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Syntaxe du tsez


Le groupe du nom

Les groupes du nom (GN) s’organisent par dĂ©finition autour d’un substantif, qui peut ĂȘtre un nom, un pronom ou une expression substantivĂ©e telle qu’un participe marquĂ© du nominalisateur -Ƃi, un dĂ©verbal (masdar), ou un adjectif substantivĂ© restrictif (comme en anglais : « the older one Â», le plus vieux) ; ce dernier porte le suffixe -ni juste derriĂšre le radical de l’adjectif. Ils sont tous flĂ©chis Ă  tous les cas.

Comme le tsez est une langue de type « dĂ©terminant en tĂȘte », tous les modificateurs prĂ©cĂšdent le nom principal et s’accordent avec lui en classe. L’ordre normal (= neutre) des modificateurs est habituellement le suivant :

  1. clause relative
  2. pronom possessif non emphatique
  3. pronom possessif emphatique
  4. adjectif restrictif
  5. démonstratif
  6. numéral / quantificateur
  7. adjectif non restrictif

L’ordre des Ă©lĂ©ments n° 4, 5 et 6 peut nĂ©anmoins varier.


sideniʕaƛ-āb-iči-xosinesi-sb-aqʌˁuĆŸuka-tÊŒa-niʕagarƂi
un autrevillage-IN:ESSIPL-ĂȘtre-PRSPRTil-GEN1IPL-beaucoup demauvais-DISTR-RESTRparent
« ses nombreux parents dĂ©sagrĂ©ables qui vivent dans le prochain village Â»

Les modificateurs peuvent aussi inclure des groupes du nom obliques, lesquels prennent alors l’un des deux suffixes gĂ©nitifs en fonction du cas du nom principal : -si pour un nom principal Ă  l’absolutif, -zo s’il est Ă  un cas oblique. Ainsi :

ħon-ƛʌo-si ʕadala (« le fou sur la colline Â», absolutif)

et

ħon-ƛʌo-zo ʕadala-r (« au/vers le fou sur la colline Â», datif/latif)

Le groupe du verbe

Les groupes du verbe (GV) sont des groupes de mots dont le terme principal est un verbe ou une copule. Les verbes peuvent avoir des transitivités différentes, ce qui a un effet direct sur la distribution des cas pour leurs arguments nominaux.

Les copules

Les copules sont utilisĂ©es en tsez pour mettre en relation le sujet avec un groupe du nom ou avec des adjectifs prĂ©dicatifs, et peuvent dans ces cas ĂȘtre traduits en français par la copule « ĂȘtre ». Le sujet comme le nom prĂ©dicatif est Ă  l’absolutif, et donc non marquĂ©. Si une condition contextuelle est dĂ©crite sous la forme d’un adjectif, l’adjectif requiert un accord de classe IV. Comparez les exemples suivants :


ʕAli-sobiyaħoyoƂ
Ali-GEN1pĂšrebergerĂȘtre:PRS
"Le pùre d’Ali est berger."

et

ciq-qor-očʌiyzow-si
forĂȘt-POSS:ESSIV-froidĂȘtre-PSTWIT
"Il faisait froid dans la forĂȘt."
NB: PSTWIT = passé attesté.

Les verbes intransitifs

L’argument unique des verbes intransitifs est Ă  l’absolutif (non marquĂ©). Le verbe s’accorde avec le nom en classe.

  • Exemple : is b-exu-s ("le taureau est mort").

Les verbes monotransitifs

Les verbes monotransitifs sont des verbes qui prennent deux arguments. Le tsez Ă©tant une langue ergative, le sujet, ou plus prĂ©cisĂ©ment l’agent, requiert le cas ergatif, tandis que l’objet direct (ou le patient) requiert le cas absolutif. L’objet direct d’un verbe transitif est donc marquĂ© de la mĂȘme façon que le sujet d’un verbe intransitif. LĂ  encore, le verbe s’accorde en classe avec l’absolutif (c’est-Ă -dire l’objet direct).

ĆŸekÊŒ-āgulub-okÊŒ-si
homme-ERGcheval:ABSIII-frapper-PSTWIT
"L’homme frappa le cheval."

Les deux arguments (l’agent comme le patient) peuvent ĂȘtre omis s’ils sont clairement sous-entendus Ă  partir du contexte.

Les verbes ditransitifs

Les verbes ditransitifs sont des verbes qui requiĂšrent trois arguments : un sujet (ou agent), un objet direct (ou patient, parfois aussi appelĂ© thĂšme) et un objet indirect (ou rĂ©cipiendaire). En français, donner et prĂȘter sont des verbes typiquement ditransitifs. En tsez, l’agent se met Ă  l’ergatif et le patient Ă  l’absolutif. Le cas du rĂ©cipiendaire dĂ©pend de la nature sĂ©mantique du transfert de possession ou d’information : s’il s’agit d’un transfert permanent (par exemple donner (en cadeau), le rĂ©cipiendaire se met au datif/latif (dĂ©sinence -(e)r), s’il s’agit d’un transfert non permanent (ex. prĂȘter), ou incomplet, le rĂ©cipiendaire se met Ă  l’un des cas locatifs. Voici deux exemples illustrant cette distinction :

Transfert permanent :

ʕAl-ākidbe-rsuratteƛ-si
Ali-ERGfille-DATphoto:ABSdonner-PSTWIT
"Ali a donné une photo à la fille (pour de bon, c.à.d. en cadeau)."

Transfert temporaire :

ʕAl-ākidbe-qo-rsuratteƛ-si
Ali-ERGfille-POSS-DATphoto:ABSdonner-PSTWIT
"Ali a prĂȘtĂ© une photo Ă  la fille."

Les propositions affectives

Les propositions affectives ont comme prĂ©dicat, soit un verbe de perception, soit un verbe "psychologique", par exemple : "ĂȘtre ennuyĂ©/ennuyer", "devenir connu (passer Ă  la connaissance)", "trouver", "oublier", "dĂ©tester", "entendre", "savoir", "aimer/apprĂ©cier", "regretter (une absence)", "voir", etc. L’expĂ©rienceur (qui serait le sujet dans la phrase française correspondante) est habituellement au datif, tandis que le stimulus (l’objet dans la phrase française) se met Ă  l’absolutif.

ʕAli-rPatÊŒiy-eti-x
Ali-DATFatima:ABSII-aimer-PRS
"Ali aime Fatima."

Les propositions potentielles

Les propositions potentielles sont l’équivalent des propositions françaises qui font intervenir des termes comme "pouvoir" ou "ĂȘtre capable de". En tsez, ceci est exprimĂ© par le suffixe verbal -Ƃ; le sujet de la proposition se met alors au cas possessif (-q(o)) au lieu de l’ergatif, tandis que l’objet du verbe est Ă  l’absolutif.

kÊŒetÊŒu-qɣˁayħaƛu-Ƃ-xo
chat-POSS:ESSlait:ABSboire-POT-PRS
"Le chat peut boire du lait."

La causativisation

Les constructions causatives (faire faire qqch Ă  qqn) se forment au moyen du suffixe causatif -r. Celui-ci augmente d’une unitĂ© la valence de tout verbe. Si un verbe ditransitif est formĂ© Ă  partir d’un transitif, l’argument, qui est Ă  la fois sujet et objet, se met au cas possessif (-q(o)); voir l’exemple ci-dessous (le e devant le suffixe causatif est une voyelle Ă©penthĂ©tique) :

aħ-āčanaqan-qozeyĆŸekÊŒ-er-si
berger-ERGchasseur-POSS:ESSours:ABSatteindre-CAUS-PSTWIT
"Le berger a fait tuer l’ours par le chasseur."

L’ordre des mots

Le tsez est une langue oĂč l’élĂ©ment principal se place Ă  la fin : en dehors des postpositions, les modificateurs tels que les propositions relatives, les adjectifs, les gĂ©nitifs, les numĂ©raux, prĂ©cĂšdent toujours la proposition principale. L’ordre normal Ă  l’intĂ©rieur des propositions comportant plus d’un modificateur est le suivant :

Agent/ExpĂ©rienceur — RĂ©cipiendaire — Patient — Locatif — Instrument

L’ordre peut ĂȘtre modifiĂ© pour insister sur un groupe du nom particulier.

Bien que d’une façon gĂ©nĂ©rale, l’ordre des mots sous-jacent soit de type SOV (sujet – objet – verbe), le prĂ©dicat a tendance Ă  se trouver au milieu de la phrase plutĂŽt qu’à la fin. Cet ordre des mots semble se gĂ©nĂ©raliser dans le discours quotidien. Dans un contexte narratif, l’ordre VSO est parfois utilisĂ© Ă©galement.

La phrase interrogative

On utilise le suffixe interrogatif -ā (-yā aprÚs une voyelle) pour marquer des questions binaires (oui/non). Il se place sur le terme sur lequel porte la question : The interrogative suffix -ā (-yā after vowels) is used to mark yes/no-questions. It is added to the word focused by the question:

kÊŒetÊŒuɣˁutk-āyoƂ-ā?
chat:ABSmaison-IN:ESSĂȘtre:PRS-INT
"Est-ce que le chat est dans la maison ?"
kÊŒetÊŒu-yāɣˁutk-āyoƂ?
chat:ABS-INTmaison-IN:ESSĂȘtre:PRS
"Est-ce le chat qui est dans la maison ?"
kÊŒetÊŒuɣˁutk-ā-yāyoƂ?
chat:ABSmaison-IN:ESS-INTĂȘtre:PRS
"Est-ce dans la maison que se trouve le chat ?"

La négation

La particule nĂ©gative ānu suit le constituant mis au nĂ©gatif ; si c’est la phrase entiĂšre qui doit ĂȘtre mise au nĂ©gatif, on utilise des suffixes verbaux (voir Morphologie du tsez, qui dĂ©taille Ă©galement le cas de l’impĂ©ratif, du prohibitif et de l’optatif).

La coordination

La coordination des propositions (telle qu’elle peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en français par la conjonction "et") est peu courante en tsez. Les groupes du nom sont coordonnĂ©s par l’adjonction du suffixe -n (aprĂšs voyelle) ou -no (aprĂšs consonne) Ă  tous les Ă©lĂ©ments de l’énumĂ©ration ; ainsi "la poule et le coq" sera onuču-n mamalay-no. Dans les phrases conditionnelles, la conjonction "alors" peut ĂȘtre exprimĂ©e par le mot yoƂi:

tatanuÉŁudir-oq-siyoƂieliker-āɣoresanad-ab-ikÊŒ-azow-si
chaudjour:ABSIV-devenir-PSTWITCOND1PL:ABSriviĂšre-IN:ALLse baigner-INFIPL-aller-INFĂȘtre-PSTWIT
"S’il s’était mis Ă  faire chaud, (alors) nous serions allĂ©s nous baigner dans la riviĂšre."

La subordination

Propositions relatives

Tout argument ou complĂ©ment d’une phrase peut devenir l’élĂ©ment principal d’une proposition relative, mĂȘme les objets indirects et les adverbiaux. Le prĂ©dicat d’une telle proposition est toujours un participe, et la construction relative prĂ©cĂšde le substantif principal. Les constituants peuvent aussi ĂȘtre empruntĂ©s Ă  des propositions enchĂąssĂ©es. Toutefois, il n’est pas possible d’élever, dans une phrase possessive, le possesseur Ă  la position principale d’une construction relative.

Les exemples qui suivent montrent comment les diffĂ©rents arguments (exemples 2, 3 et 4) et un complĂ©ment adverbial (exemple 5) sont relativisĂ©s Ă  partir de la phrase de base de l’exemple 1 :

Exemple 1 (standard):

uĆŸ-ākidb-ergagaliteƛ-si/teƛ-xo
garçon-ERGfille-DATfleur:ABSdonner-PSTWIT/donner-PRS
"Le garçon a donné/donne une fleur à la fille."

Exemple 2 (relativisation de l’agent):

kidb-ergagalitāƛ-ru/teƛ-xosiuĆŸi
fille-DATfleur:ABSdonner-PSTPRT/donner-PRSPRTgarçon:ABS
"le garçon qui a donné/donne une fleur à la fille"

Exemple 3 (relativisation du patient):

uĆŸ-ākidb-ertāƛ-ru/teƛ-xosigagali
garçon-ERGfille-DATdonner-PSTPRT/donner-PRSPRTfleur:ABS
"la fleur que le garçon a donnée/donne à la fille"

Exemple 4 (relativisation du récipiendaire):

uĆŸ-āgagalitāƛ-ru/teƛ-xosikid
garçon-ERGfleur:ABSdonner-PSTPRT/donner-PRSPRTfille:ABS
"la fille à qui le garçon a donné/donne la fleur"

Exemple 5 (relativisation du complément):

uĆŸ-ākidb-ergagalitāƛ-ru/teƛ-xosiÉŁudi
garçon-ERGfille-DATfleur:ABSdonner-PSTPRT/donner-PRSPRTjour:ABS
"le jour oĂč le garçon a donnĂ©/donne la fleur Ă  la fille"

Propositions adverbiales

Il existe plusieurs sortes de propositions adverbiales.

Les propositions adverbiales temporelles sont celles qui dĂ©crivent une sĂ©quence chronologique de deux actions, comme en français Avant qu’il ne commence Ă  pleuvoir, nous Ă©tions rentrĂ©s Ă  la maison. ou Nous parlions tout en marchant. En tsez, cette relation est marquĂ©e par des suffixes verbaux qui transforment l’un des verbes en coverbe. Voir le tableau des suffixes de coverbes dans la section Formes non conjuguĂ©es de l’article Morphologie du tsez.

Les propositions adverbiales locales utilisent des coverbes locatifs, qui sont Ă©galement formĂ©s par ajout d’un suffixe au verbe. Ce suffixe est -z-ā-, et la voyelle prĂ©cĂ©dant la derniĂšre consonne du verbe lui-mĂȘme est allongĂ©e en ā. Ce coverbe constitue le terme principal du groupe de mots local et peut donc recevoir un suffixe locatif normalement rĂ©servĂ© aux noms.

Les propositions adverbiales causales, qui en français sont habituellement exprimĂ©es Ă  l’aide de parce que, comme, puisque, etc. prennent le suffixe coverbal -xoy, -za-ƛʌ ou -za-q.

Il y a d’autres sortes de propositions adverviales : voir la section indiquĂ©e de Morphologie du tsez.

Propositions infinitives

Les verbes modaux, les verbes composĂ©s, les verbes de dĂ©placement et les verbes « psychologiques » peuvent tous ĂȘtre accompagnĂ©s par un verbe Ă  l’infinitif. Les dĂ©verbaux ou masdars (formĂ©s avec le suffixe -(a)ni) peuvent ĂȘtre utilisĂ©s Ă  la place d’un infinitif ; ils expriment plus fortement le but. Ces dĂ©verbaux apparaissent Ă©galement avec des verbes « psychologiques » tels que avoir peur de et se mettent alors habituellement au cas possessif (dĂ©sinence -q).

Propositions complétives

Lorsqu’une proposition est utilisĂ©e Ă  la place d’un nom, comme dans Le pĂšre savait [que le garçon voulait du pain] , on peut attacher le suffixe optionnel de substantivation -Ƃi au prĂ©dicat de la proposition enchĂąssĂ©e. La proposition relĂšve alors de la classe nominale IV :

obi-r[uĆŸi-rmagalub-āti-ru-Ƃi]r-iy-si
pÚre-DAT[garçon-DATpain:ABSIII-vouloir-PSTPRT-NMLZ]IV-savoir-PSTWIT
"Le pÚre savait [que le garçon voulait du pain]."

Discours rapporté

Lorsqu’un verbe de communication comme dire, demander, crier introduit un discours rapportĂ©, le propos rapportĂ© est suivi de la particule clitique de citation ƛin, qui est suffixĂ©e aux verbes et reste isolĂ©e dans tous les autres cas. Il faut remarquer que le point de vue et le temps du propos originel sont conservĂ©s, de sorte que la seule diffĂ©rence entre le style direct et indirect est la prĂ©sence de la particule ƛin. Exemple :

ʕAl-ādā-qqunoocÊŒcÊŒinoqʌˁanoƛebyoƂ-ƛineƛi-s
Ali-ERG1SG-POSS:ESSvingtdixdeuxannĂ©es:ABSĂȘtre:PRS-QUOTdire-PSTWIT
"Ali a dit qu’il avait 32 ans."

Notes et références

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