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T-14 Armata

Le T-14 Armata (en russe : T-14 Армата, appellation d'usine : Objet 148) est un char de combat russe. Son développement a commencé après l'abandon du programme T-95 (Objet 195). Il a été présenté le lors du défilé militaire célébrant le 70e anniversaire de la victoire dans la Grande Guerre patriotique.

Objet 148 T-14 Armata
Image illustrative de l’article T-14 Armata
Un T-14 lors du défilé du 9 mai 2015.
Caractéristiques de service
Service Prévue pour 2023[1] (armée russe)
Utilisateurs Drapeau de la Russie Russie
Production
Concepteur Uralvagonzavod, UKBTM et le JSC
Année de conception 2010-présent
Constructeur Uralvagonzavod
Production 20 exemplaires[2]
Variantes Véhicule de combat d'infanterie lourd T-15 Armata et char de dépannage BREM T-16.
Caractéristiques générales
Équipage 3[3] tireur, pilote et chef de char
Longueur 10,435 m (avec le canon)[4]
Largeur 3,82 m (avec les préblindages latéraux)[4]
Hauteur 3,218 m (avec le viseur panoramique)[4]
Masse au combat 55 t[5]
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Type Blindage composite et blindage réactif explosif Monolit

Système de protection active Afganit

Armement
Armement principal Canon à âme lisse 2A82-1M[4] de 125 mm (32 obus dans le chargement automatique)
Armement secondaire 2 mitrailleuses 6P7К PKTM de 7,62 mm
Mobilité
Moteur Moteur Diesel CTZ A-85-3A à 12 cylindres disposés en « X ».
Puissance 1 200 ch (réglable jusqu'à 1 500 ch)[6] - [4]
Transmission Robotisée à 8 rapports
Suspension Barres de torsion avec amortisseurs rotatifs
Vitesse sur route 75 km/h[7] - [4]
Puissance massique 25 ch/t
Réservoir 1 615 L + 2 bidons largables de 200 L chacun.
Autonomie 600 km[4]

Historique

Genèse

La dislocation de l'URSS a marqué un coup d'arrêt dans le développement des futurs chars de combat soviétiques, l'abandon de nombreux programmes militaires qui s'est ensuivi a forcé la Russie à adopter une version revalorisée du T-72B, le T-72BU qui prendra l'appellation de T-90 après la guerre du Golfe. Néanmoins, le bureau d'études d'Uralvagonzavod a continué le développement d'un char de combat de nouvelle génération devant un jour succéder au T-90, l'Objet 195. En avril 2010, le ministère de la Défense russe cesse de financer le développement de l'Objet 195, jugeant ce dernier obsolète, obligeant Uralvagonzavod à poursuivre le développement de son futur char de combat sur fonds propres[8].

En octobre 2010, le commandant en chef des forces terrestres de la fédération de Russie, Alexandre Postnikov annonce lors d'une interview qu'une nouvelle famille de blindés lourds dénommée Armata est en cours de développement[9].

Prototypes

Le 6 mai 2015, le char T-14 apparait pour la première fois en public, il participe alors à la répétition de la parade du défilé militaire du 9 mai célébrant le 70e anniversaire de la victoire dans la Grande Guerre patriotique.

En mai 2018, environ une vingtaine de T-14 étaient en période de tests avec les forces armées russes. La production en série était prévue pour 2019-2020, mais des retards récurrents et problèmes de conception ont fait repousser cette date[10]. Son coût, selon les médias russes en 2016, est de 250 à 400 millions de roubles (4 à 6,5 millions d'euros au taux de ).

En 2019, la livraison prend du retard. Pour Michael Peck de The National Interest, cela est dû aux difficultés liées à la mise en place des innovations dont bénéficie le char, et aux surcoûts engendrés. L'armée russe limite alors ses commandes d'Armata, et préfère probablement se concentrer sur la modernisation des T-72, T-80 et T-90 existants[11].

En février 2020, on annonçait 500 T-14 et 400 T-90M pour 2027[12].
En avril 2020, Denis Mantourov, chef du ministère russe de l'Industrie et du Commerce annonçait sur la chaîne de télévision Rossiya-1 que les livraisons du char T-14 devraient commencer en 2021[13].

Retard dû à la situation géopolitique actuelle

Début 2019, le responsable russe Youri Borisov, vice-ministre russe de la Défense, confirme le report du lancement de ce char. Ainsi, en septembre 2017, Uralvagonzavod (UVZ) avait levé le voile sur une nouvelle version du char T-90, le T-90M reprenant certains composants développé pour le programme Armata[14], en particulier la conduite de tir et la climatisation. Et il fut annoncé que ces chars modernisés allaient commencer à être livrés à l’armée russe à partir de 2018. En novembre 2021, toujours en essais, son entrée en service est annoncée pour 2024[15]. En outre, les unités blindées russes ont reçu – ou sont en train de recevoir – des chars T-72 et T-80 remis au standard B3M.

Caractéristiques techniques

D’une masse de 55 tonnes[16] en ordre de combat, le char T-14 possède une tourelle inhabitée, il intègre un système de protection active Afganit[17]. Ses trois membres d'équipage prennent place dans un unique compartiment situé entre le blindage frontal et le compartiment du carrousel à munitions de 125 mm[18].

Armement

Le T-14 est armé d'un canon 2A82-1M de 125 mm à âme lisse, monté dans une tourelle inhabitée. Celui-ci est un développement ultérieur du canon 2A66 testé à la fin des années 1980 sur l'Objet 187. Le gain de puissance est réalisé grâce à une augmentation du volume de la chambre, lui permettant d'utiliser des charges propulsives plus volumineuses et donc plus puissantes. Le 2A82 peut éventuellement recevoir un tube de 152 mm, il porte alors la dénomination « 2A83 », ce dernier ayant été testé sur l'Objet 195 mais ce nouveau canon ne peut pas être accueilli par la caisse du T-14.

Le chargement du canon est opéré par un carrousel automatisé d'une contenance de 32 obus situé dans le panier de la tourelle inhabitée, l'éjection des culots vides se fait par une trappe aménagée sur le flanc gauche de la tourelle.

Une mitrailleuse coaxiale 6P7К PKTM de 7,62 mm et une mitrailleuse 6P7К PKTM du même calibre, montées sur le viseur panoramique armé Hawkeye, viennent compléter l'armement principal.

Moyens d'observations et conduite de tir

Le T-14 utilise la conduite de tir Kalina. Le chef de char dispose d'un viseur panoramique gyrostabilisé Hawkeye monté au sommet de la tourelle. Il intègre une voie jour et nuit (thermique), en l'absence d'oculaire, l'image est observée sur un écran plat. L'opérateur de la tourelle dispose d'une version modifiée du viseur gyrostabilisé SOSNA-U, ce dernier incorpore une voie jour et nuit (thermique) ainsi qu'un télémètre laser. Ces deux viseurs sont conçus et produits par la société biélorusse Peleng. Ces trois systèmes sont aussi présents sur le T-90MS.

Mobilité

Gros plan sur le train de roulement d'un T-14, on peut apercevoir l'un des deux pots d'échappement sur le déport de caisse, à la hauteur du 7e galet de roulement et, juste à côté, l'échappement du groupe auxiliaire de puissance.

Train de roulement

Il comporte sept galets de roulement en acier et quatre rouleaux porteurs sur lesquels reposent des chenilles à connecteurs à deux demi-corps disposant de semelles en caoutchouc amovibles. Le premier, le deuxième et le septième galet disposent chacun d'un amortisseur rotatif. Les galets de roulement font 70 cm de diamètre[19] et sont dotés de bandages en caoutchouc.

Motorisation

Le char est propulsé par un moteur diesel turbocompressé A-85-3A à douze cylindres ayant une puissance nominale de 1 500 ch à un régime de 2 000 tr/min. Développé par CTZ, il a la particularité d'avoir ses pistons disposés non pas en « V » mais en « X » afin de limiter l’encombrement du bloc-moteur.

Le développement de ce moteur avait commencé au début des années 1980 sous le nom de « A-85-2 » et il avait été testé à la fin de cette décennie sur l'Objet 186 et l'Objet 187. Pour des raisons de fiabilité, le moteur est actuellement réglé à 1 200 ch.

D'une cylindrée avoisinant les 35 L[20], le moteur affiche une consommation spécifique de carburant de 160 g/kWh et son poids à sec, sans la poutre de refroidissement, est de 1 550 kg[21].

Transmission

Le T-14 reprend une transmission de conception similaire à celle proposée sur le T-90MS, la boîte de vitesses mécanique est désormais robotisée tandis que le système de direction est piloté électroniquement. Pour des raisons de coûts et de complexité, la boîte de vitesses du T-14 n'intègre pas de convertisseur de couple et ne permet donc pas le passage des rapports sous couple[22].

Le T-14 devient le premier char russe à pouvoir effectuer un pivot sur place sans avoir recours au blocage de la chenille intérieure (ripage) et contrairement à ses prédécesseurs tels que le T-90 et T-72, la dépose du groupe motopropulseur peut être effectuée d'un seul tenant, à l'aide d'une grue.

Protection

Le glacis avant présente une épaisseur de plus de 70 centimètres et renferme un blindage composite capable de contrer les obus-flèches et les charges creuses de gros calibre. Il est également recouvert de tuiles formant le blindage réactif explosif Monolit.
Un blindage rapporté composite protège le toit de la tourelle et le compartiment d'équipage contre les attaques verticales type bombelettes.
Des pré-blindages latéraux (composite sur le premier tiers avant, réactif de type Relikt sur le deuxième tiers) protègent les flancs du châssis tandis que des grilles statistiques sont montées sur les flancs du compartiment moteur.
La partie inférieure de la pointe avant du châssis voit sa protection sensiblement améliorée grâce à la présence de la lame d’auto-enfouissement en acier que l'on retrouve sur les chars russes.

La tourelle n’a pas fait l’objet des mêmes efforts de protection balistique pour des raisons de masse et d'encombrement. Une série de capotages en acier carènent l’armement et les équipements en n’assurant une protection que contre les projectiles de faible calibre[23].

On peut apercevoir sur cette photo de la tourelle du T-14 les différents composants du système de protection active Afganit : deux antennes radar, un détecteur UV de départ de coup, un détecteur d'alerte laser, un panier mobile à grenades fumigènes et les tubes à munition tueuse.

En complément, le char T-14 fait appel à plusieurs systèmes de protection active mêlant un système soft-kill (contre-mesures électro-optiques/ électro-magnétiques), un hard-kill (protection active anti-projectiles), les blindages classiques et les dispositifs de survie après impact. L'Armata bénéficie de toute cette expérience technologique et sa tourelle présente une architecture très optimisée pour y intégrer plusieurs équipements et systèmes. La détection des menaces fait appel à quatre antennes radar couvrant 360° ainsi que des détecteurs d’alerte laser très visibles sur l’avant de la structure. En fonction de la nature de la menace (vecteur vitesse, distance, altitude), le T-14 peut déclencher soit l'éjection d'une munition tueuse du système Afganit (en) (les gros tubes disposés en éventail situés à la base de la tourelle) qui détruira le projectile, soit orienter l'un des deux paniers mobiles à grenades fumigènes situés sur le toit pour créer un rideau opaque qui s'interposera entre le char et le lanceur ennemi. Douze lanceurs verticaux sont montés sur la tourelle et sont probablement destinés à l'éjection de leurres infrarouges (ou paillettes) afin de détourner les missiles de type « tire et oublie »[23].

Versions

Le châssis de l'Armata sert de plate-forme pour d'autres véhicules blindés, tels que le canon automoteur 2S35 Koalitsiya-SV (d'abord construit sur le châssis du T-90[24]), le véhicule de combat d'infanterie T-15 (Objet 149), le dépanneur T-16 (Objet 152) et l'on envisage des versions dronisées.

Références

  1. Yann Boivin, « L'INDUSTRIE DE DEFENSE RUSSE ENTRE DECISIONS ET REVERS ! » Accès libre, sur blablachars.blogspot.com, (consulté le ).
  2. (en) « Russian plans to upgrade T-80 and T-90 jeopardise Armata programme », sur http://www.janes.com/ (consulté le ).
  3. (en) « T-14 Armata Russian main battle tank technical data sheet specifications information description pictures », sur Army recognition, (consulté le ).
  4. (ru) Alexey Khlopotov "Gur Khan", « Уралвагонзавод" рассекретил габариты "Арматы », sur http://gurkhan.blogspot.com, (consulté le ).
  5. (ru) « Подробность об "Армате": Т- 14 "пополнел"с 48 до 55 тонн », Gur Khan attacks!.
  6. (en) « A-85-3A », sur http://www.army-guide.com/eng/ (consulté le ).
  7. (ru) « Т-14 "Армата", танк », sur http://www.arms-expo.ru (consulté le ).
  8. (ru) « Перспективная" бронетехника устарела раньше, чем стала в строй », sur http://www.kommersant.ru/, (consulté le ).
  9. (ru) « Войска, кующие победу », sur http://old.redstar.ru/, (consulté le ).
  10. (en) Richard Connolly et Mathieu Boulègue, « Russia’s New State Armament Programme: Implications for the Russian Armed Forces and Military Capabilities to 2027 », Chatham House, , p. 24 (lire en ligne).
  11. (en) « Russia's Armata Tank Looked Like The Future of Warfare (But There Could Be a Problem) », sur nationalinterest.org, (consulté le ).
  12. Fabrice Wolf, la Russie alignera une force de 900 T14 et T90M, 18 février 2020
  13. (ru) « Т-14 на платформе «Армата» начнут поставлять в армию в 2021 году Подробнее: https://eadaily.com/ru/news/2020/04/19/t-14-na-platforme-armata-nachnut-postavlyat-v-armiyu-v-2021-godu » Accès libre, sur eadaily.com, (consulté le ).
  14. Benoît C., « [Dossier] Le T-14 Armata; l’avenir du char de bataille russe? », sur Red Samovar, (consulté le ).
  15. « Nouveau retard pour le t-14 », sur blablachars.blogspot.com (consulté le ).
  16. « Подробность об "Армате" : Т- 14 "пополнел"с 48 до 55 тонн », sur gurkhan.blogspot.com (consulté le ).
  17. AFGANIT : Le blindage révolutionnaire du char russe T-14 ARMATA.
  18. Laurent Lagneau, « Le char T-14 Armata serait finalement trop cher pour l’armée russe », sur Zone militaire opex360.com, (consulté le ).
  19. (ru) « Ну, я же говорил... 700мм! », sur http://gurkhan.blogspot.be/ (consulté le ).
  20. (ru) « Двигатель ближайшего будущего », sur http://topwar.ru/ (consulté le ).
  21. (en) « A-85-3A », sur http://www.army-guide.com/eng/ (consulté le ).
  22. (ru) « К ВОПРОСУ ВЫБОРА ТРАНСМИССИИ ДЛЯ УНИВЕРСАЛЬНОГО БАЗОВОГО ШАССИ », sur http://gurkhan.blogspot.be/, (consulté le ).
  23. Marc Chassillan, « L'Armata T-14 ou la rupture dans la conception des chars russes », La Tribune, Revue Défense nationale, no 648, (lire en ligne).
  24. Laurent Lagneau, « Le nouvel obusier russe 2S35 Koalitsiya-SV, capable de tirer 16 coups par minute, pourrait entrer en service en 2022 », sur Zone militaire opex360.com, 10 février 2020 (consulté le 14 janvier 2021).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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