Stèles géodésiques de Sausheim et Oberhergheim
Les stèles géodésiques de Sausheim et Oberhergheim sont deux mires topographiques situées dans le département français du Haut-Rhin, dans le Grand Est, respectivement à Oberhergheim (au nord) et Sausheim (au sud), entre Mulhouse et Colmar.
Historique
Les deux stèles ont été élevées en , sous le règne de Napoléon Ier, par l'équipe de l'astronome Maurice Henry (1763-1825) dans le cadre de l'établissement d'une carte de la Suisse sous domination française[1] - [2]. Le but de l'opération était, à quelques kilomètres de la frontière franco-suisse, de mesurer la distance séparant les deux stèles (19,045 km). Cette distance, dite base d'Ensisheim (du nom de la commune d'Ensisheim située environ à mi-chemin entre les deux stèles), a ensuite servi à la triangulation. C'est à l'époque la plus longue base ainsi mesurée à la surface de la Terre[3].
La stèle de Sausheim aurait dû initialement se trouver sur la colline de Rixheim, en raison des effets de la réfraction atmosphérique[4], et une troisième stèle aurait dû être érigée à Jungholtz-Thierenbach[5].
Selon Charles Grad dans la revue Le Tour du monde en 1886, la stèle méridionale portait à l'origine un écusson à l'effigie de Bonaparte, qui a été cassé par les Autrichiens lors de l'invasion de 1813[6].
Elles ont toutes deux été classées au titre des monuments historiques par arrêté du [7] - [8] - [9] - [10]. La stèle méridionale de Sausheim a été restaurée en 1985[11] - [10].
Description
Les stèles prennent la forme d'obélisques ou de pyramides constituées de six blocs de grès rose des Vosges superposés, pour une hauteur de 5 mètres (l'ensemble étant surmonté, à Sausheim, de deux autres blocs qui portent sa hauteur à 7 mètres). Elles sont entourées par douze bornes plus petites disposées en cercle.
La mire d'Oberhergheim porte l'inscription[11] - [12] :
« Terme septentrional d'une base de 19 045 1⁄4 mètres mesurée sous le règn[e] de Napoléon I empereur des Français pour servir à la carte de l'Helvétie et à la détermination de la grandeur et de la figure de la terre en aoust MDCCCIV. »
Elles constituent une appropriation de la forme de la pyramide et de l'obélisque, après la campagne d'Égypte[13].
- Mire d'Oberhergheim : gros plan sur l'inscription.
- Mire de Sausheim.
Coordonnées géographiques
Les coordonnées géographiques des deux stèles sont (dans le système ETRS89) :
Références
- Martin Rickenbacher (Swisstopo), « L'extension de la carte de France vers la « Suisse » entre 1780 et 1815 », Le CFC, no 191, , p. 25–39 (lire en ligne).
- Pierre Deslais, L'Alsace, géographie curieuse et insolite, Rennes, Ouest-France, , 117 p. (ISBN 978-2-7373-6364-1), p. 88.
- Charles De Villeudeuil, La Grande Encyclopédie : Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, vol. 5 : Baillière - Belgiojoso, Paris, Henri Lamirault, « Base - II. Géodésie », p. 569 [lire en ligne].
- François Joseph Delcros, « Notice sur les altitudes du Mont-Blanc et du Mont-Rose, déterminées par des mesures barométriques et géodésiques », Annuaire météorologique de la France, vol. 3, , p. 267 (lire en ligne).
- Raymond Oberlé (dir.), Lucien Sittler (dir.) et Centre de recherches et d'études rhénanes (dir.), Le Haut-Rhin, vol. 3 : R-Z, Colmar, Alsatia, , 1762 pages (ISBN 2-7032-0165-6), p. 1331–1332.
- Charles Grad, « À travers l'Alsace et la Lorraine », Le Tour du monde, 1er semestre 1886, p. 410 (lire en ligne), repris dans Charles Grad, L'Alsace, le pays et ses habitants, Paris, Hachette, , 632 p. (BNF 34098781), p. 194 [lire en ligne].
- « Stèle géodésique », notice no PA00085569, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Michèle Bardout, « Stèle (stèle géodésique) », pour l'Inventaire général du patrimoine culturel, 1987, dans la base Palissy, ministère de la Culture, notice no IM68001998.
- « Stèle géodésique », notice no PA00085672, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Michèle Bardout, « Stèle géodésique dite pyramide de Sausheim », pour l'Inventaire général du patrimoine culturel, 1991, dans la base Palissy, ministère de la Culture, notice no IM68004353.
- Alain Chappet, Roger Martin et Alain Pigeard, Le Guide Napoléon : 4 000 lieux de mémoire pour revivre l'épopée, Paris, Tallandier, coll. « Bibliothèque napoléonienne », , 974 p. (ISBN 2-84734-246-X), p. 283–284.
- Alain Chappet, Roger Martin, Alain Pigeard et André Robe, Guide napoléonien : Descriptifs des musées, monuments, stèles, curiosités sur l'histoire de 1795 à 1815 en France et à l'étranger, Paris, Lavauzelle, coll. « Biblio Clio » (no 3), , 383 p. (BNF 34661398), p. 101–102.
- Dominique Toursel-Harster et Bernadette Schnitzler, « À chacun son Égypte : Les manifestations de l'égyptomanie en Alsace », Cahiers alsaciens d'archéologie, d'art et d'histoire, Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace, vol. 42, , p. 216–217.
- Site no 6824209 : Oberhergheim IX (point a), Réseau géodésique français, IGN.
- Site no 6830002 : Sausheim II (point a), Réseau géodésique français, IGN.
Voir aussi
Bibliographie
- Yves Bonnel, « Monuments napoléoniens d'Alsace : Les stèles géodésiques de Sausheim et d'Oberhergheim », Bulletin historique de la ville de Mulhouse, no 2, , p. 105–111.
- (de) Martin Rickenbacher, Napoleons Karten der Schweiz : Landesvermessung als Machtfaktor, 1798–1815, Baden, Hier und Jetzt (de), , 351 p. (ISBN 978-3-03919-196-3, lire en ligne), chap. 4.4.4 (« Die Basis von Ensisheim »), p. 176–185.