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Taqulittuq

Taqulittuq (inuktitut : ᑕᖁᓕᑦᑐᖅ, souvent translittéré Tookoolito), née vers 1838 et morte le 31 décembre 1876, est une interprète et guide inuite.

Taqulittuq
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Starr Burying Ground (d)
Nom dans la langue maternelle
ᑕᖁᓕᑦᑐᖅ
Surnom
Hannah
Nationalité
Activité
Conjoint
Autres informations
Personnes liées
Vue de la sépulture.

Avec son compagnon Ipirvik, elle accompagne l'explorateur arctique Charles Francis Hall dans sa recherche de l'expédition Franklin dans les années 1860, ainsi que de l'expédition Polaris pour atteindre le pôle Nord[1].

Biographie

Famille

Taqulittuq naît selon les sources à Cape Searle, dans la région de Cumberland Sound, dans le Qikiqtaaluk, ou sur l'île de Baffin. Son frère, Eenoolooapik, voyage en 1839 avec le baleinier William Penny jusqu'à Aberdeen[2]. D'autres membres de sa famille, Totocatapik et Kur-king, sont également connus comme des voyageurs.

En 1852, elle commence à apprendre l'anglais auprès d'un baleinier britannique, William Barron[3]. Elle est surnommée Hannah par les anglophones.

Voyages

Taqulittuq à une exposition.

En 1853, un capitaine baleinier, Thomas Bowlby, transporte Taqulittuq, Ipirvik et un enfant non apparenté, Akulukjuk ("Harlookjoe"), en Angleterre. Les trois Inuits sont présentés dans divers lieux et sont finalement conduits à Londres, où ils sont reçus par la reine Victoria au château de Windsor[4]. Bowlby reconduit ensuite le groupe en Arctique contrairement à d'autres forains moins scrupuleux.

En 1860, l'explorateur Charles Francis Hall rencontre Taqulittuq et Ipirvik et les engage comme respectivement comme traductrice et guide, pour sa première expédition à la recherche des restes de l'expédition Franklin. Sidney Budington est le capitaine du navire, le George Henry. Les habitants locaux les mènent aux vestiges d'une expédition plus ancienne, celle de Martin Frobisher.

Taqulittuq et Ipirvik retrouvent Hall à l'automne 1862 et apparaissent à ses côtés lors de conférences aux Etats-Unis[5]. Plus tard cette même année, Hall les fait présenter comme Indiens Esquimaux au Barnum's American Museum à New York où ils attirent de grandes foules[6]. Ils l'accompagnent lors d'une autre tournée de conférences sur la côte début 1863, au cours de laquelle le jeune fils de Taqulittuq, Butterfly, meurt de pneumonie, ce qui l'affecte beaucoup.

Ipirvik accompagnent Hall lors de sa deuxième expédition arctique, qui dure de 1864 à 1869[7]. Au cours de celle-ci, ils trouvent des traces de l'expédition Franklin autour de l'Île du Roi-Guillaume. Taqulittuq y donne naissance à un fils qui meurt en bas âge. Le couple adopte ensuite une petite fille inuite âgée de deux ans qu'ils appellent Panik (qui signifie « fille de »).

Taqulittuq et Ipirvik accompagnent Hall une 3e fois en 1871, lors de sa dernière expédition, à bord de l'USS Polaris, qui a pour but d'atteindre le pôle Nord. Mais des tensions apparaissent vite au sein de l'équipage et Hall meurt subitement en novembre 1871. Avec leur fille Panik, George Tyson et le guide inuit Hans Hendrik, ils font partie d'un groupe de 19 personnes qui est abandonné par le reste de l'équipage, après que le navire se soit brusquement détaché de la glace et ne soit pas revenu. Ils survivent six mois sur une banquise à la dérive, se nourrissant de la chasse, jusqu’à être secouru en avril 1873.

Au cours de l'enquête sur la mort de Hall, Taqulittuq et Ipirvik témoignent et corroborent l’hypothèse que Hall a été empoisonné, mais leur témoignage est écarté[8].

Dernières années

Taqulittuq et Ipirvik s'installent à Groton, dans le Connecticut, où Hall et Budington leur avaient trouvé une maison. Ipirvik accompagne comme guide plusieurs autres expéditions, tandis que Taqulittuq reste sur place, prenant soin de Panik et travaillant comme couturière.

Après la mort de Panik - dont la santé était mauvaise depuis le temps passé sur la banquise - à l'âge de neuf ans, Taqulittuq à son tour connaît des soucis de santé. Elle meurt le 31 décembre 1876 et est enterrée à Groton.

Héritage

Tookoolito Inlet, situé sur le côté ouest de la baie Cornelius Grinnell au Nunavut, et l'île Hannah, à l'embouchure du fjord Bessels, au nord du Groenland, portent son nom.

Taqulittuq et Ipirvik ont été nommés personnes d'importance historique nationale par le Canada en 1981[9].

Références

  1. (en) Nanna Katrine Lüders Kaalund, « Erasure as a Tool of Nineteenth-Century European Exploration, and the Arctic Travels of Tookoolito and Ipiirvik », The Historical Journal, , p. 1–19 (ISSN 0018-246X, DOI 10.1017/S0018246X22000139, S2CID 251662473, lire en ligne)
  2. Nuttall, M. (2004). Encyclopedia of the Arctic. Routledge.
  3. Foster 2004
  4. Loomis 1971, p. 86.
  5. Potter 2007, p. 168.
  6. New York Times, November 15, 1862.
  7. Loomis 1971, p. 159–160.
  8. Petrone 1988, p. 66–72.
  9. « Personnage historique national d'Ipirvik et de Taqulittuq (Ebierbing et Tookoolito) », sur www.pc.gc.ca (consulté le )

Bibliographie

  • M. Foster, 100 Canadian Heroines, Toronto, Dundern Press, (ISBN 1550025147)
  • Harper, « History on a headstone: a long-forgotten chapter of Inuit heroism », Above and Beyond, vol. 1, no 2, , p. 53–62
  • Jones, « Teaching the explorers: some Inuit contributions to Arctic discoveries », Polar Geography, vol. 26, no 1, , p. 4–20 (DOI 10.1080/789609350, S2CID 128611222)
  • C. C. Loomis, Weird and Tragic Shores: The Story of Charles Francis Hall, Lincoln, University of Nebraska Press, (ISBN 9780375755255, lire en ligne Inscription nécessaire)
  • S. Nickerson, Midnight to the North: The Inuit Woman Who Saved the Polaris Expedition, Tarcher Books,
  • P. Petrone, Northern Voices: Inuit Writing in English, University of Toronto Press, (ISBN 080207717X)
  • R. Potter, Arctic Spectacles: The Frozen North in Visual Culture, 1818–1875, University of Washington Press, (ISBN 978-0295986807)

Liens externes

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