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Tarqiup Inua

Dans la mythologie inuite, Tarqiup Inua (« l'Homme-Lune »), parfois Aningap Inua ou simplement Tarqiq, est l'esprit de la Lune[1].

La Lune dans la mythologie inuite. The American Museum journal (c1900-1918)

Le nom tire son Ă©tymologie de tarqeq ou aningat, « Lune », et de inua (ᐃᓄᐊ, pluriel inuat ᐃᓄᐊᑩ, littĂ©ralement « propriĂ©taire » ou « maĂźtre »)[2].

Avec Hila ou Silap et Sedna (parfois Takånakapsùluk ou Nuliajuk, la MÚre des animaux marins), il est l'un des trois esprits qui gouvernent les trois éléments qui composent l'univers : nuna, la terre, sila, l'air et tariuq, la mer[3]. C'est par son entremise que les diverses influences de la Lune s'exercent[1]. Son pouvoir est plus puissant que celui du soleil[4].

Attributs

C'est une divinité mùle, à l'apparence humaine[4].

Dans l'ensemble de la rĂ©gion, il est le frĂšre de Seqineq (ou Siqiniq), l'esprit fĂ©minin du Soleil, qu'il a violĂ©e. Ce viol originel est la cause de l’errance des deux divinitĂ©s dans le ciel[5]. Pour les eskimos de la zone arctique, Tarqiup Inua, sa femme Akoq (ou Aqong) et Seqineq vivent dans deux piĂšces d’une mĂȘme maison, qui n'a qu'une seule porte[4]. Au Groenland, il possĂšde un traineau couvert de peaux de phoques, et un attelage de chiens tachetĂ©s qui lui permettent de gagner la Terre. Sa sympathique cousine, Irdlirvirisissong ou « l'Éventreuse », Ă©viscĂšre les rieurs et jettent leurs entrailles aux chiens[4].

On dit qu'il commande Ă  tous les animaux : les shamans de la rĂ©gion du dĂ©troit de BĂ©ring partent Ă  sa rencontre lors de leurs transes quand une espĂšce animale se rarĂ©fie ; prudents, ils ne s’y aventurent qu’en binĂŽme et calment la colĂšre initiale de Tarqiup Inua en lui donnant le nom de l’animal en voie de disparition, afin que dans les mois qui suivent celui-ci prospĂšre Ă  nouveau. Chez les Iglulik (qui le connaissent sous le nom de Tdi-huh), les autochtones de la baie Cumberland et sur la cĂŽte occidentale de la baie d'Hudson, c'est un esprit bienveillant, qui a une influence sur le succĂšs des chasseurs. En revanche sur la cĂŽte orientale du Groenland on en fait un personnage dangereux, avide des Ăąmes des pĂ©cheurs, que l'on peut entrevoir les nuits de nouvelle lune, chassant sur son kayak la baleine blanche, le narval ou l'ours[4].

Pour les habitants de la rĂ©gion du dĂ©troit de BĂ©ring, il est responsable de la plupart des Ă©pidĂ©mies — dont une Ă©clipse de lune constitue un prĂ©sage : pour tenter de se prĂ©munir, les femmes de la basse vallĂ©e du Yukon retournent Ă  l’envers tous leurs pots, seaux, rĂ©cipients et vaisselles quand survient une Ă©clipse[4].

L'offrande d'eau ou de neige pour apaiser le courroux de Tarqiuq Inua ou s'attirer ses bienfaits est commune à l'ensemble de l'aire eskimo : dans l'ancienne région de Mackenzie les Kittegaryumiut renversent une coupe pleine d'eau au moment de la pleine lune ; au Groenland on fait fondre de la neige pour faire cesser une éclipse.

Sur l'ßle de Baffin, il est réputé protéger les orphelins

Il prĂ©side aussi Ă  la fertilitĂ© des femmes, est la cause de leurs rĂšgles (provoquĂ©es par le chatoiement de la lumiĂšre lunaire sur la femme endormie) et de leurs grossesses (qui boit l'eau oĂč se reflĂšte la pleine lune tombe enceinte, tout au moins en Groenland occidental. Sur la cote est de l'Ăźle, une femme infertile prie le guĂ©risseur de voler jusqu'Ă  la Lune, puis le laisse coucher avec elle)[4].

Sur la petite Ăźle DiomĂšde, l'esprit de la lune nommĂ© Tah'huk est une sorte de dieu de la guerre, de rang important dans le panthĂ©on local. On l'invoque en lançant des Ɠufs en l'air avant de partir au combat ; au retour du raid on lui offre un morceau de chaque piĂšce de butin[4].

Honneurs

Tarqeq, un des satellites naturels de Saturne, est nommé d'aprÚs cet esprit.

Références

  1. (en) Knud Rasmussen, Report of the Fifth Thule Expedition, 1921-24 : The Danish Expedition to Arctic North America, Volume 7, Gyldendalske Boghandel, Nordisk Forlag, (lire en ligne)
  2. (en) Janet C. Berlo, Native North American Art, New-York, Oxford University Press, , 291 p. (ISBN 978-0-19-284218-3)
  3. Vladimir Randa, L'Ours polaire et les Inuit, volume 265 de Société d'études linguistiques et anthropologiques de France, Peeters Publishers, , 323 p. (ISBN 978-2-85297-193-6, lire en ligne), p. 213
  4. (en) Edward Moffat Meyer Jr., PhD, The Eskimos, their environment and folkways, New Haven, Yale university press, (lire en ligne), p. 881-888
  5. (en) Bron Taylor, Encyclopedia of Religion and Nature, A&C Black, , 992 p. (ISBN 978-1-4411-2278-0, lire en ligne), p. 851
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