AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Sondage (sciences sociales)

Un sondage en sciences sociales est l'application de la technique des sondages à une population humaine. Le sondage est un outil de mesure quantitative qui vise à donner une image juste d'un phénomÚne social inaccessible à la simple perception du chercheur qui souhaite l'appréhender.

MĂ©thodologie

Remarques préliminaires

Ces points sont Ă  peu prĂšs Ă©vidents intuitivement.

  • La frĂ©quence d'apparition d'un caractĂšre dans un Ă©chantillon donne une idĂ©e sur cette frĂ©quence dans la population mais seulement une idĂ©e imprĂ©cise.
  • Pour une population de grande taille, l'imprĂ©cision est en lien direct avec la taille de l'Ă©chantillon.
  • Cette imprĂ©cision dĂ©croĂźt en se rapprochant de zĂ©ro lorsque la taille de l'Ă©chantillon se rapproche de celle de la population totale.

Méthode aléatoire

Il s'agit de la méthode la plus facile.

Dans ce cas, les éléments de l'échantillon sont issus d'un tirage aléatoire simple.

Il existe aussi tout un pan de la statistique qui s'occupe des plans d'échantillonnage complexes : tirage stratifié simple (avec allocation proportionnelle ou non), tirage en grappe à un niveau ou plusieurs niveaux, considérations sur la population (infinie ou finie), etc.

MĂ©thode des quotas

Cependant, un sondage alĂ©atoire peut se rĂ©vĂ©ler impossible ou difficile Ă  mettre en place. En effet, les instituts peuvent ne pas disposer d'un fichier Ă  jour, ou bien la mĂ©thode de tirage au sort peut ĂȘtre techniquement difficile, ou bien il est impossible d'interroger les personnes sĂ©lectionnĂ©es oĂč qu'elles se trouvent. A titre d'exemple, un tirage alĂ©atoire dans un annuaire des numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone fixe sous-estimera la population jeune qui possĂšde de moins en moins une ligne fixe, ainsi que les personnes trĂšs ĂągĂ©es qui rĂ©pondent peu au tĂ©lĂ©phone. Par ailleurs, seule une partie des personnes contactĂ©es acceptera de rĂ©pondre, et rien ne dit que le profil des personnes qui acceptent de rĂ©pondre soit comparable au profil de la population en gĂ©nĂ©ral.

C'est pourquoi les instituts utilisent gĂ©nĂ©ralement la mĂ©thode des quotas, qui consiste Ă  ne garder, parmi les personnes contactĂ©es qui acceptent de rĂ©pondre, qu'une proportion supposĂ©e reproduire approximativement les proportions des diverses catĂ©gories socio-dĂ©mographiques trouvĂ©es dans la sociĂ©tĂ©. Les enquĂȘtes dĂ©butent donc par un questionnaire prĂ©liminaire ayant pour but de classer la personne interrogĂ©e dans telle ou telle catĂ©gorie.

Il est malheureusement trÚs difficile de trouver des estimateurs non biaisés dans le cas de tels échantillons étant donné que ces échantillons sont non probabilistes et que l'inférence statistique prend ses assises sur les lois de probabilités.

Questionnaire

Le sondage consiste en une ou plusieurs questions fermĂ©es, c'est-Ă -dire offrant une gamme de rĂ©ponses prĂ©Ă©tablies, qui sont soumises au sondĂ©. Les rĂ©ponses, font l'objet d'un enregistrement, qui passe par une laborieuse Ă©tape de saisie des rĂ©sultats et d'un traitement statistique. Les rĂ©ponses sont codifiĂ©es, Ă  chaque choix (Oui, Non, Parfois, Jamais...) correspond un item auquel est rattachĂ© un code pour faciliter le traitement. Quand les enquĂȘtes se dĂ©roulent par tĂ©lĂ©phone ou Ă  domicile, les enquĂȘteurs peuvent effectuer le travail de saisie directement. Il existe Ă©galement des enquĂȘtes rĂ©alisĂ©es par le biais des adresses Ă©lectroniques. Les questionnaires sont alors envoyĂ©s directement sur les messageries des enquĂȘtĂ©s et peuvent le cas Ă©chĂ©ant faire l'objet d'un traitement automatisĂ© des rĂ©ponses.

Le salariĂ© qui recueille l'information auprĂšs de l'interviewĂ© s'appelle un enquĂȘteur ou une enquĂȘtrice. Le questionnaire peut aussi comporter des questions ouvertes. Afin de respecter la dĂ©ontologie du recueil d'information, l'enquĂȘteur doit rester neutre, et ne doit presque jamais 'interprĂ©ter' la rĂ©ponse. Par exemple, lorsqu'un enquĂȘteur pose une question qui nĂ©cessite comme rĂ©ponse "tout Ă  fait/ plutĂŽt/plutĂŽt pas/pas du tout", si l'interviewĂ© rĂ©pond "oui", l'enquĂȘteur est tenu d'effectuer une 'relance', afin que l'interviewĂ© se positionne et choisisse " tout Ă  fait ou plutĂŽt". L'enquĂȘteur a comme consigne de ne pas accepter une rĂ©ponse qui ne figure pas parmi les items d'une question codĂ©e. En cela, les sociĂ©tĂ©s de sondage appliquent la norme Ă©dictĂ©e par le groupement professionnel SEMO, SYNTEC ETUDE MARKETING OPINION.

Dans les études courantes, l'interviewé est codé selon des critÚres socio-démographiques : sexe, tranche d'ùge (le plus souvent divisées en 15/17, 18/24, 25/34, 35/49, 50/64, et 65 et plus), catégorie socioprofessionnelle (en France, PCS de la personne de référence du ménage), sa profession, sa tranche de revenus (environ une dizaine) , sa proximité partisane (le cas échéant).

Un des problĂšmes principaux des donnĂ©es collectĂ©es par enquĂȘtes est la taille des erreurs de mesure (alĂ©atoires et/ou systĂ©matiques). D'aprĂšs Alwin (2007)[1], ces erreurs constituent en moyenne 50 % de la variance observĂ©e dans les rĂ©ponses. Saris et Gallhofer (2014)[2] et Saris et Revilla (2016)[3] montrent qu'en outre ces erreurs de mesure affectent largement les rĂ©sultats des enquĂȘtes. En consĂ©quence, il est crucial d'estimer la taille de ces erreurs pour diffĂ©rentes questions (ce qui peut ĂȘtre fait en utilisant le programme Survey Quality Predictor, ou SQP, disponible gratuitement Ă  sqp.upf.edu) et de prendre en compte ces erreurs dans l'analyse des donnĂ©es d'enquĂȘtes : par exemple, De Castellarnau et Saris (2014) proposent une procĂ©dure qui permet de le faire facilement[4].

Objet des sondages

Le sondage de comportement

Les sondages de comportement cherchent Ă  mesurer ce qu'une population fait concrĂštement : ses habitudes de consommation, de dĂ©placements... Les sondages de comportement sont particuliĂšrement utilisĂ©s par les entreprises privĂ©es pour faire des Ă©tudes de marchĂ© ou encore pour estimer l'influence d'un mĂ©dia (On pourra, par exemple, citer les enquĂȘtes sur l'Ă©coute de la radio, la lecture des magazines et journaux qui sont fondamentales Ă  ceux-ci pour fixer le prix de leurs publicitĂ©s) et par les pouvoirs publics pour estimer l'efficacitĂ© d'une politique, l'Ă©tendue d'un problĂšme, les besoins d'infrastructure...

Le sondage d'opinion

Le sondage d'opinion est le type de sondage le plus fréquemment montré dans les médias et donc le plus visible pour la population. Le sondage d'opinion synthétise les idées d'une population sur diverses questions, politiques, morales, religieuses. Les sondages d'opinion sont utilisés par la presse comme illustration d'articles ou de dossiers et aussi par les pouvoirs publics pour estimer l'accueil qu'une mesure pourra recevoir et adapter leur plan de communication en conséquence. C'est également le type de sondage le plus contesté dans son utilité et sa représentativité.

Le sondage Ă©lectoral

Le sondage électoral est trÚs particulier en ce qu'il concerne plus précisément les intentions de vote. Il s'intéresse à la fois aux opinions et à un comportement de vote. Bien que le sondage ne mesure que les intentions de vote à un instant particulier avant l'élection, il est trÚs souvent compris comme un systÚme prédictif.

Le sondage ludique

Plusieurs Ă©missions de jeux tĂ©lĂ©visĂ©s fonctionnent sur le principe de poser des questions aux participants en s'appuyant sur des sondages de la vie courante. C'est le cas de « Une famille en or » et « Qui est le bluffeur ». À la diffĂ©rence des autres quiz de culture gĂ©nĂ©rale, dans ces types d'Ă©missions les candidats doivent rĂ©pondre Ă  des questions sur des rĂ©sultats de sondages. Les sondages touchent Ă  des domaines presque toujours futiles et ludiques : « Que trouve-t-on souvent dans un sac de femme ? », « Quel est le lĂ©gume prĂ©fĂ©rĂ© des Français ? », « Que feriez-vous si vous rencontriez E.T. ? », etc.

Recueil des informations

DiffĂ©rents mĂ©dias peuvent ĂȘtre employĂ©s pour recueillir les informations : le plus souvent, les questions sont posĂ©es par un enquĂȘteur qui enregistre les rĂ©ponses.

EnquĂȘte face Ă  face

Les enquĂȘteurs travaillent sur le trottoir, un questionnaire Ă  la main. Ils abordent les gens en fonction des besoins de l'enquĂȘte, en fonction de critĂšres d'Ăąge et de sexe. Les enquĂȘteurs questionnent dans la mesure du possible des individus ayant un profil identique au leur, Ăąge Ă©quivalent et sexe identique afin de favoriser un rapport d'Ă©galitĂ© dans l'Ă©change d'informations.

EnquĂȘte Ă  domicile

Cette mĂ©thode d'enquĂȘte, plus rare est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e pour les questionnaires un peu long. Elle permet d'introduire des critĂšres sociaux Ă©conomiques en fonction de la ville et du type de logement habitĂ©. S'il est plus difficile d'entrer chez les gens que de les arrĂȘter dans la rue, ils sont Ă©galement moins pressĂ©s et plus Ă  l'aise chez eux. La situation souvent plus confortable permet Ă©galement d'employer un ordinateur portable et d'Ă©viter ainsi l'Ă©tape de la saisie des rĂ©sultats obtenus sur le terrain

EnquĂȘte tĂ©lĂ©phonique

L'enquĂȘte tĂ©lĂ©phonique est un moyen simple de joindre les sondĂ©s Ă  leur domicile et d'effectuer par dĂ©faut un tri sur leur ville et leur quartier d'habitation. Le sondeur n'a Ă©galement pas Ă  se dĂ©placer d'une habitation Ă  l'autre et peut simplement enchaĂźner les appels ce qui permet de rĂ©duire les coĂ»ts. Comme pour le sondage Ă  domicile, les rĂ©sultats sont directement saisis informatiquement.

L'usage du tĂ©lĂ©phone est nĂ©anmoins trĂšs rĂ©pandu en marketing et de nombreuses opĂ©rations commerciales se montent sous le couvert de sondage ou d'enquĂȘte de terrain alors qu'elles sont en rĂ©alitĂ© destinĂ©es Ă  prospecter d'Ă©ventuels clients. Cette confusion peut porter prĂ©judice au sondage qui devient suspect quand il se dĂ©roule par tĂ©lĂ©phone.

Questionnaire auto-administré

PlutĂŽt utilisĂ© par la presse, le questionnaire auto-administrĂ© est rempli par la personne enquĂȘtĂ©e et renvoyĂ© en fonction de son bon vouloir. Le courrier Ă©lectronique permet parfois de simplifier la dĂ©marche. Le taux de retour est particuliĂšrement faible, il n'est pas rare que le sondage s'accompagne d'une promesse de cadeau pour motiver les rĂ©ponses. Il n'en demeure pas moins que le taux de rĂ©ponse ne dĂ©passe jamais quelques pourcents. Cependant, il reste la meilleure façon de construire un Ă©chantillon reprĂ©sentatif.

Sondage sur le web

De trĂšs nombreux sites proposent des outils de sondages qui lĂ  encore ne permettent pas de crĂ©er un Ă©chantillon reprĂ©sentatif. Certains sondages permettent mĂȘme de participer plusieurs fois. Ils sont gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©s pour leur dimension ludique.

Analyse des résultats

ModÚle:A compléter

Notes et références

  1. Alwin, D. F. (2007). Margins of error: A study of reliability in survey measurement. Hoboken, Wiley
  2. Saris, W. E. and Gallhofer, I. N. (2014). Design, evaluation and analysis of questionnaires for survey research. Second Edition. Hoboken, Wiley.
  3. Saris, W. E. and Revilla, M. (2016). Correction for measurement errors in survey research: necessary and possible. Social Indicators Research. First published online: 17 June 2015. DOI: 10.1007/s11205-015-1002-x. Available at: « https://link.springer.com/article/10.1007/s11205-015-1002-x »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  4. DeCastellarnau, A. and Saris, W. E. (2014). A simple procedure to correct for measurement errors in survey research. European Social Survey Education Net (ESS EduNet). Available at: http://essedunet.nsd.uib.no/cms/topics/measurement

Bibliographie

  • Jacques Desabie : ThĂ©orie et pratique des sondages, Dunod, 1966
  • Pierre Bourdieu, « L'opinion publique n'existe pas », in Temps modernes, 29 (318), janv. 73 : 1292-1309
  • Alain Girard, Jean Stoetzel : Les sondages d’opinion publique, PUF, 1979
  • Pierre Bourdieu, « Les sondages, une science sans savant », pp. 217-224 in : Choses dites, Paris : Ed. de Minuit, 1987, 229 p. ; 22 cm, (Le sens commun), (ISBN 2707311227)
  • Clairin, R. et Ph. Brion (1997), Manuel de sondages, CEPED, 2e Ă©dition
  • Patrick Champagne, Faire l'opinion. Le nouveau jeu politique, Paris, Éditions de Minuit, 1990
  • Jean-Louis Loubet del Bayle, MĂ©thodes des Sciences Sociales, L'Harmattan, 2001
  • Jacques Antoine, Histoire des sondages, Odile Jacob, 2005
  • Ardilly, P. (2006), Les techniques de sondage, Technip (2e Ă©dition), (ISBN 271080655X)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • L'INSEE (Institut national public dependant du MinistĂšre de l'Économie) rĂ©alise de nombreux sondages de la population française.
  • Cours de mĂ©thodologie sous licence Creative Commons traitant de conception et de mĂ©thodologie de sondages (mĂ©thodes des quotas).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.