réamorçage d'au moins un des autres pÎles[8].
Un interrupteur ou disjoncteur doit ĂȘtre capable de supporter cette tension rĂ©tablie lors de l'ouverture du circuit, par suite il doit sĂ©parer ses contacts avec une vitesse suffisante pour assurer que la tension de tenue entre contacts est toujours supĂ©rieure ou Ă©gale Ă la tension rĂ©tablie imposĂ©e par le circuit/rĂ©seau. Une vitesse insuffisante conduirait Ă un rĂ©amorçage de l'appareil et Ă une surtension susceptible d'endommager les composants connectĂ©s au circuit ou au rĂ©seau.
La figure 5 montre que la tension se rétablit plus rapidement dans un réseau à 60 Hz, par rapport à un réseau à 50 Hz, une vitesse de déclenchement plus élevée est donc nécessaire pour assurer la coupure sans réamorçage dans un réseau à 60 Hz.
Circuit inductif
La coupure dans un circuit inductif est rencontrée en pratique dans deux cas principaux :
- courants de court-circuit ;
- courants de charges inductives (transformateur à vide, moteur peu chargé, réactance shunt, etc.).
Les normes CEI et IEEE distinguent deux cas principaux de coupure de court-circuit dans un réseau électrique à haute tension : le défaut aux bornes et le défaut en ligne (figure 6). L'établissement et la coupure de courants dans deux réseaux en discordance de phases peut aussi s'effectuer avec des courants de défaut de forte intensité.
La coupure du défaut en ligne n'est applicable qu'aux disjoncteurs reliés directement à des lignes aériennes.
Coupure de défaut aux bornes
La coupure d'un dĂ©faut aux bornes est faite normalement Ă un passage par zĂ©ro du courant et, par suite, Ă un instant oĂč la tension du rĂ©seau est maximale. La tension en amont du disjoncteur, qui est nulle avant interruption du courant de dĂ©faut, tend Ă rejoindre la tension du rĂ©seau avec un rĂ©gime transitoire dont la frĂ©quence vaut plusieurs kilohertz (figure 7).
On obtient ce type de TTR dans le cas de coupures de courants de court-circuit par un disjoncteur, en particulier avec le courant de défaut d'intensité maximale qui n'est limité que par l'impédance de court-circuit du réseau (figure 8a).
Par analogie des oscillateurs en électricité et en mécanique, le régime transitoire de la TTR dans le réseau représenté par la figure 7a est similaire à celui d'un systÚme mécanique (figure 8b) constitué par une masse actionnée par un ressort avec des pertes par frottement correspondant à la résistance (non représentée) du circuit électrique.
La tension en amont du disjoncteur (TTR) varie comme la charge de la capacitance (C), son évolution est analogue au déplacement de la masse dans le systÚme mécanique. C'est par exemple une oscillation amortie comme illustré par la figure 7b qui montre le déplacement d'une masse sous l'action d'un ressort qui a été comprimé au préalable.
La fréquence d'oscillation de la TTR est donnée par la formule suivante :
- L est l'inductance de court-circuit
- C est la capacité du circuit en amont du disjoncteur ou de l'interrupteur.
L'amplitude de la TTR dépend de l'amortissement dû aux pertes dans les composants du circuit et par l'impédance caractéristique des lignes et cùbles connectés en amont de l'interrupteur. Le facteur d'amplitude est le rapport entre l'amplitude maximale de la TTR et la valeur instantanée de la tension source à l'instant de coupure.
La norme CEI 62271-100 pour les disjoncteurs à haute tension spécifie un facteur d'amplitude égal à 1,4 pour un défaut aux bornes avec le courant de défaut maximal.
Dans les réseaux de distribution, la TTR oscille avec une seule fréquence qui dépend de l'inductance de court-circuit et de la capacité en amont de l'interrupteur (figure 7a).
Dans les réseaux de transport, la TTR oscille généralement avec une double fréquence, avec une premiÚre montée de tension qui dépend de l'inductance de court-circuit et de la capacité locale du réseau, suivie d'une deuxiÚme oscillation due aux réflexions d'onde de tension sur les lignes connectées en amont de l'appareil (figure 5)[9].
Comme indiqué sur la figure 9, les normes internationales spécifient une enveloppe caractéristique de tenue à la tension transitoire de rétablissement qui couvre la grande majorité des applications.
La TTR spécifiée dans ce cas est dite à quatre paramÚtres car quatre valeurs (deux tensions et deux temps) sont nécessaires pour tracer l'enveloppe.
Lors des essais de type d'un disjoncteur, l'enveloppe de la TTR en essai doit ĂȘtre au-dessus de l'enveloppe spĂ©cifiĂ©e par la norme (CEI ou IEEE) afin d'assurer que la tenue de l'appareil est supĂ©rieure Ă celle de la TTR imposĂ©e par le rĂ©seau.
Par rapport Ă ce qui est obtenu lors d'une coupure de dĂ©faut monophasĂ©, la valeur crĂȘte de la TTR est 30 % ou 50 % plus Ă©levĂ©e lors d'une coupure de dĂ©faut aux bornes triphasĂ©[10].
La valeur crĂȘte de tension est maximale aux bornes du premier pĂŽle qui coupe, sa valeur dĂ©pend des conditions de mise Ă la terre du rĂ©seau.
Le rapport des tensions rétablies maximales obtenues en coupure de défaut triphasé et de défaut monophasé est appelé facteur de premier pÎle dans les normes de disjoncteurs à haute tension. La valeur du facteur de premier pÎle est fonction des composantes symétriques des impédances du réseau et du type de défaut (isolé ou à la terre).
Le facteur de premier pÎle spécifié par la norme CEI 62271-100 est égal à 1,3 pour les réseaux à neutre effectivement à la terre, il est égal à 1,5 pour les réseaux à neutre non-effectivement à la terre et pour les défauts triphasés isolés par rapport à la terre[11].
La norme CEI considĂšre que pour des tensions nominales supĂ©rieures Ă 170 kV, le neutre des rĂ©seaux est effectivement Ă la terre, de sorte que le facteur de premier pĂŽle est Ă©gal Ă 1,3. En d'autres termes, la valeur crĂȘte de la TTR est augmentĂ©e de 30 % pour le premier pĂŽle qui coupe un dĂ©faut triphasĂ©, par rapport Ă la valeur obtenue lors d'une coupure d'un dĂ©faut monophasĂ©.
Coupure de courant de défaut limité par un transformateur
Parmi les dĂ©fauts aux bornes, on distingue ceux dont le courant est limitĂ© essentiellement par l'impĂ©dance d'un transformateur et qui se produisent dans les cas particuliers oĂč il n'y a pas de composants capacitifs (ligne, cĂąble ou condensateur, etc.) entre le transformateur et le disjoncteur[12].
Le disjoncteur et le point de dĂ©faut sont situĂ©s du mĂȘme cĂŽtĂ© du transformateur dĂ©faut limitĂ© par le transformateur (figure 9a) ou de part et d'autre du transformateur dĂ©faut au secondaire du transformateur (figure 9b)[13] - [14].
Figure 10a - Défaut limité par un transformateur |
Figure 10b - DĂ©faut au secondaire d'un transformateur |
La TTR associée à ces défauts est caractérisée par une vitesse de rétablissement (ou pente) élevée.
La fréquence d'oscillation de la TTR est la fréquence propre du transformateur, réduite en partie par la capacité de la liaison entre le transformateur et le disjoncteur (ou interrupteur).
Les normes internationales prennent en compte ces défauts au secondaire d'un transformateur (ou limités par un transformateur) en spécifiant des valeurs adaptées de TTR pour les essais de type effectués avec 10 % et 30 % du pouvoir de coupure des disjoncteurs.
Pour des tensions assignées inférieures à 100 kV, la norme CEI préconise des TTR particuliÚres pour un courant de défaut égal à 30 % du pouvoir de coupure lorsque la capacité de la liaison entre le disjoncteur et le transformateur est négligeable.
Pour des tensions assignĂ©es supĂ©rieures Ă 100 kV, le cas particulier oĂč la capacitĂ© de la liaison est nĂ©gligeable est Ă l'Ă©tude par CIGRĂ. Le guide IEEE C37.011 (2011) prĂ©conise plusieurs mĂ©thodes pour dĂ©terminer la vitesse de rĂ©tablissement de tension et la comparer avec des rĂ©sultats d'essais[15].
Coupure de défaut proche en ligne
Les figures 6 et 11 illustrent le cas particulier d'un dĂ©faut proche en ligne, c'est-Ă -dire d'un dĂ©faut qui se produit sur une ligne Ă quelques centaines de mĂštres ou quelques kilomĂštres en aval du disjoncteur, d'oĂč le nom de dĂ©faut kilomĂ©trique qui est parfois donnĂ© Ă ce type de dĂ©faut.
La TTR est caractérisée par une oscillation initiale à haute fréquence, due aux réflexions d'onde entre le disjoncteur et le point de défaut[16], qui impose une vitesse de rétablissement élevée de la tension aprÚs la coupure du courant de défaut (origine des temps sur la figure 11)[17].
La figure 12 donne l'évolution de la tension le long de la ligne aprÚs l'interruption du courant. La durée TL est égale au temps mis par une onde pour effectuer le trajet aller et retour entre le disjoncteur et l'extrémité de la ligne. La tension en chaque point est à chaque instant la somme des ondes incidentes et des ondes réfléchies aux deux extrémités de la ligne. L'évolution de la tension en chaque point de la ligne est montrée pendant une demi-période de l'oscillation, elle évolue d'une maniÚre similaire pendant la demi-période suivante, mais avec une polarité opposée.
L'Ă©volution temporelle de la tension sur la borne aval du disjoncteur, qui peut ĂȘtre dĂ©duite Ă partir de la figure 12, est reprĂ©sentĂ©e par la figure 13. Cette tension a une forme triangulaire qui est caractĂ©ristique d'un dĂ©faut en ligne, les oscillations sont en rĂ©alitĂ© amorties par les pertes rĂ©sistives. La tension en amont du disjoncteur variant peu pendant les premiĂšres micro-secondes du rĂ©tablissement de tension, la TTR (diffĂ©rence entre les tensions en amont et aval) a par suite l'Ă©volution indiquĂ©e sur la figure 11.
L'amplitude de la premiĂšre crĂȘte de tension vaut quelques dizaines de kilovolts et le temps TL est de l'ordre de quelques micro-secondes.
TL étant le temps mis par une onde pour effectuer le trajet aller et retour entre le disjoncteur et l'extrémité de la ligne.
Le défaut en ligne est caractérisé par le fait que la pente de la TTR est proportionnelle à la pente du courant avant l'instant de coupure (en valeur absolue) et donc à l'intensité du courant :
- , oĂč Z est l'impĂ©dance caractĂ©ristique de la ligne.
La valeur normalisĂ©e de Z est Ă©gale Ă 450 Ω. On rappelle que Z est Ă©gal Ă , oĂč l et c sont les inductance et capacitĂ© de la ligne par unitĂ© de longueur.
Comme on peut le voir sur la figure 14, le courant d'un défaut proche en ligne (IL) est plus faible que le courant d'un défaut qui se produit aux bornes d'un disjoncteur (IS). Dans les normes, le courant de défaut proche en ligne est exprimé en pourcentage du courant de défaut aux bornes.
Lorsque la longueur de ligne en défaut est courte (XL faible), le courant de défaut est élevé et la tension rétablie cÎté ligne est faible. à l'inverse, lorsque le défaut se produit loin du disjoncteur (XL élevé), le courant est faible et la tension rétablie cÎté ligne est élevée.
Les contraintes les plus sévÚres pour un disjoncteur sont obtenues lorsque le défaut se produit à un ou plusieurs kilomÚtres de l'appareil, ce qui correspond à un courant de défaut en ligne égal à environ 90 % du courant de défaut aux bornes du disjoncteur[18] - [19]. La distance entre le disjoncteur et le point de défaut étant relativement courte, on parle alors de défaut proche en ligne.
Dans le cas d'un courant de dĂ©faut de 36 kA Ă 50 Hz, la pente de la TTR est Ă©gale Ă 7,2 kV/”s, soit 3,6 fois supĂ©rieure Ă celle qui est spĂ©cifiĂ©e pour un dĂ©faut aux bornes avec 100 % du courant de dĂ©faut. La TTR gĂ©nĂ©rĂ©e par la coupure dĂ©faut en ligne est donc plus contraignante pour un disjoncteur pendant la phase initiale du rĂ©tablissement de tension. Par contre la valeur crĂȘte d'une TTR de dĂ©faut aux bornes triphasĂ© est plus Ă©levĂ©e et donc plus contraignante pendant la phase dite diĂ©lectrique de la coupure, quelques centaines de micro-secondes aprĂšs l'instant de coupure. Les deux conditions de coupure de dĂ©faut aux bornes et de dĂ©faut en ligne, qui prĂ©sentent des contraintes diffĂ©rentes, sont testĂ©es lors d'essais de type pour la qualification d'un disjoncteur.
La valeur Ă©levĂ©e de la pente initiale de la TTR lors d'une coupure d'un dĂ©faut proche en ligne fait que ce type de coupure est difficile Ă supporter par un disjoncteur Ă haute tension et que ce dernier doit parfois ĂȘtre muni de condensateurs pour diminuer la pente de la TTR et faciliter ainsi la coupure du courant de dĂ©faut.
Coupure de charges inductives
Dans le cas particulier de coupure d'une charge inductive, la TTR est notablement différente car un interrupteur n'attend pas généralement le passage par zéro du courant pour effectuer l'ouverture du circuit[20]. La puissance d'extinction de l'interrupteur est souvent telle que le courant est interrompu alors qu'il vaut plusieurs ampÚres ou dizaines d'ampÚres dans la charge (représentée par une inductance dans le schéma monophasé équivalent de la figure 15). Ce phénomÚne est appelé arrachement de courant ou hachage de courant.
Le circuit LC qui oscille avec une pulsation :
oĂč est la valeur Ă©quivalente des capacitĂ©s parasites. Si l'isolation Ă©lectrique et la rigiditĂ© Ă©lectrique du bobinage sont suffisantes pour rĂ©sister aux hautes tensions et si la tension de tenue de l'interrupteur est suffisante, l'oscillation continuera avec une amplitude dĂ©croissante Ă cause des pertes diĂ©lectriques des capacitĂ©s parasites et de pertes rĂ©sistives du bobinage. Si, de plus, la bobine comporte un noyau ferromagnĂ©tique il y aura aussi des pertes dues Ă l'hystĂ©rĂ©sis.
La tension maximale de l'oscillation peut ĂȘtre trĂšs Ă©levĂ©e, comme illustrĂ© sur la figure 17 qui montre le cas extrĂȘme oĂč le courant est interrompu alors qu'il a son amplitude maximale. Ceci lui vaut le nom de surtension. Ceci vient du fait qu'aprĂšs l'interruption du courant l'Ă©nergie de l'inductance a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e aux capacitĂ©s parasites .
Dans le cas extrĂȘme illustrĂ© par la figure 17, la tension maximale peut ĂȘtre calculĂ©e Ă partir de l'Ă©galitĂ© : , Ă©tant la valeur du courant Ă l'instant de coupure, dit aussi courant arrachĂ©.
Ce cas de figure est peu réaliste car il n'est possible qu'avec un disjoncteur à trÚs fort soufflage (disjoncteurs autopneumatiques) qui serait amené à couper un courant de faible intensité (15 A) dans un circuit de charge avec une capacité élevée.
Dans le cas plus gĂ©nĂ©ral oĂč l'appareil arrache un courant Io Ă un instant oĂč la tension de la charge est Ă©gale Ă Uo, la tension maximale est donnĂ©e par la formule :
à courant donné la surtension est d'autant plus élevée que l'inductance est plus grande et que la capacité est plus faible. Io (le courant arraché) ne dépend pas uniquement du disjoncteur mais aussi des caractéristiques du circuit. Dans le cas de disjoncteurs au SF6, Io est proportionnel à la racine carrée de la capacité du circuit aux bornes du disjoncteur. La surtension est donc aussi fonction des caractéristiques du circuit dans lequel le disjoncteur fonctionne.
Si la surtension est trÚs élevée, la TTR aux bornes de l'interrupteur peut dépasser sa tension de tenue entre contacts, il se produit alors un réamorçage (appelé aussi ré-allumage, car l'arc est ré-allumé entre les contacts de l'interrupteur) comme illustré sur la figure 18.
Le courant est rétabli dans le circuit et l'interrupteur peut alors tenter une nouvelle interruption du courant à un instant ultérieur (instant sur la figure 19).
L'interruption sera rĂ©ussie si la tenue en tension de l'interrupteur est suffisante (cas illustrĂ© sur la figure 19), ce qui est habituellement le cas aprĂšs un ou plusieurs rĂ©-allumages car la tension de tenue de l'interrupteur augmente avec le temps Ă©tant donnĂ© que l'Ă©cartement entre contacts augmente. L'Ă©volution du courant et de la tension sont donnĂ©s en pointillĂ© sur la figure 19 dans le cas oĂč il n'y a pas de rĂ©-amorçage de l'interrupteur.
Figure 18 - Ré-amorçage de l'interrupteur |
Figure 19 - à l'instant un ré-amorçage se produit et le courant qui circule est interrompu de nouveau à l'instant . |
Coupure en discordance de phases
Dans le cas oĂč un disjoncteur interrompt un court-circuit provoquĂ© par la connexion de deux portions de rĂ©seaux en opposition de phases, la tension Ă chaque borne se rĂ©tablit autour de la tension de chaque rĂ©seau, de sorte que la TTR a une amplitude approximativement double de celle obtenue dans le cas d'un dĂ©faut monophasĂ© aux bornes de ce disjoncteur (figure 20).
Cette situation peut se produire en particulier dans le cas oĂč de longues lignes relient les gĂ©nĂ©rateurs aux zones de consommation maximale.
Ce type de défaut a une faible probabilité d'occurrence car un relayage interdit l'ouverture du circuit si la différence de phases est excessive. Il ne peut donc se produire en pratique qu'en cas de défaut des moyens de détection de discordance de phases.
La coupure en discordance de phases n'est pas obligatoire, elle n'est requise que si spécifiée par l'exploitant du réseau.
TTR normalisées
Les paramÚtres de la TTR sont définis par les normes internationales CEI et IEEE à partir d'analyses et de mesures de tensions rétablies de réseaux à haute tension[21] - [22].
Les valeurs normalisĂ©es de TTR doivent ĂȘtre respectĂ©es lors des essais de coupure d'un disjoncteur Ă haute tension effectuĂ©s pour dĂ©montrer ses performances (essais de type).
Les TTR normalisĂ©es par la CEI et ANSI/IEEE pour les disjoncteurs Ă haute tension ont Ă©tĂ© diffĂ©rentes depuis leur introduction dans les annĂ©es 1960, elles sont actuellement en passe d'ĂȘtre harmonisĂ©es[23].
DĂ©faut aux bornes
- Tensions assignées inférieures à 100 kV
La figure 21 montre les TTR spécifiées par la norme CEI pour les disjoncteurs de tensions assignées supérieures à 1 kV et inférieures à 100 kV.
Les TTR sont données en fonction du courant de défaut qui est exprimé en pourcentage du pouvoir de coupure du disjoncteur.
Les enveloppes des TTR sont dites à deux paramÚtres car les deux coordonnées du point d'intersection des segments en pointillé suffisent pour les tracer.
Les pentes les plus élevées de la TTR sont associées aux courants les plus faibles, afin de couvrir le cas de défauts aux secondaires de transformateurs. Les valeurs normalisées de pente de TTR varient en fonction de la tension assignée du disjoncteur, elles sont en cours d'harmonisation par la CEI et IEEE.
- Tensions assignées supérieures ou égales à 100 kV
La figure 22 montre les TTR spécifiées par la norme CEI pour les disjoncteurs de tensions supérieures ou égales à 100 kV.
Les enveloppes sont Ă deux paramĂštres pour les essais Ă 10 % et 30 % du pouvoir de coupure et Ă quatre paramĂštres pour les essais Ă 60 % et 100 % du pouvoir de coupure.
La pente de la TTR diminue de 3 kV/”s Ă 2 kV/”s lorsque le courant de dĂ©faut passe de 60 % Ă 100 % du pouvoir de coupure. Ceci est dĂ» au fait que cette pente est proportionnelle Ă , oĂč Z est l'impĂ©dance caractĂ©ristique d'une ligne et N le nombre de lignes connectĂ©es en amont du disjoncteur[24]. Lorsque le nombre de lignes (N) augmente, le courant de dĂ©faut augmente et la pente de la TTR diminue (l'augmentation de N l'emporte sur l'augmentation de di/dt).
Les paramĂštres de TTR pour les disjoncteurs Ă haute tension sont en cours d'harmonisation par la CEI et IEEE[25].
La figure 23 donne les valeurs normalisées de la pente de la TTR pour les séquences d'essais de défaut aux bornes T10, T30, T60 et T100 effectuées respectivement avec 10 %, 30 %, 60 % et 100 % du pouvoir de coupure d'un disjoncteur.
Les valeurs les plus Ă©levĂ©es de pente de TTR sont associĂ©es aux courants les plus faibles, les deux paramĂštres (pente et courant) allant en sens inverse il n'est gĂ©nĂ©ralement pas possible de dire si une sĂ©quence d'essais est plus contraignante pour un disjoncteur qu'une autre. Par suite, toutes les sĂ©quences d'essais doivent ĂȘtre effectuĂ©es pour qualifier un appareil.
DĂ©faut proche en ligne
Les normes spécifient deux essais de type de défaut en ligne avec 90 % et 75 % du pouvoir de coupure du disjoncteur. Ces essais sont effectués sous la tension phase-terre et avec un circuit d'alimentation qui délivre 100 % du pouvoir de coupure. Ces exigences permettent de calculer la réactance de la ligne.
La tension transitoire rétablie du cÎté ligne est définie par deux paramÚtres :
- impédance d'onde de la ligne égale à 450 Ω ;
- amplitude de la TTR Ă©gale Ă 1,6 fois la valeur de la tension ligne Ă l'instant de coupure.
Courants capacitifs
Les essais d'Ă©tablissement et de coupure de courants capacitifs doivent normalement ĂȘtre effectuĂ©s en triphasĂ© avec une tension entre phases Ă©gale Ă la tension assignĂ©e de l'appareil. Lorsqu'il n'est pas possible d'effectuer les essais en triphasĂ©, les normes autorisent la rĂ©alisation des essais en monophasĂ©, sous une tension qui dĂ©pend du type d'application et qui reproduit sensiblement la contrainte qui serait obtenue sur le pĂŽle le plus contraint lors d'un essai triphasĂ©.
La tension d'un essai monophasé est égale à la tension phase-terre multipliée par le facteur suivant :
- 1,0 pour les réseaux à neutre à la terre sans influence mutuelle significative entre phases voisines ;
- 1,2 pour les essais sur les cùbles à ceinture et pour les essais de coupure de courants de lignes à vide dans les réseaux à neutre effectivement à la terre ;
- 1,4 pour les essais correspondant à la coupure dans des réseaux à neutre non-effectivement à la terre et à la coupure de courants de batteries de condensateurs à neutre isolé.
Discordance de phases
Tenant compte des contraintes obtenues en triphasĂ© et de leur probabilitĂ© d'occurrence, les normes CEI et IEEE spĂ©cifient un facteur de discordance de phases Ă©gal Ă 2 pour les rĂ©seaux Ă neutre effectivement Ă la terre et 2,5 pour les rĂ©seaux Ă neutre non-effectivement Ă la terre. Le facteur d'amplitude qui permet de calculer la valeur crĂȘte de la TTR en rĂ©gime transitoire est Ă©gal Ă 1,25.
La norme couvre la grande majoritĂ© des cas qui peuvent se produire dans un rĂ©seau. La norme CEI 62271-100 indique qu'il « est possible de rĂ©duire la sĂ©vĂ©ritĂ© des contraintes dues aux manĆuvres en discordance de phases en utilisant des relais possĂ©dant des Ă©lĂ©ments coordonnĂ©s sensibles Ă l'impĂ©dance pour dĂ©terminer l'instant de dĂ©clenchement, de façon que la coupure survienne soit notablement aprĂšs, soit notablement avant l'instant oĂč l'angle de phase atteint 180°. »
La tension rĂ©tablie aux bornes des contacts est trĂšs Ă©levĂ©e, la valeur de crĂȘte de la TTR est la plus grande de toutes celles qui sont spĂ©cifiĂ©es pour un appareil donnĂ©. Par contre, le courant de dĂ©faut exigĂ© par les normes ne vaut que 25 % du pouvoir de coupure en court-circuit, cette exigence tenant compte du fait que les deux sous-rĂ©seaux connectĂ©s aux bornes n'ont pas simultanĂ©ment leur puissance maximale.
Impact de la TTR sur les disjoncteurs
Pour rĂ©ussir la coupure d'un courant, en particulier la coupure d'un courant de dĂ©faut, un disjoncteur doit ĂȘtre capable de supporter la tension qui se rĂ©tablit entre ses contacts aprĂšs l'interruption du courant.
Deux phases sont généralement considérées :
- la phase thermique de la coupure, qui dure plusieurs micro-secondes au voisinage de l'instant de coupure du courant, pendant laquelle la tension se rétablit avec une vitesse élevée et la réussite de la coupure dépend du bilan d'énergie dans le plasma entre électrodes ;
- la phase diélectrique de la coupure, qui dure plusieurs centaines de micro-secondes, pendant laquelle l'espace entre contacts est encore échauffé par l'énergie de l'arc et doit supporter les valeurs les plus élevées de la TTR.
La phase thermique est particuliÚrement critique lors d'une coupure de défaut en ligne (applicable seulement aux disjoncteurs de ligne) alors que la phase diélectrique est plus critique lors de coupures de défauts aux bornes, en discordance de phases, en coupure de faibles courants inductifs et de courants capacitifs.
La coupure d'un courant est effectuée en séparant les contacts d'un disjoncteur dans le circuit électrique. AprÚs la séparation des contacts, le courant circule à travers un arc électrique et son interruption est obtenue en refroidissant l'arc afin de rendre isolant l'intervalle compris entre les contacts du disjoncteur.
La coupure est gĂ©nĂ©ralement obtenue Ă un instant de passage par zĂ©ro du courant car la puissance fournie par le circuit/rĂ©seau est alors nulle et l'intervalle de temps au voisinage du zĂ©ro de courant peut ĂȘtre mis Ă profit pour refroidir efficacement l'arc et obtenir son extinction.
La durĂ©e d'arc, suivant la dĂ©finition de la norme CEI, est l'intervalle de temps entre l'instant de sĂ©paration des contacts et l'instant d'interruption du courant. Comme illustrĂ© sur la figure 25, si la sĂ©paration des contacts se produit trop prĂšs d'un passage par zĂ©ro du courant, la distance entre contacts et le refroidissement de l'arc peuvent ne pas ĂȘtre suffisants pour permettre au disjoncteur de supporter la TTR sans rĂ©amorçage et donc pour assurer la coupure. Le courant circule alors pendant une alternance supplĂ©mentaire et le disjoncteur peut alors tenter la coupure au second passage par zĂ©ro du courant. La coupure est rĂ©ussie lorsque le disjoncteur est capable de supporter la TTR sans rĂ©amorçage. Dans l'exemple illustrĂ© par la figure 25, le disjoncteur coupe le courant avec une durĂ©e d'arc Ă©gale Ă 13 ms.
Lorsque la sĂ©vĂ©ritĂ© de TTR augmente (la pente et/ou la valeur crĂȘte augmentent) la durĂ©e d'arc minimale pour obtenir la coupure s'allonge car la distance et le soufflage nĂ©cessaires pour obtenir la coupure augmentent. Une sĂ©vĂ©ritĂ© excessive de la TTR pour un disjoncteur donnĂ© conduit Ă un Ă©chec de la tentative de coupure du courant. Un disjoncteur ne doit donc pas ĂȘtre soumis Ă des TTR supĂ©rieures Ă celles pour lesquelles il a Ă©tĂ© garanti et testĂ© conformĂ©ment aux exigences des normes internationales.
Les TTR associées aux différents types de coupure influencent la conception et le dimensionnement des disjoncteurs et interrupteurs à haute tension. Le concepteur doit donc définir un dimensionnement de l'appareil qui satisfasse à toutes ces contraintes. Les solutions qui ont été développées sont présentées dans l'article Disjoncteur à haute tension.
La capacité d'un disjoncteur à supporter ces TTR est vérifiée par des essais de type (ou de qualification) effectués suivant des normes internationales.
Influence d'un disjoncteur sur la TTR
La résistance d'arc d'un disjoncteur à haute tension modifie la TTR pendant une coupure. Dans le cas de coupures de courants de faible amplitude, courants capacitifs ou faibles courants inductifs, le disjoncteur peut forcer le passage par zéro du courant (arrachement de courant). Cette influence est négative dans le cas de faibles courants inductifs car elle peut provoquer des surtensions, par contre elle a un effet positif en coupure de courants capacitifs car elle réduit la tension rétablie aux bornes du disjoncteur[26].
Dans le cas de coupures de forts courants, la résistance d'arc tend à amortir la TTR et à retarder le rétablissement de tension (temps de retard augmenté).
La présence éventuelle d'un condensateur aux bornes d'un disjoncteur est également de nature à modifier la TTR (pente plus faible). On trouve naturellement de tels condensateurs aux bornes de disjoncteurs ayant plusieurs chambre de coupure (ils répartissent la TTR entre les différentes chambres), mais par ailleurs l'adjonction de condensateurs entre entrée et sortie est une solution pour agir sur la TTR[27].
Les valeurs normalisées ne tiennent pas compte de ces effets et définissent des valeurs inhérentes que tout disjoncteur est susceptible de modifier en essais et en service, suivant l'intensité du soufflage qu'il exerce pendant la coupure.
Méthodes d'atténuation de la TTR
Plusieurs méthodes sont utilisées pour limiter les surtensions générées pendant la coupure.
Varistances
Pour des applications en moyenne tension (infĂ©rieures ou Ă©gales Ă 52 kV), la limitation des surtensions est faite le plus souvent par des circuits RC et parfois par des varistances. Les circuits RC peuvent aussi adoucir la pente de la TTR, et les varistances peuvent aussi en limiter la crĂȘte. Les varistances permettent en thĂ©orie dâĂ©crĂȘter les tensions trop importantes gĂ©nĂ©rĂ©es par une TTR. En pratique leurs effets sont limitĂ©s par leur capacitĂ© Ă dissiper la puissance excĂ©dentaire (limitation en temps et en courant). De plus ils n'interviennent pas sur le temps de montĂ©e des TTR.
Condensateurs
L'ajout de condensateurs en parallÚle dans le cas d'un circuit inductif permet de diminuer la pente de la TTR. Cette possibilité est parfois utilisée pour assister la coupure de défaut aux bornes par des appareils moyenne tension, elle est d'usage courant dans le cas de disjoncteurs de générateurs.
Un condensateur monté en parallÚle à un disjoncteur de ligne ou sur un départ ligne, entre phase et terre, permet de diminuer la vitesse de rétablissement de la TTR et, par suite, de faciliter la coupure d'un défaut proche en ligne.
Synchronisation de la coupure
En haute tension, la méthode la plus souvent employée actuellement pour limiter les surtensions consiste à synchroniser l'ouverture des contacts par rapport à l'onde de courant (ou de tension) de façon à effectuer les coupures avec des durées d'arc relativement courtes (voisines de 5 ms) avec lesquelles le niveau des surtensions ne dépasse généralement pas 2 p.u. (car le soufflage exercé par le disjoncteur est faible pour de courtes durées d'arc). Le choix d'un temps d'arc bien défini permet aussi de garantir que la coupure se fera de façon optimale, évitant ainsi tout risque de réamorçage et reclaquage, l'un et l'autre étant source de surtensions et d'usure prématurée des contacts du disjoncteur.
La synchronisation des contacts est faite Ă l'aide d'un boĂźtier Ă©lectronique qui laisse passer l'ordre d'ouverture vers la commande du disjoncteur Ă un instant prĂ©dĂ©terminĂ© Ă partir de la durĂ©e d'ouverture de l'appareil et des tensions et courants du rĂ©seau dĂ©tectĂ©s par les transformateurs de tension et transformateurs de courant. Elle est effectuĂ©e essentiellement pour la manĆuvre de rĂ©actances shunt ou de batteries de condensateurs. Le mĂȘme type de boitier permet en gĂ©nĂ©ral aussi de synchroniser Ă la fermeture le disjoncteur, en particulier pour l'enclenchement ou le rĂ©enclenchement de longues lignes dans les rĂ©seaux Ă trĂšs haute tension.
RĂ©sistances
Des résistances sont utilisées pour faciliter la coupure de courts-circuits et la mise hors tension de réactance shunt par les disjoncteurs à air comprimé. Dans le cas d'un défaut proche en ligne, l'insertion d'une résistance dans le circuit permet de diminuer la pente de la TTR, cette résistance est ensuite court-circuitée par un interrupteur auxiliaire afin d'éviter un échauffement excessif de la résistance.
La pente de la TTR est réduite dans le rapport : , R étant la valeur de la résistance et Z l'impédance caractéristique de la ligne.
Une rĂ©sistance peut ĂȘtre aussi utilisĂ©e pour amortir la tension de rĂ©tablissement lors d'une mise hors tension d'une rĂ©actance shunt. Cette technique Ă©tait utilisĂ©e avec les disjoncteurs Ă air comprimĂ©, elle n'est que rarement appliquĂ©e aux disjoncteurs Ă SF6 car les manĆuvres synchronisĂ©es, qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es avec ces disjoncteurs, sont plus efficaces pour la rĂ©duction des surtensions.
SystĂšmes de protection rapides
Dans le cas de lignes optimisĂ©es par des batteries de condensateurs en sĂ©rie, les systĂšmes de protection rapide (FPD pour Fast Protecting Devices) peuvent court-circuiter les batteries de condensateurs sĂ©rie entre l'instant de dĂ©tection d'un dĂ©faut et l'ouverture de l'interrupteur[28]. Ces condensateurs sĂ©rie sont utilisĂ©s pour la compensation des longues lignes afin de contrĂŽler les Ă©changes de puissance rĂ©active et donc le niveau de tension du rĂ©seau. Des TTR de fortes amplitudes seraient obtenues si ces condensateurs n'Ă©taient pas court-circuitĂ©s avant la manĆuvre d'un disjoncteur.
Annexes
Source principale
- (en) TRV for High-voltage circuit breakers, IEEE tutorial by Denis Dufournet, sur ewh.ieee.org
Bibliographie
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Notes et références
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Appareillage électrique d'interruption HT (partie 1), sur techniques-ingénieur.fr
- (en) IEEE Switchgear Committee Tutorial 2008: Transient Recovery Voltages (TRV) for High Voltage Circuit Breakers, D. Dufournet, sur ewh.ieee.org
- (en) Application of Power Circuit Breakers for Switching Capacitive and Light Inductive Currents, John H. Brunke, sur ewh.ieee.org
- (en) TRV for High Voltage Circuit Breakers - Harmonization of IEC and IEEE Standards, R. Kirkland Smith & Denis Dufournet, sur ewh.ieee.org
- (en) International Conference on Power Systems Transients (IPST) - 2007 Conference Papers
- (en) IEEE Switchgear Committee Technical Presentation 2013: TRV for High Voltage Circuit Breakers - Part 1, D. Dufournet, sur ewh.ieee.org
- (en) IEEE Switchgear Committee Technical Presentation 2013: TRV for High Voltage Circuit Breakers - Part 2, D. Dufournet, sur ewh.ieee.org