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Sophie de Bawr

Alexandrine-Sophie Goury de Champgrand, par mariage comtesse de Saint-Simon, puis baronne de Bawr, née le à Paris où elle est morte le [1], est une femme de lettres française, compositrice, autrice dramatique et autrice de romans pour la jeunesse. Elle a pris pour pseudonyme M. François, avant d’utiliser Mme de Bawr.

Alexandrine-Sophie de Bawr
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Alexandrine-Sophie Goury de Champgrand
Pseudonymes
Le Citoyen ***, M. François
Nationalité
Activités
Conjoint
Autres informations
Mouvement
Genre artistique

Biographie

Sophie de Champgrand est la fille illégitime du baron Charles-Jean Goury de Champgrand de la chanteuse d'opéra Madeleine-Virginie Vian[2]. Son père, qui a combattu pendant la Guerre de Sept Ans, est l'auteur de plusieurs ouvrages de chasse, dont un Traité de vénerie et de chasse (1769) [3] et un Almanach du chasseur (1773). Sophie de Champgrand a pour marraine la cantatrice Sophie Arnould et reçoit donc le même nom de baptême. Sa mère quitte le baron de Champgrand lorsque la petite Sophie a deux ans et part poursuivre sa carrière en Russie, où la vie mondaine est fort brillante. C'est donc son père qui s'occupe de l'éducation de la petite fille et elle reçoit une excellente instruction. Elle prend des cours de composition auprès de Grétry, des cours d'harmonie et de musique auprès du non moins célèbre Boieldieu. Elle apprend le chant auprès de Garat et d'Elleviou. La jeune fille chante et joue ses propres compositions devant les invités du salon de son père.

La Révolution signe la ruine de la famille qui perd tous ses biens. En tant qu'aristocrate et que proche du duc d'Orléans, le baron de Champgrand est condamné à la prison en 1793. Il semble que cette même année Sophie de Champgrand ait épousé Louis-Camille-Jules de Rohan-Rochefort, mais il est guillotiné quelques mois plus tard et la famille de Rohan ne reconnaît pas leur mariage secret. Un enfant né de cette union meurt en 1797. Le baron de Champgrand meurt lui-même en 1799 des suites de son emprisonnement. Ruinée, sa fille vit d'abord chez Grétry et compose des pièces chantées qui sont interprétées par Garat et connaissent un tel succès qu'elle peut ainsi gagner sa vie.

À vingt-huit ans, Sophie de Champgrand épouse le le comte Henri de Saint-Simon, qui en a quarante-et-un, et tient un salon qui réunit des hommes de lettres brillants et des musiciens réputés[4], mais au bout d'un an elle divorce du futur « prophète » du saint-simonisme pour se marier avec un aristocrate allemand de la Baltique[5], le baron de Bawr[6], mais celui-ci fait bientôt faillite et elle doit vivre de sa plume. Le baron de Bawr meurt tragiquement en 1812, écrasé, en traversant la rue, par une voiture qui transportait des pierres[7]. La baronne de Bawr obtient une pension à vie en 1816 auprès de Louis XVIII, en reconnaissance de ses succès au théâtre, ce qui enfin va mettre fin à ses difficultés financières.

Elle écrit de nombreux ouvrages qu'elle signe baronne de Bawr, à l'exception de ses trois premières comédies qu'elle signa du pseudonyme de François[8].

Ĺ’uvre

Ruinée par la Révolution, elle doit pendant toute sa vie vivre de sa plume. Le directeur du théâtre de l'Ambigu-Comique joue un rôle important en soutenant son œuvre théâtrale et ses compositions musicales. Les Chevaliers du lion remportent un immense succès à l'affiche pendant deux ans à l'Ambigu-Comique et sont même joués en Allemagne dès 1804. De même, son mélodrame musical, Léon connaît un grand succès en 1811. Nombre de ses pièces sont jouées par le grand Talma ce qui contribue évidemment à leur popularité. De même Mademoiselle Mars joue ses rôles principaux, comme dans La Suite d'un bal masqué ou La Méprise, joués entre 1813 et 1815.

À côté des pièces de théâtre, la baronne de Bawr se lance aussi dans l'écriture de romans historiques et de livres pour la jeunesse. Son Histoire de la musique est publiée en 1823 dans l'Encyclopédie des dames, faisant d'elle la première historienne de la musique de son époque[9]; cet ouvrage est fort apprécié de ses contemporains par la quantité de détails, la clarté de son exposé et l'objectivité de sa critique[10]. Il est traduit en allemand en 182̟6. Lorsqu'en 1835 Mademoiselle Mars refuse un rôle dans Charlotte Brown, la baronne de Bawr, mortifiée, met fin à sa carrière d'auteur dramatique[11]. Son livre Soirées des jeunes personnes, qui fait la narration de contes moraux pour enfants, est primé par l'Académie française en 1852[9]. Elle fait paraître ses Mémoires un an plus tard; elle y décrit notamment son amitié pour Madame Vigée Le Brun et pour d'autres personnalités de son temps.

Publications

Romans et nouvelles
Contient : Louise. Michel Perrin. Une réjouissance en 1770. La Mère Nacquart. Rose et Thérèse. Le Schelling. Maria Rosa.
  • Les Flavy, 2 vol., 1838
  • La Fille d'honneur, 2 vol., 1841 Tome 2 en ligne
  • Robertine, 1842
  • Sabine, 2 vol., 1844 Tome 2 en ligne
  • Un Mariage de finance, 2 vol., 1847 Tome 1 en ligne
  • La Famille RĂ©cour, 2 vol., 1849 Tome 2 en ligne
  • La Romance de Nina, 1851
  • Cecilia, ou MĂ©moires d'une hĂ©ritière, imitĂ©s de l'anglais de Fanny Burney, 7 vol., 1852
  • Nouveaux Contes pour les enfants, 1855
  • Une existence parisienne, 3 vol., 1859 Texte en ligne 1 2 3
  • Donato et sa lanterne magique, 1860
Théâtre
  • Le Rival obligeant, comĂ©die en un acte en prose, Paris, Ambigu-Comique,
  • Argent et Adresse, ou le Petit Mensonge, comĂ©die en un acte et en prose, Paris, théâtre Louvois, Texte en ligne
  • Les Chevaliers du lion, mĂ©lodrame en 3 actes, Ă  grand spectacle, Paris, Ambigu-Comique,
  • L'Argent du voyage, ou l'Oncle inconnu, comĂ©die en un acte et en prose, Paris, OdĂ©on,
  • Le Double Stratagème, comĂ©die en 1 acte et en prose, Paris, Ambigu-Comique,
  • LĂ©on, ou le Château de Montaldi, mĂ©lodrame en 3 actes, Ă  spectacle, Paris, Ambigu-Comique,
  • La Suite d'un bal masquĂ©, comĂ©die en 1 acte et en prose, Paris, Théâtre-Français, Texte en ligne
  • Charlotte Brown, comĂ©die en 1 acte et en prose, Paris, Théâtre-Français,
  • Le Petit Commissionnaire, comĂ©die en un acte, 1838
Varia
  • Cours de littĂ©rature ancienne, extrait de La Harpe, et dĂ©gagĂ© des parties les plus abstraites, 4 vol., 1821
  • Histoire de la musique, 1823
  • Histoire de Charlemagne commençant a l'avènement de PĂ©pin au trĂ´ne, 1829 Texte en ligne
  • SoirĂ©es des jeunes personnes, 1852
  • Mes Souvenirs, 1853 Texte en ligne

Annexes

Bibliographie

  • Joseph-Marie QuĂ©rard: La littĂ©rature française contemporaine. XIXe siècle, Tome I, Daguin Frères, Paris, 1842, pp. 198-201
  • Élise Gagne, Mme de Bawr, Ă©tude biographique sur sa vie et ses ouvrages, Paris : Didier, 1861
  • Notice biographique dans le Journal des Demoiselles, vol. 29, 1861, p. 70 : « Madame de Bawr »
  • Notice biographique de Jules Janin dans l'Almanach de la littĂ©rature du théâtre et des beaux-arts, vol. 40, 1862, p. 73 : « Madame de Bawr »
  • Marguerite-Louise-Virginie Ancelot: Un salon de Paris, 1824-1864, E. Dentu, Paris, 1866
  • François-Joseph FĂ©tis: Biographie universelle des musiciens et Bibliographie gĂ©nĂ©rale de la musique, Tome I, Ă©d. Didot, Paris, 1878
  • (en) Jacqueline Letzter et Robert Adelson, Women Writing Opera: Creativity and Controversy in the Age of the French Revolution, University of California Press, California, 2001, (ISBN 0520226534), pp. 37–39.

Notes et références

  1. Acte de décès à Paris 5e, n° 7, vue 2/31.
  2. Henri Gouhier, Jeunesse d'Auguste Comte, Paris, Vrin, 1990, p. 130
  3. Illustré par Louis Michel Halbou. L'édition de 1776 est dédiée au prince de Conti.
  4. M. Gabriel Vauthier, « Le premier mariage de Mme de Bawr », in: Nouvelle Revue, 1er août 1908, pp. 355–369
  5. Et donc sujet allemand de l'Empire russe
  6. Le dictionnaire des contemporains indique que le baron Bawr n'est pas Russe, mais Allemand. Les pays baltes, colonisés par les Allemands depuis le Moyen Âge, sont devenus possession russe sous Pierre le Grand
  7. Dora d'Istria, Des femmes par une femme, Volume 1, Bibliothèque de l'État de Bavière, Lacroix, (lire en ligne), chap. 1, p. 230
  8. Georges d'Heylli, Dictionnaire des pseudonymes, Ă©d. Rouquette, Paris, 1868
  9. (en) Letzter/Adelson, op. cit., p. 39.
  10. Quérard, op. cit, p. 200: On est frappé tout à la fois de l'ordre qui y règne, du nombre de faits qui s'y trouvent et de l'impartialité des jugements de l'écrivain. Pour conduire à bonne fin un pareil travail, il fallait consulter beaucoup d'ouvrages écrits en langues étrangères…
  11. (en) Letzter/Adelson, op. cit., p. 38.

Liens externes

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