Mahamat Idriss DĂ©by
Mahamat Idriss Déby, né le à N'Djaména (Tchad), est un officier et homme d'État tchadien.
Mahamat Idriss DĂ©by | |
Mahamat Idriss DĂ©by en 2022. | |
Fonctions | |
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Président de la Transition de la république du Tchad[N 1] (chef de l'État) | |
En fonction depuis le (2 ans, 2 mois et 11 jours) |
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Vice-président | Djimadoum Tiraina (2021-2022) |
Premier ministre | Albert Pahimi Padacké Saleh Kebzabo |
Prédécesseur | Idriss Déby (président de la République) |
Biographie | |
Nom de naissance | Mahamat Idriss DĂ©by Itno |
Surnom | Mahamat Kaka |
Date de naissance | [1] |
Lieu de naissance | N'Djamena (Tchad) |
Nationalité | Tchadienne |
Père | Idriss Déby |
Fratrie | Brahim DĂ©by |
Profession | Militaire |
Religion | Islam |
Résidence | Palais Toumaï (N'Djaména) |
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Présidents de la république du Tchad | |
Après la mort de son père, Idriss Déby, en , il devient président du Conseil militaire de transition puis président de la Transition, faisant fonction de chef de l'État dans des conditions controversées.
Biographie
Origines et formation
Fils d'une mère gorane[2], il est élevé par la mère du président Idriss Déby, et porte pour cette raison le surnom de « Mahamat Kaka » (kaka signifiant « grand-mère » en arabe tchadien)[3].
Le jeune homme effectue l'ensemble de sa scolarité secondaire au Tchad, hormis sa quatrième et sa troisième, en France. Il étudie ensuite un an et demi au lycée militaire d'Aix-en-Provence, en classes préparatoires littéraires. À son retour, il est inscrit à l'école d'officier Gémia (Groupement des écoles militaires interarmées). Il en sort sous-lieutenant[4].
Carrière militaire
Son père le fait affecter à la Direction générale de service de sécurité des institutions de l'État (DGSSIE), la garde prétorienne du régime[3], en tant que commandant adjoint du groupement d’infanterie.
Sa première expérience au combat a lieu en , lorsque les Forces unies pour le changement (FUC) de Mahamat Nour Abdelkerim lancent un raid sur la capitale du Tchad. Il est promu au grade de commandant[4].
En , il est nommé général de brigade et participe à la bataille victorieuse d'Am-Dam contre une coalition de groupes rebelles menée par Timan Erdimi, dans l'est du Tchad[3] - [4].
Il reçoit en 2010, au sein de la DGSSIE, le commandement de l'escadron blindé et des gardes du corps. En 2012, il est ensuite nommé à la tête du groupement no 1 de la DGSSIE (sur trois groupements), chargée de la sécurité du palais présidentiel[5].
En 2013, il est nommé au poste de commandant en second des Forces armées tchadiennes en intervention au Mali (Fatim)[4], dans le nord du Mali, sous les ordres du général Oumar Bikomo, mais en serait le chef officieux[3]. Il participe notamment à la bataille du Tigharghâr.
Le , Mahamat Idriss Déby est nommé directeur général de la DGSSIE[6]. En , il est élevé au grade de général de corps d'armée[7] - [4].
Mahamat Idriss Déby devient général d'armée le 2 décembre 2021[8].
Chef de l'État
Au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby, le , il prend la tête d'un Conseil militaire de transition et, en vertu de la charte de ce Conseil, occupe la fonction de président de la République[9] - [10]. La Constitution du , révisée le , qui prévoit qu'en cas de vacances du pouvoir, le président du Sénat[N 2] assure l'intérim pendant 45 à 90 jours, le temps d'élire un nouveau président de la République, est ainsi suspendue[11]. L'armée annonce la dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement, puis décrète la fermeture des frontières et l'instauration d'un couvre-feu. Le Conseil militaire de transition annonce prendre le pouvoir pour une durée transitoire de dix-huit mois, à l'issue de laquelle des élections doivent être organisées[12].
Le 25 septembre 2021, il nomme les 93 membres du Conseil national de transition[13].
Le 20 août 2022, un peu moins d'un an plus tard, il ouvre officiellement, après avoir été reporté plusieurs fois, un dialogue national inclusif souverain (DNIS) entre la junte, l'opposition civile, et les groupes rebelles. Ce dialogue national, qu'il promettait dès son accession au pouvoir et qui a pour but de déboucher sur des élections libres et démocratiques du président de la république et du parlement, est toutefois vivement critiqué. Le dialogue regroupe 1400 délégués, dont 21 formant le praesidium. Gali Ngothé Gatta, opposant et adversaire d'Idriss Déby lors de l'élection présidentielle de 2016, est élu chef du praesidium. Saleh Kebzabo, vice-président du Comité d'organisation du Dialogue national inclusif souverain, qui reconnaît l'autorité de la junte, critique le reproche fait à l'égard du dit Comité de « ne pas avoir intégré assez d'arabisants ». Certains délégués civils prenant part au dialogue dénoncent une homogénéité parmi les membres du praesidium quant au bord politique que ces membres fréquentent, à l'exception du président, qui est indépendant. Le dialogue est ainsi boycotté notamment par des intellectuels, membres de la société civile, le qualifiant de « monologue »[14]. Le 27 août 2022, la police tchadienne encercle le siège du parti des Transformateurs et le 1er septembre elle disperse avec brutalités une manifestation incluant des membres du parti et invitant les habitants de N'Djaména à assister au meeting de leur leader, Succès Masra. Cet évènement provoque l'indignation du groupe rebelle Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), ce dernier réitérant son boycott en raison de la répression. La fin du DNIS est prévue au 20 septembre 2022[15].
Le 3 octobre, le DNIS allonge la durée de la transition et autorise les personnalités alors à la tête de la transition, soit Mahamat Idriss Déby Itno et son Premier ministre Albert Pahimi Padacké, à se présenter à la présidence à l’issue de la période de transition. Cette mesure, qui va à l'encontre des préconisations de l'Union africaine, suscite aussi des inquiétudes au sein de l'Union européenne, et conforte les opposants politiques ayant boycotté le DNIS, l'un d'entre eux concluant à « une mascarade »[16]. Après la clôture des travaux du dialogue national inclusif souverain, et la dissolution du Conseil militaire de transition le 8 octobre 2022, Mahamat Idriss Déby devient président de la transition[17]. En mars 2023, Mahamat Idriss Déby Itno gracie 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir réprimée dans le sang en octobre 2022, Quelques jours après avoir gracie 380 rebelles condamnés à la prison à vie[18].
Vie privée
Mahamat Idriss Déby est marié à Dahabaya Oumar Souni, journaliste au service de la presse présidentielle et fille de Oumar Sounny, un haut gradé proche de l'ancien président Hissène Habré[2] qui a été notamment à la tête de la Brigade spéciale d’intervention rapide (BSIR)[19], le bras armé de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS).
Père de neuf enfants, il est musulman pratiquant[4].
Notes et références
Notes
- Président du Conseil militaire de transition jusqu'au 8 octobre 2022 puis président de la Transition à partir du 10 octobre 2022.
- Attributions dévolues de façon transitoire au président de l'Assemblée nationale, en attendant la mise en place du Sénat.
Références
- « Portrait », sur presidence.td, (consulté le ).
- « Passé en France, appelé "grand-mère"... Le CV de Mahamat Idriss Déby, nouvel homme fort du Tchad », sur lexpress.fr, (consulté le ).
- Christophe Boisbouvier, « Armée tchadienne : Mahamat Idriss Déby Itno, un monsieur très discret », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- Jean-Louis Tremblais, « Tchad, l'homme clé du Sahel », Le Figaro Magazine,‎ , p. 56-64 (lire en ligne).
- « Tchad : La DGSSIE est sur le point de s’exploser », sur tchadhanana.info, (consulté le ).
- « Tchad : Le général Mahamat Idriss Déby prend la tête de la DGSSIE », sur alwihdainfo.com, (consulté le ).
- « Tchad : Idriss Déby, un général qui banalise le grade de général dans l’armée », sur tchadpages.com, (consulté le ).
- « Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno s'octroie une étoile supplémentaire », sur rfi.fr, (consulté le ).
- « Deby, maître du Tchad et allié stratégique de l’Occident dans la lutte contre les jihadistes », sur lorientlejour.com, (consulté le ).
- « Tchad : le fils d'Idriss Déby occupe la fonction de “président de la République”, prévoit une Charte de transition », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- « Constitution du 4 mai 2018, révisée le 14 décembre 2020 » [PDF], sur letchadanthropus-tribune.com (consulté le ).
- « Tchad : tout juste réélu, le président Idriss Déby tué au combat », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « Tchad: Mahamat Idriss Déby nomme le parlement de transition, le CNT », sur RFI, RFI, (consulté le ).
- « Au Tchad, la laborieuse mise en place du « dialogue national » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Au Tchad, le dialogue national à nouveau suspendu après trois jours de répression de manifestations », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Tchad : Mahamat Idriss Déby Itno obtient une périlleuse carte blanche – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
- Malick Mahamat, « Tchad : le Conseil militaire de transition est officiellement dissous », sur Alwihda Info (consulté le ).
- « LeMonde Afrique Manifestation réprimée au Tchad en octobre : 259 condamnés graciés par le président », sur LeMonde Afrique (consulté le ).
- (en) « Chad: The Victims of Hissène Habré Still Awaiting Justice », sur hrw.org, (consulté le ).
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :