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Siège de Plevna

Le siège ou la bataille de Plevna (Pleven en Bulgarie) est un épisode resté fameux de la guerre russo-turque de 1877-1878, lors du règlement de la Question d'Orient.

Siège de Plevna (Pleven)
Description de cette image, également commentée ci-après
La prise de la redoute de Zahvat : au premier plan, les défenseurs turcs, à gauche, les soldats roumains, à droite, avec le drapeau, les Russes (tableau de Dimitriev-Orenbourgsky)
Informations générales
Date 20 juillet – 10 décembre 1877
Lieu Plevna, Empire ottoman (Bulgarie depuis 1878)
Issue Victoire russo-roumaine
Forces en présence
130 000 hommes48 000 hommes
Pertes
50 000 tuĂ©s ou blessĂ©s15 000 tuĂ©s ou blessĂ©s 40 000 captifs

Guerre russo-turque de 1877-1878

Batailles

Kizil Tepe — Zimnicea — Sistova — Nikopol — 1re col de la Chipka — 2e col de la Chipka — Lovča — 3e col de la Chipka — Gorni Dubnik — Kars — Plevna — Tashkessen — 4e col de la Chipka — Philippopolis

CoordonnĂ©es 43° 25′ nord, 24° 37′ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Bulgarie
(Voir situation sur carte : Bulgarie)
Siège de Plevna (Pleven)

Les forces militaires russo-roumaines obligèrent le général ottoman Osman Pacha (1837-1900) à se retrancher à Plevna, à la fortifier et à creuser des tranchées pour tenir un long siège qui allait durer cinq mois, du 19 juillet 1877 ( dans le calendrier grégorien) au 10 décembre 1877 ( dans le calendrier grégorien).

Le pouvoir militaire ottoman de la Sublime Porte fut forcé de construire des ouvrages de défense à Constantinople et à Andrinople, qui deviendra elle aussi le théâtre d'une bataille, menant au traité de San Stefano de 1878. Osman Pacha dut capituler.

NB : Les dates sont celles du calendrier julien.

Préambules

Plan de Plevna.

Les Russes franchissent le Danube le [1]. Avant le siège, les forces du général Osman Pacha se trouvaient à la forteresse de Vidin sur le Danube, non loin de la forteresse roumaine de Calafat.

Les troupes ottomanes, bien formées et sans réservistes, avaient une solide expérience du combat, ayant récemment vaincu le soulèvement serbe de 1875. À l'annonce de l'arrivée des Russes, les Turcs se préparèrent.

Mais ordre fut donnĂ© de la part de l'Ă©tat-major de se porter en renfort de Nikopol (Bulgarie), point de communication important au bord du Danube, vers lequel les Russes se dirigeaient. Après consultation avec le sultan AbdĂĽl-Hamid, Osman Pacha met en mouvement le une partie des troupes (20 000 hommes environ) vers l'est ; mais avant d'arriver Ă  Nikopol, il apprend que la ville-forteresse vient d'ĂŞtre investie par les Russes.

Au cours de cette bataille, le futur général Iossif Semionovitch Lochounov perd un bras.

Par une chaleur accablante, les hommes se replient à une vingtaine de kilomètres au sud vers Plevna, bourgade entourée de vignobles et dominant la vallée de son haut pic rocheux. Osman Pacha fait bâtir en toute hâte d'importants travaux de défense, et surtout fait creuser tout un réseau de tranchées, dans l'attente de renforts. Les tranchées : une innovation et une première sur un champ de bataille, qui après analyse d'observateurs militaires donnera suite à la guerre des tranchées de 1914/18.

Première attaque (20 juillet)

Forces en présence.

La première division Ă  atteindre Plevna fut celle du gĂ©nĂ©ral russe Youri Schilder-Schuldner, le dans la soirĂ©e. Il a 6 500 hommes. En raison de la disproportion des forces (20 000 Turcs contre 6 500 Russes), le gĂ©nĂ©ral russe se borne Ă  bombarder pendant quatre heures la forteresse de Plevna, sous les feux de l'artillerie turque situĂ©e en hauteur.

Cependant, le lendemain, les Russes entreprennent une attaque qui semble rĂ©ussir dans un premier temps puisqu'ils rĂ©ussissent d'abord Ă  avancer, prenant trois rangs de tranchĂ©es turques, mais les Turcs contre-attaquent, causant de sĂ©rieuses pertes et rĂ©cupĂ©rant armes et munitions abandonnĂ©es sur le terrain brièvement conquis. Les pertes sont de 1 000 hommes cĂ´tĂ© turc et 4 000 cĂ´tĂ© russe.

Schilder-Schuldern demande des renforts d'urgence.

Deuxième attaque (30 juillet)

Attaque de Grivitsa (Grivica sur la carte), tableau de Nicolae Grigorescu (1838-1907).
Combats du 27 août 1877, tableau de Nikolai Dmitriev-Orenburgsky, 1883.
Le général Skobelev à l'attaque, tableau de Dmitriev-Orenbourgski.

Le gĂ©nĂ©ral de KrĂĽdener arrive avec tout le IXe corps d'armĂ©e, soit 27 000 fantassins, 2 200 cavaliers et 140 canons.

Sur ordre du grand-duc Nicolas, généralissime de l'Armée du Danube, le général de Krüdener doit prendre le commandement des deux armées. Dans l'esprit de l'état-major, il fallait attaquer avec le soutien préalable de l'artillerie.

Le gĂ©nĂ©ral MikhaĂŻl Skobelev, toujours sur son cheval blanc, arrive avec sa troupe de cosaques et du 27 au , avec les hommes du lieutenant-colonel Baklanov, envoie des missions de reconnaissance, afin de mieux cerner le nombre d'hommes de l'ennemi et le dispositif des redoutes et des tranchĂ©es turques sur des dizaines de kilomètres. Pendant ce temps, les Turcs amĂ©liorent leur système de dĂ©fense avec les moyens du bord : on rĂ©quisitionne des poutres, des solives dans le bourg de Plevna, pour raffermir les redoutes et les tranchĂ©es et en construire d'autres ; on creuse parfois avec des baĂŻonnettes, car bĂŞches et pelles manquent. Il y a de graves dissensions politiques entre les Pachas et le Sultan, les renforts hĂ©sitent, « traĂ®nent » Ă  l'appel d'Osman Pacha; 《Je ne sortirai pas de Plevne..》. Le 30, KrĂĽdener donne l'ordre d'attaquer, il s'appuie sur la cavalerie du gĂ©nĂ©ral AlexeĂŻ ChakhovskoĂŻ et l'infanterie du gĂ©nĂ©ral Skobelev. Le premier doit attaquer les redoutes de l'est et Skobelev, les grandes fortifications du nord (Ă  Grivitsa). En face, il y a un peu plus de 20 000 hommes, avec un certain nombre de cavaliers tcherkesses et de bachi-bouzouks et près de 60 canons.

Les batteries russes se mettent d'abord Ă  tirer, puis les divisions se ruent Ă  l'assaut sur le champ de bataille de Plevna. Les Russes sont dĂ©sorientĂ©s et tombent sous le feu des Turcs, voire de leurs propres tirs ; sur le flanc gauche, les troupes de Skobelev peinent Ă  avancer. Les Russes rĂ©ussissent Ă  prendre deux tranchĂ©es, trois fortins et Ă  s'approcher de la redoute principale. En une journĂ©e, les pertes sont immenses : 10 000 hommes du cĂ´tĂ© russe et 2 000 du cĂ´tĂ© ottoman. Les Russes se retirent. Le grand-duc Nicolas envoie alors un tĂ©lĂ©gramme au prince Carol de Roumanie : « Les Turcs, envoyant la plupart de leurs troupes Ă  Plevna, nous Ă©crasent. Votre grâce, je vous supplie de faire notre jonction, comme vous l'avez proposĂ© au gĂ©nĂ©ral KrĂĽdener. Nous avons des ponts de bateaux entre le Jiu et Corabia ». Les troupes russes (52 000 hommes) et roumaines (43 000 hommes) sont par consĂ©quent mises sous le commandement du souverain roumain, ayant pour adjoint le gĂ©nĂ©ral russe Pavel D. Zotov.

Contre-attaque d'Osman Pacha

Le lendemain , Osman Pacha profite de la baisse du moral russe, pour effectuer une folle sortie. Ă€ la tĂŞte de sa cavalerie, il quitte Plevna et attaque les avant-postes russes, prenant un canon, mais ne parvenant pas Ă  approcher l'un des fortins pris par les Russes. Cette manĹ“uvre prouve que les Turcs sont prĂŞts Ă  aller jusqu'au bout. Les pertes sont lourdes : 1 300 du cĂ´tĂ© ottoman, 1 000 du cĂ´tĂ© russe.

La bataille de Plevna s'engage mal pour les Russes.

Encerclement par Lovtcha

Les Russes avec 97 canons et 28 000 de leurs hommes dĂ©cident alors de couper Plevna de ses environs. Ă€ une vingtaine de kilomètres se trouve la petite ville de Lovetch qui abrite quelques milliers de Turcs dont un tiers, comme les bachi-bouzouks, d'irrĂ©guliers. AlertĂ©, Osman Pacha se lance Ă  sa dĂ©fense en vain. La riposte est favorable aux Russes, et SkobĂ©lev prend la ville, après avoir infligĂ© de lourdes pertes au gĂ©nĂ©ral ottoman.

Troisième attaque (11-12 septembre)

Revenu dans Plevna même, Osman Pacha se mit à planifier une riposte. On fit évacuer les blessés de la bourgade. De nouveaux soldats s'étaient joints à lui. Entre le 7 et le une attaque d'artillerie russe eut lieu, mais ne réussit qu'à infliger des peines matérielles légères vite réparées. Le moral des Turcs n'était pas entamé.

C'est alors que les Turcs prennent l'initiative. Sous le feu nourri de l'ennemi, ils tentent de reprendre du terrain. Mais les 35 000 soldats ottomans, appuyĂ©s par 72 canons, sont vite dĂ©passĂ©s par les 83 000 soldats russes et roumains, appuyĂ©s par 427 canons. Ils sont Ă©crasĂ©s le sous le feu de l'artillerie, et bientĂ´t les fantassins partent Ă  l'assaut. Les Turcs perdent une redoute. Les engagements sont très violents : le gĂ©nĂ©ral russe MikhaĂŻl Skobelev et le colonel roumain Mihai Cerchez (en) se battent en première ligne et Osman Pacha lui-mĂŞme participe au combat ; mais il doit reculer. Dans cette troisième attaque, surtout pendant les dernières heures oĂą l'artillerie tire sans discontinuer, les pertes sont considĂ©rables : chez les Russes 15 000 et les Roumains 5 000. Les pertes russes et roumaines ont atteint 50 000 depuis le dĂ©but de la guerre.

Le tsarévitch Alexandre de Russie qui participe à la campagne du Danube, ne peut s'empêcher d'écrire à son conseiller Constantin Pobiedonostsev à propos de ces tueries : « Nous ne pensions pas que la guerre traînerait si longtemps ; au début, tout allait bien et nous pouvions espérer une fin rapide ; puis tout à coup ce malheureux Plevna ! Ce cauchemar de la guerre ! »[2].

Blocus et chute

Le monument de Moscou érigé en mémoire des soldats tués à Plevna, toujours visible aujourd'hui.

Ne parvenant pas Ă  prendre Plevna par l'attaque massive, les Russes dĂ©cident d'avoir recours au blocus pour attendre la fin de la belle saison. Osman Pacha reçoit des renforts, mais pas suffisamment selon ses vĹ“ux, le nombre des soldats ottomans Ă©tant de 48 000 et 96 canons. Chez les Russes et leurs alliĂ©s roumains, qui Ă©taient plus du double avec un armement suffisant en quantitĂ©, mais pas toujours en qualitĂ©, on se contenta de harcèlements ponctuels, sans effet car les Turcs, affaiblis physiquement, ne l'Ă©taient pas moralement.

Skobelev décida de se rendre à Lesny Doubniak sur les hauteurs autour de Plevna, pour surveiller et harceler les Ottomans retranchés. Lorsque les Russes et les Roumains prirent leur dernière redoute, et qu'Osman Pacha fut blessé et capturé en voulant rejoindre le reste de l'armée ottomane, les Turcs, à court de munitions et de vivres, durent capituler, le , devant le colonel roumain Cerchez.

Le lendemain, Osman Pacha fit sa reddition solennelle au grand-duc Nicolas Nikolaïevitch, qui lui exprima son admiration pour sa bravoure. L'empereur Alexandre II, lorsqu'il le reçut avant son départ pour une résidence surveillée à Kharkov, lui rendit son épée en témoignage d'estime.

Hommage

Un chant deviendra « la marche d'Osman paşa » dans l'empire Ottoman.

La promotion de Saint-Cyr 1876-1878 porte le nom de « promotion de Plewna »[3] ; on ignore pourquoi la graphie allemande a été retenue.

Un des grands boulevards de Bucarest porte le nom de la ville : Calea Plevnei[4].

Le siège de Plevna sert de cadre au second livre des aventures d'Eraste Pétrovitch Fandorine, Le Gambit turc, écrit par Boris Akounine en 1998 et porté à l’écran en 2005.

Notes et références

  1. (en) Neville G. Panthaki, « Siege of Plevna », Ground Warfare: An International Encyclopedia,‎
  2. Henri Troyat 2004, p. 31
  3. Général de brigade (2s) Jean Boÿ, Historique de la 61e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (1876-1878), promotion de Plewna, 2010, lire en ligne.
  4. « Calea Plevnei - Recherche Google », sur google.fr (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Camille Farcy, La guerre sur le Danube, A. Quantin, Imprimeur-Éditeur, Paris, 1879
  • Henri Troyat, Alexandre III, Grasset, , 324 p. (ISBN 978-2-246-79164-5, lire en ligne)
  • Stanley Sandler, Ground Warfare: An International Encyclopedia, ABC-CLIO, 2002
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