Succès Masra
Succès Masra est un économiste et homme politique tchadien né en 1983. Il préside le parti politique Les Transformateurs lancé en avril 2018.
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Biographie
Carrière politique
Il démissionne de son poste d'économiste en chef à la Banque africaine de développement (BAD) pour se lancer en politique. Le , il lance son mouvement politique, « Les Transformateurs »[1].
Il est opposé à la candidature du président Idriss Déby au scrutin du 11 avril 2021. La Constitution tchadienne est modifiée pour l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle[2]. La candidature du Masra à l'élection est refusée[3].
Succès Masra rencontre le président Déby le . Succès Masra lui propose président de surseoir à l'élection présidentielle[3]. Malgré tout, le scrutin se déroule et Idriss Déby Itno est réélu président avec 79,32 % des voix. La légitimité de cette élection est contestée. Le journal français Le Monde dit qu'Idriss Déby a « écarté, légalement ou par la violence et l’intimidation, les ténors d’une opposition divisée »[4].
La mort d'Idriss Déby est annoncée le . Un Conseil militaire de transition (CMT) dirigé par un de ses fils, Mahamat Idriss Déby, commandant de la garde présidentielle, est chargé de le remplacer. Ce CMT n'est pas conforme à la constitution dans le cas d'une transition et Succès Masra dénonce un « coup d'État ». Il appelle à tourner définitivement la page du "système" Déby[2].
Il prend part aux marches de fin avril 2021 organisées contre le CMT et demandant sa dissolution. Ces manifestations sont réprimées et la repression fait une dizaine de morts[5].
Le 3 mai 2021, il rencontre avec des membres de son équipe des représentants de l'Union africaine[6] pour échanger autour de la situation au Tchad. Il propose la formation d’un collège sur le modèle malien qui regrouperait, sous la supervision de l’Union africaine, un président chargé de la transition, un vice-président plus spécifiquement chargé des questions sécuritaires au regard de la situation du pays ainsi qu’un premier ministre désigné de manière consensuelle pour accompagner la transition vers des élections générales.
En , Masra assiste au congrès constitutif du Parti des peuples africains – Côte d'Ivoire (PPA-CI), le nouveau parti panafricaniste de Laurent Gbagbo, à Abidjan et bénéficie d'une large ovation[7].
Le CMT cherche à mettre sur place un « dialogue national inclusif et souverain » dans lequel les principaux acteurs politiques et militaires du pays sont représentés. Masra, au nom des Transformateurs, et la coalition citoyenne Wakit Tama, demandent que des conditions « de confiance » préalables soient adoptées : mise en place d'un référendum sur la prochaine constitution, interdiction aux militaires du CMT de se présenter à la prochaine élection présidentielle et séparation des pouvoirs[8] - [9]. Le dialogue s'ouvre le et Les Transformateurs et Wakit Tama refusent d'y participer car ils jugent que le décret qui lance ce dialogue est facilement annulable[10].
Le , les militants des Transformateurs mènent campagne dans les rues de N'Djaména pour convaincre les habitants de participer à un meeting contre le dialogue national inclusif et souverain prévu le . La police arrête 84 de ces militants (91 selon Masra) pour « trouble à l'ordre public » et « non-respect des textes régissant les manifestations sur la voie publique ». Le siège du parti est peu après encerclé par la police et soumis à un blocus[11] - [12]. Des manifestations se déroulent près du siège du parti, mais elles sont réprimées dans la violence par la police et l'armée et environ 200 militants sont arrêtés. Les représentants de l'Église catholique au DNIS décident de suspendre leur participation au dialogue et d'autres organisations menacent de ne plus participer au DNIS si le blocus n'est pas levé[13]. Les militants sont relâchés quelques jours plus tard, après l'intervention du « facilitateur » pour le dialogue inter-tchadien, Djibrill Bassolé[14] - [15].
En septembre, Masra est convoqué par la justice. Selon le ministre de la Justice, Mahamat Ahmat Alhabo, Masra a tenu des propos le demandant aux Tchadiens de « s'attendre au pire » et le procureur l'a donc convoqué. Le , Masra se rend au tribunal accompagné par des milliers de militants de son parti. Son cortège est dispersé par la police qui tire des grenades lacrymogènes et à balle réelle. Les militants repartent vers le siège du parti pour s'y réfugier, mais la police les poursuit et continue à tirer sur les militants. Ces violences sont critiquées à la fois par l'opposition, par la Fédération internationale pour les droits humains mais aussi par le Mouvement patriotique du salut, le parti de l'ancien président Idriss Déby, et, plus tard, par l'Union africaine, l'Union européenne, les États-Unis, l'Allemagne et la France dans un communiqué conjoint. Masra parle de 300 arrestations et d'un millier de blessés. La convocation judiciaire de Masra est suspendue[16] - [17].
Le 2022, la répression par la junte d'une manifestation s'opposant à la période dite de « transition » fait officiellement 50 morts. Masra rentre alors dans la clandestinité et quitte le Tchad, la junte le laissant partir, et se retrouve, dans un premier temps, au Cameroun voisin[18].
Bibliographie
- Tchad, éloge des lumières obscures, co-écrit avec Béral Mbaïkoubou (Éditions L'Harmattan, 2009)
Notes et références
- Mathieu Olivier, « Succès Masra, de la BAD à la politique : « Il faut mettre fin à l’idée que le Tchad est un butin de guerre », sur Jeune Afrique,
- « Au Tchad, Succès Masra estime que "le peuple ne veut pas d'une transmission dynastique du pouvoir" », sur TV5 Monde,
- Kossivi Tiassou, « Rencontre avec Idriss Deby : Succès Masra s’explique », sur Deutsche Welle,
- « Au Tchad, réélection sans surprise pour un sixième mandat du président Idriss Déby », sur Le Monde,
- RFI, « Manifestations au Tchad: retour sur une journée de contestation et de répression », sur www.rfi.fr (consulté le )
- TchaditudeTV, « L'UA au Tchad: Succès Masra fait un compte de la rencontre avec l’Union Africaine. », sur https://www.youtube.com/watch?v=HzX5K1Q2kjc, (consulté le )
- Pierre Pinto, « Côte d'Ivoire: le congrès du nouveau parti de Laurent Gbagbo fait salle comble », RFI,
- « Dialogue national au Tchad: Succès Masra (les Transformateurs), précise les conditions d'une participation », RFI,
- Madjiasra Nako, « Succès Masra et les Transformateurs expriment leurs attentes fortes de la Transition », RFI,
- « Tchad : le chef rebelle Timan Erdimi à N’Djamena pour participer au dialogue national », Jeune Afrique,
- « Tchad : arrestation de plusieurs dizaines d’opposants du parti de Succès Masra », Jeune Afrique,
- Madjiasra Nako, « Tchad: le siège du parti des Transformateurs encerclé par des forces de l'ordre », RFI,
- Madjiasra Nako, « Dialogue national toujours suspendu au Tchad: les mots durs de Mahamat Idriss Deby, le retrait de l'Église », RFI,
- « Tchad : des partisans de Succès Masra gazés en route vers le tribunal », africanews et AFP,
- Madjiasra Nako, « Dialogue national toujours suspendu au Tchad: les mots durs de Mahamat Idriss Deby, le retrait de l'Église », RFI,
- Madjiasra Nako, « Tchad: nouvelles échauffourées près du siège des Transformateurs », RFI,
- « Tchad: la répression des militants de Succès Masra fait réagir la communauté internationale », RFI,
- Sébastien Nemeth, « Tchad: l'opposant Succès Masra a quitté le pays », Radio France internationale,