Taybeh
Taybeh, en arabe : الطيبة, est une petite ville de Cisjordanie sous administration de l'Autorité palestinienne située à 30 kilomètres au nord de Jérusalem et à 12 kilomètres au nord-est de Ramallah. Elle a la particularité d'être encore une localité entièrement chrétienne depuis les premiers temps de l'Église. Elle est considérée comme étant le lieu biblique de la tribu des Benjamin[1] et celui d'Éphraïm dans le Nouveau Testament et aurait changé son nom en Taybeh (ce qui signifie délicieux) au XIIe siècle. Taybeh fait partie du gouvernorat de Ramallah.
Taybeh الطيبة | ||
Vue d'ensemble de la ville | ||
Administration | ||
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Pays | Palestine | |
Gouvernorat | Ramallah-Al Bireh | |
Maire | Daoud Canaan Khoury | |
Démographie | ||
Population | 1 452 hab. (2010) | |
Géographie | ||
Coordonnées | 31° 57′ 16″ nord, 35° 18′ 01″ est | |
Altitude | 850 m |
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Localisation | ||
Géolocalisation sur la carte : Palestine
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Liens | ||
Site web | http://www.taybehmunicipality.org | |
Histoire
Jésus-Christ s'est retiré ici quelque temps avec ses disciples, après la résurrection de Lazare, car, selon l'Évangile de saint Jean, les Pharisiens avaient l'intention de le tuer. Aussi le Christ ne parut plus en public et demeura à Éphraïm[2], puis se rendit au désert à huit kilomètres sur une colline, afin de prier et jeûner pendant quarante jours.
L'impératrice Hélène (mère de Constantin) est venue ici avec un grand campement pendant son pèlerinage en Terre sainte, ordonnant l'édification d'une église sur la colline de Saint-Gédéon. Une église dédiée à saint Georges est construite au Ve siècle, dont on peut encore admirer les vestiges et qui fait toujours l'objet de fouilles. Une autre église est construite par les croisés du royaume de Jérusalem et en 1185 Baudouin IV de Jérusalem donne le fort de Saint-Élie, qui se trouve sur une colline au-dessus du village, à Boniface de Montferrat.
Le recensement de 1931 à l'époque de la Palestine mandataire donne une population de 1 038 chrétiens et 87 musulmans.
Taybeh avait une population avoisinant quatre mille habitants en 1967, mais depuis l'occupation par l'armée israélienne, les conditions économiques se sont dégradées et la population est tombée à deux mille habitants, la main-d'œuvre devant s'employer ailleurs. Des colonies juives se sont installées aux abords, comme celles de Ma'ale Efraim, Ofra, Rimmounim et Ammon (depuis 2003), provoquant la confiscation de terres et l'interdiction de circuler sur certaines routes pour les Palestiniens.
Le village a été victime d'un pogrom en 2005[3], lorsqu'une employée musulmane de vingt-trois ans habitant le village voisin de Deir Jarir et travaillant à Taybeh dans l'atelier de couture d'un chrétien est tombée enceinte. Elle est retrouvée morte empoisonnée le . Il est établi plus tard qu'elle a été empoisonnée par des membres de sa famille pour accomplir un « crime d'honneur[4] » En attendant les villageois de Deir Jarir accusent ceux de Taybeh et se répandent pendant deux jours à Taybeh brûlant les maisons des membres de la famille de l'employeur, sans que la police israélienne n'intervienne, tandis que la police palestinienne est retardée par le passage de plusieurs check points, malgré la demande du consul américain aux autorités israéliennes de leur faciliter le passage. La situation s'apaise grâce à l'intervention des autorités religieuses chrétiennes locales et les conseils des anciens des deux localités.
Églises de Taybeh
- Église Saint-Georges (melkite), 1964
- Église Saint-Georges el-Khader, Ve siècle
- Église Saint-Georges (orthodoxe), reconstruite en 1929-1932
- Église du Saint-Sauveur (catholique de rite latin), 1971
Enseignement
Taybeh possède deux écoles principales primaires et secondaires, l'une dépendant du patriarcat orthodoxe de Jérusalem, l'autre d'une congrégation catholique. Elles scolarisent en tout près de 700 élèves.
Un atelier-école de tailleurs-sculpteurs de pierre s'est formé à l'initiative d'une association française[5].
Charles de Foucauld
Charles de Foucauld, béatifié en 2005, a visité Taybeh en pendant son premier pèlerinage en Terre sainte. Il y est retourné en 1898 et cela l'a mené à écrire Huit jours à Ephrem, retraite de 1898, du lundi après le IVe dimanche de Carême au lundi après le Ve dimanche de Carême (soit du 14 au ). Sa retraite à Taybeh/Ephrem, notamment auprès des ruines de l'église Saint-Georges, a inspiré quarante-cinq pages de ses Écrits spirituels.
Le Centre de pèlerinage Charles-de-Foucauld, hôtellerie pour pèlerins, a ouvert à Taybeh en 1986, à l'initiative des chevaliers de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Économie
L'endroit était essentiellement agricole, jusqu'à une vingtaine d'années et son économie était concentrée autour de la culture de l'olivier, du figuier et de l'abricotier, ainsi que de la vigne. On y fabrique aussi des fromages réputés. Taybeh est connu de même comme le seul lieu en Palestine possédant une brasserie. La bière de Taybeh est appréciée par la population locale, avec une variété sans alcool pour la clientèle musulmane. La Brasserie Taybeh (Taybeh Brewery) a été fondée fin 1993 par la famille Khoury[6]. Une Oktoberfest se tient tous les ans à Taybeh, ce qui attire les touristes amateurs de bière.
Galerie de photos
- Photographie de Taybeh
- Vue de la localité
- Vue de la nouvelle église melkite Saint-Georges
- Entrée de la petite brasserie de Taybeh
Notes et références
- Livre de Josué, 18, 23
- Évangile selon Jean XI, 53-54
- (en) Article en anglais de Haaertz
- (en) Historique de l'affaire
- (fr) Atelier-école de Taybeh
- (en) Article du Daily Telegraph en 2001
Bibliographie
- Pierre Medebielle, scj, Ephrem-Taybeh et son histoire chrétienne, Jérusalem, Imprimerie du patriarcat latin, 1993