Soupe populaire pour enfants de Casablanca
La Soupe populaire pour enfants (SP) est une Ćuvre crĂ©Ă©e en 1941 par Elias Suraqui[1] Ă Casablanca qui en Ă©tait le prĂ©sident jusquâen 1961. La SP a cessĂ© ses activitĂ©s en 1964. La SP Ă©tait situĂ©e dans une impasse du mellah (ghetto juif) de Casablanca au sein du quartier juif surpeuplĂ© et d'une extrĂȘme pauvretĂ©. L'objectif Ă©tait de fournir des repas chauds ainsi que dâĂ©duquer de jeunes enfants juifs dĂ©favorisĂ©s qui avaient entre 6 et 8 ans. La SP recevait 300 enfants[2] par an. Les activitĂ©s cessĂšrent en 1964, alors que le mellah commençait Ă se dĂ©peupler de sa population juive. On estime Ă environ 6000[3], le nombre dâenfants qui ont Ă©tĂ© assistĂ©s et scolarisĂ©s dans ce cadre. Le personnel Ă©tait composĂ© d'un directeur et dâune dizaine dâinstitutrices, de cuisiniĂšres, dâinfirmiĂšres et dâĂ©ducateurs Ă temps partiel ou Ă temps plein. Lâinstitution Ă©tait financĂ©e et soutenue Ă partir de 1948 par l'American Jewish Joint Distribution Committee (JOINT or JDC), lâ Alliance IsraĂ©lite Universelle (AIU),l'Ćuvre de secours aux enfants (OSE), ainsi que des donateurs privĂ©s
Fondation |
1941-1964 |
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Dissolution |
Type |
Ćuvre philantropique pour enfants |
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Domaines d'activité | |
Objectif |
Nutrition et Instruction |
Pays |
Casablanca, Maroc |
Fondateur |
Elias Suraqui |
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Site web |
Contexte
En 1941, avec 40000 habitants, le mellah de Casablanca Ă©tait le plus peuplĂ© du Maroc[4]. La misĂšre Ă©tait profonde[5], des familles entiĂšres vivaient agglutinĂ©es dans une seule piĂšce. Les enfants Ă©taient en haillons et parfois sans chaussures. La sous-alimentation chronique et les Ă©pidĂ©mies sĂ©vissaient surtout chez les enfants qui Ă©taient atteints de la teigne, du trachome et de la tuberculose dues Ă la promiscuitĂ©[6]. Les autoritĂ©s françaises sous les ordres de Vichy nâĂ©taient pas enclines Ă financer un transfert partiel de cette population juive vers des habitations salubres en ville europĂ©enne. MĂȘme aprĂšs la guerre, ces autoritĂ©s se sont concentrĂ©es prioritairement sur la construction de logements bon marchĂ© dans la ville europĂ©enne dans le but d'y accueillir les travailleurs marocains venant des campagnes[7] - [8], dont la citĂ© avait grandement besoin pour son dĂ©veloppement. Quant aux organisations juives, jusquâen 1945, elles concentrĂšrent leurs efforts sur les rescapĂ©s de la Shoah. Ce nâest quâĂ la fin des annĂ©es 40 qu'elles ont commencĂ© Ă faire face au problĂšme[9]. Entre les annĂ©es 1940-1960, une immigration interne au Maroc sâest produite: la population juive des campagnes sâest dĂ©placĂ©e au profit des grandes agglomĂ©rations principalement Casablanca, contribuant ainsi Ă augmenter la population urbaine[10] - [11]. En 1960, le recensement de la population Juive au Maroc Ă©tait le suivant[12]:
Population Juive Marocaine | 160032 |
Population Juive Casablanca | 71175 |
Estimation juifs de nationalité étrangÚre | 20000 |
Totale de la population Juive au Maroc | 180032 |
Les Hedarims (Classes d'Ă©tude pour enfants)
En 1941, les seules structures du mellah qui sâoccupaient de lâenfance Ă©taient les hedarims. Ces derniĂšres Ă©taient des piĂšces closes, sans ventilation, sans meubles, souvent sans fenĂȘtres oĂč les jeunes enfants (les garçons en gĂ©nĂ©ral) Ă©taient agglutinĂ©s les uns sur les autres sous la houlette dâun instructeur adulte qui leur enseignait lâalphabet hĂ©breu et les priĂšres[13]. Il nây avait pas un seul mellah au Maroc (ou ailleurs) qui nâavait pas son ou ses hedarim et ceci mĂȘme dans les coins les plus reculĂ©s de lâAtlas lĂ oĂč les communautĂ©s juives nâavaient aucun ou trĂšs peu de contact avec lâextĂ©rieur[14]. Lâexistence des hedarim est une spĂ©cificitĂ© juive qui a perdurĂ© Ă travers lâHistoire. Cette singularitĂ© a fait que pendant des siĂšcles, lâanalphabĂ©tisme du moins en ce qui concerne les hommes, nâexistait pas chez les juifs. Les hedarim Ă©taient la cause principale de la propagation des maladies contagieuses qui faisaient des ravages au sein du mellah[6]. DĂšs la fin des annĂ©es quarante, les organisations philanthropiques juives, le JOINT en tĂȘte, ont combattu avec virulence lâinstitution des hedarim. En 1948, un rapport interne du Joint disait : « Notre projet est de sortir environ 2000 enfants des hedarim du Mellah (de Casablanca) et de leur fournir des garderies dĂ©centes durant la journĂ©e »[15]. Le JOINT a ainsi financĂ© des structures alternatives (Talmud Thora, Lubawitch, la SP et autres) qui seraient capables de concurrencer les hedarim. En 1952, le JOINT a expressĂ©ment demandĂ© Ă ces organisations dâintĂ©grer en prioritĂ© absolue les enfants venant des hedarim[14]. Cette politique a finalement portĂ© ses fruits car Ă la fin 1952, il nây avait plus de hedarims dans le Mellah de Casablanca[14].
Historique
1941-1947
Lâinitiative de la crĂ©ation de la SP a Ă©tĂ© prise en 1941 au moment oĂč le mellah de Casablanca connaissait une croissance dĂ©mographique galopante et oĂč les conditions dâhygiĂšne et de sous-nutrition Ă©taient prĂ©occupantes[16]. Peu de documents subsistent sur la premiĂšre pĂ©riode de la SP, le nombre dâenfants bĂ©nĂ©ficiant de la cantine est inconnu. Au tout dĂ©but, une seule institutrice avait Ă©tĂ© engagĂ©e et une seule classe de trente enfants fonctionnait[17] - [18]. Il existe quelques coupures de presse, une cinquantaine de clichĂ©s photographiques[19], des photos de bals de bienfaisance dans lesquels des collectes dâargent Ă©taient organisĂ©es ainsi que quelques clichĂ©s de bienfaiteurs. Il sâagissait de donateurs aisĂ©s juifs de Casablanca. Le premier directeur de la SP a Ă©tĂ© Armand Tordjman, le comptable Ă©tait M. Elbaz. Quelques assistants et des cuisiniĂšres ont Ă©tĂ© embauchĂ©s. Il y avait un accord avec des marchands du marchĂ© central dâalimentation de Casablanca, qui donnaient des surplus et qui vendaient de la nourriture Ă prix rĂ©duits. La RĂ©gion civile (de Casablanca) a fourni des bons de tissus qui ont Ă©tĂ© taillĂ©s gratuitement par des entreprises de tailleurs juifs et les vĂȘtements ont Ă©tĂ© distribuĂ©s par des bĂ©nĂ©voles. Des minotiers fournissaient de la farine Ă bas prix, avec laquelle un boulanger fabriquait du pain gratuitement[20] - [21]. En 1941 au moment de la crĂ©ation de la SP, les structures juives capables dâintĂ©grer les enfants du Mellah nâĂ©taient pas Ă©quipĂ©es pour parer aux besoins, ou nâĂ©taient pas encore implantĂ©es. Ces structures JOINT, ORT, Alliance israĂ©lite universelle, OSE, et autres furent surtout actives dans les annĂ©es suivantes. AprĂšs lâindĂ©pendance du Maroc en 1956, la population juive du mellah quitta progressivement le ghetto qui se dĂ©peupla.
La SP Ă©tait localisĂ©e dans une impasse du mellah de Casablanca 113 boulevard du 2e tirailleurs (actuellement bd Tahar el Alaoui). Les locaux Ă©taient exigus, deux salles de classes qui servaient alternativement de rĂ©fectoire pour la cantine, un bureau, une cour de rĂ©crĂ©ation et lâimpasse elle-mĂȘme oĂč se menaient des activitĂ©s au grand air. Dans les deux dĂ©cennies suivantes, il y a eu quelques agrandissements[22], mais la configuration des lieux a peu Ă©voluĂ©. Tout au long de son parcours la SP a souffert de l'exiguĂŻtĂ© des locaux.
1948-1964
Ă partir de 1948, une certaine immigration sâest faite vers IsraĂ«l, mais elle Ă©tait infĂ©rieure Ă lâaccroissement naturel de la population[23]. De plus, il y a eu une immigration des mellahs de la pĂ©riphĂ©rie vers le mellah de Casablanca[24], qui a aggravĂ© le problĂšme dĂ©mographique de ce dernier. Dans les quelques annĂ©es qui ont suivi la fin de la guerre, les organisations juives philanthropiques se sont concentrĂ©es sur lâEurope pour apporter soutiens et aides aux rescapĂ©s de la Shoah. Cependant dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1950 un effort de plus en plus important sâest reportĂ© sur les populations juives prĂ©sentes en terre dâIslam[9]. La principale Ćuvre juive, le JOINT a consacrĂ© des moyens financiers considĂ©rables[25] - [26] - [5]et a mis en place des structures administratives capables de soutenir une politique dâaide et Ă employer Ă titre de conseillers ou dâemployĂ©s des centaines dâexperts que ce soit dans le domaine de la santĂ©, de la nutrition, de lâĂ©ducation, de lâorganisation des finances et du suivi des investissements. Concernant le Maroc, le JOINT a rĂ©alisĂ© que la tĂąche Ă©tait trop lourde et quâune difficile sĂ©lection des buts Ă atteindre devait ĂȘtre faite. La dĂ©cision stratĂ©gique de reporter le gros des efforts sur lâenfance a Ă©tĂ© prise dĂšs la fin des annĂ©es quarante[27]. Câest dans ce cadre quâen 1948, le JOINT accepta de collaborer et de soutenir la SP (et pratiquement toutes les autres institutions pour enfants du Maroc) car ces projets Ă©taient conformes Ă sa stratĂ©gie globale. Cette collaboration nâa fait quâaugmenter avec les annĂ©es. Ces institutions Ă©taient principalement[28]:
Talmud Torah | 1400 enfants |
Lubavitcher | 780 enfants |
Ozar Hatorah | 630 enfants |
Em Habanim | 350 enfants |
La Maternelle | 350 enfants |
Soupe Populaire | 300 enfants |
Garderie Finzi (AIU) | 185 enfants |
Les statuts et la nomenclature
La SP Ă©tait dirigĂ©e par un directeur nommĂ© par le prĂ©sident ainsi que par le comitĂ© de lâĆuvre. Le rĂŽle du directeur Ă©tait de vĂ©rifier la tenue des livres de comptabilitĂ©, le bon fonctionnement des cuisines et des classes, de veiller Ă l'approvisionnement en produits utilisĂ©s dans la restauration et lâhĂ©bergement, Ă la gestion des stocks, de nĂ©gocier avec les fournisseurs, de passer les commandes et de rĂ©ceptionner les marchandises. Le JOINT contrĂŽlait ses activitĂ©s, adressait ses remarques et critiques au PrĂ©sident qui Ă©tait ultimement responsable du fonctionnement de l'Ćuvre et qui Ă son tour donnait des instructions au directeur[29]. Dans les annĂ©es 1950 et 60 les directeurs Ă©taient M.Cohen et M. Teboul. En 1959, trois ans aprĂšs lâindĂ©pendance du Maroc, la SP changea ses statuts pour sâadapter Ă la nouvelle lĂ©gislation marocaine concernant les Ćuvres philantropiques [30].
Le JOINT
Ă partir de 1948, la contribution du JOINT a Ă©tĂ© dĂ©terminante[5] - [31]. Le JOINT a financĂ© intĂ©gralement lâalimentation de lâĆuvre, ce qui reprĂ©sentait la partie essentielle du budget total. En plus des frais de fonctionnement de la cantine, le Joint a fourni rĂ©guliĂšrement des denrĂ©es alimentaires, principalement : lait, beurre, fromage, huile, haricots secs, farine, riz, sucre, confiture[32] - [33]. Le Joint a commanditĂ© des Ă©quipes de mĂ©decins nutritionnels, gĂ©nĂ©ralistes et spĂ©cialistes. Les visites des mĂ©decins se faisaient au moins trois fois par an.. Le JOINT a dĂ©lĂ©guĂ© de nombreux experts chargĂ©s de vĂ©rifier le bon dĂ©roulement de la gestion de lâĆuvre, et de lâutilisation des fonds allouĂ©s. Ses administrateurs ont constamment envoyĂ© des rapports dont les conclusions et recommandations Ă©taient reportĂ©es Ă la direction de la SP[34]. il est arrivĂ© que le JOINT se fĂ©licitait des progrĂšs accomplis. Ă titre dâexemple, dans le rapport annuel de 1958, on pouvait lire[35].
« Concernant la Soupe Populaire d'Enfants, de nombreux changements positifs ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Une nouvelle infirmerie a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e et lâancienne a Ă©tĂ© convertie pour laver et prĂ©parer les lĂ©gumes, cela permet dâassurer une plus grande propretĂ© et de faciliter le travail de la cuisine. Un nouvel Ă©quipement dans la cuisine allĂšge le travail tout en augmentant lâhygiĂšne dans la prĂ©paration des repas. Une des classes a Ă©tĂ© convertie en salle Ă manger ce qui permet de servir les repas plus efficacement. »
En 1956, le coĂ»t journalier de la contribution alimentaire du JOINT Ă©tait estimĂ© Ă 8938 francs(non compris le prix des denrĂ©es importĂ©es). Cette somme ne comporte pas les frais dâexperts, de voyage, etc. elle correspond Ă environ 200 euros (valeur 2021), soit 6000 euros par mois. En 1957, le coĂ»t annuel de la cantine Ă©tait de : 2.234.750 francs soit environ 48000 euros actuels. En 1962, le coĂ»t mensuel de la cantine Ă©tait de 8981,97 francs et les frais de fonctionnement 4750 francs soit un total mensuel de 30400 euros (valeur 2021)[36]. Le JOINT procĂ©dait Ă©galement Ă une distribution de vĂȘtements au moins une fois lâan. Par exemple en 1958, le budget des vĂȘtements concernant la SP Ă©tait de 957050 francs (soit 20200 euros de 2021)[37]. Chaque annĂ©e, lâantenne du JOINT au Maroc rĂ©digeait un rapport de synthĂšse sur lâensemble de ses activitĂ©s. Ce rapport s'appuyait sur un vaste annuaire composĂ© de milliers de documents (expertises de spĂ©cialistes, discussions entre experts, minutes de dĂ©bats, rapports de comptabilitĂ©, bilans sanitaires, relations avec les autoritĂ©s et bien d'autres encore). Le but du rapport Ă©tait de tirer les enseignements de lâannĂ©e et de soumettre des recommandations pour les annĂ©es suivantes. Ces rapports ont montrĂ© que le nombre dâenfants pensionnaires de la SP oscillait entre 300 et 315[2], hormis la derniĂšre annĂ©e de fonctionnement en 1964 oĂč le nombre dâenfants Ă©tait de 210[38].
Deux autres organisations juives sous lâĂ©gide et en collaboration Ă©troite avec le JOINT[39] ont jouĂ© un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans le maintien et le fonctionnement de la SP, il sâagit de :
LâAlliance IsraĂ©lite Universelle (AIU)
La contribution de LâAIU sur le plan Ă©ducatif a Ă©tĂ© essentielle[40]. Câest cette organisation qui a fourni les directrices, les institutrices et les assistantes scolaires qui Ă©taient des salariĂ©es de lâAIU et qui travaillaient Ă plein temps Ă la SP, câest elle qui a Ă©tabli Ă©galement le programme dâĂ©tude. Pour cela lâAIU recevait une contribution partielle du JOINT[41]. Lâenseignement se faisait en deux langues français et hĂ©breu. Mme PĂ©rahia qui fut directrice de la garderie ch. Finzi de lâAIU fut une des derniĂšres directrices de la SP.
LâOrganisation du Secours Ă lâEnfance (OSE)
LâOSE a Ă©tĂ© trĂšs active au Maroc[42], sa contribution Ă la SP dĂ©bute dĂšs la fin des annĂ©es 1940. En collaboration et avec un financement partiel du JOINT [43], lâOSE envoyait des mĂ©decins au moins trois fois par an afin d'examiner lâensemble des 300 enfants. En cas dâurgence ou de nĂ©cessitĂ© les enfants Ă©taient envoyĂ©s au dispensaire de LâOSE Ă Casablanca[44]. LâOSE a entrepris un programme dâĂ©valuation du rĂ©gime dâamĂ©lioration nutritionnelle dont la SP a Ă©tĂ© le projet pilote au Maroc. Ă la suite du succĂšs du rĂ©gime alimentaire, celui-ci a Ă©tĂ© Ă©tendu Ă dâautres institutions juives du Maroc. LâOSE Ă©tait chargĂ©e de lâexamen mĂ©dical de routine des enfants, du programme annuel de vaccination, des soins des maladies rĂ©currentes dâenfants et avait mĂȘme une infirmerie Ă la SP oĂč les enfants malades Ă©taient traitĂ©s sur place[45]. Au dĂ©but des annĂ©es 1950, LâOSE sâest pourvue Ă Casablanca dâun dispensaire mĂ©dical ultra moderne avec un personnel de haut niveau. Cette structure pouvait faire face aux maladies les plus courantes et aux cas dâurgence. LâOSE a entrepris une campagne massive contre le trachome, dont devait bĂ©nĂ©ficier les enfants de la SP. En 1954 70% des enfants de la SP Ă©taient trachomateux, en 1955, il nây en avait que 50% et en 1956, 30%[46]. Egalement dans les annĂ©es 1950, lâOSE a entrepris une campagne massive de traitements aux rayons X des enfants afin de combattre la teigne et dâautres maladies, les enfants de la SP ont aussi fait partie de ce programme. Quelques dĂ©cennies plus tard, ce traitement a Ă©tĂ© un sujet de controverse[47]. En 1959, lâOSE a introduit pour la premiĂšre fois au Maroc un traitement antibiotique la grisĂ©ofulvine, contre la teigne apparemment avec succĂšs[48] et sans effets nĂ©gatifs Ă long terme[49].
Les actions
Le Programme de suralimentation (1948)
Le programme a Ă©tĂ© initiĂ© par lâOSE en 1948 et a Ă©tĂ© testĂ© en prioritĂ© sur la SP[50], il consistait Ă donner aux enfants en plus du dĂ©jeuner, un âgoĂ»terâ composĂ© de pain avec de la confiture et une boisson nourrissante[18]. En 1949, le coĂ»t du goĂ»ter pour lâOSE Ă©tait de 20francspar enfant[51].
Le Programme dâamĂ©lioration nutritionnelle (1956)
Le deuxiĂšme projet Ă la suite des recommandations du Dr Schmidt, Ă©tait de nourrir les enfants sans viande[52], mais avec des produits laitiers, poissons et Ćufs. La SP a Ă©tĂ© choisie par lâOSE et le JOINT comme projet pilote pour prouver lâefficacitĂ© du rĂ©gime. Le programme a commencĂ© en mars 1956[53], lâamĂ©lioration a Ă©tĂ© constatĂ©e rapidement (aprĂšs 6 mois), le mĂ©decin scolaire a constatĂ© que les enfants tous en dessous de huit ans Ă©taient en meilleur Ă©tat de santĂ© que le groupe tĂ©moin qui nâavait pas bĂ©nĂ©ficiĂ© du rĂ©gime, les enfants avaient pris plus de poids, ils ont grandi plus vite, ont eu un meilleur taux dâhĂ©moglobine, nâont pas eu de dĂ©ficience en vitamines et ont eu une meilleure « apparence »[54] - [55]. Ce plan a pu ĂȘtre par la suite Ă©tendu Ă dâautres institutions pour enfants mais cette extension a nĂ©cessitĂ© une formation du personnel ce qui a pris du temps et de nouveaux investissements. En 1959, un rapport toutefois note que le rĂ©gime a un dĂ©ficit en protĂ©ine animale : âLe dĂ©ficit en protĂ©ine animale est essentiellement dĂ» Ă un manque de lait et de fromage dans la ration alimentaire.â[56]. En 1960, un rapport note que lâeffet de lâaction du JOINT est visible dans le bien-ĂȘtre des enfants[57].
GĂ©rer une situation de crise
Dans lâaprĂšs-midi du 11 janvier 1961, 44 enfants de la SP ĂągĂ©s de 5 et 6 ans ont Ă©tĂ© victimes dâune intoxication alimentaire accompagnĂ©e de vomissements, douleurs abdominales et diarrhĂ©es. Ces enfants ont immĂ©diatement Ă©tĂ© traitĂ©s au dispensaire de lâOSE. Une enquĂȘte minutieuse a Ă©tĂ© entreprise par le JOINT et l'OSE sous la direction du Dr Tavill, qui a dĂ©terminĂ© que lâorigine de lâintoxication provenait de lâĂ©tat de santĂ© du personnel des cuisines. Ce dernier a prĂ©conisĂ© pour l'avenir, un examen mĂ©dical approfondi du personnel responsable de lâalimentation ainsi que des mesures dâhygiĂšne strictes[58] Il nây a pas dans les archives du JOINT de trace de rĂ©cidive.
Distribution de vĂȘtements
Jusqu'en 1948, la distribution des vĂȘtements Ă©tait rendue possible grĂące Ă l'action de la RĂ©gion de Casablanca qui fournissait des bons de tissu que des entreprises de tailleurs taillaient gratuitement, la distribution Ă©tant assumĂ©e par des bĂ©nĂ©voles. Ă partir de 1948, Le JOINT a procĂ©dĂ© Ă une distribution de vĂȘtements au moins une fois par an, avec un budget significatif, par exemple en 1958, les 303 enfants de la SP ont reçu des vĂȘtements pour une valeur de 957050francs(20200 euros de 2021)[37]. Les photos des annĂ©es 1960, montrent des enfants en bonne santĂ© et bien habillĂ©s.
Les camps de vacances
Les institutions juives et les autoritĂ©s françaises se sont rendu compte trĂšs tĂŽt, du besoin de vacances au grand air pour ces enfants qui nâĂ©taient jamais sortis du mellah, qui ne connaissaient ni la mer, ni la montagne. Lâorganisme LâAide scolaire de Casablanca organisa des camps dĂšs la fin des annĂ©es 1940[59] - [60] - [61]. Le DEJJ (DĂ©partement Ăducatif de la Jeunesse Juive) a formĂ© des sĂ©ries dâĂ©ducateurs et moniteurs pour encadrer les camps de vacances. En 1956, 4070 enfants[62] et en 1958, 5382 enfants[63] ont pu profiter des camps de vacances grĂące au financement des autoritĂ©s et du JOINT. La SP nâa pas Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e et nâa pu envoyer les enfants dans les montagnes ou dans des centres balnĂ©aires. Une solution alternative, la Colonie urbaine, a Ă©tĂ© mise sur pied[64]: Durant les vacances dâĂ©tĂ©, les classes nâavaient pas lieu; mais les enfants nĂ©anmoins allaient Ă la SP oĂč trois repas Ă©taient servis et des activitĂ©s en plein air Ă©taient organisĂ©es par lâĂ©quipe. Un tiers des enfants soit une centaine ont profitĂ© par rotation de la âLa Colonie Urbaineâ: lâAIU a mis Ă la disposition des organisateurs une Ă©cole situĂ©e dans la grande banlieue de Casablanca, non loin de la mer, oĂč les enfants pouvaient dormir et se restaurer. Le matin, les enfants avec une Ă©quipe de moniteurs spĂ©cialement formĂ©s partaient pour la plage oĂč les enfants profitaient du plein air, du sport et des jeux, vers midi, ils rentraient Ă lâĂ©cole de lâAIU pour se restaurer et faire une sieste, une voiture amenait la nourriture directement des cuisines de la SP, Ă midi et le soir[64].
Les défis
CritĂšres dâadmission
Un problĂšme pour la SP Ă©tait la sĂ©lection des enfants. En 1961 par exemple, il y avait 400 demandes pour seulement 300 places disponibles[65]. Les services sociaux du JOINT ont Ă©tabli une table de 15 critĂšres, Ă chaque critĂšre Ă©tait associĂ© un nombre de points, plus ce dernier Ă©tait Ă©levĂ©, plus le candidat avait des chances dâĂȘtre admis[66].
Future intĂ©gration dans les Ă©coles de lâAIU
Un autre problĂšme majeur Ă©tait celui du devenir des enfants au sortir de la SP. Durant lâannĂ©e scolaire 1957-58, six classes de la SP nâont pu ĂȘtre admises Ă lâAIU faute de structures[67]. La situation a Ă©tĂ© rendue plus difficile aprĂšs lâindĂ©pendance du Maroc du fait de la rĂ©duction des classes europĂ©ennes oĂč les enfants juifs avaient auparavant largement accĂšs, lâobligation du trilinguisme (français, hĂ©breu, arabe) dans les Ă©coles de lâAlliance et un budget gouvernemental plus faible[68].
Conclusions
En 1961, Ă la suite du dĂ©part en France du fondateur, Le Dr Aboudaram fut nommĂ© prĂ©sident, le nouveau comitĂ© Ă©tait composĂ© par George LĂ©vi, Henri Scali, Meyer Moyal, le Dr et Mme Bensimon[69]. En Octobre 1964, lâinstitution cessa dâexister aprĂšs 24 ans dâactivitĂ©[70]. Les pensionnaires de la SP furent transfĂ©rĂ©s dans des institutions juives existantes de Casablanca[71]. En 1967, Elias Suraqui reçut la LĂ©gion d'honneur principalement du fait de son action bienfaitrice au Maroc[72] - [73] - [74].
Bibliographie
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- Cohen, Jean-Louis (1998). Casablanca : mythes et figures d'une aventure urbaine. [Paris]: Hazan. ISBN 9782850256240
- Miller, Susan Gilson (2021). Years of Glory : Nelly Benatar and the Pursuit of Justice in Wartime North Africa. Stanford, California: Stanford University Press. ISBN 9781503629691
Références
- Elias Suraqui est un architecte ayant exercé principalement à Casablanca. Il est né à Oran le 17 septembre 1893 et mort à Lyon le 24 janvier 1977
- JDC Annual Report for Morocco 1959, page 74/95 table: Soupe Suraqui
- De 1948 Ă 1963 les rapports annuels du JDC indiquent que le nombre d'enfants de la SP fluctuaient entre 300 and 315 (environ 4900 enfants). En 1964, derniĂšre annĂ©e de fonctionnement, le nombre dâenfants Ă©tait de 210. De 1941 Ă 1947, une estimation globale de 1000 enfants sur une pĂ©riode de huit ans semble une hypothĂšse minimale. En consĂ©quence un chiffre de 6000 enfants ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© de la SP durant une pĂ©riode de 24 ans est une estimation rĂ©aliste.
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- Cohen, Jean-Louis (1998). Casablanca : mythes et figures d'une aventure urbaine. [Paris]: Hazan. pp. 202â212. ISBN 9782850256240.
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- La Vigie marocaine, 31 mars 1950
- La Vigie marocaine, 21 juin 1949
- La Soupe Populaire - Instagram https://www.instagram.com/la_soupe_populaire_casablanca/
- Vigie marocaine, 31 mars 1950
- Vigie marocaine, 12 septembre 1950
- Soupe Suraqui Extra classes added, Staff Meeting - March 6, 1959 p. 4/11 l:20-21
- Minutes of Conference of JDC Directors October 1952 P. 132/496 l:36:40
- Staff Meeting March 6 1959 p. 5/11 l: 8-10
- JDC Budget 1960 $28,245,000
- "J.D.C. Received $16,350,000 from U.S. Jewry in 1960; Aided 220,000 Jews". Jewish Telegraphic Agency. 7 December 1960.
- Milk - Bottling Plant for Children of Casa Mellah June 01 1953 Column 2, paragraph 2
- MEMORANDUM, October 1, 1956 p.1/3 and 2/3
- Memorandum from R. Stern to Mr. S. L. Haber, February 11 1957 p.1/4; l.11-17
- Nouveaux Statuts de La Soupe Populaire dâEnfants 25 avril 1959
- Laskier, Michael M. (1983). The Alliance israélite universelle and the Jewish communities of Morocco, 1862-1962. Albany: State University of New York Press. ISBN 9780873956567. Retrieved 17 October 2022. p.185 Similar to the JDC, the AJC after the massacre of six million European Jews turned increasingly toward the "other" Jewry of the Middle East and North Africa: the "forgotten million" who were suddenly discovered and who now became one of the last important segments of world Jewry.
- Memorandum from R. Stern to Mr. S. L. Haber, February 11 1957 p.4L. Haber, February 11 1957 p.4/4; last lines
- David Bensoussan, IL ĂTAIT UNE FOIS LE MAROC: TĂ©moignages du passĂ© judĂ©o-marocain p.469 Le Joint contribua Ă mieux maĂźtriser lâexpansion du rĂ©seau des Ă©coles de lâAlliance, en mĂȘme temps quâelle permit dâouvrir des cantines dans les Ă©coles. Les envois de lait en poudre, de farines, dâĆufs en poudre, de confitures et dâautres conserves permirent de nourrir des dizaines de milliers dâĂ©coliers. Lâaide annuelle de la Joint Ă©tait de lâordre de 1,5 Ă 2 millions de dollars.
- Memorandum from R. Stern to Mr. S. L. Haber, February 11 1957 p.1/4; l.11-17
- Annual report 1958 Country Report Morocco, May 06 1959 p. 42/78 l.22-30
- Memorandum, Cout mensuel Soupe Populaire January 25 1963 p.3/4
- Clothing for Morocco 05 Mars 1959 p.1/1 l. 14
- Garderie Expenses June 15 1964, p. 2/2 last table
- Michael Laskier the alliance Israelite universelle and the jewish community of Morocco 1862-1962 p.226 l: 17-23 'however, the AIU was unable to bear the financial brunt of complete subsidization of welfare programs alone, and after 1945 the JDC gradually assumed the role of financing social welfare programs at the AIU schools under the teachers' supervision. Further, the cooperation of the OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants),2 greatly facilitated the work of the AIU in the struggle for improved sanitary and health conditions among Jews."
- Bensoussan, David (2012). Il Ă©tait une fois le Maroc : tĂ©moignages du passĂ© judĂ©o-marocain. MontrĂ©al: Ăditions du Lys. ISBN 9782922505214. P 470 "le nombre dâĂ©lĂšves dans le rĂ©seau de lâAlliance IsraĂ©lite Universelle au Maroc passa de 8 864 en 1927 Ă 32 000 en 1959, Ă 28 702 en 1960, Ă 20 844 en 1961, Ă 17 291 en 1962 et Ă 13 527 en 1963."
- 1. Annual report 1958 Country Report Morocco, May 06 1959 p. 62/78 l.7
- Laskier Michael The Alliance Israélite Universelle and the Jewish Communities of Morocco p 232: OSE had made trained physicians and nurses available to 31,851 children in 1950 and to 45,203 in 1952; to 4,214 adults in 1950 and to 6,565 in 1952.18 Dental care in 1950 was provided for 1,892 children, advice on proper food and hygiene to 2,750 children, radiotheraphy and vaccination against tuberculosis to 26,996 people, and dermatology experts attended to skin problems among children and adults
- Minutes of Conference of JDC Directors October 1952 P. 132/496 l:25:27 October 1952
- Report of Outbreak of Food Poisoning in Soupe Populaire Suraqui, Casablanca. 11th January, 1961
- FINAL REPORT ON ACTIVITIES IN OSE -MOROCCO FROM JUNE 1st, 1956 UNTIL JUNE 30th, 1958 p.8/18 l.1-8
- Kony, Maria: RĂ©sultats de trois annĂ©es de traitement massif du trachome de la population indigĂšne du Maroc dans le cadre de l'Ćuvre de secours aux enfants (O.S.E, Maroc).Journal article : Revue Internationale du Trachome 1957 Vol.34 No.2 pp.213-29 p 223
- Traitement Teigne X-ray
- 1. Annual Report for Morocco 1959, April 30 1960, p52/95, l.4-12
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- Letter from Dr. H. Fajerman to Monsieur E. Suraqui, 1/3/1949 p.1.1 l.17-20
- JDC Internal Report 10/11/1948 p. 9/25 l:31-37
- Soupe Populaire Suraqui - Casablanca Etude Faite en mai 1960
- COUNTRY DIRECTORS CONFERENCE 1956 p.29/56,l.32-33
- COUNTRY DIRECTORS CONFERENCE 1956 p.30/56 last paragraph and p.31/56 l.1-14
- Laskier Michael: The Alliance Israélite Universelle and the Jewish Communities of Morocco p 229, paragrahe 1 "Most, if not all, of the cafeterias ( canteens) belonging to the AIU were largely subsidized by the JDC. Since 1954 the JDC undertook a scientific study of nutrition in conjunction with the Nutrition Department of the Institut National d'HygiÚne of France. A survey was carried out in five day school cafeterias in Casablanca, to establish criteria for improving the food programs. In two-p.229 thirds of the sample, family diets were found to be extremely deficient in animal proteinmilk, milk-products, meat, fish, and eggs. These cafeterias were placed under strict nutritional and medical controls, and over a period of time, the height, weight and general health of the children was measured and evaluated. In three of the five cafeterias, diet was improved and changed, and in two the diet remained the same, in order to determine as scientifically as possible the real effects of improved diet. Two thousand, two hundred children were involved, ages 3-14. It has been reported that the girls age 3-6 and boys age 6-10 increased their weight in the pilot cafeterias. The growth increase was very evident for girls of 3-6: they grew one centimeter more in the pilot cafeterias than in the other cafeterias, and they showed no signs of vitamin deficiencies."
- Ătude Nutritionnelle de la Soupe Suraqui. Semaines du 1er 7 et du 20 au 28 juin 1959, August 26 1959 p.2/2 l.16-20
- Memorandum from Herman Goldsmith to Mr. Julian Breen 26 December 1960 p 2/8; l 10-12
- Report of Outbreak of Food Poisoning in Soupe Populaire Suraqui, Casablanca. 11th January, 1961 p 4/5 last paragraph
- AIDE SCOLAIRE 1947 p. 4/13 second paragraphe
- David Bensoussan, IL ĂTAIT UNE FOIS LE MAROC: TĂ©moignages du passĂ© judĂ©o-marocain p.469 "M. Bonn et Jo LĂ©vy, prĂ©sidents de lâAide scolaire, initiĂšrent des colonies de vacances qui firent usage des locaux de lâAlliance durant la saison estivale, notamment dans les villes cĂŽtiĂšres. Un camp pour les colonies de vacances fut bĂąti Ă Imouzzer dans lâAtlas."
- Denis Poizat : LâAlliance IsraĂ©lite Universelle, premiĂšres expĂ©riences dâĂ©ducation adaptĂ©e. p.6, l.25,26,27 "Parmi les actions dirigĂ©es vers ces enfants, se compte lâAide Scolaire qui envoie les enfants dans les centres de vacances."
- COUNTRY DIRECTORS CONFERENCE 1956 p.34/56,l.36-36
- Annual report 1958 Country Report Morocco, May 06 1959 p. 27/78 l.2-6
- Annual Report for Morocco 1959, April 30 1960, p. 38/95, paragraphe 4-5
- Memorandum January-June 1961 July 19 1961 p16/23, l.34-36
- Memorandum January-June 1961 July 19 1961 p15/23
- Annual report 1958 Country Report Morocco, May 06 1959 p.9/78 last line and 10/78 l.1-2
- Lettre de lâAIU au JOINT en date du 3 Avril 1959 P 7/8 l :1-20
- Les Cahiers de l'Alliance Israélite Universelle (Paix et Droit). no 132 (01 mai 1961), troisiÚme paragraphe
- Internal JDC letter on Soupe Suraqui closing , 1 Septembre, 1964 p. 2/2 ; l. 11-21
- Letter from Abe Loskove to Mr. Julian Breen, Re: Annual Report 1964 - Morocco p. 35/70 l.26-28
- Elias Suraqui LĂ©gion d'Honneur
- Legion d'honneur: Attendus
- Journal Officiel de la République Française du 1er janvier 1969 p 9/64