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Taux directeur

Les taux directeurs sont les taux d'intĂ©rĂȘt au jour le jour fixĂ©s par la banque centrale d'un pays ou d'une union monĂ©taire, et qui permettent Ă  celle-ci de rĂ©guler l'activitĂ© Ă©conomique.

Taux directeurs de la BCE (rouge) et de la FED (bleu) entre 1999 et 2015.

Composition

Les banques centrales gÚrent en réalité trois taux, qui prennent des noms différents en fonction du pays. On distingue, du plus faible au plus élevé :

Le taux directeur le plus important de la Banque centrale européenne et des autres banques centrales est le taux de refinancement. C'est le principal outil dont dispose la BCE pour influer sur l'octroi de crédits et moduler l'inflation dans la zone euro.

Cet instrument, utilisé lors des opérations hebdomadaires de refinancement par la BCE pour alimenter les banques en liquidités, est le véritable baromÚtre du coût du crédit dans les dix-neuf pays qui ont adopté la monnaie unique européenne.

Les banques qui veulent se refinancer Ă  court terme peuvent le faire en payant un intĂ©rĂȘt sur la somme qu'elles empruntent auprĂšs des banques centrales de leurs pays respectifs. Cet intĂ©rĂȘt est calculĂ© d'aprĂšs le taux en cours Ă  la BCE. Si ce taux d'intĂ©rĂȘt est Ă©levĂ©, les banques vont limiter leurs emprunts et les crĂ©dits accordĂ©s sachant que le refinancement leur sera coĂ»teux, elles auront le comportement inverse si ce taux d'intĂ©rĂȘt est faible.

Les banques rĂ©percutent ensuite, en principe, ce loyer sur les intĂ©rĂȘts des crĂ©dits qu'elles accordent Ă  leurs propres clients. Plus le taux de la BCE est bas, plus le coĂ»t du crĂ©dit a une probabilitĂ© d'ĂȘtre bas ce qui, en thĂ©orie, favorise la croissance.

À l'inverse, une hausse du taux du crĂ©dit permet thĂ©oriquement de ralentir la demande et par consĂ©quent d'Ă©viter une surchauffe gĂ©nĂ©ratrice d'inflation.

MĂ©canismes de transmission

Conséquences macroéconomiques

Les trois taux gérés par la banque centrale affectent le coût du crédit et son utilisation par les banques commerciales. La politique monétaire d'une banque centrale consiste à manier ces taux pour contrÎler l'offre et la demande de crédit, l'évolution des prix (inflation) et les taux de change de sa monnaie[1].

Les taux ont un effet direct sur les taux de prĂȘt aux mĂ©nages et aux entreprises. En effet, les banques commerciales rĂ©percutent sur leurs prĂȘts le coĂ»t qu'elles ont dĂ» payer pour obtenir de la monnaie banque centrale (que ce soit auprĂšs de la banque centrale, ou en l'empruntant auprĂšs des autres banques sur le marchĂ© interbancaire). Le taux d'intĂ©rĂȘt d'un prĂȘt d'une banque commerciale Ă  un particulier est gĂ©nĂ©ralement constituĂ© du coĂ»t de l'obtention de liquiditĂ© auprĂšs de la banque centrale (disons, 4 %), additionnĂ© au coĂ»t du risque, additionnĂ© Ă  la marge de la banque. Cela est principalement vrai sur le court terme, car les emprunts Ă  la banque centrale sont sur le court-terme.

En d'autres termes, les taux directeurs sont dĂ©terminants dans l'offre de monnaie des banques, qui elle-mĂȘme est un facteur dĂ©terminant des dĂ©cisions d'investissement ; l'investissement est incitĂ© lorsque les taux d'intĂ©rĂȘt sont bas, et dĂ©sincitĂ© lorsqu'ils sont Ă©levĂ©s. En augmentant ses taux directeurs, la banque centrale peut rĂ©duire le sur-investissement, freiner l'inflation, freiner la croissance et la consommation ; en les abaissant, elle peut inciter les banques Ă  prĂȘter, Ă  permettre l'accroissement de l'investissement, etc.[2].

Par ailleurs, les taux directeurs fixĂ©s par la banque centrale ont une influence sur le taux de change d'une monnaie. En effet, une hausse des taux d'intĂ©rĂȘt implique une meilleure rentabilitĂ© du prĂȘt pour le prĂȘteur. Les prĂȘteurs Ă©ventuels vont donc avoir tendance Ă  se diriger vers ce marchĂ©. Ce faisant, ils vont acheter des titres sur ce marchĂ© (par exemple des obligations d'entreprise ou d'État). Or, ces titres sont libellĂ©s dans une monnaie particuliĂšre, comme l'euro. La hausse brutale de la demande pour la monnaie entraĂźne la hausse de sa valeur sur le marchĂ© des changes ; cette apprĂ©ciation rend la monnaie moins compĂ©titive. Cela devient problĂ©matique lorsque l'apprĂ©ciation est trop brutale (maladie hollandaise)[3].

Conséquences sur le marché interbancaire

De nombreux taux de crĂ©dit et d'Ă©pargne Ă  court terme sont plus ou moins Ă©troitement corrĂ©lĂ©s sur le taux de refinancement. En effet, les banques commerciales empruntent aux banques centrales au taux directeur si elles en ont besoin. Au dĂ©but 2005, la Banque centrale europĂ©enne (BCE) prĂȘte Ă  2 % aux banques, mais les banques se prĂȘtent entre elles sur le marchĂ© interbancaire chaque jour via le taux EONIA Ă  un prix lĂ©gĂšrement infĂ©rieur au taux directeur de la BCE. Cela rejoint la notion de courbe de taux.

La banque centrale a deux moyens Ă©quivalents d'influencer le coĂ»t du crĂ©dit. Soit elle joue essentiellement sur le taux (mĂ©thode utilisĂ©e par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine) sans faire varier significativement les volumes prĂȘtĂ©s, soit elle joue sur les volumes prĂȘtĂ©s sans toucher au taux (mĂ©thode BCE). Le but Ă©tant d'influencer le taux moyen en rendant l'argent plus ou moins disponible ou cher.

Les banques financent leurs besoins auprĂšs des autres banques, sur le marchĂ© interbancaire au taux EONIA. AprĂšs quoi, si elles ne trouvent aucun fonds de disponible, les banques se tournent en second choix vers la BCE. Ce n'est pas le rĂŽle de la banque centrale de prĂȘter, son rĂŽle est de rĂ©guler et de mener la politique monĂ©taire du pays.

Limites

Les limites des taux directeurs sont, plus généralement, les limites des politiques monétaires. Si l'utilisation des taux directeurs par les banques centrales permet de réguler l'activité macroéconomique, il arrive que les taux soient déjà à 0 % lorsqu'une crise économique survient. Or, une fois le taux plancher zéro atteint, il atténue l'efficacité des politiques monétaires[4].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. Olivier Sarfati, Le meilleur de l'actualité 2014-2015: Concours et examens 2015, Dunod, (ISBN 978-2-10-072324-9, lire en ligne)
  2. Ouvrage Collectif, Les banques centrales: Crises et défis, Association d'économie financiÚre, (ISBN 978-2-916920-62-7, lire en ligne)
  3. Marc MontoussĂ©, Économie monĂ©taire et financiĂšre, Editions BrĂ©al, (ISBN 978-2-7495-0611-1, lire en ligne)
  4. Patrick Artus et Marie-Paule Virard, La folie des banques centrales: Pourquoi la prochaine crise sera pire, Fayard, (ISBN 978-2-213-70263-6, lire en ligne)
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