AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Niddah

Les statuts de la niddah (hĂ©breu : Ś ÖŽŚ“ÖžÖŒŚ” « Ă©loignĂ©e » ou « Ă©cartĂ©e[note 1] ») forment la majeure partie des lois de la puretĂ© familiale (hĂ©breu : Ś—Ś•Ś§Ś™ Ś˜Ś”ŚšŚȘ Ś”ŚžŚ©Ś€Ś—Ś” ’houqei taharat hamishpa'ha) ainsi dĂ©nommĂ©es dans le judaĂŻsme orthodoxe Ă  partir du XIXe siĂšcle, rĂ©gissent l’état d’impuretĂ© rituelle dans laquelle se trouve la femme en pĂ©riode de rĂšgles, et impliquent une sĂ©paration physique temporaire du couple, sous peine d’enfreindre une prohibition biblique passible de retranchement : tenue de vĂ©rifier le moindre indice d’écoulement de sang menstruel Ă  l’approche de la pĂ©riode supposĂ©e, la femme doit s’éloigner de son mari dĂšs qu’il a commencĂ©, s’abstenant de contacts physiques et, Ă  plus forte raison, de relations sexuelles au cours d’une pĂ©riode plus ou moins longue (les couples ont pour coutume de dormir sĂ©parĂ©ment pendant cet intervalle), Ă  l’issue de laquelle elle doit se tremper dans un bain rituel pour se laver de l’impuretĂ© et reprendre la vie conjugale.

Niddah
Image illustrative de l’article Niddah
Mougat goujo, hutte réservée aux « impures de sang » dans le rite des Beta Esraël, Ambober, 1976
Sources halakhiques
Textes dans la Loi juive relatifs Ă  cet article
Bible LĂ©vitique 15 & 19-24
Talmud de Babylone Niddah
Sefer Hamitzvot Assin n°99 (niddah) et 106 (zavah)
Sefer HaHinoukh Mitzvot n°181 & 207
MishnĂ© Torah Sefer Tahara, Hilkhot MetamÊżei mishkav oumoshav 1-5, 8 & 12 (impuretĂ© des femmes lors des flux utĂ©rins)
Sefer Kedousha, Hilkhot Issourei biÊŸa 4-11 (interdictions de rapports avec ces femmes)
Choulhan Aroukh Yore Dea 183-202

Le poids de la niddah sur la vie juive est majeur aux Ă©poques biblique et antique, faisant l’objet d’un traitĂ© homonyme consacrĂ© au sujet oĂč il est notamment enseignĂ© qu’une communautĂ© juive doit faire passer la construction du bain rituel avant toute autre prioritĂ©. Le respect des lois de la niddah façonne ainsi un pan considĂ©rable de la vie des communautĂ©s traditionnelles puis orthodoxes, oĂč leur complexitĂ© suscite un important corpus de questions-rĂ©ponses des autoritĂ©s rabbiniques ainsi qu’une nĂ©cessitĂ© d’initier les filles Ă  marier afin de ne pas donner naissance Ă  des enfants en Ă©tat de niddah, qui seraient Ă  peine mieux considĂ©rĂ©s que des bĂątards. Elles sont cependant fortement relativisĂ©es dans les mouvances non-orthodoxes, qui en critiquent le caractĂšre archaĂŻque ou sexiste, allant jusqu’à abolir ou modifier leurs rituels, en particulier ceux qui sont liĂ©s aux ablutions et au bain.

La niddah et ses lois dans les sources juives

Dans la Bible

Le terme niddah apparaĂźt dans le LĂ©vitique, au sein du Code de saintetĂ© oĂč ses lois sont principalement exposĂ©es : la Torah Ă©nonce d’abord, au sujet d’une parturiente qui mettrait un garçon au monde, qu’elle sera « impure durant sept jours kimei niddat devota, comme lorsqu'elle est isolĂ©e Ă  cause de sa souffrance » (Lv 12:2) ou bien « deux semaines keniddata, comme lors de son isolement » si elle donne naissance Ă  une fille (Lv 12:5).
L’isolement mĂȘme, est dĂ©crit trois chapitres plus loin, aprĂšs l’exposition des lois concernant les hommes atteints d’écoulement gĂ©nital (en) ou aprĂšs Ă©mission de sperme (en) :

« [litt. : Et[note 2] une] femme qui aura un flux, un flux de sang en sa chair, restera sept jours dans son impuretĂ©. Quiconque la touchera sera impur jusqu’au soir.Tout objet sur lequel elle repose lors de son isolement, sera impur ; tout objet sur lequel elle s'assied, sera impur. Quiconque touchera Ă  sa couche devra laver ses vĂȘtements, se baigner dans l'eau, et restera impur jusqu’au soir. Quiconque touchera Ă  quelque meuble oĂč elle s’assoirait, lavera ses vĂȘtements, se baignera dans l’eau, et restera impur jusqu’au soir. S’il y a quelque chose sur le lit ou sur l’objet sur lequel elle s’est assise, celui qui la touchera sera impur jusqu’au soir. Et si un homme couche avec elle et que sa niddah [Ă  elle] vienne sur lui, il sera impur pendant sept jours, et tout lit sur lequel il couchera sera impur. »

— LĂ©vitique 15:19-24

La Torah interdit les rapports avec une femme niddah (he) Ă  plusieurs reprises, les comptant d’une part parmi les relations interdites (Lv 18:19), et proclamant d’autre part qu’« un homme cohabitant avec une femme souffrante [du flux], et a dĂ©couvert sa nuditĂ©, dĂ©couvrant sa source, et elle[-mĂȘme] a dĂ©voilĂ© la source de ses sangs, ils seront retranchĂ©s tous deux du sein de leur peuple » (Lv 20:18).
Lorsque l’écoulement se prolonge au-delĂ  de la pĂ©riode d’isolement ou survient en-dehors de celle-ci, elle est impure de la mĂȘme maniĂšre mais le demeure en outre pendant une semaine aprĂšs que le sang a cessĂ© de couler, et elle doit apporter ensuite deux oiseaux en offrande, l’une expiatoire et l’autre holocauste (Lv 15:25-30).

L’emploi de niddah est ensuite Ă©largi Ă  d’autres fautes : c’est une niddah pour un homme que de dĂ©couvrir la nuditĂ© de la femme de son frĂšre, du vivant de celui-ci (Lv 20:21), c’est en niddah que Dieu place l’or et l’argent des habitants d’IsraĂ«l qui sont tombĂ©s par eux dans le crime, l’orgueil et l’idolĂątrie (Ez 7:19-20), et c’est de la niddah qu’ÉzĂ©chias prie les LĂ©vites de dĂ©barrasser le temple de JĂ©rusalem avant de le sanctifier (2 Chron 29:5). Le Livre des Nombres utilise quant Ă  lui l’expression mei niddah Ă  cinq reprises pour dĂ©nommer « l’eau de sĂ©paration » Ă  laquelle ont Ă©tĂ© mĂ©langĂ©es les cendres de la vache rousse (en) (Nb 19:9, 19:13, 20-21 & 31:21) car elle sert Ă  laver les fautes qui sĂ©parent IsraĂ«l de Dieu[1] ; c’est en ce sens que l’expression revient dans l’annonce eschatologique de Zacharie, qui prophĂ©tise l’apparition d’une source Ă  JĂ©rusalem pour la laver de ses fautes et pĂ©chĂ©s (Zach 13:1).

Dans la littérature tannaïtique

Les nombreux enseignements autour de ces versets bibliques, transmis de génération en génération par les sages dits « répétiteurs », sont regroupés par versets dans le Sifra puis, dans un second temps, par thÚmes dans la Mishna et son « complément, » la Tossefta.

De l’« et » superflu accollĂ© Ă  « une femme » dans le verset Lv 15:19[note 2], les sages d’IsraĂ«l tirent en loi que les rĂšgles de la niddah s’appliquent Ă  toute femme dĂšs son premier jour de vie, et non seulement Ă  la « femme complĂšte » (MetZav 4:1). Une lecture qui harmonise « un flux » avec « elle a rĂ©vĂ©lĂ© la source de [litt.] ses sangs » (Lv 20:18), conduit ces docteurs de la Loi Ă  limiter l’impuretĂ© d’écoulement au sang et non Ă  d’autres fluides ; il doit en outre provenir de « la source » et non d’autres endroits pour rendre la femme niddah mais « ses sangs » indique qu’il y a plus d’une teinte impurifiante — le « rouge » comme le sang qui s’écoule des plaies vives (mais non anciennes), le « noir » comme l’encre sĂšche, la teinte rouge-orange de la « racine de curcuma », celle rouge-brune de « l’eau de terre » qui charrie le limon fertilisĂ© dans les vallĂ©es de GalilĂ©e, et le rouge violacĂ© du « vin du Sharon diluĂ© » dans deux mesures d’eau[2] — les sages de la maison de ShammaĂŻ mais non ceux de la maison de Hillel, ajoutent Ă  ces nuances celles de “l’eau de fenugrec ou l’eau de viande rĂŽtie” (MetZav 4:2-3 & mishna Niddah 2:6).
De surcroĂźt, « dans sa chair » rend la femme impure « de l’intĂ©rieur comme de l’extĂ©rieur », c’est-Ă -dire dĂšs l’émission de sang utĂ©rin dans le beit ha’hitson, avant mĂȘme qu’il ne s’écoule du vagin (MetZav 4:4). Elle est dĂšs cet instant impure pour sept jours et nuits consĂ©cutifs, qu’elle voie d’autres Ă©coulements ou non au cours de cette pĂ©riode, et elle doit attendre la fin du septiĂšme jour, c’est-Ă -dire la nuit du huitiĂšme jour pour se purifier dans un bain rituel (MetZav 4:5-8 ; TazYol 1:12-14 applique ces mĂȘmes statuts Ă  la femme en couche d’aprĂšs Lv 12:2).
Soulignant le contraste biblique entre la personne qui touche la niddah et celle qui couche avec elle, les sages enseignent que l’impuretĂ© de la premiĂšre ne serait pas plus sĂ©vĂšre que celle du zav puisqu’elle ne pas confĂšre Ă  son tour l’impuretĂ© aux personnes et rĂ©cipients de terre qu’elle toucherait (MetZav 4:9-11). Les sages restreignent aussi la transmission de l’impuretĂ© non Ă  « tout objet sur lequel elle repose [ou] s’assied » (Lv 15:20) mais aux lits ou siĂšges spĂ©cifiquement employĂ©s par elle Ă  cet usage, puisqu’il est dit « sa couche » au verset suivant (MetZav 4:12 et seq.). En revanche, un homme — donc ĂągĂ© de neuf ans et un jour ou plus — qui couche avec une niddah, que ce soit ou non dans un but d’union, et que celle-ci s’effectue ou non selon la nature, reçoit et communique son impuretĂ© mais non d’autres comme la tsara’t.


Notes et références

Notes

  1. De la racine N-D-D qui marque l’éloignement, selon le Rashbam s.v. Lv 12:2 et d’aprĂšs les traductions judĂ©o-aramĂ©ennes de la Bible ; Abraham ibn Ezra s.v. Nb 19:9 rapproche le terme de menadekhem (« [vos frĂšres 
] qui vous repoussent ») en Is 66:5, et le Hizqouni s.v. Lv 20:21 de mitnodedet, « errant [temporairement] du cĂŽtĂ© de l’impuretĂ©. »
  2. Cet “et” est omis des traductions Cahen et du Rabbinat ainsi que de la Bible Louis Segond, n’apparaissant que dans la Bible Chouraqui

Références

  1. (en) Joseph Jacobs et Judah David Eisenstein, « Red Heifer », dans Jewish Encyclopedia, vol. 10, New York, Funk & Wagnalls, 1901-1906 (lire en ligne), p. 344-345, (en) G. Johannes Botterweck et Helmer Ringgren, Theological Dictionary of the Old Testament, vol. 4, Grand Rapids, Mich., Wm. B. Eerdmans, (OCLC 838020993), p. 344-345
  2. (he) Eliezer Melamed, « Dam veketem : Damim tmeÊŸim outehorim », dans Sefer Taharat Hamishpakha [« Sang et tache : sangs impurs et purs »], coll. « PninĂ© Halakha », (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • (he) Shmouel Avraham Adler, Aspaklaria : Compendium of Jewish Thought, JĂ©rusalem, 1992-1998 (lire en ligne), « Niddah Zavah »
  • Evyatar Marienberg, Niddah. Lorsque les juifs conceptualisent la menstruation, Paris, Les Belles Lettres, , 366 p. (ISBN 978-2-251-44246-4).
  • (he) Evyatar Marienberg, La BaraĂŻta de-Niddah : un texte juif pseudo-talmudique sur les lois religieuses relatives Ă  la menstruation, Turnhout, Brepols, , 228 p. (ISBN 978-2-503-54537-0)


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.