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Sverre de NorvĂšge

Sverre Sigurdsson (en vieux norois Sverrir SigurĂ°arson nĂ© vers 1151/1152 - † le ), fils illĂ©gitime autoproclamĂ© de Sigurd II de NorvĂšge, roi de NorvĂšge de 1184 Ă  1202.

Sverre de NorvĂšge
TĂȘte du roi Sverre dans la cathĂ©drale de Nidaros
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Ancienne cathédrale de Bergen (en), cathédrale de Bergen
Activité
Famille
PĂšre
Fratrie
Conjoints
Marguerite de SuĂšde (Ă  partir de )
Astrid Roesdotter (d)
Enfants
HĂ„kon III de NorvĂšge
Christine de NorvĂšge
Sigurd Lavard
Cecilie (?) (d)
Erling Sverkersson (d)
Ingeborg Sverkersdottir (d)

L'origine de Sverre Sigurdsson

À l’époque du rĂšgne conjoint des fils d’Harald IV de NorvĂšge, le « fabricant de peignes Â» Unas Kambari, un frĂšre de Hroi l’évĂȘque des Ăźles FĂ©roĂ©, Ă©pouse une norvĂ©gienne nommĂ©e Gunhild. Elle donne naissance en 1151/1152 Ă  un fils qui est appelĂ© Sverre ou Sverrir et considĂ©rĂ© par tous comme le fils d’Unas. Lorsqu’il a cinq ans il est envoyĂ© aux Ăźles FĂ©roĂ© et Ă©levĂ© par son oncle l’évĂȘque [note 1] qui l’éduque pour la prĂȘtrise et l’ordonne[1]

Pendant ses Ă©tudes le jeune homme a un songe prophĂ©tique dans lequel il se voit sous la forme d’un oiseau immense couvrir de son ombre l’ensemble du territoire de la NorvĂšge. Le sage Einar, son ami et condisciple, auquel il s’ouvre de ses inspirations et de ses ambitions lui affirme que cette vision prĂ©sage sans doute son Ă©lection Ă  l’ArchidiocĂšse de Nidaros aujourd'hui Trondheim[2].

Selon la tradition, Sverre ne sut pas qui Ă©tait son vĂ©ritable pĂšre avant l’ñge de 24 ans. À cette Ă©poque en effet sa mĂšre au cours d’un pĂšlerinage Ă  Rome aurait confessĂ© que Sverre n’était pas le fils d’Unas mais celui du roi Sigurd II Mund tuĂ© en 1155. Cet aveu est rapportĂ© au Pape et il commande Ă  Gunhild d’informer son fils de sa vĂ©ritable origine
 Elle retourne en NorvĂšge puis aux Ăźles FĂ©roĂ© oĂč elle avoue Ă  Sverre qu'il Ă©tait le fils du roi Sigurd II[3]

Sverre l’usurpateur ?

Cette version officielle des faits antĂ©rieurs Ă  1180, dĂ©veloppĂ©e dans la partie de la Sverris saga Ă©crite par l’abbĂ© islandais Karl JĂłnsson sous la surveillance et presque sous la dictĂ©e du roi lettrĂ© lui-mĂȘme[4], a laissĂ© perplexe les historiens modernes[5] - [6].

Les Chroniqueurs contemporains étaient déjà partagés sur le sujet. Ceux qui comme Saxo Grammaticus ou William de Newburgh[7] puisent leur sources auprÚs des milieux de la haute aristocratie et de l'église favorable à Magnus Erlingsson, le considÚrent comme un « usurpateur et un tyran ». D'autres comme Roger de Hoveden et Benoßt de Peterborogh précisent que Sigurd Munn avait bien trois fils illégitimes Haakon, Sigurd et Sverre nés de trois mÚres différentes[8].

NĂ© vers 1151/1152 Sverre devait avoir Ă©tĂ© ordonnĂ© prĂȘtre malgrĂ© le dĂ©faut d’ñge lĂ©gal dans son diocĂšse natal[note 2]. Il ne renonce Ă  la prĂȘtrise qu’en 1179 et selon sa saga il n’apprend le nom de son vrai pĂšre qu’à l’ñge de 24 ans[9].

Sverre est sans doute un imposteur comme son grand-pĂšre putatif Harald Gille. Contrairement Ă  ce dernier le prĂ©tendant Sverre a toujours refusĂ© de se soumettre Ă  une Ordalie qui Ă©tait la preuve naturelle de ce type de prĂ©tentions ou mĂȘme au combat singulier que lui proposait Magnus V de NorvĂšge craignant sans doute qu’un rĂ©sultat incertain ou nĂ©gatif ne mette en Ă©chec ses plans. G.M Gathorne-Hardy estime que Sverre ne croyait pas lui-mĂȘme Ă  sa propre lĂ©gitimitĂ© et que son seul but Ă©tait de s’emparer du trĂŽne. D'oĂč Ă©galement la considĂ©ration dont il entoure ses ennemis vaincus et tuĂ©s: Erling Skakke et Magnus V de NorvĂšge; comme preuve de son respect pour la continuitĂ© monarchique.

La reconnaissance par sa pseudo sƓur CĂ©cilia Sigurdsdatter n’est guĂšre probante dans la mesure oĂč cette derniĂšre se saisit de ce prĂ©texte pour abandonner peu aprĂšs son Ă©poux suĂ©dois Folkvid le Lögsögumad et retourner en NorvĂšge avec son fils HĂ„kon Galin pour s’y remarier ensuite avec un compagnon de Sverre, BĂ„rd Guttormsson.

Enfin le soutien du Jarl Birger Brosa dont les domaines du Varmland Ă©taient frontaliers avec la NorvĂšge n’est qu’un acte politique pragmatique de la part des SuĂ©dois qui cherchaient Ă  maintenir au pouvoir en NorvĂšge un parti qui leur Ă©tait favorable afin de faire contrepoids avec la politique de la famille d’Erling Skakke favorable Ă  une alliance voire une vassalisation par Valdemar Ier de Danemark.

Cette mĂȘme politique est d’ailleurs ensuite poursuivie par les rois successifs Knut Ericksson[10] puis Sverker Karlsson[11] qui appartenaient pourtant Ă  deux lignĂ©es antagonistes la maison d'Erik et celle de Sverker qui alternaient sur le trĂŽne. Notons enfin que la Sverris saga, prĂ©cise elle-mĂȘme que le Jarl Birger Brosa n’a acceptĂ© de soutenir Sverre qu’aprĂšs que son candidat Øystein MĂžyla a Ă©tĂ© tuĂ© Ă  Re en 1177 par Magnus V de NorvĂšge[12].

Le prétendant

Campagne de Sverre d'Øreting à Nidaros

En 1176, Sverre se rend en NorvĂšge afin d’examiner la situation du royaume. Il se mĂȘle au peuple, apprend Ă  connaĂźtre le sentiment gĂ©nĂ©ral, parle avec un membre de la garde du corps du roi et rencontre mĂȘme le rĂ©gent Erling Skakke. Cependant il ne dĂ©voile ni son identitĂ© ni ses plans. Il poursuit ensuite son voyage Ă  travers le Götaland jusque chez le jarl Birger Brosa oĂč il arrive trois jours avant NoĂ«l. Brigitta, l’épouse du jarl, Ă©tait la demi-sƓur de Sigurd Mund et Sverre n’hĂ©site pas Ă  leur confier ses troubles. Dans un premier temps ils refusent de le soutenir car ils avaient promis d’aider son cousin Eystein Eysteinsson Meyla mais aussi parce qu’ils craignent qu'Erling Skakke ne leur envoie ce jeune homme pour les ridiculiser


Sverre passe avec eux toutes les fĂȘtes et leur dĂ©voile finalement ses ambitions. AprĂšs NoĂ«l il se rend en VĂ€rmland afin de rencontrer CĂ©cilia une fille de Sigurd II de NorvĂšge qui Ă©tait l’épouse du noble Folkvid le Lögsögumad. Ils le reçoivent tous deux avec empressement. Des rumeurs annonçant la dĂ©faite et la mort d’Eystein Eysteinsson parviennent alors Ă  Sverre et les « Birkebeiner[note 3] » qui avait appris l’existence au VĂ€rmland d’un fils de Sigurd lui envoient une dĂ©lĂ©gation lui demandant de prendre leur tĂȘte. Dans un premier temps il refuse parce que les Birkebeiner n’étaient qu’une petite bande dĂ©sorganisĂ©e mais lorsqu’ils le menacent de le tuer et de porter sa tĂȘte en gage de soumission au roi Magnus V de NorvĂšge il accepte. Il bĂ©nĂ©ficie par contre dĂ©sormais de l’appui sans faille de Birger Brosa et de son Ă©pouse qui constituent en SuĂšde une base arriĂšre pour le mouvement.

Avec une bande de 70 hommes il part du Viken dans la NorvĂšge mĂ©ridionale et au cours de sa progression sa troupe atteignit 420 hommes. Un Thing fut rĂ©uni et les Birkebeiner l’acclamĂšrent comme roi bien qu’il fĂ»t opposĂ© Ă  assumer ce titre dans d’aussi mauvaises conditions. Il poursuit alors sa marche en suivant le cĂŽtĂ© suĂ©dois de la frontiĂšre. Il imposait Ă  ses hommes une stricte discipline et leur interdisait le pillage. Il fut alors abandonnĂ© par beaucoup de ses nouveaux partisans si bien que sa troupe se rĂ©duisit de nouveau au noyau initial de 70 hommes trĂšs rĂ©solus.

Avec cette petite troupe Sverre apparaĂźt soudainement devant Nidaros au Trondelag, mais la ville disposait d’une forte garnison et le gouverneur marcha contre lui avec 1 450 hommes. Sverre se retire mais continue de battre la campagne autour de la citĂ© jusqu’à ce qu’il ait renforcĂ© sa troupe. Il saisit les navires dans le port et dĂ©fait plusieurs petits escadrons venus rejoindre la flotte chargĂ©e de dĂ©fendre la province du Trondelag.

Les Lendermönd abandonnent alors la ville qui se soumet et oĂč Sverre fait son entrĂ©e dans une joyeuse procession au son des cloches. Il assemble l'Øyrating, comprenant douze reprĂ©sentants de chacun des huit fylker (districts) de la province, et il est proclamĂ© roi de NorvĂšge conformĂ©ment aux lois de saint Olaf, c’est-Ă -dire en accord avec la vieille loi de succession qui n’excluait pas les fils illĂ©gitimes du trĂŽne. La loi de 1164 n’était plus reconnue et le roi Magnus V de NorvĂšge Ă©tait traitĂ© comme un usurpateur. L’archevĂȘque Eystein Erlendsson qui n’est pas mentionnĂ© dans ces Ă©vĂ©nements devait ĂȘtre absent de NorvĂšge Ă  cette Ă©poque ce qui explique sans doute la relative facilitĂ© avec laquelle Sverre rĂ©ussit Ă  prendre Nidaros.

La rumeur des Ă©vĂ©nements du Trondelag parvient au roi Magnus V de NorvĂšge et au rĂ©gent Erling Skakke qui envoient en hĂąte leur flotte vers le nord le long de la cĂŽte. Sverre n’attend pas leur arrivĂ©e et marche Ă  travers les montagnes vers le Gudbrandsdal pour atteindre le lac MjĂžsa oĂč il se trouve face aux Lendermönd de Magnus Erlingson qui disposent de 1 400 hommes et de 18 bateaux.

Il ne s’aventure pas Ă  s’attaquer Ă  eux mais envoie un dĂ©tachement au Randsfjord oĂč des navires sont saisis et les forces locales vaincues. Orm Kongsbroder, un demi-frĂšre du roi Inge Ier, qui Ă©tait le principal lieutenant du roi Magnus, avance Ă  partir du Viken avec une importante armĂ©e. Avec beaucoup de difficultĂ©s Sverre rĂ©ussit Ă  transporter Ă  travers les terres les petits bateaux du Randsfjord Ă  Mjosen .

Avec eux il attaque les Lendermönd, les surprend et les dĂ©fait. Il capture alors tous les vaisseaux rassemblĂ©s sur le lac. L’ensemble de l’Oppland lui est soumis mais ses forces sont tellement faibles qu’il ne peut pas laisser de garnison ni occuper en permanence les rĂ©gions conquises.

Désormais les Birkebeiner seront généralement soutenus par le Trondelag. Il ne s'agit pas seulement d'un parti purement local comme il s'en était constitué tant de fois depuis le début des guerres civiles, car Sverre Sigurdsson dirige en effet l'action de ces proscrits vers une véritable révolution sociale hostile à la fois à l'aristocratie et aux prélats.

La longue marche vers le pouvoir

Campagnes des troupes Sverre aprĂšs 1177

Sverre dĂ©buta sa campagne de 1178 au JĂ€mtland oĂč il obligea la population Ă  le reconnaĂźtre. Il semble qu’il avait pour but de se constituer une base d’opĂ©rations Ă  partir de laquelle il pourrait attaquer de nouveau Trondheim qui Ă©tait retombĂ©e entre les mains du roi Magnus V Erlingsson et de l’archevĂȘque Eystein.

Lorsqu’il atteignit Namdalemn, un district du nord du Trondelag, il assembla ses hommes et leur dĂ©clara que la puissance de leurs adversaires, le roi et son pĂšre, Ă©tait immense et qu’il Ă©tait difficile de rivaliser avec eux. Dans ce contexte selon lui trois possibilitĂ©s restaient ouvertes :

  1. aller au nord dans le HĂ„logaland et recruter des amis et des navires ;
  2. abandonner le pays et aller dans les Ăźles occidentales oĂč il estimait avoir de bonnes chances d’obtenir des appuis ;
  3. organiser une expĂ©dition de pillage en Irlande ou dans un autre pays de l’ouest car selon lui la popularitĂ© de Magnus et d’Erling ne se maintiendrait pas dans le pays.

Les Birkebeiner rejetĂšrent ces propositions bien que la conquĂȘte de Nidaros ne fĂ»t plus chose aussi facile qu’elle l’avait Ă©tĂ© car l’archevĂȘque Ă©tait revenu dans sa ville oĂč il pressait les habitants de rĂ©sister aux Birkebeiner en expliquant que leur nombre Ă©tait faible, leurs navires petits et qu’il n’était pas dans l’intĂ©rĂȘt des marchands de la citĂ© d’abandonner leur vĂȘtements et leur bien pour vivre comme les voleurs et les vauriens que Sverre avait rassemblĂ©s.

Le roi Sverre tenta une premiĂšre attaque et subit une dĂ©faite ; il dut s’enfuir rapidement pour prĂ©server sa vie. AprĂšs ce dĂ©sastre il se rĂ©fugia de nouveau dans les montagnes et reprit lentement la route du sud vers le Viken. Le roi Magnus marcha contre lui avec une force importante. Au pont de Hirta, Sverre attaqua le roi et Orm Kongbroder qui Ă©taient tous deux blessĂ©s, perdit beaucoup d’hommes et abandonna le terrain. Peu aprĂšs il obtint un nouveau succĂšs en dĂ©truisant une partie de la flotte de Magnus V Ă  Konghella.

Ces victoires redonnĂšrent confiance Ă  ses hommes qui obtinrent des provisions et des renforts. À la fin de 1178 il retourna au Trondelag, dĂ©fit les forces de Magnus V, prit la citĂ© et captura 10 navires, mais cette victoire n’était pas encore dĂ©finitive. Les chefs du parti royal, Magnus, son pĂšre Erling, Orm, et l’archevĂȘque Eystein Erlendsson se trouvaient Ă  Bergen et ils rassemblĂšrent une grande flotte avec l’intention de l’attaquer au printemps.

À la fin de l’hiver Sverre navigua vers le sud avec sa flotte et rencontra Magnus V au large de Stadt. Du fait de la disproportion des forces en prĂ©sence, sa seule chance fut de prendre la fuite pour tenter de leur Ă©chapper. Il gagna la pleine mer en profitant du brouillard dans lequel ses opposants le perdirent de vue. Ces derniers durent alors se rĂ©soudre Ă  diviser leurs forces : Orm et l’archevĂȘque Eystein retournĂšrent protĂ©ger Bergen pendant que le roi Magnus V et son pĂšre remontĂšrent vers le Trondelag.

Sverre Ă©tait dĂ©jĂ  dans la citĂ© lorsqu'ils dĂ©barquĂšrent sans opposition Ă  Kalveskind, une pĂ©ninsule entre la riviĂšre Nid et la mer, pendant que Sverre prenait position sur l’autre rive de la riviĂšre. AprĂšs quelques nĂ©gociations Sverre se retira et la rumeur laissa entendre qu’il avait abandonnĂ© le terrain et Ă©tait reparti dans les montagnes.

Cette manƓuvre donna confiance Ă  Erling qui permit Ă  ses troupes de se retirer pour festoyer et boire dans la ville. Sverre avait bien compris l’importance capitale du combat qui se prĂ©parait et Ă©tait parti se renforcer au Guldal.

Au cours de la nuit du il revint au Trondelag Ă  l’aube, rejoignit la citĂ© et s’adressa briĂšvement Ă  ses hommes pour leur expliquer ce qu’ils avaient Ă  gagner : il leur promit de leur accorder les fonctions et les honneurs de tous les Landermönd et vassaux royaux qu’ils tueraient pendant le combat.

Les sentinelles de Magnus V donnĂšrent l’alerte et les trompettes de guerre appelĂšrent les hommes auprĂšs de leurs Ă©tendards. Le premier assaut fut si brutal que les hommes d’Erling Skakke furent forcĂ©s de s’enfuir et que son Ă©tendard fut abattu et lui-mĂȘme mortellement blessĂ© d’un coup de hallebarde au ventre. Les troupes du roi Magnus s’enfuirent Ă©galement en dĂ©sordre et, pour prĂ©server sa vie, il dut abandonner son pĂšre mourant. Il l’embrassa et lui dit : « Mon pĂšre, je sais que nous nous retrouverons dans un jour de joie ». Les lĂšvres d’Erling bougeaient mais il ne pouvait plus parler. Il mourut ainsi entourĂ© de ses ennemis. Ce mĂȘme jour, le , pĂ©rit son gendre Jon Thorbergson de Randeberg.

AprĂšs ce combat Magnus V se retira Ă  Bergen avec l’archevĂȘque et Orm oĂč il passa l’hiver et assembla une nouvelle flotte pendant que Sverre renforçait les dĂ©fenses de Trondheim.

Des nĂ©gociations envisageant un partage du royaume tournĂšrent court car Magnus V se considĂ©rait du fait du sacre comme le seul roi lĂ©gitime et Sverre de son cĂŽtĂ© comme l’hĂ©ritier direct de la famille d’Harald Ier Harfagr. AprĂšs un autre combat perdu le Ă  Iluvelli prĂšs de Nidaros oĂč tombĂšrent six Lendermönd, le roi Magnus V Erlingson se retira de nouveau Ă  Bergen mais il dut s’enfuir au Danemark alors que l’archevĂȘque Eystein Erlendsson s’exila pour trois ans (de 1180 Ă  1183) en Angleterre oĂč le roi Henri II d'Angleterre lui donna pour assurer sa subsistance le monastĂšre d’Edmundbury.

Ces grandes dĂ©faites avaient dĂ©cimĂ© l’aristocratie mais non le pouvoir de rĂ©sistance du parti de Magnus V et de l’Église qui Ă©tait baptisĂ©e dĂ©sormais par ses adversaires les Helklunger[note 4].

Le alors qu’il se rendait de Bergen vers le Viken, Sverre rencontra une flotte de trente-deux grands navires venant du Danemark commandĂ©e par Magnus et Orm. Sa flotte Ă©tant la plus petite, Sverre retourna Ă  Bergen oĂč un sanglant engagement naval fut gagnĂ© grĂące Ă  sa supĂ©rioritĂ© tactique. Mais cette nouvelle victoire n’était toujours pas dĂ©cisive.

Pendant que Sverre, qui avait laissĂ© une garnison Ă  Nidaros, marchait vers Oslo pour dĂ©fendre le Viken, Magnus investit la ville, attaqua la garnison et captura la flotte de trente-six navires. La situation Ă©tait de nouveau devenue critique pour Sverre du fait de l’importance de ses pertes qui annihilaient ses victoires des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Avec l’énergie qui le caractĂ©risait, il fit front de nouveau, rassembla de nouvelles forces, une petite flotte et contre-attaqua.

Le roi Magnus V aprĂšs une courte rĂ©sistance s’enfuit de nouveau au Danemark alors que l’archevĂȘque Eystein Erlendsson revenu de son exil faisait sa soumission. Son rĂŽle politique Ă©tait terminĂ© et, Ă  partir de plans rapportĂ©s d’Angleterre, il consacra les derniĂšres annĂ©es de son existence jusqu’à sa mort le Ă  la construction du nouveau chƓur gothique de sa cathĂ©drale et Ă  la chapelle de Notre-Dame. En 1229 Eystein fut mĂȘme proclamĂ© saint par un concile tenu Ă  Nidaros.

Avec l’aide du Knut VI de Danemark, Magnus revint en NorvĂšge au printemps 1184 avec une flotte de vingt-quatre bateaux et 3 000 hommes. Sverre ne disposait que de quatorze navires et 2 000 hommes. Ils se rencontrĂšrent le Ă  la bataille de Fimreite en Sogn. Cette bataille commencĂ©e l’aprĂšs-midi se poursuivit jusqu’à minuit et vit la mort de 2 160 hommes. Sverre Sigurdsson fut finalement victorieux et Magnus V pĂ©rit avec la fleur de l’aristocratie, dont Orm Kongbroder et son fils Ivar Steig, Harald Ingesson et Magnus Mangi, un petit-fils de l'ancien jarl des Orcades, Rognvald Kali Kolsson.

Son corps retrouvĂ© quelques jours plus tard fut enterrĂ© avec un faste royal dans l’église du Christ de Bergen et Sverre prononça son oraison funĂšbre. Les districts du sud-ouest qui avaient apportĂ© le plus loyal soutien Ă  la cause de Magnus firent alors leur complĂšte soumission.

Le rĂšgne de Sverre Sigurdsson

Les combats les plus importants pendant le rĂšgne de Sverre

AprĂšs la mort de Magnus V ses partisans tirĂšrent du monastĂšre de Hovedoe Ă  Oslo un moine connu sous le nom de Jon Kuvlung[note 5], ils l’acclamĂšrent dĂšs l’automne 1185 comme roi, en prĂ©tendant qu’il Ă©tait le fils du roi Inge I Krokrygg[13]. L’aristocratie et le clergĂ© lui donnĂšrent leur soutien et il recruta sous son Ă©tendard des aventuriers et des hors-la-loi qui formĂšrent le parti des « Kuvlungs ». Ils prirent Bergen la forteresse de Bergenhus et le Sverresborg construit par Sverre. Plus tard ils s’emparĂšrent mĂȘme de Nidaros et du chĂąteau royal. Ils sont finalement vaincus par Sverre et Jon est tuĂ© en 1188 Ă  Bergen. On sut alors qu’il s’appelait en rĂ©alitĂ© Orm et que son pĂšre se nommait simplement Peter et sa mĂšre Astrid « la rĂŽtisseuse Â»[14] !

AprĂšs que les Kuvlungs eurent Ă©tĂ© Ă©liminĂ©s, une nouvelle bande de rebelles et de maraudeurs se constitua en 1189 sous la direction d’un Islandais de basse origine, Sigurd Brenni c'est-Ă -dire le BrĂ»leur qui prĂ©tendait ĂȘtre Ă©galement un fils du roi Inge Krokrygg. Il fut dĂ©fait et tuĂ© rapidement par des fermiers en colĂšre[15].

AprĂšs la dĂ©faite des « Kuvlungs » les chefs de ce parti tirĂšrent de l’ombre un autre prĂ©tendant, Vikar. C’était un enfant Ă©levĂ© au Danemark et qui se disait le fils de Magnus Erlingson. Ces bandes connues sous le nom de « Varbelgs » et dirigĂ©es par un certain SĂ­mon KĂĄrasson, furent Ă©galement dĂ©faites Ă  Bristein par les gens de TĂžnsberg et Vikar tuĂ© en 1190[16].

En cette mĂȘme annĂ©e le roi Sverre perdit son demi-frĂšre Erik Kongson qui l’avait fidĂšlement soutenu dans ses combats avant d’ĂȘtre nommĂ© jarl en 1188. Sa mort aprĂšs une brĂšve maladie ainsi que celle de sa femme Astrid et de son jeune fils Magnus laisse penser Ă  un empoisonnement par les ennemis du roi[17].

Un prĂ©tendu fils d’Eystein Haraldsson nommĂ© Thorleif Breidskegg qui tenta de soulever le Viken Ă  l’étĂ© 1190 fut Ă©liminĂ© dĂšs l’annĂ©e suivante[18]. À cette Ă©poque, des NorvĂ©giens conduits par Ulv av Lauvnes, l'un des chefs Birkebeiner, participĂšrent Ă  la TroisiĂšme croisade. ArrivĂ©s aprĂšs la conclusion de la paix en Terre sainte, ils rentrĂšrent par Constantinople oĂč ils furent bien reçus par l’empereur grec Isaac II Ange. Ulv ne reparut plus en NorvĂšge et il est possible qu’il ait perdu la vie dans cette expĂ©dition. La brĂšve pĂ©riode de paix qui suivit la disparition des « Kuvlungs » et des « Varbelgs » ne fut qu’une accalmie avant la tempĂȘte.

En 1192, le jarl des Orcades Haraldr II Maddadrson laisse se former sur son territoire une conspiration appelĂ©e pour cela « Eyjarskeggjar ou Øyskjegger » (c'est-Ă -dire les insulaires) destinĂ©e Ă  soutenir un nouveau prĂ©tendant, Sigurd Magnusson, († 1194), qui est cette fois, un fils illĂ©gitime avĂ©rĂ© de Magnus[19].

Un grand nombre d'Orcadiens et de Shetlandais dirigĂ©s par le beau-frĂšre du jarl, Olaf Jarlsmaag, Halkel Jonsson Ă©poux de Ragnhild Erlingsdatter, sƓur du roi Magnus V, et Sigurd Erlingsson bĂątard d’Erling Skakke participĂšrent Ă  l'aventure. Ils bĂ©nĂ©ficiĂšrent de l’appui de l’évĂȘque Nicolas Arnesson, demi-frĂšre du Roi Inge Ier, qui aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©lu au siĂšge de Stavanger venait d’ĂȘtre transfĂ©rĂ©, malgrĂ© la mĂ©fiance de Sverre, Ă  celui d’Oslo, oĂč il demeurera Ă©vĂȘque de 1190 Ă  1225.

ArrivĂ©s en NorvĂšge en 1193, ils remportĂšrent une victoire sur les partisans du roi et s'emparĂšrent d'Oslo puis s'installĂšrent Ă  Bergen. Ils Ă©taient pacifiques et s'abstenaient de tout pillage, fait exceptionnel pour l'Ă©poque. Le venant du Trondelag Sverre surprit leur flotte mouillĂ©e dans le Florevag Ă  l’ouest de Bergen et l'anĂ©antit. Les chefs de l'expĂ©dition pĂ©rirent dans le combat ainsi que le prĂ©tendant[20].

Le roi Sverre rendit le jarl des Orcades responsable de la formation de cette armĂ©e. Harald accompagnĂ© de l'Ă©vĂȘque Bjarni Kolbeinsson Skald se rendit en NorvĂšge et s'en remit au jugement du roi qui lui prit toutes les Shetland avec leurs impĂŽts et taxes. Il fit de plus Ă©tablir la liste des propriĂ©tĂ©s aux Orcades de tous ceux qui avaient trouvĂ© la mort Ă  la bataille de Florevag et se les appropria. Il donna trois ans aux parents ou descendants des disparus pour racheter les biens confisquĂ©s ; passĂ© ce dĂ©lai ils reviendraient dĂ©finitivement au souverain norvĂ©gien. Sverre installa enfin un gouverneur norvĂ©gien dans l'archipel[21].

Les conditions imposĂ©es par le roi Ă  la principautĂ© orcadienne furent si rudes qu'elle ne s'en releva jamais. Sverre soutint mĂȘme en 1195 les prĂ©tentions du cousin et homonyme du jarl, Harald III Ungi, Ă  qui il confirme le titre de jarl donnĂ© en 1184 par le roi Magnus V de NorvĂšge et qui est tuĂ© en combattant au Caithness en 1198.

Sverre convoqua Ă©galement l’évĂȘque d'Oslo Nicolas Arnesson qui, afin de faire oublier sa participation au complot, accepta de le couronner. Le roi convoqua ensuite les Ă©vĂȘques Thorir d’Hamar et Nial de Stavanger[22] Ă  Bergen oĂč il fit Ă©lire un clerc anglais Martin comme Ă©vĂȘque de la ville[note 6] Ă  la place de Pall dĂ©cĂ©dĂ© avant la bataille de Florevaag. En prĂ©sence de cette assemblĂ©e l’évĂȘque Nicolas le couronna alors solennellement le [23]

MĂ©fiant envers les gens du sud, anciens partisans d'Erling Skakke et de Magnus V, Sverre se fixe Ă  Bergen et s'appuie sur les SuĂ©dois. AprĂšs la mort de sa premiĂšre Ă©pouse Astrid Roesdatter, il Ă©tait devenu en 1185 le beau-frĂšre du roi Knut Ier de SuĂšde Erikson par son mariage avec Margareta Erikdatter († 1209), une fille du roi Erik le Saint.

Le roi Sverre Sigurdsson ne disposera, finalement que de 16 ans (1180-1196), pour accomplir son Ɠuvre dans un calme prĂ©caire[24]. TombĂ©e depuis 1130 aux mains de prĂ©tendants aux droits forts suspects la royautĂ© norvĂ©gienne avait perdu son ancienne autoritĂ©. Le jarl Erling Skakke avait cru trouver un remĂšde Ă  ces usurpations dans l'appui du haut clergĂ© qui avait couronnĂ© roi en 1164 Magnus le fils qu’il avait eu de Christina de NorvĂšge, la fille lĂ©gitime de Sigurd Ier Magnusson Jorsalafarir dernier souverain incontestĂ© du pays. Cette cĂ©rĂ©monie Ă©tait une innovation dans les pays scandinaves. La succession au trĂŽne se trouvait maintenait Ă©troitement contrĂŽlĂ©e par l’Église qui devait valider l’hĂ©ritier lĂ©gitime au trĂŽne ou en son absence choisir le nouveau souverain.

Sverre quant Ă  lui, s'appuyait surtout sur sa force militaire et sur ses vieux compagnons de lutte, les membres de sa « Hird » avec le double dessein d'abattre le pouvoir des grandes familles et la puissance politique de l'Église. Il rĂ©organise rapidement l'administration locale dans un sens destinĂ© Ă  renforcer le pouvoir royal[25].

AprĂšs avoir promulguĂ© le code nommĂ© « HirĂ°hskrĂą » pour les membres de sa « HirĂ° [note 7] » Le roi recruta parmi eux des « Sysselmönd » qui reçurent des pouvoirs de police Ă©tendus dans les parties excentriques du pays et furent chargĂ©s de contrĂŽler les « Lendermönd » qui Ă©taient devenus du fait des troubles des chefs rĂ©gionaux pratiquement hĂ©rĂ©ditaires. Il nomma ensuite des « Armönd » de mĂ©diocre extraction pour surveiller dans le dĂ©tail la gestion des intĂ©rĂȘts royaux. Les tribunaux paysans furent ensuite placĂ©s sous les directions de neuf « Lagmönd » fonctionnaires royaux donnant leurs avis sur chaque affaire soumise aux Thing ou assemblĂ©es rĂ©gionales.

En mĂȘme temps Sverre relevait une tradition royale presque oubliĂ©e en s'intĂ©ressant activement Ă  la vie intellectuelle de la NorvĂšge. Il fut sans doute l'instigateur de la mise par Ă©crit des saga royales et pour donner l'exemple il fit rĂ©diger sous sa surveillance par l'abbĂ© Islandais Karl Jonsson le dĂ©but de sa propre saga « Sverris saga » dĂ©taillant les Ă©vĂ©nements survenus jusqu’en 1180.

Son succĂšs contre la fĂ©odalitĂ© fut facilitĂ© par les morts nombreuses causĂ©es dans les vieilles familles depuis 1130 par les guerres civiles. Par contre il rencontra dans sa lutte contre l’influence du clergĂ© une rĂ©sistance trĂšs forte. L’archevĂȘque Erik Ivarson (1188-1205 † 1213) Ă©lu comme successeur d’Eystein sur le siĂšge de Nidaros se fit l’ardent promoteur du nouveau droit ecclĂ©siastique financiĂšrement et administrativement plus favorable aux Ă©vĂȘques.

Quand Sverre eut manifestĂ© son accord avec le « Thing » de Frosta qui s'en tenant Ă  l'ancien droit voulait rĂ©duire la garde qui accompagnait le prĂ©lat dans ses dĂ©placements, Erik s'enfuit au Danemark et en appela Ă  Rome. Avec le soutien moral du pape Innocent III mais surtout l'appui des Danois et d'Absalon archevĂȘque de Lund, il suscita des rĂ©voltes pour lesquelles on rechercha de nouveau des prĂ©tendants parmi les bĂątards vrais ou supposĂ©s de Magnus V Erlingson[26]

Les Baglers

L’archevĂȘque Erik Ă©tant devenu aveugle ce fut Nicolas Arnesson Ă©galement rĂ©fugiĂ© au Danemark et qui avait obtenu l’absolution pour avoir couronnĂ© Sverre qui est l’ñme et le vĂ©ritable chef de cette entreprise. En 1196 l’ensemble de l'Ă©piscopat dirigĂ© par Nicolas suscita un nouveau soulĂšvement qui s'empara du Vik et rejeta Sverre sur le Trondelag. Cette faction surnommĂ©e les « Bagels ou Baglers [note 8] » qui Ă©tait composĂ©e des survivants des oppositions prĂ©cĂ©dentes « Kuflungs » et « Varbelgs » ainsi que de troupes recrutĂ©es pour l'empereur d'Orient par Hreidar Sendemand, un gendre de Magnus V, se forme au Danemark sous la protection de l'archevĂȘque Absalon.

Les Baglers convoquĂšrent le « Borgarthing » qui proclame comme roi le jeune Inge Magnusson qu'ils affirmĂšrent ĂȘtre fils de Magnus V Erlingson mais que ses adversaires prĂ©tendaient ĂȘtre un Danois nommĂ© Torgils Tufuskt. Le Lendermönd Halvard de Staastad d’Oppland se joint Ă  eux et lorsque l’évĂȘque Thorir d’Hamar meurt en fĂ©vrier 1197 ils choisissent l’un de leur partisan Ivar Skjaalge pour lui succĂ©der.

La mĂȘme annĂ©e, quoique battu Ă  Oslo, les Baglers vinrent assiĂ©ger Nidaros dont ils s'emparĂšrent par trahison en capturant la flotte et dĂ©truisant le Sverreborg. Bergen fut brĂ»lĂ©e et peu Ă  peu ils contrĂŽlĂšrent toute la cĂŽte. Seuls les fylker du Trondelag restaient entre les mains du roi. Ce dernier semblait dĂ©fait sans rĂ©mission et l’évĂȘque Nicolas qui le nommait le « prĂȘtre Sverre » se rĂ©jouissait de sa chute. À la fin de 1198 le pape Innocent III lance l’Interdit sur le royaume de NorvĂšge, excommunie Sverre et demande aux rois de Danemark et de SuĂšde d’intervenir en faveur du clergĂ© contre ce « monstre chargĂ© de crimes ».

Sverre lutta ainsi farouchement pendant cinq ans. Dans cette querelle il n'avait pas nĂ©gligĂ© l'aspect intellectuel des questions et pourvu d'arguments par son Ă©ducation religieuse, il composa lui-mĂȘme en 1197 un ouvrage de polĂ©mique et d'actualitĂ© en langue populaire dirigĂ© contre l'Ă©piscopat et nommĂ© « Discours contre les Ă©vĂȘques[27] »

En dĂ©pit des missives du pape Sverre rĂ©ussit Ă  maintenir des relations amicales avec les royaumes voisins. Knud VI de Danemark( † 1202) n’attaqua pas la NorvĂšge malgrĂ© la perte de sa suzerainetĂ© sur le Viken et le roi de suĂšde Sverker II de SuĂšde successeur de Knut Ier de SuĂšde († 1196) reste amical et marie mĂȘme son fils Karl († 1198) avec Ingeborg la fille de Sverre. Le jarl Birger Brosa demeura Ă©galement fidĂšle et Sverre reçoit son fils Filip Ă  sa cour et le nomma jarl d’Oppland et de Viken oĂč il est tuĂ© en 1200 Ă  Oslo par les Bagler.

En 1198 le roi Sverre laisse la garde de Bergen Ă  son gendre Karl Sverkerson et marche vers Nidaros. Un chef Bagler Thorstein Kugad attaque la ville et tue le jeune jarl.

Au cours de l’hiver 1199 Sverre se trouvait au Trondelag oĂč il construit une nouvelle flotte. Chacun des huit fylker du Trondelag avait promis d’équiper un grand vaisseau de guerre. Au printemps il quitte le Trondelag avec sa nouvelle flotte et rencontre les Bagler qui furent vaincu au combat naval de Strindsoe prĂšs de Nidaros le Ils perdent leur flotte et une partie de leurs chefs de guerre. L’évĂȘque Nicolas s’enfuit au Danemark d’oĂč il ne reviendra pas avant la mort du roi.

Les Birkebeiner rĂ©cupĂšrent le HĂ„logaland au nord pendant que le roi avec la flotte principal fait route vers le sud et passe l’hiver au Viken. Il a repris en main la quasi-totalitĂ© du royaume mais les forces des Bagler ne sont pas annihilĂ©es. Au cours de l’hiver 1199/1200 alors que Sverre se trouve Ă  Oslo un rassemblement de forces venant de l’Oppland, du Viken du Telemark et de TĂžnsberg se joignent pour attaquer la ville par plusieurs cĂŽtĂ©s. Sverre devine leur plan et fait briser la glace afin de rendre la sortie du port possible. La discipline des vĂ©tĂ©rans du roi lui permet de se dĂ©gager et de s’échapper vers Bergen. Les Bagler attaquent la ville de Nidaros sans succĂšs.

Avant que l’hiver ne soit terminĂ© le roi reprend l’offensive contre eux au Ranrike et dans les districts du sud du pays. Il les force Ă  la retraite et place une forte garnison au Viken. L’un de leur principal chef Hreidar Sendemand se rĂ©fugie dans la citadelle de Tronsberg oĂč le roi l’assiĂšge Ă  partir de septembre 1201 avec 1 000 hommes. Au bout de cinq mois Hreidar malade doit capituler en janvier 1202[28]. Il fut gĂ©nĂ©reusement Ă©pargnĂ© et pardonnĂ© par Sverre Sigurdsson ainsi que la garnison. La reddition de TĂžnsberg marqua la fin de la guerre. Cette victoire profita peu au roi tombĂ© malade pendant le siĂšge car il mourut presque aussitĂŽt le vendredi [29] en recommandant Ă  son fils et successeur HĂ„kon III Sverreson de faire la paix avec l’église. Le prĂ©tendant Inge rĂ©duit Ă  l'impuissance fut atteint dans sa fuite sur une Ăźle du lac MjĂžsa et tuĂ© par des paysans dĂšs la fin de 1202.

La famille de Sverre

Sverre Sigurdsson eut deux Ă©pouses[30]

1) Astrid Roesdatter dont :

  • Cecilia Sverresdatter mariĂ©e avec Einar Prest tuĂ© par les Bagler en 1205 puis Gregorius Kik mort en 1223
  • Ingeborg Sverresdatter mariĂ©e avec le prince suĂ©dois Karl Sverkerson tuĂ© en NorvĂšge en combattant pour Sverre en 1198

2) en 1185 Margaret de Suùde fille du roi de Suùde Éric le Saint dont :

Sverre avait eu auparavant deux fils aßnés d'une femme inconnue :

Articles connexes

Postérité littéraire

En 1861 le grand écrivain norvégien BjÞrnstjerne BjÞrnson qui avait déjà fait apparùitre en 1857 Sverre Sigurdsson dans son petit acte Mellem Slagene (Entre les Batailles), publie un drame qui met en scÚne le roi : Kong Sverre (le Roi Sverre).

Notes

  1. Selon les Annales Islandici (la) & (is), p. 67 c'est en 1162 seulement que Hroi est consacrĂ© Ă©vĂȘque des Ăźles FĂ©roĂ©
  2. Si cette obligation canonique Ă©tait bien respectĂ©e aux Îles FĂ©roĂ©, car dans le domaine scandinave atlantique comme en Islande les dynasties Ă©piscopales se poursuivent jusqu’au siĂšcle suivant 

  3. c'est-Ă -dire JambiĂšres de bouleaux. Parti de rĂ©voltĂ©s d'origine populaire, hostile Ă  la politique d'Erling Skakke favorable Ă  la haute noblesse et Ă  l'Église, et qui appuyait les descendants rĂ©els ou supposĂ©s d'Harald Gille
  4. d’aprĂšs le mot norvĂ©gien hekla (i.e: chasuble)
  5. surnom provenant Kuvle c'est-Ă -dire coule, cuculle, du latin ecclĂ©siastique cuculla nom du vĂȘtement Ă  capuchon portĂ© par les moines
  6. Martin Ă©vĂȘque de Bergen de 1194 Ă  sa mort en 1216 selon Annales Islandici p. 93
  7. Selon Jean Renaud: « Garde du roi chargée de sa protection et qui représentait une force armée dont il disposait en cas de besoin. Les Hirðmenn étaient fidÚlement attachés à son service et en contrepartie il devait les entretenir ».
  8. du norvégien: Bagall du bas latin baculus qui signifie crosse épiscopale

Références

  1. Sverissaga chapitre 1.
  2. Sverissaga chapitre 2
  3. Sverrissaga chapitre 3 .
  4. Lucien Musset Les Peuples Scandinaves au Moyen Age Presses universitaires de France, Paris 1954 p. 201
  5. (en) G.M Gathorne-Hardy A Royal Impostor: King Sverre of Norway Oslo Aschehoug (1956)
  6. Lucien Musset Op.cit p. 200 note n°1 « La filiation de Sverre est fort suspecte dĂ©jĂ , celle de son grand-pĂšre Harald Gille l’étant encore davantage, on voit que le fil de la lĂ©gitimitĂ© norvĂ©gienne est bien tenu » .
  7. Livre III chapitre 6 « Sverre King of Norway »
  8. (en) Knut Gjerset History of the Norwegian People The Macmillan Company New york 1915 p. 377
  9. Sverris saga chapitre 4. Notons que cette partie du rĂ©cit est Ă©maillĂ©e de dĂ©tails mythiques comme la confession de sa mĂšre Ă  Rome et l'intervention du Pape lui-mĂȘme
  10. dont la sƓur Margareta Erikdatter sera la seconde Ă©pouse de Sverre
  11. dont le fils Karl Sverkersson deviendra le gendre du roi Sverre et sera tué en NorvÚge en luttant à ses cÎtés en 1198
  12. Sverris saga chapitres 8 & 9
  13. Sverissaga chapitre 101
  14. Sverris saga chapitre 109
  15. Avant de mourir il avoue se nommer Hedinn, ĂȘtre issu d'un famille islandaises et le fils de Thorgrim « PrĂȘtre-des-chevaux Â» selon Sverris saga chapitre 110
  16. Sverris saga chapitre 114
  17. Sverris saga chapitre 115
  18. Sverissaga chapitre 116
  19. Sverris saga chapitre 118
  20. Sverris saga chapitre 120
  21. Sverris saga chapitre 125
  22. mort en 1204/1207 selon Annales Islandici p. 85-87
  23. Sverris saga chapitre 123 .
  24. Lucien Musset Op.cit p. 200
  25. Lucien Musset Op.Cit p. 201
  26. Sverris saga chapitre 128 .
  27. Sverissaga Annexe II « Defence of the King against the Bishops and Clergy, out of the Canon Law (Decretum Graciani) ».
  28. Sverissaga chapitre 179
  29. Sverissaga chapitre 181
  30. (de) EuropÀische Stammtafeln Vittorio Klostermann, Gmbh Frankfurt am Main, 2004 (ISBN 3465032926), Die Nachkommen von König Harald Schönhaar von Norwegen VII Tafel 111 :

Liens externes

Sources

Sources primaires

  • (en) Snorri Sturluson, Heimskringla de Sagas of the Norse Kings, Dutton, Everyman's Library, (ASIN B0007JXA06), p. 392-422, Livre XVII « Magnus Erlingson », pour les annĂ©es avant 1177.
  • (en) Karl JĂłnsson et ses continuateurs « Sverissaga » La Saga du roi Sverre de NorvĂšge Traduction anglaise de J. Stephton Londres (1899).
  • Karl JĂłnsson La Saga de Sverrir, Roi de NorvĂšge: traduite, annotĂ©e et prĂ©sentĂ©e par Torfi H. Tulinius. « Collection Les classiques du Nord ». Les Belles Lettres. Paris 2010 (ISBN 2251071148) avec une prĂ©face de RĂ©gis Boyer
  • (en) William de Newburgh Histoires Livre III chapitre 6 Of Sverre, King of Norway

Sources secondaires

  • (en) Geoffrey Malcolm Gathorne-Hardy A Royal Impostor: King Sverre of Norway Oslo Aschehoug (1956).
  • (en) Knut Gjerset History of the Norwegian People The Macmillan Company New york 1915, « Sverre Sigurdsson and the Birkebeiner  Â» p. 375-386, « King Sverre's Reign » p. 386-397, « Birkebeiner and Bagler. King Sverre and Pope Innocent III  Â» p. 397-407.
  • Lucien Musset, Les Peuples scandinaves au Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, , 342 p. (OCLC 3005644)
  • (no) Knut Hell, « Sverre Sigurdsson », Norsk biografisk leksikon
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