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Space-based Multi-band Variable astronomical Objects Monitor

SVOM (acronyme de Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor) est un observatoire spatial gamma et X franco-chinois en cours de développement qui a pour objectif de détecter les sursauts gamma, d'en déterminer les caractéristiques et la localisation et de permettre leur suivi par les observatoires terrestres. Pour remplir cet objectif, il comporte plusieurs instruments. Le télescope gamma à masque codé ECLAIRs est chargé de détecter le sursaut dont le pic d'énergie est mesuré par GRM. Le télescope à rayons X MXT et le télescope en lumière visible VT, épaulés par des instruments au sol, poursuivent les observations pendant plusieurs heures après le sursaut.

Données générales
Organisation CNES, CNSA
Domaine Observation des sursauts gamma
Type de mission TĂ©lescope spatial visible, X et gamma
Statut DĂ©veloppement
Autres noms Space Variable Objects Monitor
Lancement 2024
Lanceur Longue Marche 2C
DurĂ©e 3 ans (mission primaire)
Site Site SVOM
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 930 kg
TĂ©lescope
Type Masque codé (ECLAIRs)
Concentrateur Ă  galette de micro-canaux (MXT)
Ritchey-Chrétien (VT)
Longueur d'onde Visible, proche infrarouge, rayons X, rayons gamma mous
Principaux instruments
ECLAIRs TĂ©lescope Ă  rayons gamma
GRM DĂ©tecteur de rayons gamma
MXT TĂ©lescope Ă  rayons X
VT Télescope lumière visible

SVOM, qui résulte d'une collaboration entre les agences spatiales française (CNES) et chinoise (CNSA), doit être placé sur une orbite terrestre basse en 2024 par une fusée chinoise Longue Marche 2C.

Contexte

Le projet SVOM (acronyme de Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor[1]) prend la suite du projet ECLAIRs abandonné par l'agence spatiale française, le CNES, dont il reprend l'instrument principal. L'agence spatiale chinoise, le CNSA, fournit la plate-forme et deux des instruments de SVOM. Le CNES fournit deux autres instruments dont l'instrument principal ECLAIRs.

Objectifs

SVOM doit permettre la dĂ©tection de 100 sursauts gamma par an tout en observant l'Ă©mission rĂ©manente associĂ©e en lumière visible et infrarouge. Les informations recueillies, dont les localisations prĂ©cises, doivent ĂŞtre rapidement transmises aux observatoires au sol pour des observations complĂ©mentaires.

Caractéristiques techniques du satellite

SVOM est un satellite d'environ 900 kg de forme parallĂ©lĂ©pipĂ©dique (1 Ă— 1 Ă— 2 m.).

Instrumentation scientifique

Le satellite dispose d'une instrumentation couvrant Ă  la fois le spectre gamma, X, visible et proche infrarouge[2].

TĂ©lescope Ă  rayons X et gamma mou (ECLAIRs)

ECLAIRs est l'instrument principal de SVOM : il s'agit d'un tĂ©lescope gamma Ă  masque codĂ© grand champ (stĂ©radian) observant le rayonnement X et gamma mou (Ă©nergie comprise entre 4 et 150 keV), qu'il utilise pour dĂ©tecter et effectuer une première localisation des sursauts gamma. Le tĂ©lescope est une contribution française dĂ©veloppĂ©e par les laboratoires de recherche : l'Institut de recherche en astrophysique et planĂ©tologie (IRAP), l'Institut de recherche sur les lois fondamentales de l'univers (Irfu) et l'AstroParticule et Cosmologie (APC)[3].

TĂ©lescope Ă  rayons X (MXT)

MXT (Microchannel X-Ray Telescope) est un tĂ©lescope Ă  rayons X Ă  champ Ă©troit (1,1 Ă— 1,1°) fourni par le CNES. Il est mis en Ĺ“uvre après la dĂ©tection du sursaut gamma par ECLAIRs pour dĂ©terminer de manière plus prĂ©cise la position du sursaut gamma en observant le dĂ©but de l'Ă©mission rĂ©manente. Il permet d'observer les rayons X mous (0,3 keV Ă  10 keV). Sur le plan technique, la partie optique utilise pour la première fois dans le monde la technique des micro-canaux pour faire converger le rayonnement X sur le dĂ©tecteur. La rĂ©solution spatiale permise par le dispositif Ă  transfert de charges est infĂ©rieure Ă  la minute d'arc (jusqu'Ă  20 secondes d'arc pour les sursauts les plus brillants) et la rĂ©solution Ă©nergĂ©tique est de 75 eV lorsque le rayonnement incident est de 1,5 keV. MXT est dĂ©veloppĂ© par l'Irfu en collaboration avec l'universitĂ© de Leicester en Angleterre et l'Institut Max-Planck de physique extraterrestre Ă  Garching bei MĂĽnchen, en Allemagne[4].

DĂ©tecteur de rayons gamma (GRM)

GRM (Gamma Ray Burst Monitor) est un dĂ©tecteur de rayons gamma fourni par la Chine pouvant mesurer la courbe de lumière et le spectre des rayons X durs et des rayons gamma de basse Ă©nergie (30 keV Ă  5 MeV). L'instrument comprend 3 dĂ©tecteurs ayant chacun un champ de vue de 2,6 stĂ©radian. Ils sont disposĂ©s de manière que leur champ d'observation se recoupent (inclinaison de 30° par rapport Ă  l'axe du satellite et espacement entre eux de 120°) de manière Ă  permettre par triangulation une localisation grossière de la source (15°× 15°). Chaque dĂ©tecteur est constituĂ© d'un cristal d'iodure de sodium fixĂ© sur un tube photomultiplicateur[5].

TĂ©lescope optique (VT)

VT (Visible Telescope) est un tĂ©lescope optique de type Ritchey-ChrĂ©tien de 40 cm d'ouverture et Ă  champ Ă©troit (26 Ă— 26 minutes d'arc) qui observe la source gamma dans le visible (400 Ă  650 nm) et en proche infrarouge (650-950 nm). Deux dispositif Ă  transfert de charges de 2 048 Ă— 2 048 pixels situĂ©s au plan focal fournissent l'un une image dans le bleu (450 Ă  650 nm), l'autre dans le proche infrarouge (650 Ă  1 000 nm). Le tĂ©lescope permet d'observer des Ă©toiles de magnitude apparente 22,5 avec un temps de pose de 300 secondes. Ă€ partir d'une position approchĂ©e fournie par l'instrument MXT, il dĂ©termine la position de la source gamma avec une prĂ©cision de quelques secondes d'arc. Le tĂ©lescope est fourni par les Observatoires astronomiques nationaux de l'AcadĂ©mie des sciences de Chine[6].

Principales caractéristiques des instruments[7]
InstrumentECLAIRMXTVTGRM
TypeMasque codémicro-canauxRitchey-ChrétienDétecteur à scintillation
FournisseurFranceFrance / Royaume-UniChineChine
Spectre (énergie ou longueur d'onde) X et gamma mou (4 keV -150 keV)Rayons X (0,2–10 keV)Infrarouge proche/Visible
(400 nm - 1 000 nm)
Gamma (50 keV Ă  5 MeV)
Champ optique stĂ©radians23,6 Ă— 23,6 minutes d'arc1°3 Ă— 2 stĂ©radians
PrĂ©cision localisation 16 minutes d'arc
(4 pour les sources brillantes)
< 1 minute d'arc
(20 secondes d'arc pour les sources brillantes)
2 secondes d'arc15°
PSF ? ? ?-
Type détecteurTellurure de cadmiumDispositif à transfert de chargesDispositif à transfert de chargesNaI
Nombre d’élĂ©ments dĂ©tecteurs6 400 Ă©lĂ©ments256 Ă— 256 pixels2 Ă— 2 048 Ă— 2 048 pixels3
Sensibilité ? ?magnitude 22,5 sans filtre
(temps d'exposition de 300 secondes)
?
Autres caractĂ©ristiquesSurface du dĂ©tecteur : 1 024 cm2
Élément détecteur : mm × mm × mm
Prévision sursauts détectés : ~80 /an
PrĂ©vision sursauts dĂ©tectĂ©s : ~70 /anOuverture : 40 cm
Prévision sursauts détectés : ~60 /an
Prévision sursauts détectés : ~110 /an
Masse87 kg35 kg

Segment terrestre

Pour effectuer une étude détaillée du sursaut gamma, son observation se poursuit au sol. La durée de la phase la plus lumineuse du sursaut est courte aussi lorsqu'elle est détectée ses coordonnées sont immédiatement transmises à des observatoires au sol pour permettre de compléter les informations recueillies avec celles d'observatoires terrestres plus puissants. La transmission s'effectue grâce à un réseau d'une quarantaine d'antennes réceptrices VHF implantées de manière à assurer une couverture complète de la zone intertropicale que le satellite placé sur une orbite basse survole. Les données sont transmises à une cellule créée pour la circonstance à Saclay, le FSC (French Science Center)[8].

Après un premier traitement par le FSC, ces donnĂ©es sont transmises Ă  deux tĂ©lescopes fonctionnant de manière automatique les GFT (Ground Follow-up Telescope). Pour rĂ©pondre aux besoins de la mission deux tĂ©lescopes de ce type, ayant une ouverture d'au moins 1 mètre et couvrant le spectre visible et l'infrarouge proche, doivent ĂŞtre implantĂ©s respectivement Ă  San Pedro Martin (Mexique) au titre de la participation française et Ă  l'observatoire de Xinglong (Chine) au titre de la participation chinoise. Ces tĂ©lescopes doivent fournir la position du sursaut gamma avec une prĂ©cision d'environ 1 seconde d'arc et l'Ă©volution du spectre. Les donnĂ©es collectĂ©es sont transmises au GFC qui envoie alors un message d'alerte aux grands observatoires terrestres comme les tĂ©lescopes optiques NTT et le VLT et le radiotĂ©lescope ALMA[9].

Ce rĂ©seau est complĂ©tĂ© par un ensemble de camĂ©ras baptisĂ© GWAC (Ground-based Wide Angle Camera) constituĂ© par 9 montures (4 camĂ©ras par monture) assurant une couverture globale de 5 000 degrĂ©s2 (la moitiĂ© du champ de ECLAIRs). Chaque camĂ©ra a une optique de 180 mm de diamètre, observe les Ă©missions lumineuses dans le visible (entre 500 et 850 nm) et capte les images Ă  l'aide d'un dispositif Ă  transfert de charges disposant de 4 096 Ă— 4 096 pixels. L'objectif de ces camĂ©ras qui enregistrent en permanence est d'observer le ciel avant l'apparition du sursaut gamma pour identifier Ă©ventuellement des Ă©vĂ©nements prĂ©curseurs. Ces camĂ©ras seront installĂ©es sur deux sites accompagnĂ©es d'un tĂ©lescope de 60 cm et de plusieurs tĂ©lescopes de 30 cm : un sous-ensemble de 18 camĂ©ras sera installĂ© Ă  l'observatoire interamĂ©ricain du Cerro Tololo (CTIO) au Chili et le deuxième sous-ensemble Ă  l'observatoire ALI Ă  l'ouest du Tibet[10].

DĂ©roulement de la mission

Lancement et orbite

SVOM doit ĂŞtre placĂ© sur son orbite par un lanceur chinois Longue Marche 2C dĂ©collant de la base de lancement de Xichang (Chine). SVOM circulera sur une orbite terrestre basse Ă  une altitude de 625 km avec une faible inclinaison (30°) pour Ă©viter les perturbations des rĂ©gions polaires. Cette orbite est en partie imposĂ©e par la puissance du lanceur et la latitude de la base de lancement.

Contraintes d'orientation

L'orientation du satellite répond à plusieurs contraintes[11] - [12] :

  • pour maintenir le satellite et ses instruments dans la plage de tempĂ©rature autorisĂ©e, une des faces de SVOM est constamment maintenue Ă  plus de 90° du Soleil ce qui interdit l'observation de 50 % du ciel Ă  un instant donnĂ© ;
  • pour que les observatoires terrestres puissent prendre immĂ©diatement le relais en cas de dĂ©tection d'un sursaut gamma, SVOM observe la rĂ©gion du ciel situĂ©e Ă  l'opposĂ© du Soleil donc visible par les tĂ©lescopes terrestres situĂ©s sur la face nocturne de la Terre. La contrepartie est que durant la moitiĂ© de l'orbite qui dure 95 minutes, les instruments ne peuvent pas fonctionner car la Terre s'interpose entre le ciel et l'engin spatial.

Régions du ciel observées

Les régions du ciel observées répondent par ailleurs aux contraintes supplémentaires (non dépendantes de l'orientation) suivantes[11] :

  • pour permettre aux tĂ©lescopes terrestres les plus puissants (VLT, HawaĂŻ, La Palma) d'observer le sursaut gamma dans les meilleures conditions, les rĂ©gions du ciel privilĂ©giĂ©es sont celles situĂ©es près du zĂ©nith de ces observatoires ;
  • la rĂ©gion de la Voie LactĂ©e est Ă©cartĂ©e car elle contient de nombreuses sources transitoires dans le domaine X et gamma qui peuvent ĂŞtre confondues Ă  tort avec un sursaut gamma. Par ailleurs, la prĂ©sence de poussière interstellaire gĂŞne les observations de suivi ;
  • la rĂ©gion de la source X Scorpius X-1 situĂ©e hors du plan galactique et extrĂŞmement brillante est Ă©cartĂ©e pour ne pas perturber les mesures.

Déroulement d'une détection

Lorsqu'il dĂ©tecte un sursaut gamma, le satellite a la capacitĂ© de modifier en quelques minutes son orientation pour complĂ©ter l'Ă©tude de la source avec ses instruments fonctionnant dans le spectre des rayons X, infrarouge et visible. La durĂ©e de la mission est de 3 ans avec une extension possible de 2 ans[2] - [11] - [12].

Notes et références

  1. Institut de recherche en astrophysique et planétologie, « ECLAIRs et MXT, les deux télescopes français de la mission SVOM, prêts à partir pour la Chine », irap.omp.eu,‎ (lire en ligne).
  2. « Satellite SVOM », CNES (missions scientifiques) (consulté le ).
  3. « Télescope ECLAIRs », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  4. « MXT (Microchannel X-ray Telescope) », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  5. « GRM (Gamma Ray burst Monitor) », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  6. « VT (Visible Telescope) », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  7. (en) B. Cordier, « The SVOM mission »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [PDF], sur brera.inaf.it, .
  8. « Le réseau d’alerte », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  9. « GFT (Ground Follow-up Telescope) », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  10. « GWAC (Ground-based Wide Angle Camera) », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  11. « Le satellite et la stratégie Sol/Espace », sur Site officiel de la mission SVOM, CEA/Irfu (consulté le ).
  12. « Site officiel de la mission SVOM » (consulté le ).

Bibliographie

  • (en) B. Cordier et al., « The SVOM gamma - ray burst mission », Proceedings of Science,‎ , p. 1-13 (lire en ligne).
  • (en) StĂ©phane Schanne, Bertrand Cordier et al. « The ECLAIRs GRB-trigger telescope on-board the future mission SVOM » (2-5 dĂ©cembre 2014) (Bibcode 2015arXiv150805851S, lire en ligne) [PDF]
    —Swift : 10 Years of Discovery

Voir aussi

Liens internes

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