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Suzanne Noël

Suzanne Noël, née Suzanne Blanche, Marguerite Gros[1] le à Laon (Aisne)[2] et morte le à Paris, est une docteure en médecine, spécialisée en chirurgie esthétique et pionnière dans ce domaine. Elle est aussi connue pour avoir créé, en 1924, la section française du club service Soroptimist International, mouvement interprofessionnel féminin créé aux États-Unis en 1921, et avoir par la suite fondé d'autres sections un peu partout en Europe et en Asie.

Suzanne Noël
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Suzanne Blanche Marguerite Gros
Nationalité
Activités
Autres informations
Membre de
Soroptimist ()
Distinction

Biographie

Suzanne Gros naît en 1878 à Laon dans l'Aisne[3], dans une famille bourgeoise. Après son mariage, à 19 ans, avec le dermatologue Henry Pertat, elle déménage en 1897 au 107 avenue de Villiers (17e arrondissement de Paris), ville où elle entame en 1905 des études de médecine avec le soutien de son mari, à une époque où les femmes sont très rares dans ce domaine.

En 1908, elle est nommĂ©e externe des hĂ´pitaux de Paris dans le service du professeur Morestin, pionnier de la chirurgie maxillofaciale[4], puis prolonge cette expĂ©rience en entrant en 1909 dans le service de dermatologie du professeur Brocq Ă  l'hĂ´pital Saint-Louis. Reçue 4e Ă  l’internat en 1912, 4e Ă  l'Ă©crit et 1re Ă  l'oral[5], elle approfondit ses connaissances dans le domaine de la chirurgie maxillofaciale ; elle est notamment amenĂ©e Ă  soigner la comĂ©dienne Sarah Bernhardt Ă  la suite d’un lifting pratiquĂ© aux États-Unis ayant abouti Ă  un demi-Ă©chec[6] - [4].

Suzanne Noël soutient une thèse de doctorat sur l'Extension réflexe du gros orteil (l’hallux, du latin Hallus) d’origine périphérique à Paris en 1925[7].

Première Guerre mondiale

Ă€ l'entrĂ©e de la guerre en 1914, sans avoir pu soutenir sa thèse de doctorat, comme tous les internes, Suzanne Pertat est autorisĂ©e Ă  exercer la mĂ©decine en ville. En 1916, elle se forme aux techniques de la chirurgie rĂ©paratrice et correctrice. Et Ă  partir de lĂ , dans des conditions extrĂŞmement prĂ©caires, elle participe Ă  l'effort de guerre en opĂ©rant les « gueules cassĂ©es »[8], les blessĂ©s de la face[6].

Son premier mari, le docteur Henri Pertat (1869-1918) meurt durant la Première Guerre mondiale[4].

Entre-deux-guerres

En octobre 1919, dans le 6e arrondissement de Paris, elle épouse le docteur André Noël, qu'elle avait connu et aimé pendant ses études. En , la grippe espagnole emporte sa fille unique, Jacqueline. En , André Noël, éprouvé par la perte de leur fille, se suicide en sautant dans la Seine[4].

La chirurgie esthétique occupe dès lors une place fondamentale dans sa vie : elle soutient sa thèse en 1925 et étend ses activités de chirurgie, jusque-là confinées au visage, aux autres parties du corps (remodelage des seins, des fesses, des cuisses, dégraissage de l'abdomen et des jambes), ce qui l'amène à inventer des techniques (dégraissage par aspiration) et des instruments (craniomètre, gabarits) encore utilisés aujourd'hui.

ImpliquĂ©e dans la cause des femmes, elle organise en 1923 une manifestation pour appeler les femmes qui travaillent Ă  ne pas payer d'impĂ´ts puisque l'État ne leur reconnaĂ®t aucun droit. Elle est alors contactĂ©e par deux femmes amĂ©ricaines fondatrices d'un club fĂ©minin : les Soroptimist. L'idĂ©e d'une union fĂ©minine professionnelle lui plaĂ®t. En 1924, elle fonde le 1er club Soroptimist français Ă  Paris (et en 1930, sa fĂ©dĂ©ration europĂ©enne) qui dĂ©fend les droits des femmes[4]. Elle fonde successivement les clubs Soroptimist de La Haye, Amsterdam, Vienne, Berlin, Anvers, Genève, les clubs baltes, ceux d'Oslo, Budapest, et mĂŞme ceux de PĂ©kin et Tokyo.

Parallèlement, elle se consacre Ă  la chirurgie. Elle contribue Ă  dĂ©velopper des techniques de reconstruction qui pourront s'appliquer Ă  des cas de mutilations sĂ©vères, puis Ă  la rĂ©duction d'anomalies physiques.

Ses consultations ont lieu dans son appartement au 31 rue Marbeuf (8e arrondissement de Paris), Ă  compter de 1919, puis en 1938 de l'avenue Charles-Floquet (7e arrondissement de Paris) ou Ă  la clinique des Bleuets, oĂą elle reçoit des femmes d'affaires, des enseignantes, des artistes mais aussi des petites employĂ©es, opĂ©rant parfois gratuitement pour les plus pauvres. Elle appelle « lĂ©gers lissages » les liftings, qu'elle rĂ©alise sans hospitalisation ni cicatrices visibles, avec des opĂ©rations qui ont lieu Ă  quelques mois d'intervalle. Avec son confrère Raymond Passot, qui rĂ©alise entre 1920 et 1930 2 500 liftings sur des femmes d'un haut niveau social, elle fait partie des mĂ©decins qui ont permis la lĂ©gitimation de la chirurgie esthĂ©tique en France, jusque-lĂ  dĂ©prĂ©ciĂ©e[6].

En 1928, elle reçoit la Légion d'honneur et la reconnaissance de la nation, pour sa contribution à la notoriété scientifique de la France sur la scène internationale.

Au printemps 1936, elle est opĂ©rĂ©e de la cataracte et rĂ©alise qu'elle ne peut plus exercer au mĂŞme rythme qu'avant[4]. Elle va alors se consacrer au club Soroptimist, voyageant Ă  travers le monde pour ouvrir de nouvelles antennes.

Seconde Guerre mondiale

Sépulture de Suzanne Noël au cimetière de Montmartre.

Pendant la guerre de 1939-1945, elle modifie les visages de résistants ou de juifs recherchés par la Gestapo[4]. À la Libération, elle intervient pour effacer les séquelles physiques de déportés des camps de concentration nazis[8].

L'apport technique de Suzanne Noël est particulièrement innovant. Dans les années 1926 à 1936 principalement, elle se rend dans de nombreux pays pour promouvoir ses idées, devenant une ambassadrice de la chirurgie plastique et du féminisme à travers le monde. Lors de ses conférences largement suivies, elle sait partager son savoir et sa volonté d'émancipation des femmes. À ce titre, elle a fait beaucoup d'émules, aussi bien sur des sujets techniques (chirurgie plastique) que féministes.

Elle meurt à son domicile parisien du 36 avenue Charles-Floquet (7e arrondissement) le 11 novembre 1954, à 76 ans. Une plaque commémorative y a été apposée en septembre 2018. Elle est inhumée avec ses proches, Jacqueline (1908-1922) et le docteur André Noël (1885-1924), au cimetière de Montmartre.

Travaux

Chirurgie esthétique

Pionnière avec Raymond Passot de la chirurgie esthétique et réparatrice, Suzanne Noël a marqué l'histoire des sciences comme étant la première femme à exceller dans ce domaine[9].

DĂ©fense du droit des femmes

Le Soroptimist français est un club défendant les droits des femmes, fondé en 1924 à Paris par Suzanne Noël[4]. Elle a consacré une grande partie de sa vie à faire respecter les droits humains, la reconnaissance des droits des femmes et la protection des jeunes filles. Les chartes des nouveaux clubs Soroptimist sont remises au nom de Suzanne Noël et une bourse portant son nom est instituée pour aider une femme médecin à se spécialiser en chirurgie plastique[10].

Publications

  • « La douche filiforme », Annales de dermatologie et de syphiligraphie, Paris, vol. n°5,‎ mai 1921.
  • Desaux A., « La douche filiforme en dermatologie », Revue scientifique, Travail du service de M. le Docteur Brocq, Masson et Cie Editeurs,‎ , p. 221-228
  • Suzanne NoĂ«l, La chirurgie esthĂ©tique : son rĂ´le social, Paris, Paris : Masson et Cie, Éditeurs, , 82 p. (lire en ligne), chap. 1 (« « RĂ´le social de la chirurgie esthĂ©tique» »), p. 09-14
    65 figures illustrations & 7 planches photos « d’avant, après Â» de patient(e)s - , BMD-VP, cote : 618 NOE
  • « RĂ©sultats thĂ©rapeutiques de la douche filiforme », Communication au 3e congrès des dermatologistes et syphiligraphe de langue française ; Bruxelles, 25,26,27,28 juillet 1926. (BMD-VP)
  • « La chirurgie esthĂ©tique I », in Le Concours MĂ©dical N°20, 11 pages - pp. 1454-1464, 13 mai 1928[11].
  • « La chirurgie esthĂ©tique », extrait du Bulletin MĂ©dical mai/juin 1928, N°27 – 17089, 14 pages, Paris, Imprimerie Polyglotte, 6 rue Martel, Paris 10e. (BMD-Ville de Paris, in 618 NOE Broc). Suzanne NoĂ«l : « La chirurgie esthĂ©tique est passĂ©e de l’état de chrysalide Ă  celui de papillon »
  • « La chirurgie esthĂ©tique II », in Le Concours MĂ©dical N°25, 8 pages - pp. 1812-1819, 17 juin 1928[12].
  • Avec M. le Dr Lopez-Martinez (de Buenos-Aires), son Ă©lève, « La chirurgie esthĂ©tique III : Nouveaux procĂ©dĂ©s chirurgicaux de correction du prolapsus mammaire », in Le Concours MĂ©dical N°41, 11 pages – pp. 2821-2831, 7 octobre 1928[13].
  • Avec M. le Dr Lopez-Martinez (de Buenos-Aires), son Ă©lève,, « La chirurgie esthĂ©tique. Nouveaux procĂ©dĂ©s de correction du prolapsus mammaire ». Archives Franco-Belges de chirurgie,1928 : 31,138.
  • « La Douche filiforme : Ses appareils, ses installations pratiques, ses indications thĂ©rapeutiques », 15 pages, Extrait de La Clinique (Organe du patricien) Revue bimensuelle illustrĂ©e, 18 rue de Grenelle Paris 7e, janvier 1929. (BMD-VP).
  • « Die ästhetische Chirurgie und ihre soziale Bedentung ». NoĂ«l Suzanne, Hardt A., Meirowsky Emil, Éditeur : Leipzig, Johaun Ambrosius Barth, 1932 (Ausg.). Traduction allemande de « La chirurgie esthĂ©tique son rĂ´le social » d’avril 1926.
  • « RĂ©fection plastique du mamelon après nĂ©crose survenue Ă  la suite d’une opĂ©ration esthĂ©tique des seins », Extrait du Bulletin MĂ©dical, N°39, 4 pages (7 octobre 1933). Bulletin MĂ©dical – Librairie Arnette, Paris. (BMD-VP)
  • « Correction esthĂ©tique veineuse des mains », Le Bulletin MĂ©dical, 39 (14 octobre 1933).
  • « La chirurgie esthĂ©tique », vers novembre 1933 (Extraits du « Concours mĂ©dical » - 37, rue de Bellefond, Paris) Reprenant et complĂ©tant plusieurs de ses publications dans des bulletins mĂ©dicaux de 1928 (articles sur la chirurgie esthĂ©tique du corps entier) Ă  1933, (N°20 du 13 mai 1928, N°25 du 17 juin 1928, N°41 du 7 octobre 1928, N°39 du 7 octobre 1933 avec actualisation), plus de 80 pages, ouvrage largement illustrĂ© par ses dessins (70 dessins dans le texte) et destinĂ© au monde mĂ©dical[14]
  • « Rapport des opĂ©rations esthĂ©tiques des seins avec les glandes ovariennes et mammaires », Le Bulletin MĂ©dical, 40 (6 octobre 1934).

Hommages

Notes et références

  1. Sydney Ohana, Histoire de la chirurgie esthétique : de l' Antiquité à nos jours, Flammarion, , 300 p. (ISBN 978-2-08-068987-0).
  2. « Noel Gros Pertat, Suzanne Marguerite », biusante.parisdescartes.fr, consulté le 17 février 2022.
  3. « Suzanne NOEL », sur https://www.bu.u-picardie.fr/BU/wp-content/uploads/PDF/PDFSante/Picards/SuzanneNoel.pdf (consulté le )
  4. Anna Cuxac, « Suzanne Noël La suffragette ès têtes », Causette, no 104,‎ , p. 36-37.
  5. « Suzanne NOEL une femme d'exception », sur http://lyon-tete-d-or.soroptimist.fr, (consulté le )
  6. Frédérique Féron, « Opération rajeunir », Paris Match, semaine du 24 au 31 mai 2017, p. 121-124.
  7. « Résultats de recherche — Medica — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  8. « Les droits des femmes », À Périgueux, no 6,‎ , p. 11.
  9. Yasmine Youssi, « Suzanne Noël, journal d'une pionnière de la chirurgie esthétique », Télérama,‎ (lire en ligne).
  10. A global Voice For Women, « Fonds des bourses SIE » [PDF], sur soroptimist.it (consulté le ).
  11. « Résultats de recherche — Medica — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  12. « Résultats de recherche — Medica — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  13. « Résultats de recherche — Medica — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  14. « Lettres autographes et manuscrits », sur bibliotheques-specialisees.paris.fr (consulté le )
  15. Célia Vanier, « Aisne : un timbre à l'effigie de Suzanne Noël, féministe et pionnière de la chirurgie esthétique », France 3 Hauts-de-France,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Source Le Dauphine Libéré du 11/11/2018 https://www.ledauphine.com/haute-savoie/2018/11/11/soroptimist-grande-guerre-mondiale-premiere-conflit-armistice-la-statue-de-suzanne-noel-pionniere-de-la-chirurgie-reparatrice-des-gueules-cassees-inauguree-a-annecy
  17. « Rue Suzanne Noël / M+, l'info de Mulhouse », sur M+, l'info de Mulhouse (consulté le ).
  18. Thomas Mankowski, « Sur la carte de la ville, des femmes laissées en plan », Sud Ouest, no 21911,‎ , p. 18.
  19. « Inauguration du graff à Béthune en l’honneur de Suzanne Noël, une femme d’exception », sur La Voix du Nord, (consulté le )
  20. « Suzanne Noël, pionnière féministe de la chirurgie esthétique », sur France Culture, (consulté le )

Annexes

Ouvrages

  • Paula J. Martin, Suzanne NoĂ«l: cosmetic surgery, feminism and beauty in early twentieth-century France, Ashgate, coll. « The history of medicine in context », (ISBN 978-1-4724-1188-4).
  • LeĂŻla Slimani et ClĂ©ment Oubrerie, Ă€ mains nues (Tome 1), Les Arènes, , 104 p. (ISBN 978-1-03-750264-4, 979-1-037-50264-3 et 1-03-750264-7, ISSN 1953-910X) ; (Tome 2), Les Arènes, , 90 p. (ISBN 979-10-375-0466-1).
  • Xavier Riaud, Pionniers de la chirurgie maxillo-faciale (1914-1918), Paris, L'Harmattan, coll. « MĂ©decine Ă  travers les siècles », , 136 p. (ISBN 978-2-296-11195-0 et 2-296-11195-5, ISSN 1953-910X, lire en ligne), p. 51-53

Articles

  • Jeannine Jacquemin, « Suzanne NoĂ«l (1878-1954) : Pionnière de la chirurgie esthĂ©tique et du mouvement fĂ©minin Soroptimist », Revue d'Histoire des Sciences MĂ©dicales, vol. 22,‎ , p. 21-28 (lire en ligne)
  • Nicolas Guirimand, « De la rĂ©paration des « gueules cassĂ©es » Ă  la « sculpture du visage » », Actes de la recherche en sciences sociales, nos 156-157,‎ , p. 72-87 (lire en ligne)
  • Bibliothèque universitaire de l'UniversitĂ© de Picardie Jules Verne, « Suzanne NoĂ«l (1878-1954) Pionnière de la chirurgie esthĂ©tique et fĂ©ministe » [PDF], sur https://www.bu.u-picardie.fr/ (consultĂ© le )
  • Vallet Marie-Claire, PrĂ©vot Marianne, Kymia, « Suzanne et nous, ĂŞtre au fĂ©minin », regards croisĂ©s sur le Docteur Suzanne NoĂ«l ; EditĂ© par Soroptimist International – Club d’Annecy, comitĂ© de rĂ©daction : Falletti Odile, Garlaschelli Evelyne, Hendrickx Wilfrida, Julien Nelly ; septembre 2021. 150 pages.

Article connexe

Liens externes

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