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Syndicalisme au Maroc

Le mouvement syndical au Maroc a vu le jour après la Première Guerre mondiale et l'installation du protectorat Franco-espagnol et international au Maroc, et notamment en 1936 à travers l'Union Générale des Syndicats Marocains - UGSM, organisation créée au sein de la section Marocaine de la CGT française.

Le avec la crĂ©ation dans la clandestinitĂ© du premier syndicat national exclusif aux Marocains, l'Union Marocaine du Travail (UMT). Le Maroc Ă©tant encore sous protectorat français, le gouvernement fit vite paraĂ®tre son point de vue sur l'apparition de cette centrale syndicale. Il dĂ©clare le que « la crĂ©ation d'un tel organisme n'est pas compatible avec la lĂ©gislation actuellement en vigueur au Maroc. Le droit syndical des Marocains ne peut ĂŞtre instituĂ©, comme dans tous les pays du monde que par la loi, c'est-Ă -dire au Maroc par un dahir ». L'UMT ne sera reconnue comme centrale syndicale qu'après son expansion dans tout le Maroc, en 1956, elle dĂ©nombre 65 000 adhĂ©rents. Sa rĂ©ussite lui vient aussi du roi Mohammed V qui lui confère le statut « d'hĂ©ritière » du mouvement national. Aujourd'hui, on compte une vingtaine de syndicats professionnels au Maroc. Toutefois, ce paysage syndical est marquĂ© par un pluralisme « exagĂ©rĂ© Â». En effet, parmi les 12 millions[1] travailleurs marocains, seulement 5 % sont syndiquĂ©s (soit 600 000 environ)[2].

Histoire du syndicalisme au Maroc

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les artisans marocains ont été organisés en corporations dirigées par des représentants appelés l'« amine » et le « mohtassib », ceci constitue la première structure du syndicalisme au Maroc. Au début des années 1930, lors du protectorat français au Maroc, quelques associations ouvrières voient le jour, notamment celles des pêcheurs et cheminots marocains, elles se sont ensuite transformées en petits syndicats professionnels. En effet, les autorités françaises interdisaient la création de syndicats nationaux, les travailleurs avaient le droit d'adhérer aux syndicats français, notamment la CGT, la FO et la CFTC[3]. En 1936, la résidence générale du protectorat français décrète la première loi organisant les syndicats professionnels au Maroc.

L'Union Générale des Syndicats Marocains UGSM dès 1936

Dès 1936 l'Union générale des syndicats marocains - UGSM voit le jour. Il s'agit d'une union départementale de la CGT, Confédération Générale du Travail et principale organisation syndicale des français établis au Maroc depuis le début du régime du protectorat au Maroc en 1912. L'UGSM revendique jusqu'à 80 000 adhérents[4], français et marocains, et son comité directeur est composé de 4 membres du Parti Communiste Marocain (PCM) et de 4 membres du Parti de l'Istiqlal [5]. Elle possède sa propre presse, un bimensuel: « l'Action syndicale » et un quotidien : « le Petit Marocain ».

Le , des syndicalistes marocains participèrent au dépôt du Manifeste de l'indépendance, cette date constitua le début de la participation des travailleurs marocains dans le mouvement national et à la défense leurs intérêts. Le , le syndicaliste tunisien Farhat Hached fut assassiné par les autorités françaises, cet acte provoqua un soulèvement dans tout le pays[3]. À la suite de cet assassinat, une grève générale des forces ouvrières fut décrétée par l'UGSM le au Maroc[6]. En Algérie et en Tunisie[3], c'est également la grève générale. À Casablanca, plusieurs centaines de travailleurs marocains prenant part à cette grève générale tombent sous les balles de la police du régime du Protectorat, notamment dans le quartier des Carrières centrales et le quartier de Mers Sultan et de Hay Mohammadi. Ces événements sont une date clé dans l'Histoire syndicale marocaine[7].

L'Union Marocaine du Travail en 1955

Le , l'Union marocaine du travail (UMT) fut crĂ©Ă©e, presque tous les travailleurs marocains affiliĂ©s aux syndicats français en Ă©taient membres, mais l'UMT n'avait guère de structures au dĂ©but. Il fallut attendre l'indĂ©pendance effective du Maroc pour pouvoir s'organiser. En 1956, l'UMT compte dans ses rangs environ 65 000 adhĂ©rents. En 1960, la première scission au sein du syndicat national historique (UMT) voit le jour, le Parti de l'Istiqlal (PI) dĂ©cide de crĂ©er sa propre centrale syndicale, l'Union gĂ©nĂ©rale des travailleurs du Maroc (UGTM). Selon le parti conservateur (PI), l'UMT Ă©tait un syndicat partisan et liĂ© aux forces progressistes de l'Ă©poque, notamment Ă  l'Union nationale des forces populaires (UNFP) crĂ©Ă© en 1959.

Ainsi, « l'Ă©miettement syndical Â» va continuer au fil des annĂ©es en suivant les tendances politiques de l'Ă©poque. Les scissionnaires vont trouver leurs justifications dans le fait que l'UMT Ă©tait un syndicat « purement syndicaliste », un syndicat « qui ne soucie pas de la politique », « il s'occupe seulement des revendications Ă©conomiques et sociales des travailleurs », « un syndicat bureaucratique qui ne respecte plus la dĂ©mocratie ». C'est justement ces justifications qui ont conduit, entre autres, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) Ă  crĂ©er la ConfĂ©dĂ©ration dĂ©mocratique du travail (CDT) en 1978.

Aspects juridiques

Le dahir du régissant les syndicats professionnels constituent la base juridique fondamentale des droits et des libertés syndicaux. Il stipule :

  • les organisations syndicales participent Ă  l'organisation et la reprĂ©sentation des citoyens,
  • la libertĂ© de crĂ©ation et d'adhĂ©sion au syndicat,
  • le droit de grève demeure garanti,
  • les fonctionnaires jouissent Ă©galement du droit de constituer des organisations syndicales Ă  l'exception des « agents qui sont chargĂ©s d'assurer la sĂ©curitĂ© de l'État et la dĂ©fense de l'ordre public », il s'agit des corps suivants : les Forces armĂ©es royales, Gendarmerie royale, les agents de sĂ©curitĂ© (policiers de la SĂ»retĂ© nationale, agents des Forces auxiliaires), douaniers, pompiers, gardiens de prisons, gardiens des Eaux et ForĂŞts, les juges et les administrateurs du Ministère de l'IntĂ©rieur,
  • aucune autorisation prĂ©alable n'est exigĂ©e par l'État pour la constitution des syndicats Ă  l'exception du dĂ©pĂ´t des statuts et de la liste des membres du bureau syndical,
  • les syndicats professionnels jouissent de la personnalitĂ© civile et ont le droit d'ester en justice,
  • les syndicats ont le droit de constater, d'acquĂ©rir des biens, de constituer des caisses mutuelles et de retraites, de crĂ©er des habitations, de signer des conventions collectives,
  • l'illĂ©galitĂ© de la dissolution des syndicats par la voie administrative,

Liste des syndicats professionnels marocains

Les syndicats sont présentés par ordre chronologique de leurs créations, et selon les annuaires du Ministère marocain de l'emploi et de la formation professionnelle[8] :

Principaux syndicats professionnels

n°SyndicatSigleDate de créationSiègeNotes
1Union marocaine du travailUMTCasablancaen son sein cohabitent toutes les tendances politiques
2Syndicat National de l'Enseignement SupérieurSNESupRabathabilité à défendre les droits et les intérêts des enseignants-chercheurs et à promouvoir l'enseignement supérieur.
3Union générale des travailleurs du MarocUGTM[9]Casablancaaffilié au Parti de l'Istiqlal, né d'une scission avec l'UMT
4Union nationale du travail au MarocUNTMRabatsa présence est relativement importante dans le secteur de l'enseignement
5Confédération démocratique du travailCDT26 novembre 1978Casablancacréé par l'Union socialiste des forces populaires, né d'une scission avec l'UMT
6 Confédération générale du travail CGT Rabat né d'une scission avec CDT

Autres syndicats professionnels

n°SyndicatSigleCréationSiègeNotes
1Union des syndicats des travailleurs libresUSTL1963Casablancacréé par le Mouvement populaire
2Union des travailleurs marocainsUTM1970Casablanca-
3Forces ouvrières marocainesFOM1970Casablanca-
4Syndicat démocratique du travail au MarocSDTM1973Tanger-
5Union marocaine de l'actionUMA1976Rabatcréé par le Parti de l'action
6Union nationale des syndicats des travailleurs libresUNSTL1977Rabatproche du parti Rassemblement national des indépendants
7Union des syndicats populairesUSP1983Casablancaproche du Mouvement populaire
8Syndicat national populaireSNP1991Rabatproche du Mouvement national populaire
9Union national de l'actionUNA1993Casablanca-
10Syndicat autonome du travailSAT1995Casablanca-
11Confédération générale des travailleurs du MarocCGTM1994Casablancaproche de l'Organisation de l'action démocratique populaire
12Syndicat national démocratiqueSND1996Casablanca-
13Union démocratique des travailleursUDT1996Rabat-
14Union des syndicats démocratiquesUSD1996Rabatcréé par le parti du Front des forces démocratiques
15Commission ouvrières marocainesCOM1997Casablancacréé par le Parti du progrès et du socialisme
16Syndicat de l'action socialeSAS1998Casablanca-
17Syndicats confédérésSC1998Rabat-
18Organisation marocaine des travailleurs unisOMTU2003Salé-
19Fédération démocratique du travailFDT2004Casablancané d'une scission avec la CDT
20Organisation démocratique du travailODT2006Rabatné d'une scission avec la CDT
21Syndicat national des ingénieurs marocainsSNIM2007Rabat
22Union nationale de l'initiative syndicale libreUNISL2010Rabatcentrale syndicale socio-participative
23Union générale marocaine du travailUGMT2013Tanger

Syndicats Ă©tudiants au Maroc

Histoire du syndicalisme Ă©tudiant au Maroc

L'histoire du mouvement syndical Ă©tudiant au Maroc a commencĂ© en 1956 avec la crĂ©ation de l'Union nationale des Ă©tudiants du Maroc (UNEM). Après une première expĂ©rience nationaliste qui a durĂ© 5 ans autour du Parti de l'Istiqlal, et donc unitaire, une seconde phase commence en 1961 lors du VIe congrès de l'UNEM Ă  Azrou. La majoritĂ© des adhĂ©rents passe Ă  l'opposition autour des gauchistes de l'Union nationale des forces populaires. En 1969, une troisième phase apparaĂ®t lors du XIIIe congrès du syndicat Ă  Casablanca. En effet, les Ă©tudiants gauchistes, en particulier les avantistes d'Ila Al Amame contestent le pouvoir des Ă©tudiants socialistes. Ils prennent en effet position pour un Sahara « libre Â». Les nouveaux dĂ©bats ont lieu entre des forces rĂ©elles et des forces utopistes qui vont ĂŞtre peu Ă  peu laminĂ©es par la rĂ©pression des autoritĂ©s marocaines. En effet, le , l'UNEM fut interdite et les principaux dirigeants du syndicat furent arrĂŞtĂ©s les uns après les autres. En 1981, le roi Hassan II dĂ©cide l'instauration du rĂ©gime militaire Ă  l'École Mohammadia d'ingĂ©nieurs (EMI), noyau du mouvement syndical estudiantin de l'Ă©poque, en nominant un dĂ©tachement militaire permanent des Forces armĂ©es royales Ă  l'Ă©cole.

La quatrième phase de l'UNEM commence en 1979 lors du XVIIe congrès du syndicat. En effet, les forces de gauches s'Ă©miettent avec l'apparition de divers groupuscules, ceci coĂŻncide avec l'arrivĂ©e progressive des islamistes qui se renforcent de plus en plus dans la sociĂ©tĂ© marocaine durant les annĂ©es 1980. En consĂ©quence les gauchistes de l'Organisation de l'action dĂ©mocratique populaire tentent de reconquĂ©rir le syndicat Ă©tudiant en 1989 par une rĂ©organisation de ses structures de base, mais sans succès. En effet, d'autres forces gauchistes parmi les Ă©tudiants entrent en scène, il s'agit des « QuaĂ®diyyin », ce qu'on pourrait traduire par les « partisans de la base ». Ils refusèrent toute rĂ©forme et dĂ©clarèrent qu'il fallait faire de la politique par le bas en crĂ©ant des comitĂ©s dans les universitĂ©s marocaines. En 1991, ces comitĂ©s se rĂ©unirent Ă  Fès et créèrent un comitĂ© national, ce projet Ă©choua Ă  deux reprises (1991 et 1994) Ă  cause du refus d'intĂ©grer les Ă©tudiants islamistes dans ce comitĂ©. Toutefois, en 1995, les Ă©tudiants socialistes acceptent l'intĂ©gration des forces islamistes du mouvement Al Adl Wal Ihsane d'Abdessalam Yassine. Finalement, ce furent les Ă©tudiants islamistes qui prirent le pouvoir et dirigèrent l'UNEM en suivant la stratĂ©gie des nouveaux « QuaĂ®diyyin islamistes ».

Mouvement syndicaliste étudiant dans les années 2000

Dans les annĂ©es 2000? le Maroc compte deux principaux syndicats Ă©tudiants, il s'agit de l'historique Union nationale des Ă©tudiants du Maroc (UNEM) et l'Union gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants du Maroc (UGEM) sise Ă  l'Agdal (Rabat), toutes les deux contrĂ´lĂ©es par les islamistes, en particulier par ceux d'Al Adl Wal Ihsane. Toutefois, leur influence dans la vie estudiantine reste mineure. Les Ă©tudiants sont, en rĂ©alitĂ©, dĂ©politisĂ©s. En consĂ©quence, les Ă©tudiants sont indiffĂ©rents Ă  leurs reprĂ©sentants syndicaux qui ne nĂ©gocient avec personne et qui ne peuvent rien organiser Ă  l'intĂ©rieur des locaux universitaires. Ceci est dĂ» Ă  une gestion mal structurĂ©e et souvent jugĂ©e d'« amateurisme Â».

Selon une enquĂŞte rĂ©alisĂ©e en 2003[10], la seule chose qui intĂ©resse les Ă©tudiants, ce sont leurs conditions de vie. Il n'existe en consĂ©quence aucune culture politique chez les actuels Ă©tudiants et mĂŞme chez leurs reprĂ©sentants syndicaux. Selon la mĂŞme Ă©tude, 70 % des Ă©tudiants sont hostiles Ă  la prĂ©sence des partis politiques dans les espaces universitaires. D'autre part, 80 % d'entre eux ne connaissent pas les noms de syndicats estudiantins. Pour 84 % des Ă©tudiants, le courant islamiste serait le plus implantĂ© dans les universitĂ©s marocaines, contre 16 % pour les socialistes.

Notes et références

  1. Sobha Sobhaz, « Les principales caractéristiques de la population active occupée en 2019 », sur Site institutionnel du Haut-Commissariat au Plan du Royaume du Maroc (consulté le )
  2. « Syndicats au Maroc: À quoi servent-ils? »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  3. Gérard Fonteneau, Noël Madounga : Histoire du syndicalisme en Afrique, Éditions Karthala, 2004, p. 149 et 150, (ISBN 2845865856)
  4. J.P Finidori, « La révolution prolétarienne »
  5. L'Année politique, économique, sociale et diplomatique en France, (lire en ligne)
  6. « EMEUTES À CASABLANCA où l'on compte plus de 25 tués Trois Européens ont été égorgés », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Maroc diplomatique avec MAP, « Soulèvement de 1952 à Casablanca : une date phare pour la solidarité maghrébine sur le chemin de la liberté », sur Maroc Diplomatique, (consulté le )
  8. Liste des syndicats existants Ă  l'Ă©chelon national
  9. « ugtm.ma : Organisation »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  10. Ahmed Chaarani : La mouvance islamiste au Maroc: du 11 septembre 2001 aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003, Ă©ditions Karthala, 2004, p.152, (ISBN 2-84586-530-9)

Voir aussi

Bibliographie

  • Albert Ayache : Le mouvement syndical au Maroc : Vers l'indĂ©pendance 1949-1956, 3 volumes, Ă©ditions L'Harmattan, 1993, (ISBN 2-7384-2173-3)
  • Thèse d'Abd El Jalil Aboulmajd : « Le mouvement syndical au Maroc Â», 1987

Articles connexes

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