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Temple de Janus (Autun)

Le temple dit « de Janus », est un édifice cultuel d'inspiration celto-romaine situé à Autun, dans le département de Saône-et-Loire, en France, au nord-ouest de la cité antique d'Augustodunum.

Temple de Janus
Les vestiges de la cella vus du sud-ouest.
Présentation
Type
Temple
Style
Antiquité
Construction
Ier siècle ap. J.-C.
Patrimonialité
Localisation
Pays
RĂ©gion
Commune
Adresse
La Genetoye
Coordonnées
46° 57′ 40″ N, 4° 17′ 19″ E
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
GĂ©olocalisation sur la carte : SaĂ´ne-et-Loire
(Voir situation sur carte : SaĂ´ne-et-Loire)
GĂ©olocalisation sur la carte : Autun
(Voir situation sur carte : Autun)

Ce temple s'inscrit au sein d'un vaste sanctuaire dont les fouilles, commencées en 2013 et se poursuivant jusqu'en 2016, puis 2019, dévoilent l'étendue et la complexité, dans un secteur dont l'occupation remonte au Néolithique et qui a connu une phase importante de constructions monumentales au Ier siècle de notre ère ; il a été abandonné au tout-début du haut Moyen Âge, mais ses structures ont été réutilisées pour la confection d'un ouvrage défensif médiéval. Sont conservés deux pans de sa cella carrée sur une hauteur de plus de 20 mètres ainsi que des vestiges des fondations de son péribole et de ses constructions annexes. La dédicace du temple à la divinité romaine Janus ne repose sur aucun fait archéologique ou historique et la divinité vénérée dans ce temple est inconnue.

Le temple de Janus est inscrit sur la première liste, établie en 1840, des monuments historiques français protégés.

Localisation

Emplacement de quelques monuments sur le plan d'une ville antique.
Localisation du temple de Janus sur un plan antique d'Augustodunum.

Le temple est situé à l'extérieur de l'enceinte antique d'Augustodunum, au lieu-dit la Genetoye[1], en bordure de la voie antique qui, après la porte d'Arroux et une fois franchi l'Arroux, se dirige vers Lutèce (Paris) par l'ouest, la vallée de la Loire et Cenabum (Orléans)[2] - [3].

Le site est implantĂ© Ă  l'altitude moyenne de 290 mètres sur un plateau qui s'abaisse progressivement vers les vallĂ©es de l'Arroux au sud et du Ternin, l'un de ses affluents, Ă  l'est[4].

Histoire

Temple de Janus à Autun. Saône et Loire par Hippolyte Destailleur, XIXe siècle.

L'histoire du temple est indissociable de celle de l'ensemble dans lequel il s'inscrit ; le site de la Genetoye est occupé dès le Néolithique puis sans discontinuité importante jusqu'au Moyen Âge[5].

La prospection géophysique et la photographie aérienne ont démontré l'existence d'une vaste enceinte néolithique, accompagnée d'aménagements à la fonction mal définie[6].

Les fouilles en cours depuis 2012 sur le site ont révélé la présence d'une occupation laténienne se poursuivant jusqu'à l'époque augustéenne. Des aménagements, dont la nature et la fonction restent à définir (peut-être un premier édifice cultuel), ont également été retrouvés sous l'emprise du temple ; ils sont datés de la première moitié du Ier siècle[T14 1]. Le théâtre du Haut-du-Verger, découvert dans le même secteur en 1976[7] et fouillé l'année suivante[8], a lui aussi succédé au même emplacement à un autre édifice[T14 2]. Les principaux monuments du site, dont le théâtre et le temple de Janus, semblent être construits dans la seconde moitié du Ier siècle ou au tout-début du IIe siècle[9], avec des remaniements et des aménagements postérieurs. Le site a pu accueillir une présence militaire à la fin du IIIe siècle[A05 1], période au-delà de laquelle aucun indice probant d'occupation n'est recensé[A05 2].

Au Moyen Âge, la cella du temple est réutilisée pour la construction d'un dispositif fortifié comportant un fossé ; cette disposition explique peut-être en partie le bon état de conservation du temple[T14 3].

Le temple de Janus est classé au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1].

Description

Le temple de Janus date probablement de la seconde moitié du Ier siècle apr. J.-C., comme l'ensemble des principaux monuments d'Augustodunum[9].

Même s'il s'agit bien d'un monument antique, sa prétendue dédicace au culte de Janus ne repose sur aucune réalité ; la divinité à laquelle il était consacré est inconnue. Le nom de Janus pourrait n'être qu'une déformation du toponyme Genetoye[10] (lieu où poussent les genêts, attesté dès le XVIe siècle[11]) et, près du temple, une plaque explicative le rappelle :

« Au nord-ouest de la ville antique, sur la rive droite de l'Arroux, se développait un quartier dont le seul vestige visible, le temple dit « de Janus » souligne la vocation cultuelle. […] La forme particulière de ce temple, dit fanum est de tradition gauloise quoique sa technique de construction, datable du Ier siècle de notre ère soit romaine. Le nom de Janus lui a été associé à tort au XVIe siècle par l'historien Pierre de Saint-Julien de Balleure qui interprètera ainsi le nom du secteur où il s'élève : La Genetoye. Ce terme désigne en fait un lieu où poussent des genêts. La divinité vénérée ici, reste totalement inconnue. […] »

Le sanctuaire (cella et galerie)

Vue rapprochée montrant des niches pratiquées dans l'épaisseur d'un mur antique.
Détail des niches intérieures du mur ouest de la cella.

La cella est Ă©tablie sur un plan presque carrĂ© (16,80 Ă— 16,35 m) et son Ă©lĂ©vation est conservĂ©e sur 24 m environ, un record pour la Gaule[12]. Les murs ont une Ă©paisseur de 2,2 m, bâtis en petit appareil soignĂ©. L'entrĂ©e devait se faire par un des murs disparus, probablement du cĂ´tĂ© est.

Vue rapprochée de trous alignés dans un mur antique.
Détail des trous de boulins au-dessus des ouvertures (face intérieure du temple).

Deux murs (sud et ouest) sont intĂ©gralement conservĂ©s et l'amorce des deux autres est encore visible. Le parement des murs fait intĂ©gralement appel au petit appareil de moellons carrĂ©s de grès sans inclusions de terres cuites et les trous de boulin ayant supportĂ© les Ă©chafaudages sont encore visibles ; le noyau du mur est composĂ© d'un blocage en moellons noyĂ©s dans le mortier[13]. Le mur est devait probablement ĂŞtre percĂ© de la porte d'entrĂ©e de la cella, une disposition courante sur les temples celto-romains[14]. La face extĂ©rieure des murs comportait quatre niches rectangulaires et trois petites ouvertures surmontĂ©es d'arcs de dĂ©charge en pierres Ă  13 m de haut qui Ă©clairaient l'intĂ©rieur de la cella. La face intĂ©rieure du mur Ă©tait creusĂ©e de quatre grandes niches en arcade, larges de 3 m et hautes de 5,6 m mais une brèche dans le mur donne maintenant l'aspect de grandes baies[DQ 1]. Le mur ouest prĂ©sente en son centre une niche en cul-de-four qui, face Ă  l'entrĂ©e, abritait peut-ĂŞtre la statue de la divinitĂ© Ă  laquelle le temple Ă©tait consacrĂ©. La cella Ă©tait pavĂ©e en opus sectile dont des fragments ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s et un Ă©dicule dont le soubassement est toujours en place Ă©tait installĂ© en son centre. Elle devait ĂŞtre couverte d'un toit Ă  quatre pans[DQ 2].

Des trous de poutres sur la face extĂ©rieure des murs Ă  9 mètres au-dessus du sol et des soubassements parallèles aux murs et Ă  5,4 m de ceux-ci sont les preuves de l'existence d'une galerie couverte qui faisait le tour de la cella, selon le modèle de temple gallo-romain observĂ© Ă  PĂ©rigueux avec la Tour de VĂ©sone. Cette galerie Ă©tait probablement composĂ©e de colonnes Ă©tablies sur le mur pĂ©riptère et supportant un toit en pente[15].

Le péribole

Un pĂ©ribole dĂ©limitait l'aire sacrĂ©e autour du sanctuaire, comme c'est frĂ©quemment le cas pour ce type d'Ă©difice[DQ 2]. Les dimensions proposĂ©es après les fouilles du XIXe siècle (75 Ă— 50 m) ne peuvent ĂŞtre confirmĂ©es[A09 1]. Les Ă©tudes entreprises en 2012 ont mis en Ă©vidence l'existence de deux pĂ©riboles successifs et concentriques, le plus ancien, peut-ĂŞtre Ă©quipĂ© d'un portique, pouvant ĂŞtre rattachĂ© au temple de Janus ou Ă  un Ă©difice cultuel antĂ©rieur[T14 1]. Au sud de la cella et dans l'enceinte du pĂ©ribole, des murs arasĂ©s peuvent tĂ©moigner de la prĂ©sence d'un Ă©difice annexe[DQ 3] - [16].

L'archéologie du temple et de ses abords

Vue d'un plan ancien représentant un chantier de fouilles.
Plan de la Genetoye levé en 1872 après les fouilles de J.-G. Bulliot .

En 1871, Jacques Gabriel Bulliot entreprend, au nord-ouest d'Autun et autour du temple, des fouilles qui aboutissent à l'établissement d'un plan détaillé levé par Jean Roidot-Déléage[A09 2] ; Jean Roidot-Déléage consacre également au temple de Janus huit planches de relevés et de dessins qui ne sont publiées et commentés qu'en 1963[Note 1]. Des structures supposées néolithiques sont mises au jour en 1886[17]. Jusqu'aux années 1970, aucune fouille n'est effectuée dans le secteur du temple de Janus[18].

Les campagnes de prospection aérienne menées par René Goguey aboutissent en 1976 à la découverte du théâtre du Haut-du-Verger[19], ce qui permet de rassembler les informations éparses obtenues sur ce quartier qui est désormais vu comme un vaste sanctuaire périurbain ayant « fonction de fédérer les différents cultes de la Cité »[A05 3]. Dans les années qui suivent, les pouvoirs publics procèdent à l'acquisition des terrains concernés, afin de pouvoir y effectuer des fouilles[20]. Les prospections aériennes se poursuivent jusque dans les années 2000 et, en 2009, une campagne de prospection magnétique vient compléter les données obtenues[A09 3]. Un vaste chantier de fouilles et d'études est mis en place sur le site en 2012 ; commencé en 2013, il doit s'achever en 2016 et proposer une vision globale du quartier de la Genetoye, tant sur le plan géographique qu'historique[Note 2]. Les fouilles sur le secteur et aux alentours, se sont poursuivies ensuite, de 2017 à 2019.

Notes et références

Notes

Références

  • Ouvrage collectif, Étudier les lieux de culte de Gaule romaine - actes de la table-ronde de Dijon, 18 - , 2012 :
  • Paul-Marie Duval et Pierre Quoniam, RelevĂ©s inĂ©dits des monuments antiques d'Autun (SaĂ´ne-et-Loire), 1963 :
  • Michel Kasprzyk, Les citĂ©s des Éduens et de Châlon durant l'AntiquitĂ© tardive (v. 260-530 env.) - Contribution Ă  l'Ă©tude de l'AntiquitĂ© tardive en Gaule centrale, 2005 :
  • AngĂ©lique Tisserand (dir.), JournĂ©e d’actualitĂ© archĂ©ologique en pays Ă©duen : actes de la journĂ©e du , 2014 :
  • Autres rĂ©fĂ©rences :
  1. « Temple de Janus », notice no PA00113101, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Pierre Nouvel, « Les voies romaines en Bourgogne antique : le cas de la voie dite de l'Océan attribuée à Agrippa », 20ème colloque de l'association bourguignonne des sociétés savantes, Saulieu,‎ , p. 7 (lire en ligne).
  3. Yannick Labaune et Yann Le Bohec, « Une curieuse inscription découverte à Avgvstodvnvm (Autun – Saône-et-Loire) », Revue archéologique de l'Est, t. 56,‎ , p. 363–369 (lire en ligne).
  4. « Carte topographique du site du temple de Janus » sur Géoportail (consulté le 24 octobre 2015).
  5. Yannick Labaune, « Les fouilles programmées sur le complexe antique d’Autun « La Genetoye », premiers résultats / été 2013 », sur le site de l'UMR Artehis (CNRS, Université de Bourgogne et ministère de la Culture et de la Communication) (consulté le ).
  6. Le complexe monumental de la Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) dans son environnement. Approches diachroniques et pluridisciplinaires de la confluence Arroux / Ternin de la Préhistoire au Moyen Âge, p. 21.
  7. Jean-Bernard Devauges, « Informations archéologques, circonscroption Bourgogne », Gallia, t. 37, no 2,‎ , p. 454 (lire en ligne).
  8. Jean-Paul. Guillaumet, Rapport de fouilles, théâtre, lieu-dit Le Haut-Verger, Service régional d'archéologie Bourgogne, , p. 1 à 7.
  9. Alain Rebourg, « Les origines d'Autun », dans Alain Goudineau et Alain Rebourg (dir.), Les villes augustéennes de Gaule : actes du colloque international d'Autun, 6-7-8/06/85, p. 106.
  10. Les données de l'archéologie, p. 646.
  11. Hippolyte Abord, Histoire de la RĂ©forme et de la Ligue dans la ville d'Autun, t. 3, Autun, Dejussieu, , 606 p. (lire en ligne), p. 262.
  12. Fauduet 1993, p. 72.
  13. Les données de l'archéologie, p. 647.
  14. Fauduet 1993, p. 64-65.
  15. Albert Grenier, « Quelques traits originaux de l'architecture gallo-romaine », Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, no 3,‎ , p. 260-262 (DOI 10.3406/crai.1957.10778).
  16. Robert Bedon, « La fonction religieuse, temples et sanctuaires », dans Robert Bedon, Pierre Pinon et Raymond Chevallier, Architecture et urbanisme en Gaule romaine : L'architecture et la ville, vol. 1, Paris, Errance, coll. « les Hespérides », , 440 p. (ISBN 2-903-44279-7), p. 125.
  17. « L’enceinte des Grands Champs(Autun, Saône-et-Loire), projet 2013-2015 », sur le site d'Artehis (consulté le ), p. 4.
  18. Gustave Vuillemot, « Autun », dans (ouvrage collectif), Rapports préliminaires du colloque international d'archéologie urbaine - Tours, 17-20 novembre 1980, ministère de la Culture et de la Communication, 527 p., p. 81.
  19. « René Goguey, pionnier de l'archéologie aérienne en France, est décédé », L'Yonne républicaine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Gustave Vuillemot, « Autun », dans (ouvrage collectif), Rapports préliminaires du colloque international d'archéologie urbaine - Tours, 17-20 novembre 1980, ministère de la Culture et de la Communication, 527 p., p. 82.

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (ouvrage collectif), Carte archĂ©ologique de la Gaule 71-2 : Atlas des vestiges gallo-romains d'Autun, Paris, Maison des sciences de l'homme, , 81 p. (ISBN 978-2-87754-022-3).
  • Carine Duthu, Recherches sur les Ă©lĂ©vations du temple dit de "Janus" Ă  Autun (71) : mĂ©moire de master « histoire et archĂ©ologie des mondes antiques », UniversitĂ© de Bourgogne, , 636 p..
  • Paul-Marie Duval et Pierre Quoniam, « RelevĂ©s inĂ©dits des monuments antiques d'Autun (SaĂ´ne-et-Loire) », Gallia, t. 21, no 1,‎ , p. 155-189 (DOI 10.3406/galia.1963.2385). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Isabelle Fauduet, Les temples de tradition celtique en Gaule romaine, Paris, Errance, , 159 p. (ISBN 2-87772-074-8).
  • Harold de Fontenay et Anatole de Charmasse, Autun et ses monuments, Autun, Dejussieu, , 514 p.
  • Michel Kasprzyk, Les citĂ©s des Éduens et de Châlon durant l'AntiquitĂ© tardive (v. 260-530 env.) : Contribution Ă  l'Ă©tude de l'AntiquitĂ© tardive en Gaule centrale, UniversitĂ© de Bourgogne, , 400 p. (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Michel Kasprzyk, Patrice MĂ©niel, Philippe Barral et Alain Daubigney, « Lieux de culte dans l'Est de la Gaule : la place des sanctuaires dans la citĂ© », Revue de l'histoire des religions, no 4,‎ , p. 639-662 (lire en ligne).
  • ouvrage collectif, Étudier les lieux de culte de Gaule romaine : Actes de la table-ronde de Dijon, 18 - 19 septembre 2009, Montagnac, Monique Mergoil, , 263 p. (ISBN 978-2-35518-029-3)
  • Yannick Labaune et Anne Pasquet, Nouvelles recherches archĂ©ologiques dans le quartier du temple dit de Janus Ă  Autun (SaĂ´ne-et-Loire), Artehis (CNRS, UniversitĂ© de Bourgogne et ministère de la Culture et de la Communication), , 8 p..
  • ouvrage collectif, JournĂ©e d’actualitĂ© archĂ©ologique en Autunois et en Bourgogne : 23 mars 2012, Autun, Artehis (CNRS, UniversitĂ© de Bourgogne et ministère de la Culture et de la Communication), , 58 p.
  • AngĂ©lique Tisserand (dir.), JournĂ©e d’actualitĂ© archĂ©ologique en pays Ă©duen : Actes de la journĂ©e du 18 avril 2014, Artehis (CNRS, UniversitĂ© de Bourgogne et ministère de la Culture et de la Communication), , 78 p. (ISBN 978-2-9552224-0-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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