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Service de santé des gens de mer

Le service de santé des gens de mer (SSGM) est le service français de médecine de prévention des marins professionnels. Ce service est placé au sein de la direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l'aquaculture (DGAMPA) et de services interrégionaux dans chacune des directions interrégionales de la mer.

Les gens de mer sont l'ensemble des personnes exerçant leur activité professionnelle en mer qu'ils participent à la conduite, à la marche ou à l'entretien du navire ou qu'ils réalisent les opérations commerciales ou techniques. Les marins suivis par le SSGM, sont ceux de la pêche, de la conchyliculture, de la marine marchande, des services portuaires et de la plaisance professionnelle[1].

Missions

L’activitĂ© du SSGM est rĂ©gie par une lĂ©gislation complexe nationale (code du travail, code des transports) et internationale (convention du travail maritime de l’Organisation internationale du travail en ce qui concerne l’hygiène et la santĂ© Ă  bord, rĂ©glementations de l’Organisation maritime internationale en matière de sĂ©curitĂ© et de formation des gens de mer).

Missions de santé au travail[2]

  • PrĂ©servation de la santĂ© au cours du travail maritime
  • Évaluation des expositions professionnelles et prĂ©vention des risques professionnels maritimes
  • Suivi de leurs consĂ©quences sur la santĂ© des marins au cours de la carrière professionnelle
  • Études des postes et des organisations de travail sur les navires
  • Information et aide aux armateurs en ce qui concerne la santĂ© et la mĂ©decine du travail Ă  bord
  • Participation aux comitĂ©s d'hygiène, de sĂ©curitĂ© et des conditions de travail (CHSCT) des entreprises maritimes

Missions régaliennes

  • RĂ©alisation des visites mĂ©dicales d'aptitude Ă  la navigation des marins professionnels. Elles permettent de s’assurer que l’état de santĂ© de la personne est compatible avec les contraintes de la vie Ă  bord et qu’elle ne risque pas de prĂ©senter une maladie grave en pleine mer. Cette visite mĂ©dicale obligatoire est encadrĂ©e par des normes et des recommandations du ministère chargĂ© de la mer et de l’Organisation internationale du travail.
  • Élaboration des normes juridiques en matière de santĂ© au travail des Gens de Mer et d’aptitude mĂ©dicale Ă  la navigation.
  • Participation aux visites de navires soit dans le cadre des inspections de sĂ©curitĂ© des affaires maritimes, soit Ă  l’initiative du mĂ©decin. Ces visites permettent de contrĂ´ler les conditions de travail et de vie Ă  bord, l’hygiène gĂ©nĂ©rale du navire, les installations mĂ©dicales et les pharmacies embarquĂ©es. Les personnels du SSGM ont le libre accès Ă  bord des navires battant pavillon français.

Missions d’enseignement médical

Les mĂ©decins et infirmiers participent Ă  l’éducation Ă  la santĂ© des marins et Ă  l’enseignement des matières mĂ©dicales dans les Ă©tablissements d’enseignement maritime : École nationale supĂ©rieure maritime, lycĂ©es professionnels maritimes et aquacoles et centres de formation continue professionnelle pour adultes. En collaboration avec le Centre de consultation mĂ©dicale maritime de Toulouse, ils dispensent les formations mĂ©dicales thĂ©oriques et pratiques aux responsables des soins Ă  bord permettant ainsi la prise en charge des malades et des blessĂ©s. Sur la plupart des navires, les responsables des soins sont des marins et non des mĂ©decins ou des infirmiers.

Mission d’assistance mĂ©dicale en mer 

Bien que cette mission ne soit pas spécifiquement mise en œuvre par le SSGM, ce dernier y est étroitement associé. Il travaille en synergie avec les médecins du Centre de consultation médicale maritime, organisme officiellement chargé de cette mission, en leur fournissant les informations médicales nécessaires aux téléconsultations au profit des gens de mer.

Missions de veille épidémiologique

  • Recueil des donnĂ©es statistiques d’accidentologie au travail pour la base de donnĂ©es europĂ©enne « Eurostat Â»
  • Élaboration du rapport annuel sur les accidents de travail et les maladies professionnelles maritimes

Histoire

Sans remonter aux Ordonnances dites de Colbert, 1681, qui, pour faciliter le recrutement des Ă©quipages des navires de guerre, compensèrent cette sujĂ©tion imposĂ©e aux marins du commerce et de la pĂŞche par des mesures sociales sous forme de pensions et surtout d’assistance mĂ©dicale totale et gratuite, et prĂ©voyant l’embarquement de « chirurgiens-barbiers Â» sur les navires pour assurer le soutien mĂ©dical des marins, il faudra attendre la loi du , portant Code du travail maritime, pour qu’apparaisse l’obligation de visite mĂ©dicale confiĂ©e d’ailleurs Ă  des « mĂ©decins de compagnie Â» : « un mĂ©decin, agrĂ©Ă© ou dĂ©signĂ©, peut effectuer les visites d’embarquement Ă  dĂ©faut de mĂ©decin du navire Â».

Une circulaire du prévoyait l’organisation des visites médicales par des médecins désignés et nommés par le directeur de l’inscription maritime.

C’est en 1940 que le principe de l’origine « Marine nationale Â» de ces mĂ©decins est nĂ© pour une raison tenant Ă  la nĂ©cessitĂ© de « camoufler Â» aux Occupants une partie des effectifs des mĂ©decins de la marine. Un arrĂŞtĂ© de institue Ă  la direction de la flotte de commerce un « bureau de l’hygiène de la Marine marchande Â», auquel seront affectĂ©s des mĂ©decins militaires « civilisĂ©s Â» pour servir dans les ports. Après la libĂ©ration, un arrĂŞtĂ© du le confirme.

Cette situation a convenu Ă  tous et la DĂ©fense nationale a, en 1950, donnĂ© son aval Ă  un dĂ©cret, proposĂ© par le ministre de la Marine marchande, rĂ©gularisant cet Ă©tat de fait en crĂ©ant officiellement le « service de santĂ© de la marine marchande Â».

Le « service de santĂ© des gens de mer Â» acquiert son nom un peu plus tard, après 1965 – date de la fin de l’inscription maritime -, par similitude avec les « mĂ©decins des gens de mer Â». Un arrĂŞtĂ© n° 6 du rĂ©glant l’organisation et le fonctionnement des services de santĂ© de la marine marchande prĂ©voit expressĂ©ment le « SSGM Â».

La tradition militaire de ces mĂ©decins s’est toutefois estompĂ©e pour deux raisons : l’une tient Ă  la fusion dans les annĂ©es 65 en service de santĂ© interarmes des mĂ©decins, faisant perdre aux mĂ©decins de marine leur spĂ©cificitĂ© et d’autre part par la contrainte en personnel pesant sur la DĂ©fense nationale. Cette contrainte a conduit le ministère chargĂ© de la mer Ă  recruter des mĂ©decins le plus souvent issus de la mĂ©decine du travail.

L’appellation de « mĂ©decins des gens de mer Â» est reconnue par le biais du dĂ©cret n° 84-810 du [3] relatif Ă  la sauvegarde de la vie humaine, Ă  l'habitabilitĂ© Ă  bord des navires et Ă  la prĂ©vention de la pollution.

Enfin, la loi a hissĂ© le « SSGM Â» Ă  son niveau, pour la 1re fois, par l’effet de l'article 47 de la loi n° 2006-10 du [4] de la loi relative Ă  la sĂ©curitĂ© et au dĂ©veloppement des transports par un article ainsi rĂ©digĂ© :

« L'aptitude physique Ă  l'exercice de la profession de marin et Ă  la navigation est contrĂ´lĂ©e par le service de santĂ© des gens de mer, qui assure les missions de service de santĂ© au travail dĂ©finies au titre IV du livre II. Les conditions d'organisation et de fonctionnement du service de santĂ© des gens de mer sont dĂ©terminĂ©es par dĂ©cret en Conseil d'État. Â».

Deux décrets en Conseil d’État (n°2015-1574 et 201561575 du )[5] - [6] ont officialisé après 75 ans d’existence, le Service de santé des gens de mer tout en précisant les modalités de mise en œuvre de la médecine préventive pour les marins.

Les actions du SSGM ont beaucoup évolué au cours de son histoire car s’adaptant aux pathologies présentées par les gens de mer, aux changements de la médecine du travail et aux enjeux de santé publique. Au cours et au décours de la deuxième guerre mondiale, ces médecins ont eu un large rôle de médecins de santé publique participant au dépistage et au traitement des grandes endémies, en particulier de la tuberculose. Suivant les principes hygiénistes de la médecine du travail d’alors, leur rôle a été à partir des années soixante-dix, celui d’un médecin d’aptitude à la navigation et au poste de travail. Néanmoins, les marins travaillant dans un milieu industriel, ont été soumis à de nombreuses substances toxiques à l’origine de pathologies professionnelles en particulier celles liées au benzène et à l’amiante. Tout en gardant un rôle de médecine d’aptitude, le SSGM prend depuis 2000 mieux en compte ces risques, adoptant résolument, un rôle de préventeur vis-à-vis des risques professionnels maritimes. Les enjeux actuels sont le taux élevé d’accidents du travail, la fréquence des troubles musculo-squelettiques, les conséquences des expositions passées à l’amiante et la prévention des addictions.

Organisation

Le Service de santĂ© des gens de mer est dirigĂ© par un mĂ©decin, chef de service, placĂ© au sein de la direction des affaires maritimes. RĂ©partis sur le littoral, les services mĂ©dicaux sont composĂ©s de mĂ©decins et d’infirmiers des gens de mer qui travaillent la plupart du temps en binĂ´mes. Ces services mĂ©dicaux sont regroupĂ©s en rĂ©gions dans chaque Direction interrĂ©gionale de la mer sous la responsabilitĂ© d’un mĂ©decin-chef interrĂ©gional. Il en existe quatre situĂ©es au Havre pour Manche est et Mer du Nord, Ă  Nantes pour Nord-Atlantique et Manche ouest, Ă  Bordeaux pour Sud-Atlantique et Ă  Marseille pour la MĂ©diterranĂ©e. Outre les attributions habituelles d’un mĂ©decin des gens de mer, ces mĂ©decins interrĂ©gionaux animent le collège mĂ©dical maritime qui est la commission de recours envers une dĂ©cision d’un mĂ©decin des gens de mer.

Spécificités du travail en mer

Le travail en mer et la mĂ©decine maritime s’exercent dans un milieu aux nombreuses spĂ©cificitĂ©s. La plupart des navires n’embarquent pas de personnel mĂ©dical et les blessĂ©s et les malades seront pris en charge par un officier, responsable des soins Ă  bord aidĂ© par un mĂ©decin du Centre de consultation mĂ©dicale maritime, centre de tĂ©lĂ©mĂ©decine dĂ©diĂ© aux gens de mer. La navigation entraĂ®ne des dĂ©lais d’accès aux structures de soins Ă  terre. Ce dĂ©lai peut ĂŞtre de plusieurs jours et une Ă©vacuation sanitaire par hĂ©licoptère n’est possible que dans les zones cĂ´tières. Les professionnels sont sujets Ă  de nombreux accidents du travail maritime dont le taux de survenue est Ă©quivalent Ă  celui des autres secteurs des transports ou du BTP. La mortalitĂ© au travail est particulièrement Ă©levĂ©e ; elle a Ă©tĂ© dix fois supĂ©rieure Ă  celle de l’ensemble des salariĂ©s en France en 2014. Enfin, le navire, lieu de travail, est aussi pour beaucoup de gens de mer, un lieu de vie. L’éloignement en mer, les contraintes organisationnelles tant Ă  bord que pour les familles sont Ă  l’origine de forts risques psycho-sociaux.

La nature des risques professionnels pour la santé des gens de mer est en perpétuelle évolution comme le montre l’histoire de ces maladies professionnelles. À partir de 1970, une véritable épidémie de leucémie a atteint les personnels mécaniciens durant deux décennies. Ces maladies trouvaient leur origine dans l’exposition aux vapeurs des produits pétroliers raffinés riches en benzène. Un changement dans les méthodes d’embarquement et de débarquement de ces produits a permis de fortement atténuer l’exposition des personnels et ces pathologies ont maintenant la même incidence chez les marins que dans la population générale. Plus récemment, les maladies en relation avec les poussières d’amiante ont fortement cru depuis 1990. Heureusement, leur incidence décroît depuis 2006 permettant de penser que pour les marins, le pic de l’épidémie est passé.

Il reste cependant des enjeux essentiels pour la santĂ© des gens de mer et leur protection vis-Ă -vis des nombreuses expositions professionnelles : les troubles musculo-squelettiques, l’exposition aux allergènes, les risques psycho-sociaux, la vulnĂ©rabilitĂ© au travail, les pathologies Ă©mergentes, les pathologies d’importation, l’exposition aux hautes pressions…Ces contraintes professionnelles ont un coĂ»t fort pour les gens de mer en termes de protection de leur santĂ© mais aussi pour la collectivitĂ© nationale en termes de prise en charge des malades. La santĂ© demeurera donc, Ă  n’en point douter, un des dĂ©terminants Ă©conomiques majeurs en particulier pour les Ă©volutions des organisations du travail notamment en mer.

Journées de la médecine des gens de mer

Organisées tous les deux ans par le Service de santé des gens de mer, les journées de la médecine des gens de mer réunissent les professionnels de santé œuvrant pour des marins et les représentants des administrations et des compagnies maritimes. Elles sont placées sous le signe de l’interdisciplinarité faisant intervenir des orateurs de formations et de modes d’exercice professionnel très divers. Elles permettent de croiser les connaissances et les approches sur des sujets d’actualité et de faire un panorama complet des enjeux de la médecine maritime

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

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