Tahara (judaïsme)
La tahara (ou thahara, nettement moins usité, héb. טהרה, purification) est un rite juif de purification du corps des défunts par une toilette soumise à un rite très précis, juste avant l'enterrement dans la mesure du possible. Cette importante mitzvah est confiée à la Hevra Kaddisha, et à elle seule.
Cet article concerne une procédure rituelle n'étant accomplie que par des personnes initiées à ces rites. Il n'est donc pas question de donner des détails sur le rite lui-même mais sur les conditions qui l'entourent.
La tahara : généralités
Le corps est entièrement débarrassé de toute poussière, des fluides corporels et d'autres souillures sur la peau. Il est ensuite rituellement purifié, de préférence par immersion dans un mikvé, ou par aspersion substantielle d'eau sur le corps. La tahara peut faire référence à tout le processus, ou à la seule purification rituelle.
Il ne s'agit pas seulement, dans la pensée juive, d'une toilette mortuaire, mais de la première étape de libération de l'âme.
La tahara se déroule en silence, sauf pour des sujets se rapportant à la tahara elle-même.
La tahara étant un acte de kavod hamet (honneur à la personne décédée) par excellence, il n'y a pas d'interruption, on évite de faire des actes qui auraient pu choquer la pudeur de la personne de son vivant, on évite même de la découvrir sauf brièvement pour la laver. Il ne s'agit pas "d'un mort qu'on lave", mais "d'une personne qu'on accompagne", et on lui demande pardon, avant de commencer la cérémonie, des erreurs qu'on pourrait réaliser pendant celle-ci.
Des prières et sections de la Bible (Cantique des Cantiques, Psaumes, ...) peuvent être lues.
Après la toilette, on verse de l’eau sur le corps en prononçant les versets rituels : Et je verserai sur vous de l'eau pure et vous serez purifiés de toutes vos impuretés et de toutes vos souillures ; Je vous purifierai.
La personne décédée est revêtue de takhrikhim, draps blancs évoquant les habits du Grand Prêtre, équivalents au linceul, et délicatement déposée sur un lit de paille au fond du cercueil (qui, en hébreu, se dit Aron, comme l'Aron Hakodesh, dans laquelle sont placés les rouleaux de la Torah).
En Diaspora, il est de coutume d'y mettre une poignée de sable provenant de la terre d'Israël, car c'est là que, selon la tradition, le Messie ressuscitera les morts.
Après la tahara, un membre de la Hevra kaddisha veille la personne décédée, et lui chante des Psaumes jusqu'à l'enterrement.
Qui réalise la tahara
La tahara est confiée à la Hevra Kaddisha, et à elle seule.
Un proche du mort, ou son disciple s'il s'agit d'un maître en Torah, ne peuvent y assister, par respect pour le défunt, forcément nu.
C'est d'ailleurs pour cette raison que la tahara se déroule dans une pièce discrète et isolée des regards.
C'est toujours dans le même esprit de pudeur que la tahara d'une femme ou jeune fille ne peut être confiée qu'aux femmes de la Hevra Kaddisha.
Une femme niddah ou une personne seule ne peuvent accomplir la mitzvah.
Moment de la tahara
La tahara se produit juste avant l'enterrement. S'il est retardé, ou qu'on souhaite le réaliser en un autre lieu que celui du décès, la tahara a lieu le plus près possible du moment du décès, afin de mettre le corps en bière et de ne plus y toucher.
On ne réalise pas la tahara à Shabbat ni à Yom Kippour.
On ne purifie pas le corps d'un mort par hémorragie, c'est-à-dire dont l'hémorragie est la cause établie du décès : on revêt ces personnes de takhrikhim ("linceul") sans même les déshabiller. Dans des cas plus douteux, il vaut mieux se référer à une autorité rabbinique compétente.
Un enfant est purifié, quel que soit son âge. S'il n'a pas été circoncis, c'est avant la tahara qu'il le sera. C'est aussi à ce moment-là qu'il sera nommé. Les petites filles sont simplement nommées avant l'enterrement.
Le membre d'un corps
Toute partie du corps humain, y compris les membres amputés par accident ou chirurgicalement, doit être enterrée, de préférence là où est inhumé le corps. La tahara n'est pas nécessaire, mais le membre sera lavé et enveloppé dans un linceul. Son inhumation se fait sans cérémonie ni prière particulière.
Mise en bière du corps
Il est de coutume de revêtir les hommes défunts de leur talit par-dessus les takhrikhim. L'un des coins du talit est sectionné.
Les enfants n'ayant pas atteint la Bar Mitzva ne possèdent pas de Talit, sinon parfois un Talit qatan. On ne les y enveloppe que s'ils avaient l'habitude de le porter de leur vivant.
Le corps purifié et revêtu est déposé sur le dos dans le cercueil, face vers le ciel, bras tendus le long du corps.
Avant de sceller définitivement le cercueil, il est permis à la famille de regarder une dernière fois le défunt, mais sans le toucher ni l'embrasser. On a l'habitude de lui demander pardon à ce moment.
Voir aussi
Références
- Grand Rabbin Jacques Ouaknin, L'Âme immortelle, Précis des lois et coutumes du deuil dans le judaïsme, éditions Bibliophane-Daniel Radford 2002, publié avec le concours du consistoire de Paris (ISBN 2-86970-059-8).
- Rav Alfred J. Kolatch,Le Livre juif du Pourquoi?, traduit par le Dr A. Kokos, Collection Savoir,
- Les Derniers Devoirs, Le Rituel juif du deuil [PDF], sur le site web du consistoire de Paris.
- Témoignage anonyme d'un membre d'une Hevra Kaddisha (en Anglais)
- Une description générale des rites funéraires dans le judaïsme.
- La Tahara sur MyJewishLearning.com (en anglais).