Société lignagère
Pour comprendre ce qu'est une société lignagère, il importe de préciser la définition anthropologique du lignage[N 1] : le lignage est un groupe de filiation unilinéaire, dont les membres se réclament soit en ligne agnatique (patrilignage) soit en ligne utérine (matrilignage) d'un ancêtre commun connu[1]. Les membres du lignage sont capables de restituer les relations généalogiques qui les lient les uns aux autres ainsi qu'à l'ancêtre fondateur du lignage. En tant qu'unité sociale, le lignage combine résidence (patrilocale ou matrilocale), filiation (patrilinéaire ou matrilinéaire), principe d'autorité (stratification par âge et par sexe, aînesse et adelphie) et patrimoine (héritage et succession en primogéniture) (...) Un lignage qui s'accroît au fil des générations (jusqu'à cinq et plus) peut atteindre un effectif considérable (plusieurs milliers d'individus). Passé un certain seuil déterminé par la quantité de terre disponible, la compatibilité entre l'impératif de choix d'un conjoint et le respect de la règle d'exogamie, etc. le lignage se segmente et essaime.
L'organisation de la société lignagère, selon E.E. Evans-Pritchard [2], est fondée sur la conservation d'une généalogie unique embrassant l'ensemble de la société, dans laquelle tous les groupes qui constituent celle-ci sont placés de façon précise. On remarquera qu'au contraire, là où un système politique à pouvoir centralisé[N 2] apparaît, les groupements lignagers tendent à s'effacer, la généalogie qui définit les lignages se raccourcit, tandis que s'allonge celle de la dynastie régnante. (...)
Selon Meyer Fortes, c'est un groupe organique, se perpétuant lui-même, défini par une charte généalogique, et multifonctionnel (...). De ce point de vue (celui de Fortes[3]) la filiation ne règle pas seulement la parenté, mais l'ensemble des niveaux politiques et juridiques. Au contraire de ce courant, avec l'école de pensée structuraliste, « les groupes de filiation sont définis par les règles de mariage... Les relations d'alliance forment le lien crucial entre lignages qui ne sont plus considérés en eux-mêmes comme système total »[4].
Quant au système de lignages[2] : de la façon la plus simple, il est défini comme un ensemble d'individus ayant un ancêtre commun, en ligne paternelle, ou en ligne maternelle, selon les cas....
Notes
- Cette partie de l'article est extraite (avant remaniement : travail en cours...) de la page du Guichet du Savoir : Bibliothèque municipale de Lyon : Le Guichet du Savoir.
- La royauté, l'empire, la tyrannie en sont les plus communs d'entre eux. Une société lignagère est sans relation avec la notion d'état, mais est compatible avec la notion de peuple.
Références
- Pierre Bonte, Michel Izard 2007, p. 421-422
- Jean Poirier 1968, p. 937-938
- Universalis : L'organisation lignagère, les systèmes de parenté et de pouvoir
- court extrait de l'article : Encyclopædia Universalis : L'organisation lignagère, les systèmes de parenté et de pouvoir
Bibliographie
- Jean Poirier (dir.), Ethnologie générale, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », , 1907 p.. Auteurs: Michel Alliot, Roger Bastide, Maurice Bloch.
- Pierre Bonte, Michel Izard (dir.), Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, Paris, PUF, , 842 p. (ISBN 978-2-13-055999-3). (Troisième édition) Avec la participation de: Marion Abélès, Philippe Descola, Jean-Pierre Digard... et al.
Voir aussi
Liens externes
- Universalis : L'organisation lignagère, les systèmes de parenté et de pouvoir
- Persée: Portail de revues scientifiques Marc Augé, 1969 : Statut, pouvoir et richesse : Relations lignagères, relations de dépendance et rapports de production dans la société alladian (« Les Alladian [en 1969] forment l'un des groupes lagunaires de la basse Côte d'Ivoire »...)
- Article par Alexis Dieth, Journal du dimanche, 30/09/2011 : Les sources de la politique africaine de prédation : [13] ... « Dans les sociétés lignagères précoloniales à économie agraire, le monopole traditionnel du commerce à longue distance par les élites politiques, l’ostentation de la classe politique et la destruction des surplus sur la base de la redistribution étaient des nécessités sociologiques et politiques... » [14]. (extrait)